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mardi 19 avril 2011

MASSACRE Á LA TRONÇONNEUSE de Tobe Hooper (1974)



Imaginons-nous un instant ressentir de la peine pour un stupide gallinacé enfermé dans une cage pas plus grande que lui. Ressentir la troublante sensation que le sol va bientôt se dérober sous nos pieds si la jeune femme qui nous est présentée ne parvient pas dans les secondes qui viennent à s'enfuir du piège dans lequel elle est tombée. Rêver secrètement de voir le garçon assis sur son fauteuil roulant se faire découper en rondelles par un fou sanguinaire armée d'une tronçonneuse. Et sans aucun doute même, croire voir s'écouler des milliers de litres de sang dans un film qui n'en propose que quelques gouttes.
Tout ceci est une part infime, presque ridicule même, de ce qui fait de "Massacre à La Tronçonneuse" un monumental film d'épouvante. Le plus grand peut-être de tous les temps. L'un des plus fous aussi. Un portrait de famille unique en son genre. Trois générations qui ont eu le temps de se relever après la catastrophique crise de chômage qui les a touchées. 


Comment se recycler lorsque l'on travaille dans un abattoir et que l'on vous met à la porte, si ce n'est en continuant à exercer sa passion dans les entrailles de touristes malheureux? Du pompiste à l'auto-stoppeur en passant par la maison aux atours luxueux, l'humain, ce qu'il a créé de ses mains et l'environnement qui l'a vu naître, tout devient d'une cruelle incertitude. Il y a dans ce soleil accablant qui laisse pourrir un tatou renversé sur l'asphalte, quelque chose d'inquiétant. Comme le visage inouï du type installé sur sa chaise et qui se complait à griller ce qu'il lui reste de santé sous le regard cyclopéen de l'astre luminescent. Que dire de cette immense bâtisse, seule entité qu'il est aisé de reconnaître dans un premier temps comme unique forme de civilisation face à l'immense et menaçant territoire d'où semblent originaires les individus les plus louches? Cette demeure, source des plus effroyables tragédies est le théâtre de forfaits que même le plus agité d'entre nous serait incapable d'imaginer. 




Si à l'époque beaucoup de personnes ont affirmé sans sourciller que le film de Tobe Hooper était sanglant sans même l'avoir jamais vu, c'est sans doute à cause de son titre et de l'affiche qui laissaient présager de nombreuses scènes croustillantes. A dire vrai, "Massacre à La Tronçonneuse" joue plutôt la carte de la suggestion et ne contient aucune scène gore, si ce n'est à la toute fin lorsque Leatherface ("Tronche de cuir") se coupe la cuisse par accident avec sa tronçonneuse. Le film repose sur une ambiance pesante, étouffante et angoissante. L'image granuleuse du 16mm, la bande-son et les décors participent à cette terrible impression que la joie et la bonne humeur du petit groupe d'amis qui traverse l'état du Texas va bientôt se transformer en véritable cauchemar. Sally, son frère Franklyn et leur trois amis vont croiser sur la route des individus plus étranges les uns que les autres. Les résidus d'une société qui les a exploité durant des années avant de les pousser sur le bas-côté de la route et d'en faire ainsi des prédateurs sanguinaires incapables de faire la différence entre le bien et le mal. Encore insouciants, les jeunes gens n'hésitent pas à faire monter dans leur van un auto-stoppeur à l'allure étrange et au visage marqué d'une tache de vin. C'est l'occasion idéale pour entrer en contact avec les autochtones du coin et découvrir le mal qui gangrène le pays, créant ainsi la nécessité pour chacun de survivre par tous les moyens quitte à se fourvoyer dans la pire des exactions. Une fois débarrassés de l'inquiétant personnage, chacun se promet de ne plus faire monter qui que ce soit dans le véhicule. Si l'apparence générale de l'auto-stoppeur avait de quoi inquiéter même bien avant de le voir s'agiter parmi ses hôtes, d'autres habitants du coin, d'apparence tout à fait normale, sont peut-être eux-mêmes des individus peu recommandables. Mais comment imaginer que derrière le visage serein d'un pompiste d'une cinquantaine d'années se cache l'un des pires membres d'une famille de dégénérés? Ou qu'une maison d'apparence anodine puisse avoir été reconvertie en abattoir familial? 






