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samedi 7 janvier 2012

L'apocalypse selon St George (2): Dawn Of The Dead (1978)






 1978. Dix ans que les morts se sont levés. Qu'ils sévissent. Qu'ils dévorent sans distinction d'age ou de sexe leur congénères, eux, encore bien vivants. Le cinéma de George Romero a pris des couleurs. L'amateurisme a laissé place à une plus grande maîtrise du sujet. Peut-être cette dernière est-elle dû à l'implication de Dario Argento dans le projet mais cela, nous en reparlerons plus loin. Tom Savini est enfin de la partie. Avant de réaliser les extraordinaires maquillages de "Zombie" et du très glauque et très flippant  "Maniac" de William Lustig,  l'homme a fait se premières armes sur le malsain "Deranged : Confessions Of A Necrophile" et sur le curieux "Martin" justement réalisé par Romero lui-même. "Dawn Of The Dead" est donc leur second collaboration. Le spécialiste des effets-spéciaux gore faillit réaliser ceux du premier volet tourné en 1968 mais fut enrôlé au Vietnam en tant que photographe de guerre.

Petite précision avant de continuer : Cet article est basé sur la version européenne du film qui, à mon humble avis, surpasse très nettement la version diffusée aux États-Unis. Ce qui frappe tout d'abords, c'est évidemment le passage à la couleur. On imagine bien avant d'y assister, l'impact que pourront avoir les nombreuses scènes d'horreur ainsi exhibées dans leur couleur d'origine. Ensuite, l'espace réservé à l'intrigue semble avoir été étendu jusqu'aux confins d'un pays en plein désarroi. Si une fois de plus les protagonistes vont batailler contre de redoutables bandes de morts-vivants plus déterminés que jamais à leur faire la peau, ce sera dans un univers bien plus ouvert que l’exiguïté d'une demeure en pleine campagne. Toujours sous le sceau du huis-clos, les quatre personnages principaux vont avoir à faire face à plus d'un problème. Les plus dangereux ne seront une fois de plus pas ceux auxquels on aurait pensé.



Un immense centre commercial. Des boutiques par dizaines, et des zombies par milliers. Une femme et trois hommes finissent par s'y enfermer, certains d'y trouver de quoi y vivre pour longtemps. Si les morts sont nombreux, ils sont en revanche assez lents et incapables de se défendre face à des hommes lourdement armés et bien plus vifs. Sans doute nos quatre héros comptent-ils là dessus pour avoir toujours la main mise sur leurs assaillants. Qui n'a pas rêvé de se promener un jour entre les rayons de son magasin préféré et de s'y servir à volonté sans avoir à mettre la main au porte-monnaie ? Malgré la présence permanente d'une armée de morts-vivants, nos personnages s'acclimatent finalement plutôt bien de leur nouveau mode de vie. Ils se saisissent d'armes et de munitions trouvées dans une armurerie tout aussi bien que de choses parfaitement inutiles.

Transmission du virus :

Pour la première fois, et alors que dans "La Nuit Des Morts-Vivants" l'idée était à peine suggérée, on va assister à l'agonie de l'un des héros par l'entremise d'une tragique et lente mutation faisant suite à la morsure d'un zombie. Un peu trop confiant, il va un peu vite oublier le danger que représentent ces êtres décharnés et va finir entre les mâchoires de l'un d'entre eux. Si au tout début, des retombées radioactives furent à l'origine de l'apparition des tout premiers morts-vivants, leur croissance s'est faite dans l'ignorance générale. Le héros malchanceux est à l'image des milliers, voire des millions, qui déjà avant lui sont tombés entre les griffes de zombies affamés et sont venus ensuite grandir leurs rangs.


