Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 27 mai 2012

Ciné Fast-Food: Kamikaze de Didier Grousset (1986)



Albert (Michel Galabru) est licencié de la boite d'informatique dans laquelle il travaille. Inventeur de génie mais quelque peu perturbé, il est remercié en raison d'une compression de personnel. Dès lors, il n'a qu'une idée en tête: se venger. Habitant en compagnie de son neveu Patrick et de sa compagne Lea, qu'il déteste par ailleurs copieusement, il s'enferme dans une des chambres à l'étage de sa petite maison de banlieue lorsque ceux-ci décident de prendre quelques vacances. Avec pour unique distraction, un téléviseur, il s'excite devant les speakerines et autres journalistes qui l'énervent. Une nuit, il fait un curieux rêves. Semblant avoir perdu la tête, Albert est obsédé par les programmes insipides diffusés sur son petit écran de télé. Un jour, alors, que Patrick et Léa rentrent de vacances, un camion vient livrer du matériel à l'attention d'Albert.


Romain (Richard Bohringer) est commissaire de police. Il a sur les bras une sale affaire: Une speakerine est morte devant la caméra alors qu'elle présentait le programme de la journée. Laure (Dominique Lavanant) quand à elle est secrétaire d'état. Froide et objective, elle suit à la trace commissaire dans ses fonctions. Un problème se pose. Après vérification, aucune trace de projectile n'a été découvert sur le lieu du crime. Le médecin légiste est lui-même incapable de dire comment est morte la speakerine. Tout juste peut-il affirmer qu'elle a un trou dans le ventre mais sans pouvoir préciser de quelle manière cela est arrivé. Lorsque Romain se rend dans le bureau de Laure afin de lui faire part de son rapport, il ne trouve rien de mieux que de lui annoncer que la speakerine est morte de cause naturelle. Ne sentant pas Laure se satisfaire de cette réponse, Romain, non sans une pincée d'humour noir, lui explique que la victime a sans doute été "agressée par un troupeau de martiens en vacances rue cognacq jay".


Mais grâce à un concours de circonstances, et alors qu'il parcourt le rayon électroménager d'un magasin, Romain voit un enfant cibler les téléviseurs à l'aide de son arme en plastique. Le commissaire semble enfin comprendre de quelle manière le tueur s'en prend à ses victimes. Décidé à stopper la série de meurtres, une batteries de scientifiques est convoquée afin de trouver une solution. L'un d'eux, un dénommé Samrat (Étienne Chicot), explique au commissaire qu'il suffit d'utiliser les mêmes moyens que le tueur pour l'éliminer...Produit et scénarisé par un Luc Besson alors en pleine ascension ("Subway" et bientôt "Le Grand Bleu"), Kamikaze est un film de Didier Grousset, cinéaste qui œuvre majoritairement pour la télévision. On ne peut pas dire que le cinéma fantastique français fit des vagues dans les années quatre-vingt, ou peut-être pour les amateurs de pellicules Z. Pourtant, quelques-uns d'entre eux ont semblent-ils pris le temps de se bonifier et le film de Grousset semble faire partie de ceux-là. Aux cotés du très curieux "Litan" de Jean-Pierre Mocky, et du "Démon Dans L'Ile" de Francis Leroi, il en existe d'autres que l'on aimerait pouvoir oublier tant leur mise en scène et les faibles moyens qui leur furent alloués sont navrant ("Terminus" de Pierre William Glenn avec un Johnny Hallyday particulièrement mauvais et "Le Lac Des Morts-Vivants" de Jean Rollin, cinéaste spécialisé dans le cinéma fantastique qui malgré la piètre qualité de ses films a son petit cercle d'aficionados). Michel Galabru, que l'on avait principalement l'habitude de croiser dans des comédies pas toujours d'excellente réputation, campe ici ce tueur aigri qui en veut au monde entier. Il porte sur les épaules ce petit film dans lequel on croise de savoureux seconds rôles (Étienne Chicot et Dominique Lavanant en tête). Richard Bohringer lui aussi apporte beaucoup à cette histoire assez peu crédible à laquelle pourtant, on finit par croire sans même se poser de questions devant les quelques invraisemblances du script. 
 

