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mardi 17 janvier 2012

Cinéma de minuit: Cycle Tod Browning (3 septembre 1989) - Freaks de Tod Browning (1932)



Ce film de Tod Browning datant de 1932 nous conte l'histoire d'un cirque ambulant où se produit une troupe de phénomènes de foire. Les lilliputiens Frieda et Hans s'apprêtent à se marier lorsque ce dernier tombe sous le charme de la sublime Cléopâtra. Délaissant peu à peu sa promise, il n'a d'yeux que pour cette grande femme superbe, laquelle s'amuse de ce petit homme qui, pour elle, fait venir des fruits de Paris et lui offre du champagne. Cléopâtra entretient en cachette une relation avec l'ancien compagnon de Vénus, Hercule, la force brute de la troupe. Un type qui mise d'abord sur son ascendance physique pour imposer sa volonté auprès des autres. Frieda révèle à Cléopâtra, sans imaginer un seul instant que cette dernière n'est pas au courant, qu'elle croit savoir que cette femme n'en veut qu'à la fortune de Hans. Alors que des soupçons naissent au cœur de la troupe quand aux véritables motivations de Cléopâtra, celle-ci propose à Hans de l'épouser. 

Daisy, la sœur siamoise de Violet doit épouser le bègue Roscoe. La femme à barbe attend un enfant de l'homme-squelette. Phroso avoue ses sentiments à Venus, fraichement libérée des bras d'Hercule. Tout ce petit monde n'a pour l'instant pas encore réalisé les conséquences que pourrait avoir un mariage entre Hans et Cléopâtra, mais alors qu'arrive le repas de noces, cette dernière empoisonne le verre de son nouvel époux et montre son véritable visage à la troupe. Celui d'une femme sans cœur, humiliante, intéressée et pour qui l'idée d'être intégrée à ce groupe d'êtres étranges est inconcevable. 





Après les avoir rejeté, elle retrouve Hans dans sa caravane et tente de justifier son comportement: Elle plaisantait. N'a que trop bu. Reproche même à Hercule de s'être comporté comme un imbécile. Elle se confond en excuse devant un Hans qui semble toujours hypnotisé, la pardonne, mais comprend qu'elle n'a fait que se moquer de lui. Cléopâtra tente de se racheter mais s'inquiète lorsque Hans parle de divorcer. Ce dernier finit par s'écrouler sous l'effet du poison et alors que l'on aurait pu croire Cléopâtra enfin sincère, elle se comporte en femme odieuse vis à vis du petit homme allongé sur le sol qu'elle demande à Hercule de "ramasser". Derrière l'une des vitres de la caravane, l'un des compagnons de la troupe a tout vu... 

Le lendemain matin, tout le monde attend avec inquiétude le verdict du médecin qui ausculte Hans. Il affirme que c'est un poison qui a rendu le petit homme malade. Tous les soupçons se dirigent évidemment vers Cléopâtra mais celle-ci, très intelligente, à donné un vomitif à son mari, ce qui, le médecin le confirme, à sauvé Hans. 

Vénus, après en avoir parlé avec Frieda, se dirige vers Hercule et lui fait part de ses soupçons envers Cléopâtra. Elle lui demande de forcer celle-ci à avouer au médecin ce qu'elle à mis dans le vin durant le repas de noces, mais ce dernier feint de ne pas savoir de quoi parle son ancienne compagne. Vénus, alors, le menace d'aller tout dire à la police. 

Cléopâtra vise désormais l'héritage de Hans et accompagne quotidiennement le traitement donné par le médecin d'un soupçon de poison. Sauf que celui que l'on croyait définitivement aveuglé par la beauté de son épouse prépare en cachette sa vengeance. Celle qu'il manigance en compagnie de la troupe toute entière et qui amènera Cléopâtra à regretter jusqu'à la fin de ses jours d'avoir tenté à la vie du lilliputien. 

Ce qui pousse peut-être la première fois à regarder "Freaks, La Monstrueuse Parade" est la curiosité. Car ici, point d'effets-spéciaux. Pas de maquillage ni de costumes. Tout y est vrai, sans fard et sans concession. On y assiste à l'exhibition d'une quinzaine de créatures que l'on aurait du mal à imaginer pouvoir croiser dans les rues de nos jours. Des êtres faits pourtant de chair et de sang mais que 'on exposait encore il y a moins d'un siècle dans des cirques. Ceux du film de Tod Browning furent extrait de leur quotidienne existence de phénomènes de foire du cirque Barnum, le temps de nous donner une formidable leçon de vie. Il aurait été si facile de leur donner le mauvais rôle et de faire de la femme à la plastique parfaite, la victime d'une bande de monstres que pas même notre imagination ne serait capable de procréer. Si dans les premiers instants, on se demande quel est le véritable but du cinéaste (où se trouve l'intérêt de nous exposer tant de ces êtres lors d'un très instructif passage devant un cours d'eau?), on comprend très vite vers quel chemin de travers son conte macabre va mener le spectateur. Macabre non pas parce qu'il a choisi de donner des rôles importants à une troupe de "monstres", mais parce que d'un drame, il fait de la vengeance de ces êtres difformes, un pur moment d'épouvante dans le traitement de l'image (la pluie, l'orage, les visages ruisselants et les jeux d'ombre dans cette fin qui paraît inéluctable pour la sorcière). 






