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mardi 24 janvier 2012

Le Grand Blond Avec Une Chaussure Noire de Yves Robert (1972)



Bernard Milan est convoqué dans le bureau du directeur du contre-espionnage français, Toulouse. Ce dernier suspecte en effet son employé d'être à l'origine d'un complot visant à le nuire. Aux États-Unis, l'un des représentants de Toulouse, à la solde de Milan, s'est fait arrêté par les douaniers en possession de quarante kilos d'Héroïne. L'homme certifie ne pas être un trafiquant de drogue et fait endosser la responsabilité à son patron. Le directeur, accompagné de son bras droit Perrache, cuisine Milan qui ne se dépare pas de son assurance. Toulouse affirme que l'homme arrêté par les douaniers américains ne travaille pas pour son service. Milan confirme lui aussi ne pas le connaître. Le directeur demande alors à Milan de lui dire pour qui l'homme travaille. Celui-ci lui répond qu'il n'en sait rien. Lorsque Toulouse montre une photo de Milan en compagnie de l'homme, celui-ci assure qu'il s'agit d'un montage. Incapable de faire avouer à son employé qu'il est au courant du complot qui le vise, ce dernier l'invite à repartir travailler.



Perrache apprend très vite de la bouche de son patron que son appartement est truffé de micros. Celui-ci révèle à son second qu'un homme doit arriver le lendemain matin à neuf heures trente à l'aéroport d'Orly. Amené à élucider cette étrange affaire de drogue qui risque de mettre sa carrière en péril, Toulouse demande à Perrache de l'accueillir à son arrivée et d'assurer sa protection en le faisant suivre par Poucet et Chaperon, deux employés auxquels le directeur du contre-espionnage à confiance.

Milan a suivi la conversation grâce aux micros qu'il a fait installer dans l'appartement de son patron, et ce dernier le sait. Ce qu'ignore l'homme à l'origine du complot, c'est que Toulouse ne sait pas qui est cet homme que Perrache doit accueillir le lendemain. Il conseille à son bras droit de choisir au hasard. Un anonyme. Quel qu'il soit puisqu'il ne s'agira que d'un prétexte pour que Milan morde à l'hameçon...




Avant même que n'intervienne Pierre Richard et que l'intrigue ne débute véritablement, il faut saluer le brio avec lequel Yves Robert joue avec la caméra et avec ses personnages. Les dialogues auraient pu être aussi simplistes que dans la majorité des comédies mais ici, le duel qui voit se confronter Bernard Blier et Jean Rochefort dans le bureau de ce dernier est magistralement mis en scène. Comment ne pas tiquer sur la savoureuse "partie de tennis" qui se joue entre les deux hommes et que l'excellent Paul Le Person (Perrache) semble suivre comme un juge au milieu de ses joueurs. Plutôt que d'user des ficelles habituelles pour filmer ses acteurs, il préfère à certains moments fixer sa caméra sur celui qui attend la réponse de son "adversaire" que sur celui qui s'exprime. Une manière plutôt finaude de déceler sur le visage des intervenants, les mimiques du doute ou de la peur lorsque l'un tente vainement de faire plier l'autre. L'expression qu'arbore le visage de Perrache est en adéquation avec celle qu'exprime le notre dès lors que l'on entre dans le subtil jeu du cinéaste.



 

C'est décidé, l'homme que Perrache doit accueillir vient de Munich. Parmi une foule de touristes asiatiques, un rabbin, un couple de hippies, des hommes d'affaires allemands et autant de vieilles vacancières américaines, il choisit un grand blond affublé d'une chaussure noire. Faisant mine de le reconnaître Perrache l'embrasse avant de s'excuser. Le contact visuel vient d'être établi pour les cinq ou six agents que Milan a lui-même envoyé à l'aéroport. Nantis d'appareils-photos, ils mitraillent tous l'homme qui ne se doute de rien.