On notera la présence de la petite Romane, la fille de Richard, alors âgée de seulement treize ans et qui montre déjà une prédisposition pour le métier d'actrice. Ainsi que la minuscule apparition de Charles Gérard ("L'Aventure, C'Est L'Aventure"), l'un des acteurs fétiche de Claude Lelouch. On notera également la partition musicale signée Éric Serra, reconnaissable entre toutes. "Kamikaze" n'est peut-être pas un chef-d'œuvre. Il ne fait sans doute pas partie des grands classiques du cinéma français. Il a juste le mérite d'exister et peut-être même avouons-le, celui d'exciter certaines de nos pulsions. Car en réalité, qui n'a jamais rêvé de pouvoir éliminer d'un simple clic de télécommande un animateur, une présentatrice, ou encore un journaliste qui ne lui convenait pas?


lundi 21 mai 2012

La Tétralogie Des Portes De L'Enfer: ...L'Enfer Des Zombies de Lucio Fulci (1979)


 
Un petit bateau de croisière est découvert dans le port de New-York. A l'intérieur, il ne semble pas y avoir âme qui vive et pourtant, un homme à l'allure curieuse et décharnée s'en prend aux deux gardes côtes venus inspecter l'intérieur du bateau. Plus tard, Annes Bowles, la fille du propriétaire demande aux policiers présents ce qu'il a pu advenir de son père mais ses questions restent sans réponses. Décidée à mener sa propre enquête, elle fait équipe avec le journaliste Peter West et se rend aux Antilles, sur la petite île de Matu en compagnie de Brian Hull et Susan Barrett. Ils y font la connaissance du docteur David Menard qui mène des recherches afin d'endiguer l'étrange mal qui frappe les morts récents et le ramène à la vie.


Avant de devenir le roi du gore transalpin, l'immense Lucio Fuci donnait dans la comédie, le polar et le western ultra-violant et le film historique. C'est d'ailleurs dans ce dernier registre que l'homme montre ses prédispositions pour les scène sanglantes avec l'excellent "Liens d'Amour Et De Sang" tourné en 1969. Il faudra attendre 1978 et "La Longue Nuit De L'Exorcisme" pour voir Fulci changer radicalement de style. Des aspirations qui donneront naissance à l'une de ses œuvres les plus connues et les plus marquantes. Le bien nommé "L'Enfer Des Zombies" arrive sur les écrans un an plus tard et déjà, c'est le choc. Parfois titré "Zombis 2", et surfant sur la vague du film éponyme de George Romero, l'approche de Fulci est nettement différente. 
 

Contrairement au classique de Romero, l'action ne se situe pas dans un immense centre commercial mais sur une petite ile des Antilles aux proies avec un mal qui touche les morts. Enquêtant sur la disparition du père de l'une d'elles, quatre personnes vont se retrouver pris au piège sur Matu, l'ile en question. Ce qui saute aux yeux de prime abord, c'est l'ambiance sordide que dégagent les décors. Le petit hôpital de campagne ne désemplit pas et la majeure partie des lits est occupé par des corps en décomposition recouverts d'un drap. On entend les mouches voler et les draps sont maculés de taches suspectes. Les quelques malades encore en vie son attachés afin de prévenir tout risque de mort et donc, de retour à la vie. La bande-son à base de tam-tam plonge l'action dans une ambiance vaguement mystique et anxiogène. Lucio Fulci ne badine pas avec le gore. Si l'on voyait pointer une bonne dose d'humour dans le film de Romero, ici c'est du sérieux. Les maquillages finalement sommaires donnent aux morts-vivants l'aspect décomposé que désirait le cinéaste. Si ceux de Romero étaient bleuâtres, ceux de "L'Enfer Des Zombies" annoncent une évolution dans dans leur état de décrépitude. Beaucoup moins sanglant que "Dawn Of The Dead" mais ô combien plus glauque, l’œuvre porte assez bien son nom. L'Enfer est bien sur Terre, situé sur une petite ile des Antilles, lieu entouré par les eaux et donc fermé à tout espoir de salut.
Un autre point éloigne les deux œuvres. C'est l'absence quasiment systématique de regard dans le visage des zombies de Fulci. Énucléés, terreux et nettement décomposés, ils diffèrent de ceux de Romero qui gardaient encore un visage humain malgré leur comportement. Tout aussi anthropophages, ils donnent lieu à des festins sanguinaires absolument répugnants. Deux années après le cultissime "Shockwaves" de Ken Wiederhorn, Fulci ose lui aussi nous montrer des zombis aquatiques. 
 

