Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 25 février 2013

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: Rage de David Cronenberg (1977)


Rose et son petit ami roulent à vive allure sur une route de campagne lorsque leur moto frôle un camping-car. Alex perd le contrôle du véhicule et dérape au bord d'un champ. Ce dernier git à côté de la moto pendant que Rose, évanouie, est coincée sous l'engin. Heureusement pour eux, une patiente de la proche clinique Keloid est témoin de l'accident et avertit les responsables de l'établissement qui se rendent alors sur le lieu de la tragédie.

Le docteur Dan Keloid, propriétaire de la clinique avec son épouse Roxanne, travaille actuellement sur une nouvelle méthode de greffe de la peau. Les banques sont prêtes à investir dans ces nouvelles pratiques mais de l'avis du docteur Keloid, il faut d'abord leur prouver l'efficacité du procédé qui consiste à rendre morphologiquement neutres les greffes avant de les appliquer sur les parties endommagées afin qu'elles perdent leur spécificité.

L'accident de Rose est une aubaine pour le docteur qui voit en la jeune femme, un moyen d'expérimenter ses théories. Et puisqu'elle risque de mourir d'un instant à l'autre, Keloid décide de l'opérer dès son arrivée aux urgences de la clinique. Une fois l'intervention terminée, Rose est isolée dans une chambre. Le docteur Keloid rassure Alex en lui assurant que l'opération s'est bien déroulée et que les greffes sont satisfaisantes bien que la jeune femme soit toujours inconsciente.
Ce n'est qu'un mois après l'accident que Rose rouvre les yeux. Prise de convulsions, elle se met à hurler, se débat, jusqu'à ce qu'un patient l'ayant entendue crier pénètre dans sa chambre. La jeune femme grelotte de froid et demande à l'homme de bien vouloir la serrer dans ses bras, quand subitement, il est tétanisé par une douleur intense. Enlassés l'un à l'autre, une rigole de sang s'écoule de l'aisselle gauche de Rose.
Lorsque plus tard, l'homme vient frapper à la porte d'une autre patiente, il est blafard et ne se souvient de rien. Rose, elle non plus n'a aucun souvenir des évènements qui se sont déroulés dans la soirée. La méthode de greffe du docteur Keloid semble avoir un effet curieux sur le comportement de la jeune femme...

Rage est le quatrième long-métrage de David Cronenberg après Stereo (science-fiction), Crimes Of The Future (Fantastique) et surtout Frissons qui abordait déjà les mutations génétiques, LA spécialité de ce grand cinéaste d'origine canadienne. Outre le fait que Rage explore l'univers médical cher à David Cronenberg, le film évoque également et indirectement le vampirisme au travers d'une épidémie provoquée par la morsure d'une bien étrange créature vivant sous l'aisselle de Rose.

Ce qui différencie la plupart des productions horrifiques de celles du canadien, c'est l'aspect souvent glauque de ses films. Sans doute est-ce dû à l'image généralement granuleuse et le manque de moyens mais il faut bien reconnaître que le malaise s'installe régulièrement, et notamment ici, dans cette œuvre particulièrement épidermique.
Faute de moyens, Cronenberg a dû se passer des services Sissy Spacek (Carrie Au Bal Du Diable) et fit appel à Marilyn Chambers, une star du cinéma porno d'alors.

Si dans un premier temps, l'intrigue se situe dans un cadre restreint (celui de la clinique), très vite, le champ d'action se propage aussi vite que l'épidémie et rien ne semble pouvoir freiner l'appétit de Rose. Par contre, aucune explication concernant l'apparition du dard sous l'aisselle de Rose. Pas même de la part du docteur Keloid, très vite relégué au second plan. Peut-être aurait-il été judicieux de placer l'organisme vivant au niveau de l'abdomen, là où justement le chirurgien découvre l'apparition de nouveau tissus. Un appendis qui aurait alors pu être assimilé à un phallus. Rage n'est donc pas le meilleur films de David Cronenberg mais reste un excellent film d'épouvante qui ouvre les hostilités dans le domaine des mutations génétiques.

lundi 18 février 2013

Le Gendarme Et Les Extraterrestres de Jean Girault (1979)


Le maréchal des logis chef Ludovic Cruchot est en patrouille en compagnie du gendarme Beaupied lorsque leur véhicule tombe en panne au bord d'une route. Alors que Cruchot tente une réparation, Beaupied s'éloigne de quelques dizaines de mètres et tombe nez à nez avec une soucoupe volante qui a atterrit dans un champ. Alors qu'elle prend son envol, Beaupied se précipite vers son supérieur et lui rapporte ce qu'il vient de voir. Méfiant, Cruchot accompagne Beaupied à l'endroit où ce dernier lui affirme avoir vu une soucoupe mais celle-ci a déjà disparu dans les airs.