 Effets-spéciaux :

Si en 1968 les effets-spéciaux étaient encore rudimentaires, dix ans plus tard, le bond effectué est saisissant. Les quelques bouts de latex et autres abats récupérés à la boucherie du coin ont laissé place à l'imagination délirante de Tom savini, maître incontesté en matière d'effets-spéciaux gore. Ici, les morts ne se contentent plus de mâcher un bout de viande récupéré sur on ne sait quelle partie du corps de leur victime mais plongent littéralement les mains et la gueule dans les entrailles. Là, un macchabée prélève à coups de mâchoire de grandes portions de viande sur l'épaule et l'avant-bras de son épouse. Plus loin, un biker est assailli par une dizaine de zombies et finit éventré et dévoré vivant. Et tout ça en gros plans, sans coupure ni précaution envers les âmes sensibles.

A l'époque, l'effet était immédiat. Que l'on se rassure, aujourd'hui aussi. Beaucoup, et même la majorité des films gore proposent des effets brouillons. Ça pisse de partout mais  n'impressionne que très rarement. Graphiquement, "Zombie" reste un monument de l'horreur et même si avec le troisième volet ("Day Of The Dead") Tom Savini parviendra à un niveau de détail extraordinaire, son travail sur "Dawn Of The Dead" est déjà remarquable. Les têtes explosent par dizaines. Les maquillages faciaux, eux, restent relativement sobres. Le visage des morts-vivants est peint d'un vert maladif et quelques estropiés semblent avoir été embauchés afin de simuler l'apparition de morts-vivants partiellement amputés dont on ne sait quelle manière. Tom Savini fait une apparition remarquée. Il ne la fait pas seulement sous l'aspect d'un simple figurant mais sous celle d'un biker totalement barge qui exécute les morts-vivants à coup de machette et de revolver.



 Le danger vient d'ailleurs:

Si la prolifération de créatures est à travers la saga de Romero l'un des aspects les plus inquiétant, le danger vient le plus souvent de l'homme lui-même que de ceux qu'il pourchasse. Si dans "La Nuit Des Morts-Vivants" il vient du duel permanent entre Ben et Harry, deux hommes que tout oppose, dans "Zombie" c'est l'autorité représentée par Roger et Peter qui est mise à mal par une bande de voyous à motos et armés jusqu'aux dents. Ces derniers tuent, pillent les magasins et emportent ce qui, vu l'état actuel des choses, ne le servira pas à grand chose. Tant qu'il ne s'en prennent qu'aux morts-vivants tout va bien. Mais dès qu'ils fleurent la présence de nos héros, tout bascule dans une horreur encore plus insupportable que toutes celles auxquelles on a assisté jusqu'ici. C'est l'apocalypse. Un mélange de bruit, de hurlements et de sang qui ne laissera personne indemne et qui ne prendra fin qu'au moment du festin abominable des morts. D'ailleurs, on est bien obligés de constater que ces derniers ressortent vainqueurs du carnage qui vient d'avoir lieu puisqu'ils finissent par se réapproprier les lieux après le départ des rares survivants.



Des morts guère différents des vivants:

Comme le dit si bien Peter à un moment donné, la présence des morts dans cet immense centre commercial entouré de galeries n'est qu'un réflexe venu du passé, des habitudes qui furent les leurs du temps de leur vivant. Peut-être est-ce une manière aussi pour George Romero de faire une critique sur la consommation à travers le regard presque figé et le pas lent d'une armée de macchabées venus sans but précis fouler le sol de dizaines de magasins. Image amusante, certains semblent d'ailleurs venus faire du lèche-vitrine lorsque derrière certaines d'entre elles, nos héros sont venus se réfugier. Combien attendent-ils l'ouverture des portes afin de se ruer sur l'objet de leur désir?
A l'image de la cave dans "La Nuit...", le supermarché est ici comme un immense refuge, une sorte de labyrinthe qui permettra aux héros, en cas de danger, de fuir leurs assaillants. Il y a beaucoup d'issues et donc les échappatoires sont nombreux. Sauf que chacun peut cacher un danger. On trouve dans le centre commercial tout ce qu'il faut pour tenir un siège durant des mois: De la nourriture, des vêtements, des armes, et même des bijoux. Comme la bague qu'aimerait offrir Stephen à sa compagne Fran. C'est peut-être pour tout cela que les personnages choisissent malgré les recommandations de l'un d'eux, de rester dans le supermarché. Et puis, tout n'y est pas plus dangereux que partout ailleurs. Et d'ailleurs, où aller?
Fran est peut-être celle qui se trouve dans la position la plus délicate vu son statut de femme. C'est pour cette raison que jamais les hommes du groupe ne lui demandent conseil. Encore moins depuis qu'il la savent enceinte. Malgré tout, elle parvient à faire entendre sa voix et même imposer ses idées. Comme d'apprendre à piloter l'hélicoptère dont seul Stephen connait les mécanismes. Elle apprend également à se servir d'une arme. C'est peut-être ce qui sauvera la vie de Roger dans un premier temps.