Il est aisé d'imaginer l'effet que put avoir une telle œuvre sur l'esprit des spectateurs à l'époque, surtout si l'on tient compte du fait que le sujet était encore d'actualité (le film date de 1932). Et même aujourd'hui, car, qu'on le veuille ou non, la majorité d'entre nous ne serait pas encore prête à accepter l'idée de côtoyer de tels personnages. 

Sous-titrer "Freaks", "La Monstrueuse Parade" sur l'affiche française, paraît comme une aberration et est hors de propos. Comme si l'unique ou le principal attrait du film n'était que l'exposition d'une troupe de "créatures cauchemardesques" alors que cette dernière ne fait que servir l'intrigue. On peut supposer que le film n'aurait pas eut la même notoriété si Tod Browning avait laissé des acteurs dits "normaux" jouer les rôles d'un homme-tronc, d'une femme à barbe ou bien d'un homme-squelette. Ce qui rend le film plus merveilleux est justement d'y voir d'authentiques phénomènes de foire, car ce sont eux qui vont permettre au spectateur de s'y accoutumer et de les accepter en tant qu'êtres humains et pas seulement comme de vulgaires erreurs de la nature. 

Dès le départ, le cinéaste tente de nous émouvoir à travers le regard et le comportement de certaines de ses créatures. Et force est de reconnaître qu'il y parvient sans mal. Voir ces microcéphales qui s'effraient d'un rien et se réfugient sous les jupes de leur bienfaitrice est vraiment touchant. Il y a peut-être dans le film de Browning une majorité d'êtres "normaux" mais celui-ci choisi de n'en exploiter que deux (Cléopâtra et Hercule), faisant de ceux qui nous sont différents les véritables maitres des lieux. "Freaks" n'est pas une monstrueuse parade mais plutôt l'abominable reflet de ce que nous sommes. Entre l'individualisme et la communauté, le film nous prouve que seule cette dernière peut avoir le fin mot de l'histoire. Cléopâtra et Hercule ont peut-être toutes leurs facultés physiques et intellectuelles mais il leur manque beaucoup encore pour espérer vaincre cette "famille" dont tous les membres ne sont finalement qu'une seule et même entité.

Les deux scènes vraiment marquantes du films sont le repas de noce ainsi que la scène nocturne durant laquelle la troupe se venge des deux véritables monstres. Durant la première, on a d'un coté les "phénomènes" qui festoient en l'honneur de leur ami Hans et de l'autre, Cléopâtra et Hercule qui s'apprêtent à empoisonner le petit homme. Avinés ces derniers commencent à révéler leur vrai visage. Dans son coin, Frieda pleure devant la tristesse de la scène: Hans est moquée par sa toute jeune épouse qui jubile. Mais ce qui jusqu'à maintenant avait toutes les apparences d'un jeu se transforme en une tragique situation lorsque Cléopâtra rejette purement et simplement ceux qui l'acceptent dans leur communauté. 

La seconde scène se situe vers la fin du film et ramène au tout début, lorsqu'est présentée au public la plus horrible créature de tous les temps. La vengeance perpétrée à l'encontre de Cléopâtra et Hercule est saisissante. A l'ombre des caravanes on assiste à la lente progression des bourreaux sous une pluie battante. Certains plans se révèlent effrayants, surtout lorsque se dessine les traits de certains sous l'éclairage inquiétant de l'orage. Un grand moment.






Sur les différentes affiches américaines sont exploités le bien et le mal. La normalité et l'anormalité. Sur celle, un brin racoleuse, diffusée dans notre pays, on s'attache d'abord à nous montrer la troupe, comme si le film allait dresser l'unique portrait d'une bande de monstres fraichement débarqués du cirque Barnum. 

Le film est un formidable message de tolérance. On y croise des êtres différents et pourtant si attachants. D'autres, ceux dans lesquels nous croyons nous reconnaître, sont les véritables monstres de l'histoire. Ici, mieux vaut ne pas se fier à la première impression. D'ailleurs, celle-ci ne fait pas long feu face au comportement abjecte de Cléopâtra. On se rallie assez rapidement à la cause de Hans et de ses amis. 

Rappelons-nous: les monstres ne sont pas ceux auxquels on pense...

3 commentaires:

  1. Dire que je ne l'ai pas encore vu ! Et si nous le mettions au programme des films que nous allons partager la semaine prochaine ?:-)

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  2. c'est plus qu'un film c'est une leçon d'humanité très osée pour son époque.
    Si il y a bien des films inoubliales celui là en fait partie.
    Bravo pour l'article

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  3. cette très bonne analyse de Freaks m'a donné très envie de le revoir ! un film qui marque l'esprit pour très longtemps

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