Nos jeunes amis vont connaître un destin tragique, tombant l'un après l'autre entre les griffes de personnages grand-guignolesques. Si Tobe Hooper prend son temps pour installer l'intrigue, c'est pour mieux forcer le spectateur à s'attacher aux adolescents et rendre ainsi leur mort plus effroyable encore que s'ils n'étaient que les simples pions d'un jeu de massacre sanguinaire. La mise en scène, tour à tour languissante puis subitement nerveuse, parvient à 

maintenir une pression qui ne se relâchera qu'avec le 
générique de fin. Si la famille d'anthropophages compte autant de portraits saisissants qu'elle compte de membres, c'est celui de Leatherface qui retient l'attention. Caché derrière un masque de chair prélevé sur une anciennes victime, il n'est, malgré toute la folie qui le caractérise, qu'un enfant immature qui joue avec ses proies comme l'aurait fait un autre avec de simples poupées de chiffon. D'une imposante stature, vêtu, outre de son masque, d'un tablier de boucher crasseux, il ne nous sera jamais donné l'occasion de découvrir son visage. Et c'est peut-être ce qui le rend si terrifiant. Car en effet, il devient alors impossible de l'identifier en tant qu'homme mais plutôt comme une forme de monstre façonné par le monde moderne. Impossible donc de se reconnaître en lui et d'accepter ses méfaits. 


L'autre personnage important du film, c'est cette immense bâtisse, agréable vue de l'extérieur mais qui derrière ses murs cache un décor proprement monstrueux. Outre une cuisine qui sert de pièce à l'abattage et au reconditionnement des victimes, le salon possède un "design" cauchemardesque. La "visite" de Pam, la première victime, est l'occasion pour le spectateur d'entrer de plain-pied dans l'univers morbide de Leatherface et sa petite famille. Des centaines d'outils rouillés, d'ossements animaux et même humains, un tapis de plumes ainsi qu'une poule enfermée dans une minuscule cage participent à l'une des scène les plus malsaines de toute l'histoire du cinéma. C'est en apnée et proches du vertige que l'on assiste abasourdis à cette scène véritablement angoissante. On devine déjà que découvert, ce décor va très bientôt servir de tombeau à la jeune femme. 


La suite ne fera que confirmer nos craintes et c'est à une succession de scènes incroyable auxquelles nous aurons droit. Chaque plan semble avoir été étudié pour que ne subsiste que l'essentiel. C'est d'ailleurs dans les scènes coupées proposées dans certaines éditions dvd que l'on constate le choix judicieux effectué sur ce qui devait être montré et sur les scènes inutiles et abandonnées. Dès lors que l'on entre pour la première fois dans l'impressionnante maison de la "famille tronçonneuse", le rythme est si bien soutenu qu'il nous est presque impossible de retenir notre souffle.


Un point important est à noter concernant le confort supplémentaire qu'apporte la version originale par rapport à la version française car même si les dialogues sont rares, le caractère du film change sensiblement et nous projette davantage au cœur de l'action en partie grâce aux prises directes. Ce qui évidemment n'est pas le cas lors d'un doublage.
La bande-son est un intelligent mélange de musique country et de bruitages "suspects". La tronçonneuse participe elle-même au festival de "musique industrielle" auquel nous sommes conviés. Tobe Hooper expliquait justement que cette dernière lui avait permis de faire des économies sur le budget en proposant le son caractéristique de machine de mort plutôt qu'en investissant dans une bande-son classique. La country devient tout au long de l'histoire un simple fil d'Ariane reliant pour un temps le groupe d'amis au monde civilisé. Pour nous, français, cette musique ne faisant pas partie de notre patrimoine culturel, entendre les radios la digérer en sourdine renforce peut-être encore davantage cette terrifiante impression de voir rouler vers des territoires hostiles, lointains et méconnus, les cinq camarades. 



Il est difficile de reprocher au film le moindre défaut et même son "grand âge" lui offre l'avantage de posséder un charme désuet, celui d'une époque définitivement révolue.