Versions européenne VS version américaine:

Si derrière "Dawn Of The Dead" se cache tout d'abord George Romero, l'implication du cinéaste italien Dario Argento est pour beaucoup dans la version que nous connaissons en Europe. L'auteur du fantastique "Les Frissons De L'Angoisse" a su imposer sa patte grâce à un montage bien différent de celui visible dans la version américaine. Plus nerveuse, l'œuvre gagne en puissance et en intensité. De nombreuses scènes ont tout bonnement été coupées et ce n'est pas un vain mot que de dire qu'il était nécessaire d'agir ainsi. 8 minutes ont ainsi disparu du métrage et donnent une vision de l'ensemble bien différente de l'original. Le résultat est là: De la pure bande horrifique, Argento en fait un savant mélange de film d'horreur et d'action. Cette dernière est d'ailleurs si présente qu'en occultant volontairement les nombreuses scènes gores, on ne distingue plus qu'un film où l'action est menée sur un train d'enfer.
L'autre point essentiel se trouve dans la partition musicale. Si dans la version américaine on entend ça et là les compositions de l'excellent groupe italien The Goblins, la majeure partie de la bande-son est un désagréable melting-pot de vieux airs qui, si dans "La Nuit Des Morts-Vivants" collait avec son époque, semble totalement déplacé en cette fin des années soixante-dix. Cela est encore plus flagrant lorsque l'on est habitué à voir et revoir le film dans sa version européenne et que l'on jette un œil dans la version américaine. Voir les deux, c'est constater combien le film est l'œuvre non pas du seul cinéaste George Romero mais aussi et surtout de Dario Argento employé ici au montage.

Parmi tous les volets de la saga des morts-vivants, celui-ci est sans doute, avec le précédent, celui qui marque le plus les esprits. De part l'excellence de son montage, ses effets-spéciaux remarquables signés Tom Savini, ainsi que la bande-son signée The Goblins.


En cadeau: Un extrait du montage américain:




A venir: Day Of The Dead (1986)

3 commentaires:

  1. Tu omets de parler de la version extended cut, la meilleure selon moi : http://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/10/13/22311097.html
    J'en parlerai plus en détail un de ces jours mais en attendant je te conseille de te la procurer sois chez Anchor Bay (US) ou mieux chez Arrow Video (UK) qui bénéficie de sous-titres anglais.

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  2. Bravo pour cette analyse (et sa précision)j'ai la même.
    Vu autant de fois que mes finances le pouvaient à sa sortie française tardive.
    J'ai acheté la bo us au rabais ;
    pochette griffoné: "George Romero"... une dédicace!!!!:)
    Merci à René Chateau malgrès le prix prohibitif de la VHS d'origine........
    Mon fils adore aussi comme quoi c'est intemporel.
    Magnifique allégorie de la sociètè de consommation.... isnt it?

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  3. Pas mon préféré de la trilogie, mais c'est un peu ma madeleine de Proust zombiesque (ouais on est fans du genre dans la famille)... et j'admet que j'adorerais avoir un centre commercial pour moi toute seule alors forcément j'adore la fameuse scène où ils s'éclatent dans les magasins !

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