Concernant la prolifération des morts-vivants, s'agit-il d'une maladie, ou bien des conséquences d'un rite vaudou? Rappelons-le, le zombi est un homme rendu apparemment mort par l'action puissante d'une poudre projetée par un sorcier, le plaçant ainsi dans une posture de mort clinique. Débarrassé de toutes facultés, la victime est diagnostiquée comme étant morte et est ainsi enterrée. Le soir, le dit sorcier s'approche de la tombe et exhume celui qu'il advient désormais de nommer zombi afin d'en faire son esclave. Errant parmi les tombes du cimetière, le zombi n'est rien de plus qu'un homme dépossédé de toute aptitude de réflexion et n'est plus en capacité d'agir selon son grès. Celui qui nous est présenté par Lucio Fulci ne ressemble en rien à cette définition du zombi, le sien passant d'une mort réelle à un ersatz d'existence.


"L'Enfer Des Zombies" aurait pu clore la trilogie des portes de l'enfer mais Lucio Fulci a choisi de la commencer par la fin, faisant ainsi de ses suites "Frayeurs" et "L'Au-Dela", deux préquelles. De manière tout à fait honorable, son film ose empiéter sur le terrain de George Romero tout en y apportant sa touche personnelle. Bien que bancal sous certains aspects, son film demeure encore aujourd'hui comme l'un des grands représentants du genre...


jeudi 17 mai 2012

Cinéma de minuit: Cycle Fritz Lang (06 Juillet 1986) - Furie (1936)



Joe Wilson et Katherine Grant s'aiment. Mais pour pouvoir vivre ensemble, cette dernière doit partir enseigner à Washington, loin de son fiancé afin de gagner assez d'argent pour pouvoir l'épouser. Joe vit en compagnie de ses deux frères Charlie et Tom. Le premier fricote avec des malfrats jusqu'au jour où les trois frères décident d'ouvrir leur propre garage. Les affaires marchent plutôt bien et l'argent commence à couler à flots. Les mois s'égrainent et lorsque vient le jour des retrouvailles pour Katherine et Joe, ce dernier prend la route au volant de sa nouvelle voiture afin de rejoindre celle qu'il aime.
Sur une route de campagne il est arrêté par un homme qu'il prend d'abord pour un bandit. L'homme se révèle être Bugs Meyers, l'adjoint du shérif de la petite ville de Strand dans l'Illinois. Très vite soupçonné d'enlèvement par celui-ci, il est interrogé puis mis derrière les barreaux. Une série d'indices pousse les autorités à croire qu'il est en effet responsable du kidnapping de la petite Helen Peabody perpétré par trois hommes et une femme: Sur une demande de rançon, on a retrouvé des miettes de cacahuètes. Joe en consomme justement beaucoup et en porte sur lui un paquet. Lorsque l'adjoint du shérif fouille sa voiture, il y trouve un billet qu'il compare aux numéros de série des billets de la rançons. Là aussi, c'est le jackpot.
Les habitants de la petite ville de Strand sont bouleversés. Chacun a cœur que soit mise la main sur les trois responsables de l'enlèvement de la petite Helen. Fier d'avoir mis aux arrêts l'un des supposés kidnappeurs, l'adjoint Bugs téléphone à a sa femme pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle-même prévient sa voisine. Cette dernière en fait part à l'amie qui lui rend visite. Et ainsi de suite. A strand, les esprits s'échauffent. Maintenant que tout le monde est au courant, chacun fantasme et invente tout et n'importe quoi, comme s'il était encore nécessaire de convaincre certains d'entre eux de la responsabilité de l'homme enfermé dans l'un des cellules de la prison. 