Ma note : ★★★★★★★★★★


Suppléments:

Suites et remakes:

Il n'y a en fait pas grand-chose à dire sur les suites et remakes du chef-d'œuvre de Tobe Hooper tant aucun d'entre eux ne parvient à rendre l'atmosphère putride de ce dernier. Pas même le second volet pourtant réalisé par Hooper lui-même qui a préféré abandonné le coté malsain de son œuvre originale pour plonger ses personnages dans une sorte de comédie noire ponctuée de scènes gores malgré tout réussies. Certains personnages se révèlent pourtant intéressants comme celui du "cuisinier", toujours interprété par Jim Siedow ou encore "Chop Top", version moderne de l'auto-stoppeur, victime du Vietnam nantie d'une plaque de métal dans le crâne. Gunnar Hansen (l'acteur planqué sous le masque de Leatherface dans le premier "Massacre...") est cette fois-ci remplacé par Bill Johnson et Dennis Hooper campe le rôle déjanté du Lieutenant "Lefty" Enright. En comparaison des autres suites celle-ci n'est pas catastrophique mais on reste néanmoins quelque peu déçus par le traitement choisi par Tobe Hooper. Les décors quand à eux connaissent un lifting et se situent dans un décor dantesque du plus bel effet. 
 
"Massacre à la tronçonneuse 3, Leatherface" et "Massacre à la tronçonneuse 4, la nouvelle génération" ne parviennent jamais à rendre hommage au film culte de Tobe Hooper et ne sont rien de plus que deux navets à oublier définitivement. 




"Massacre à la tronçonneuse (le remake)" quand à lui parvient, grâce à de plus amples moyens, à redorer le blason d'une série qui petit à petit a semble-t-il tout fait pour ruiner la réputation du film original. Mais si parfois on retrouve l'ambiance glauque du film de Hooper, c'est davantage au travers d'une multitudes de scènes gores particulièrement crades que de la mise en scène générale. Son statut de remake lui offre l'opportunité de piller sans vergogne sur son ancêtre et fait donc preuve de peu d'originalité. Il ne se démarque donc de lui qu'au travers des scènes d'horreur.


Avec "Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement", on atteint cette fois-ci des sommets de nullité. On tente de nous faire croire qu'il va traiter des origines du mal mais évacue cette idée après seulement quelques instants pour nous plonger dans un scénario décevant, une interprétation tout juste passable et surtout des attitudes grotesques. Comme celle de Leatherface par exemple. Il suffit de le voir se déhancher à la manière d'un jeune de banlieue pour rire (involontairement) aux éclats. Le film tente par tous les moyens de choquer au travers de scènes peut-être même plus sanglantes encore que dans le film précédent et ne repose finalement sur rien d'autre. Ce qui faisait la force du tout premier "Massacre..."était cette volonté de suggérer sans jamais montrer afin de forcer l'imaginaire du spectateur. Ici tout n'est qu'un prétexte à étaler des monceaux de barbaque et ainsi écœurer le public. Mais à force de trop en montrer, c'est l'effet inverse qui finit par se produire. On devine toujours ce à quoi l'on va assister sans plus jamais détourner le regard de l'écran.

Massacre à la tronçonneuse 2: ★★★★★☆ ☆ ☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse 3, Leatherface:  ☆ ☆ ☆ ☆☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse 4, la nouvelle génération: ☆ ☆ ☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse, le remake ★★★★★☆ ☆ ☆ ☆ 
Massacre à la tronçonneus, au commencement: ★★☆ ☆ ☆ ☆☆ ☆

Source d'inspiration:


Si "Massacre à la Tronçonneuse" fait aujourd'hui partie des grands classiques de l'épouvante, il ne faut pas oublier qu'il s'inspire de faits-divers qui ont eu lieu dans la région du Wisconsin, à Plainfield très exactement. Edward Gein a, en effet, tué deux femmes dans le courant des années cinquante. Ce qui aurait pu ressembler à un banal fait divers s'est révélé bien plus sordide encore. Car cet homme, vaguement considéré comme l'idiot du village a aussi déterré une trentaine de cadavres de femmes qu'il a ensuite emportées chez lui. Sa ferme, il en a fait un abattoir. Et notamment la cuisine dans laquelle il a dépecé les deux femmes qu'il a tué. Ce tueur nécrophile a donc vécu durant des années au milieu des cadavres dont il coupait les crânes en deux afin de s'en servir comme bol pour le petit déjeuner. Cette histoire inspira Hitchcock pour son film "Psychose" qui lui, aborde davantage l'esprit tourmenté d'un jeune homme toujours en conflit avec sa mère pourtant morte. Hooper retient de l'histoire sordide de Gein, les aspects les plus horribles. Comme la maison qui d'un point de vue extérieur semblait tout à fait quelconque mais dont l'intérieur révélait les fantasmes de son propriétaire. Un tombeau dans lequel il révérait sa mère au point de s'accaparer tout ce qui la lui rappelait.