Son nom: François Perrin. Il est célibataire, violoniste, habite dans le septième arrondissement et vient de Munich. Aucun service de renseignement ne possède d'informations le concernant. Milan veut savoir pourquoi Toulouse a fait appel à cet homme et ordonne à Vautrel de lui apporter un maximum de renseignements avant vingt-quatre heures. Alors que Perrin se rend chez son dentiste, Les hommes de Milan se faufilent dans son appartement et installent une série de micros. Toulouse et Perrache savourent leur plan. Milan quand à lui assiste au rapport qui lui est fait sur Perrin par Christine, sa charmante collaboratrice. Fils de Marie et Gérard, François a une enfance tranquille. Son père l'initie à la musique. Il est catholique, pratiquant, mais pas... homosexuel ! Après le conservatoire de Paris et vingt-huit mois d'armée, il joue dans un orchestre pendant cinq ans et fait de nombreuses tournées, et notamment aux États-Unis. Pour Milan c'est certain, le lien est là. Et parce qu'aucun des contacts de ce dernier n'a jamais entendu parler de François Perrin, cela veut forcément dire qu'il s'agit d'un super agent. Les habitudes de l'homme sont décortiquées. Il est suivi, traqué par les hommes de main de Milan. Lorsque Perrin décide de ne plus se rendre chez son dentiste, Milan veut savoir pourquoi. Lorsqu'il tire la casse-d'eau à plusieurs reprises, il veut également en savoir la raison. Milan angoisse et Toulouse jubile. Ce dernier va même jusqu'à offrir un disque vinyl de Perrin à celui qu'il est en train de piéger. Perrin entretient une relation avec Paulette, la femme de son ami Maurice. Les hommes qui ont mis sur écoute l'appartement du violoniste sont médusés lorsque Paulette demande à François de faire le cheval. 




Le personnage campé par Pierre Richard paraît presque anodin. Celui qu'interprète Jean Rochefort, lui, est froid. Il ne semble pas se soucier du devenir du violoniste à l'idée que Milan le fasse éliminer par ses hommes, responsabilisant même Perrache puisque c'est lui qui l'a choisit à l'aéroport. Maurice est interprété par l'épatant Jean Carmet. C'est un homme gentil, naïf, qui fait sans cesse le pitre. Certaines scènes jouent sur le comique sans avoir d'effet sur l'intrigue principale: Les poupées russes, la pâte dentifrice remplacée par du dentifrice, le bruit de la chasse-d'eau répercuté dans la camionnette qui sert de lieu d'écoute, le commentaire de Poucet et Chaperon lorsque Perrin regonfle son pneu de vélo. Des scènes comme celles-ci, le film en fourmille. Le plus drôle dans toute cette histoire, c'est que c'est Milan et ses hommes eux-même qui façonnent le personnage tant redouté. Chaque lieu commun est analysé et finalement explique le rôle de ce personnage.

Paulette trompe Maurice avec un fleuriste, celui-ci en est convaincu. D'ailleurs, il vient d'en avoir la preuve puisqu'ils vient de les entendre à l'arrière d'une camionnette de livraison. Celle-là même dans laquelle les hommes de Milan écoutent les conversations de Perrin. Voulant le rassurer, le violoniste propose à son ami d'appeler sa femme chez eux, et comme elle répond au téléphone, elle ne peut par conséquent pas être en ce moment même à l'intérieur d'un véhicule en compagnie de son amant. Après avoir réécouté l'intégralité des enregistrements, Milan décide de passer à l'offensive et fait appel à Christine afin de jouer de ses charmes auprès de François.

Jouant de ses charmes, la jeune femme sonne à la porte de François et se fait passer pour la mère d'un enfant auquel elle aimerait offrir des leçons de musique. Le violoniste reste sans voix devant la beauté de cette grande cette femme. Et comme le hasard fait bien les choses, son père, tout comme François, collectionnait les instruments de musique anciens. Elle invite déjà le grand blond à venir boire un verre chez elle en compagnie de quelques amis. Le soir, François participe à un concert en compagnie de Maurice (aux percussions) et de Paulette (à la harpe). Lorsqu'il arrive chez Christine, les invités de cette dernière viennent juste de partir. Ils se retrouvent donc seuls tous les deux dans l'appartement envahit d'instruments de musique. Enfin, seuls, pas tout à fait puisque Milan et quelques-autres assistent à la scène par l'entremise d'une caméra. Une série de bévue provoquées durant la soirée par Perrin vont pousser Christine à croire que le musicien n'est pas celui auquel on croit...