 
Katherine est inquiète de ne pas voir arriver l'homme qu'elle aime et quand aux frères de Joe, ils finissent par apprendre que celui-ci est soupçonné d'enlèvement dans la ville de Strand. Ils décident d'y foncer ainsi que Katherine lorsqu'elle apprend également le sort qui est réservé à son fiancé. La presse elle-même est au rendez-vous. La foule s'amasse devant la prison et ce n'est pas le shérif et les quelques hommes armés qui l'accompagnent qui parviennent à stopper la volonté de toute une ville de voir le "coupable" lynché. L'entrée est défoncée à coups de bélier. Le shérif et ses adjoints sont mis hors d'état de nuire. Devant l'impossibilité d'accéder jusque dans la cellule du prisonnier, la foule amasse meubles et papiers avant d'y mettre le feu.
Lorsque Katherine arrive en ville, il est déjà trop tard. La prison est envahie par les flammes et avant de s'évanouir, elle aperçoit une dernière fois le visage de son fiancé à travers les barreaux de sa cellule... 
 

Fritz Lang vient de fuir l'Allemagne nazie lorsqu'il tourne "Furie". Interprété par Spencer Tracy, l'un des meilleurs acteurs de son époque, le film est une nouvelle occasion pour l'auteur de "M, Le Maudit" et de "Metropolis", de critiquer la société et, à travers celui-ci, la politique ainsi que la démocratie. La présomption d'innocence est ainsi bafouée par une ville toute entière, ivre de vengeance. Régressant jusqu'à l'état de bêtes assoiffées de sang, hommes et femmes se ruent comme autant de bourreaux sur un proie sans défense. Car la véritable victime ici, ça n'est pas la jeune Helen dont on est sans nouvelles depuis son enlèvement mais bien Joe, amoureux innocent qui ne faisait que rouler vers sa promise. 
 
En haut lieu, on refuse même d'apporter de l'aide au shérif en retardant l'envoi de l'armée. Cela ne se fait pas en période électorale. Le film aurait pu se terminer sur cette tragédie mais Fritz Lang sauve son personnage principal et modifie son caractère pour en faire un homme qui rêve d'une vengeance à la hauteur du cruel destin qu'on choisit pour lui les habitants de Strand.


Le film se découpe en deux parties. La première se termine sur la mort supposée de Joe. L"œuvre de Fritz Lang se transforme alors en un passionnant procès auquel assistent Katherine, les deux frères de Joe ainsi que vingt-deux accusés. Si Charlie et Tom sont pour l'instant les seuls à savoir leur frère encore en vie, Katherine finit par douter de sa mort. Mais pendant ce temps là, les preuves de culpabilités s'accumulent contre les vingt-deux accusés. Les deux parties du scénario se succèdent de manière égale dans leur construction puisque l'on assiste aux accusations (d'abord celle de Joe, suspecté d'enlèvement. Suivie de celle des vingt-deux personnes ayant participé à son lynchage). Puis c'est au tour des procès (Joe est condamné par une foule rendue hystérique à l'idée que l'un des responsables du kidnapping soit enfermé entre les quatre murs de leur prison. Ensuite, c'est à celui des mêmes vingt-deux hommes et femmes que l'on assiste). Enfin, ce sont plus de vingt condamnations à mort auxquelles on assiste (tout d'abord celle de Joe, lynché par les habitants de Strand. Ensuite celles des responsables jugés coupables). Dans un cas comme dans l'autre, tous les accusés (à tort ou à raison) seront acquittés. Soit par le destin, soit par la disculpation.


Déjà abordés dans le Cinéma de Minuit:   

- Cycle Maurice Tourneur (04 Septembre 1988) - La Main Du Diable (1943)
- Cycle Tod Browning (10 Septembre 1989) - Les Poupées Du Diable (1936)

samedi 12 mai 2012

Phase IV de Saul Bass (1974)



Une variation du champ magnétique terrestre serait-elle en mesure de provoquer la fin du monde ? Une catastrophe invisible dont les conséquences pourraient être irréversibles. Le biologiste Ernest D. Hubbs constate avec inquiétude des changements dans le comportement des fourmis. Une nouvelle espèce prend l'initiative d'exterminer toute trace de vie, aidée par d'autres spécimens et laissant de coté les oppositions et les luttes qui les faisaient se battre entre elles. Aidé par James R. Lesko, l'entomologiste mène alors des expériences visant à contrer l'invasion de millions d'insectes qui dévorent tout sur leur passage. Les animaux même les plus gros ne font pas le poids face à leur nombre grandissant. Ces insectes érigent des fourmilières à l'architecture complexe profilées comme d'immenses cathédrales du sommet desquelles elles guettent les moindres faits et gestes de leur principal prédateur, l'homme.