Lorsque la police est intervenue chez lui après des soupçons portés sur lui, c'est à un décor des plus sordides qu'elle a dû faire face. Cadavres sans tête suspendus par les chevilles et éviscérés dans la cuisine. Une quinzaine de corps pourrissant étendus sur le lit de Gein et sur les montants duquel étaient fixés quatre crânes soigneusement nettoyés. La maison était dans un tel désordre que les investigations furent des plus difficiles. Un policier tomba même nez à nez avec une tête fraîchement découpée (celle de sa seconde victime) et enfermée dans un sac de toile taché de sang.


 

Tout ça parce que la mère d'Ed Gein n'a jamais cessé de lui transmettre sa haine des femmes. Lorsqu'elle est morte, le fils s'est retrouvé seul et à laissé libre cours à ses fantasmes et à développé un étrange rituel consistant à se coudre des vêtements en peau humaine prélevée sur les cadavres de ses deux victimes. Il sortait alors le soir et dansait ainsi vêtu devant sa ferme.
Edward Gein est mort d'un cancer en Aout 1984 alors qu'il purgeait une peine de prison pour ses méfaits...


7 commentaires:

  1. Ton nuage de tags commence à prendre forme :-)
    Dis-moi, il fait quoi le tatou dans le film ? Parce que j'ai honte, mais je ne l'ai pas vu :-(
    Ton étude sur le film est très agréable à lire et j'ai hâte de découvrir tes analyse comparées... De quoi travailler toute la nuit ! ;-)

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  2. Tout simplement un film culte, l'ayant vu pour la première fois à 8 ans, je suis resté longtemps traumatisé, et l'ayant revu plus grand j'ai adoré, un des meilleurs films d'horreur de tous les temps.... avec Gunnar Hansen dans le rôle de Leatherface. Anna si tu ne l'as jamais vu, fonce mais accroche toi....

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  3. Sauf erreur le tatou est juste mort au bord de la route pour donner un avant-goût aux spectateurs. (encore un truc pompé, notamment dans le remake de hitcher)
    Au sujet de la préquelle, en plus du degré de d'inefficacité constaté, le film m'a semblé être un remake assez fidèle d'un slasher ne volant pas bien haut nommé the slaughterhouse, l'abbattoir (honteusement distribué sous le titre Maniac) lui-même pas mal inspiré du premier TCM de Hooper.

    Зона

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  4. Excellent article sur ce chef-d'oeuvre de Tobe Hooper (le seul, l'unique !).
    Puisque tu cites les sources "d'inspiration" du film, il ne faudrait pas faire l'impasse sur l'excellent film méconnu "Deranged" de Jeff Gillen & Alan Ormsby, basé sur son histoire.
    Il est paru en dvd dans la collection "Midnight movies", couplé avec le tout aussi excellent "Motel Hell" de Kevin Connor.
    http://www.imdb.com/title/tt0071408/

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  5. Etonnant que personne n'est remarqué les similitudes avec le scénario de "faster pussy cat kill"(remplacé le légume par leather face ou l'evasion ratée etc...) et les plans empreintés a "the maniac"(le chat qui fume)....
    la seule fois ou j'ai vu une panique pareil dans une salle de cinéma dès le générique à part l'au dela de fulci.
    ( si vous voulez voir une nana se faire découpée en rondelle avec une tronçonneuse je vous conseille son "touch in the dark")
    Fameux aussi "le crocodile de la mort" et "massacre dans le train fantome" ainsi que la contribution à "poltergeist" après ça craint pas mal un petit soubresaut avec "the mangler"....
    La maison a été prétée par une famille qui habitée toujours dans la maison pendant le tournage malgrès la forte odeur de pouriture du décor on leur dit merci:)

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. Revu en DVD il y a quelques mois, ça reste toujours une expérience à part, même s'il y a quelques plans qui accusent les années {le budget dérisoire du film doit en être la cause...}

    Film découvert en 2001 lors de sa parution DVD chez Studio Canal {il a fallut attendre une réédition plus tard en 16/9ème pour en profiter pleinement}.

    Il fait parti des rares films d'horreurs dans ma collection privée.

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