Du concert jusqu'au départ de François de l'appartement de Christine, une vingtaine de minutes s'écoulent, durant lesquelles c'est un festival de situations plus saugrenues les unes que les autres auxquelles on assiste. En chef d'orchestre, c'est Yves Robert qui mène la danse, du moins, dans une certaine mesure puisque Maurice ne l'entend pas de cette oreille. Marquant son mécontentement quand aux doutes qu'il a concernant la fidélité de sa femme en tapant comme un dingue sur les percussions, François n'en mène pas large lui-même puisqu'il oublie purement et simplement son interprétation. Il va jusqu'à perdre son archet, obligeant Paulette à jouer en boucle le même air jusqu'à ce qu'il ai remit la main dessus. Mais le vrai grand moment de ce "Grand Blond..." portant cette fois-ci une paire de chaussures identiques, c'est la soirée qu'il passe en compagnie de Christine (la superbe Mireille Darc). On retrouve le Pierre Richard que l'on a découvert dans "Le Distrait" et dans une grande majorité de ses films. Timide et maladroit, il coince la fermeture éclair de son pantalon de smoking dans la blonde chevelure de Christine (en regardant bien, on voit le visage de Bernard Blier (Milan) se décomposer à mesure que cette scène navrante évolue). Une fois les choses rentrées dans l'ordre, Christine propose à François de lui servir du poulet. Ce dernier en profite pour jeter un oeil aux instruments de musique accrochés au mur et réussi tout de même à se battre avec une cornemuse. Cette dernière finit au tapis, rendant son dernier souffle pendant que François tente d'endiguer le saignement de nez dont il est victime. Même des scènes aussi anodines que Christine, nue, rejoignant François dans le lit deviennent savoureuse et ce, grâce aux mimiques qu'expriment les hommes derrière l'œil de la caméra. Les silences eux-mêmes, parlent à ce moment très précis. Comme un peu plus tôt dans le film (lorsque dans un homme demande à qui sont les cigarettes posées sur la table et que de chez lui, François répond, "c'est à moi"), ici, le musicien s'adresse directement à Milan lorsqu'il avoue avoir une autre activité que celle de musicien. 



Les évènements vont très vite s'accélérer. Milan va tenter de faire éliminer François. Christine, tombée sous le charme de ce violoniste un brin gauche va tenter, elle, de le prévenir. Et c'est Perrache et non Toulouse, qui va demander à Poucet et Chaperon de s'assurer de la protection de François. Il y a des détails amusants. Comme celui concernant le cigare qu'offre Maurice à son ami au début du film. François l'allume une heure plus tard, et alors que le téléphone sonne, il le pose dans un cendrier. Une fois qu'il a quitté l'appartement afin de retrouver Christine, Poucet, Perrache et deux hommes de Milan se font face, armés, dans le salon de François. Le cigare que Maurice a offert à son ami et qui se consume toujours dans le cendrier explose. Surpris par la détonation, les quatre hommes tirent et s'écroulent tous au sol. Jean Carmet perd la tête. Il vient de surprendre sa femme au téléphone en train de supplier François de ne pas la quitter. Il est décidé à tuer le violoniste mais lorsqu'il arrive dans l'appartement, il tombe sur le cadavre des quatre hommes. Il en oublie toute idée de tuer son ami, mais lorsqu'il croise ce dernier, il lui dit avoir trouver quatre corps mais une fois dans l'appartement, ces derniers ont disparu. De quoi faire perdre la tête à n'importe qui.

Évidemment, tout finira bien puisque Milan périra sous le feu d'une arme et que François quittera finalement Paris au bras de Christine.

Jean Rochefort possède un charisme étonnant et un flegme qui ne le quitte pas un instant durant tout le film. Paul Le Person lui-même est serein mais beaucoup moins froid que celui sous lequel il exécute les ordres. Mireille Darc parvient, comme à son habitude, à jouer de ses formes félines et de sa douce voix. Jean Carmet s'offre un rôle à sa mesure. Dépassé par les évènements, il plonge peu à peu dans le doute puis dans une certaine forme de folie. Bernard Blier est savoureux et n'a pas toujours besoin de parler, son visage exprimant à lui seul ce que son personnage ressent. Quand à Pierre Richard, il est bien évidemment la pièce centrale de cette œuvre. Timide, maladroit mais très attachant, son personnage reste lui-même jusqu'au bout. Une très bonne comédie. Un classique du comique français.



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