Celui-ci tente bien d'endiguer leur prolifération mais même son ingéniosité ne pèse pas lourd devant l'extraordinaire volonté des fourmis. Derrière leurs tentatives de mettre un terme au fléau, Hubbs et Lesko analysent des courbes graphiques et en concluent que certaines fourmis communiquent afin d'envoyer des informations sous la forme d'ordres que la masse impressionnante de leurs congénères exécute ensuite.
Après une courte tentative de contact auprès des fourmis de la part de Lesko, ce dernier fait exploser les "buildings" de terre entourant l'observatoire dans lequel Hubbs et lui ont choisi de s'enfermer pour étudier. Bientôt, une jeune femme rejoint le duo. Seule rescapée d'un massacre dont sont involontairement responsables les deux chercheurs après l'épandage d'une substance toxique autour de l'observatoire et censée exterminer les fourmis s'approchant dangereusement du l'édifice. Si jusqu'à maintenant les rapports qu'entretiennent les deux hommes sont courtois, ils se désagrègent quelque peu lorsque Lesko comprend qu'il a été piégé par Hubbs. En effet, chacun devient le sujet d'une expérience, un cobaye dont l'utilisation sert à laisser les fourmis l'attaquer afin de comprendre leur stratagème et ainsi de les contrôler.


Ces dernières viennent d'ériger de nouvelles structures dont la forme possède un but bien précis: celui de refléter les rayons solaires, de les projeter contre la surface de l'observatoire et ainsi de faire monter dangereusement la température interne. Ce qui a pour effet de rendre les ordinateurs inopérant une grande partie de la journée. Si Hubbs contemple avec une certaine délectation leur œuvre, Lesko mène une expérience visant à créer un "bruit blanc" et ainsi d'éradiquer leurs microscopiques ennemis.

La guerre commence alors entre l'homme et l'insecte...


Réalisé par Saul Bass (dont ce sera d'ailleurs le seul film), "Phase IV" est une œuvre étrange, atypique et déroutante. Possédant une certaine aura auprès des cinéphiles, on peut tout de même se demander ce qui en fait un film culte. L'aspect rudimentaire des effets-spéciaux, le montage "à l'arrache" et le rythmes soporifique auraient pu (dû?) le cantonner dans le peu enviable registre du cinéma Z.
"Phase IV" est une œuvre de science-fiction qui lorgne également du coté du film catastrophe teinté d'ésotérisme. Dès le départ on est surpris par la bande son. Signée par Brian Gascoigne ("La Forêt D'Émeraude"), elle nous plonge dans un état à la limite de la léthargie, facilité par le rythme hypnotique imposé par la mise en scène de Saul Bass. L'action se situe sur deux plans: tout d'abord, nous avons d'un coté deux hommes hommes de science enfermés dans un laboratoire de recherche afin afin de détruire dans l'œuf le fléau naissant. Opposant chacun leur vision des évènements, l'évolution de leurs recherches en sont ralenties. D'un autre coté, les fourmis. Organisées en colonies mutantes, elles parviennent à s'adapter à tout type d'agressions. Lorsqu'elles sont freinées par un insecticide, elles l'analysent afin de créer une variété immunisée de leur espèce capable de se prémunir des effets mortels de ce dernier. Trippant d'un point de vue auditif et visuel, "Phase IV" est un véritable O.F.N.I qui mérite d'être vu au moins une fois ne serait-ce que pour s'en faire une idée personnelle...

mercredi 9 mai 2012

Maisons hantées troisième partie: Burnt Offerings (1976)


En matière de fantastique, les scénaristes nous ont habitué à tout types d'intrusions imaginaires comptant ensuite sur notre propension à accepter ce que nos esprits voyageurs et gourmands en sensations fortes sont prêts à ingérer.Qu'ils cherchent du coté des faits divers en nous proposant moult productions horrifiques dans lesquelles tueurs en séries ou échappés de l'asile trucident à tours de bras de jeunes écervelés déversant d'ineptes conversations servies par autant d'improbables dialogues, ou qu'ils imaginent les corps se muer en des créatures tout droit sorties de bestiaires fantastiques comme par exemple les loups-garous ou les vampires, l'aspect graphique représenté dans chacune de ces productions ne joue en aucun car sur la subjectivité mais plutôt sur l'étalage direct et sans détours de meurtres toujours plus sanglants.

