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mercredi 22 février 2012

Den Brysomme Mannen de Jens Lien (2006)



Dans une station de métro, un jeune couple s'embrasse copieusement. Il n'y a sur le quai personne d'autre qu'eux et Andréas, un homme en sueur d'une trentaine d'années, est visiblement inquiet. Lorsque devant lui une rame se présente, il ne trouve rien de mieux que de se jeter sur les rails.
En un temps indéterminé, un car stoppe sa route au beau milieu d'un désert près d'une station-service. A l'intérieur, un seul passager. Andréas. Alors qu'il pose le pied au sol, le véhicule qui l'a emmené jusqu'ici fait demi-tour et repars au loin. Accrochée au sommet de la station service, une pancarte souhaite la bienvenue à Andréas, visiblement attendu par le propriétaire des lieux qui l'emmène dans l'instant qui suit vers la ville la plus proche. Lorsque Andréas demande vers quel endroit file la voiture, le chauffeur lui répond "chez vous".
Arrivés en ville, l'homme qui conduit le véhicule s'arrête devant l'entrée d'un immeuble, donne un numéro de chambre à Andréas, un jeu de clés ainsi que l'adresse de son lieu de travail. Lorsque Andréas veut en savoir davantage sur ce dernier, l'homme lui répond qu'il est le comptable d'un constructeur en ville.



Andréas a donc un logement, un travail et même, il va le découvrir bientôt, une femme. Mais tout ceci n'a pas l'air de le perturber le moins du monde. Pas même l'étrange comportement des habitants. Comme ces passants qui marchent au beau milieu d'un trottoir sans même prêter attention à l'homme empalé sur la grille de l'immeuble d'Andréas, les tripes à l'air et dégoulinant de sang. Comme les collègues de bureau du nouveau venu qui ne semblent pas réagir face à l'accident qui vient de lui couter un doigt. Ou bien encore ces hommes qu'il croise dans les toilettes publiques d'un bar et qui malgré une grosse consommation d'alcool sont toujours lucides. Un alcool qu'Andréas soupçonne d'être coupé avec de l'eau malgré l'avis contradictoire d'un type assis contre un mur, le veston taché de vomi.

Mais il y a plus étrange encore. Alors qu'il rentre chez lui plus tard dans la journée, Andréas constate avec étonnement qu'il a récupéré le doigt qu'il a perdu plus tôt au travail. Il retourne dès le lendemain là où le car l'a arrêté l'avant veille. Ce dernier d'ailleurs passe justement à ce moment là et Andréas décide alors de le suivre à bord de sa voiture mais perd malheureusement sa trace au bout d'un certain temps.
Andréas ne connait aucune pression au travail. Aujourd'hui, ceux qu'il croise sont attentionnés, son patron est soucieux de son confort et ses collègues les plus proches n'hésitent pas à l'inviter à diner chez eux le soir même. Contrairement aux premières impressions, Andréas montre une certaine aisance durant le repas et va même charmer une jeune femme prénommée Anne et avec laquelle il va bientôt entretenir une relation amoureuse...



Est-ce l'enfer, le paradis ou bien un monde parallèle auquel est confronté le personnage principal de cette œuvre un brin surréaliste qu'est "Den Brysomme Mannen"? Certainement un peu des trois. Un paradis pour ceux qui aiment vivre sans prise de risque dans un univers aseptisé ou tout est formaté. Puisque les habitants de cette ville ne semblent connaître que cette existence sans odeurs, gouts, couleurs ni encore moins enfants et qu'ils s'en contentent allègrement, pourquoi vouloir changer leurs habitudes. C'est ce que tente pourtant de comprendre malgré tout Andréas (l'épatant Trond Fausa Aurvag, sorte d'avatar norvégien de Roberto Benigni) en élargissant la fissure trouvée dans l'un des murs de la cave de son immeuble. Un trou derrière lequel on entend une jolie mélodie mais surtout derrière lequel une odeur est enfin perceptible. Dans ce monde où croiser un cadavre dans la rue semble normal, où être licencié après avoir émis l'idée simple de désirer croiser des enfants ne révolte personne, où perdre un doigt dans un geyser de sang ne choque pas davantage, Andréas va trouver l'amour. Un petit coin de paradis pour cet homme qui va prendre fin un soir, dans le restaurant qu'il a entièrement réservé pour lui et celle qu'il aime. Lorsqu'il comprendra qu'il n'est pas le seul dans le cœur de cette jolie jeune femme et qu'il n'a pas plus d'importance à ses yeux qu'aucun autre de ses amants, il partira se jeter sous les roues d'une rame de métro. De coeur, on peut aussi se demander si cette jeune amante en a un. Comme tous les autres personnages qui décidément ne semblent ressentir pas le moindre sentiment. A par peut-être cet homme apeuré qui se cache dans la cave de l'immeuble d'Andréas et qui vit à travers ce simple trou pratiqué dans le mur.

 
Finalement, cet univers est bien un enfer pour quiconque aime la vie. La vraie vie. Celle que l'on connait avec ses couleurs, ses émotions, l'amour et l'amitié. Ses contradictions et pas le conformisme général que dégage cette cité qui englue les hommes dans leur morne existence. Tout y est gris, triste, vide et effroyablement froid. Et cela se fait ressentir davantage lorsque vers la fin Andras parvient à mettre littéralement une main au delà de l'univers qu'il partage désormais avec ses congénères. La partition musicale de Ginge Anvik est magnifique, la photographie de John Christian Rosenlund dépouillée et à l'image de ce que l'on a l'habitude de voir dans ce cinéma venu du froid. La mise en scène de Jens Lien est subtile et permet d'acceder facilement, après un léger temps de réflexion, aux idées véhiculées par le brillant scénario de Per Schreiner. De par certains aspects, je crois pouvoir dire que le film se rapproche d'une autre œuvre superbe . Le "Pleasantville" de Gary Ross véhicule en effet le même désir d'ouverture pour un monde que ses habitants croient fermement être parfait. Si ce dernier se termine de manière fort optimisme, il n'en n'est pas de même pour "Den Brysomme Mannen" qui lui se clôt sur le renvoi d'un "homme qui dérange" vers un monde peut-être davantage cauchemardesque que celui dont il vient d'être renvoyé...


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