Le cas des maisons hantées est à ce titre assez exceptionnel puisqu'il joue sur une peur qui n'a finalement pas vraiment, du moins au point de vue cinématographique, de réalité propre puisque les seuls éléments qui poussent le spectateur à s'effrayer d'une situation donnée ne découlent que très rarement de l'apparition d'une entité faite de chair et de sang mais plutôt d'une sensation vécue à travers un son, un mouvement ou même simplement à travers une partition musicale.


Si le personnage principal de "The Changeling" réalisait le tangible de ce à quoi il était confronté à travers les visions cauchemardesques dont il était victime, ceux de "Burnt Offerings" tardent à se douter que les déchirures vécues au sein de leur couple sont liées à la manifestation d'événements effroyables dont ils sont sournoisement victimes.Le film de Dan Curtis joue dans un registre qui a vu tant de films défiler, allant du meilleur au pire, mais apporte à l'édifice une vision différente puisque dans cette maison où l'homme et sa femme vont passer deux mois entiers accompagnés de leur fils et de leur tante, ne vit ni le moindre esprit ni le moindre fantôme.

Attirés par l'alléchant loyer de neuf cents dollars pour ce séjour de deux mois en contrepartie duquel ils devront s'occuper de la mère des propriétaires qui ne quitte jamais la demeure, ils devront vivre avec ce qui semble être au premier abord une situation de crise au sein du couple mais qui en réalité dépassera le cadre sympathique d'un séjour prolongé dans un lieu de villégiature pour devenir leur pire cauchemar.


Ce qui impressionne évidemment dans ce film, c'est la simplicité du jeu des acteurs qui finissent par convaincre le spectateur que les événements qui se déroulent tout au long de leur séjour va au delà de ce que l'on rencontre habituellement dans la vie de tous les jours.On comprends assez vite que les changements d'humeur de chacun d'entre eux (et notamment celles du père et de la mère, l'enfant gardant lui, toute son innocence jusqu'à la fin) est une extrapolation de ce que vivent sûrement beaucoup de couples brisés mais que les protagonistes couvent en eux et qui à travers l'expérience qu'ils vont vivre va exploser.

La mère abandonne presque ses proches pour ne plus se consacrer qu'à la vieille femme qui vit recluse dans sa chambre à l'étage, refusant même que son mari ou bien sa tante fassent sa connaissance.Le père lui, devient violent envers son fils allant même jusqu'à tenter de le noyer dans la piscine fraîchement nettoyée.La tante elle semble perdre la tête et derrière tout ça reste le fils qui semble être la seule vraie victime du drame qui se noue...


Oliver Reed et Karen Black sont simplement magnifiques et prouvent que leur statut de stars n'est pas galvaudé.D'un simple regard ils partagent avec nous leurs tourments et évitent ainsi la nécessité d'effets visuels qui de toute manière n'auraient pas leur place dans ce véritable chef-d’œuvre du septième art qui par certains aspects rappelle le superbe roman de G.J. Arnaud, "Le Festin Séculaire".

Mais le véritable "héros" de cette histoire, le personnage emblématique sur lequel toute l'intrigue repose, c'est cette immense bâtisse qu semble cacher en son sein un bien étrange mystère.

Magnifique et troublant...

samedi 5 mai 2012

Cinéma de minuit: Cycle Tod Browning (10 Septembre 1989) - Les Poupées Du Diable (1936)




Paul Lavond s'échappe du bagne dans lequel il est enfermé depuis dix-sept années. Accusé à tort de meurtre et d'escroquerie, victime d'une machination orchestrée par trois de ses anciens amis, il rêve de vengeance. Depuis des semaines lui et Marcel, un vieux scientifique excentrique au cœur fragile, filent droit vers la demeure de ce dernier. Lorsque les deux hommes parviennent devant celle-ci, ils sont accueillis par une horde de chiens qui alertent la femme de Marcel Malita ainsi que sa domestique Lachna, une jeune femme un peu stupide récupérée dans un proche village. 

 
Paul est abasourdi de constater que son compagnon est responsable d'une formule extraordinaire consistant à réduire formidablement la taille des êtres vivants. La femme de Marcel a d'ailleurs continué les expériences de son mari durant son absence. Malheureusement, comme depuis toujours, les résultats ne sont pas à la hauteurs des espérances puisque s'ils parviennent à réduire leurs sujets, des chiens, de manière étonnante, ces derniers apparaissent ensuite incapables d'agir de leur propre plein grès. Totalement obsédé par l'idée de venir à bout de son expérience, Marcel se remet très vite au travail et trouve un nouveau sujet d'expérience en a personne de Lachna. Mais Marcel meurt d'un arrêt cardiaque lorsqu'il comprend que Lachna, une fois réduite, est elle aussi dépourvue de toute fonction cérébrale.

Malita, épouvantée par le décès de Marcel mais plus encore à l'idée de voir échouer les projets de son mari, propose à Paul de l'aider à mener à bien les expériences. D'abord réticent, ce dernier finit par accepter lorsqu'elle lui propose de les poursuivre à Paris, la ville où vivent les trois hommes qui il y a dix-sept ans en arrière le firent aller en prison pour un crime dont ils étaient les véritables responsables.


Recherché par toute la police du pays, Paul n'a d'autre moyen de se faufiler en plein cœur de Paris que de se grimer en Madame Mandelip, vieille femme fort sympathique et propriétaire d'un magasin de poupées qui cache dans ses sous-sols un laboratoire dont elle va utiliser la matière première aux expériences de Malita pour se venger d'Emil Coulvet, Charles Matin et Victor Radin, les trois hommes qui l'ont fait plonger...

Quatre années après le cultissime "Freaks, La Monstrueuse Parade", Tod Browning réalise ces "Poupées Du Diable" qui, sur fond de fantastique, abordent le thème de la vengeance. Celle d'un homme qui a tout perdu à cause de trois de ses anciens collaborateurs. Son intégrité, sa liberté, l'amour de sa fille et celui de sa femme morte de chagrin ainsi que sa fortune. Autant de raison qui vont le pousser à continuer l'œuvre de celui qui s'échappa de la même prison que lui et tout ça dans l'unique but de se venger. Lionel Barrymore (qui tourna déjà avec Tod Browning un an plus tôt dans "La Marque Du Vampire") interprète cet homme aigri, totalement obsédé par la vengeance et qui rêve de reconquérir l'amour de sa fille qui le croit coupable de ce dont on l'accuse. C'est lui qui endosse également le costume de Madame Mandelip, cette vieille femme au visage tout d'abord sinistre se révèle si attachante que l'on oublie presque que c'est un prisonnier en fuite qui se cache sous la perruque. Barrymore fait preuve d'un immense talent dans ce double rôle que lui a confié Tod Browning. C'est bien autour de son personnage que le récit est construit et même bien plus que les poupées du titre qui sont finalement d'abord exploitées comme outils de manigance.


A ce titre, il faut reconnaître que le travail sur les effets-spéciaux est pour l'époque tout à fait remarquable. Que ce soit au niveau du travail des décors permettant ainsi la miniaturisation des personnages, ou bien de l'intégration de ces derniers dans des images à taille réelle, le résultat est toujours bluffant.
On notera aussi la propension de Tod Browning à jouer sur les handicaps physiques (Malita qui ne peut se déplacer sans une canne ou bien la mère de Paul atteinte de cécité) et mentaux ( la pauvre Lachna atteinte de déficience mentale), même si ici on est loin des étonnants phénomènes de "Freaks...". "Les Poupées Du Diable" reste encore aujourd'hui une œuvre d'une étonnante fraicheur, dont les effets-spéciaux conservent toute leur ingéniosité. 









Encore une grande œuvre signée par un grand maitre du cinéma des années trente...


Déjà abordés dans le Cinéma de Minuit:   

- Cycle Maurice Tourneur (04 Septembre 1988) - La Main Du Diable (1943)
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