A Saint-Tropez c'est le branle-bas de combat. Des journalistes venus du monde entier sont présents afin de relever le témoignage de Beaupied. Les habitants du coin font masse autour du gendarme tandis qu'à la gendarmerie, l'adjudant Jérôme Gerber s'affole de la mauvaise publicité qu'engendre une telle histoire.

Pourtant plus tard, et alors que Cruchot et Gerber sont sur la route, leur véhicule s'arrête à l'endroit précis où la veille Beaupied affirme avoir vu une soucoupe. Cette fois-ci, c'est Gerber qui tente de réparer la voiture tandis que Cruchot s'éloigne vers le champ d'à coté. C'est ainsi qu'il tombe à son tour sur la soucoupe volante, devenant ainsi le second témoin de la venue d'extraterrestres sur notre planète...

Avant, avant, avant dernier film de la longue filmographie de Louis de Funès, Le Gendarme et les extraterrestres fait peine à voir, surtout lorsqu'on le compare aux chefs-d’œuvres humoristiques qui ont émaillés sa carrière. Les grimaces ne prennent plus. L'acteur est fatigué. Les répliques sont parfois (voire souvent) grotesques (Maurice Rich affirmant avoir vu un extraterrestre et terminant sa phrase par un ridicule "Je l'ai vu, turlututu").
Ce qui faisait la force comique de Louis de Funès ne fait donc ici plus qu'office de remplissage.

Malgré tout, le film se laisse regarder. On pourra s'amuser des incessants quiproquos provoqués par l'alternance des personnages humains et des extraterrestres qui n'ont rien trouvé de mieux que de les imiter à la perfection. Le Gendarme et les extraterrestres n'est pas non plus catastrophique. On retrouve un peu de ce qui nous charme chez Louis de Funès dans la fameuse scène située chez les bonnes sœurs.

Le voir grimacer à la manière d'un petit enfant afin de passer inaperçu aux yeux de son supérieur a quelque chose d'hilarant dans toute son incongruité. C'est crétin, surréaliste, analphabétisant mais en même temps tellement kitsch que ça en devient finalement drôle. En sorte, il s'agit la DU quart d'heure du film. Quinze minutes de poursuite, du jeu du chat et de la souris, dans lequel Louis de Funès s'adonne à ce qu'il sait faire de mieux.

Pour le reste, on se contentera donc des quelques bonnes idées proposées sans pour autant se pâmer devant cette petite comédie (qui restera pourtant en Allemagne jusqu'en 2012 comme le plus grand succès français avec plus de cinq millions d'entrées). A savoir qu'une suite avait été envisagée (La Revanche Des Extraterrestres), remise en question par le décès de Louis de Funès.

lundi 11 février 2013

S.O.S Fantômes de Ivan Reitman (1984)


A new-York c'est le branle-bas de combat. Les fantômes ont envahit la ville. La bibliothèque nationale, Les plus grands hôtels et les rues elles-mêmes de la ville sont les témoins d'apparitions d'ectoplasmes particulièrement virulents. Peter Venkman, Raymond Stantz et Egon Spenger sont renvoyés de l'université dans laquelle il effectuent des recherches sur la parapsychologie. Passionnés par tout ce qui touche aux fantômes, ils décident d'ouvrir une entreprise spécialisée dans la recherche, la capture et la conservation des ectoplasmes. Et autant dire qu'ils vont avoir du pain sur la planche.
Rejoints bientôt par leur nouveau coéquipier Winston Zeddemore, ils écument les rues de la ville jusqu'à ce qu'il reçoivent la visite de Dana Barrett, jeune violoniste témoin d'étranges évènements survenus dans la cuisine de son appartement. Vivant à proximité de son encombrant voisin Louis Tully, elle découvre en effet que la porte du réfrigérateur donne sur un monde parallèle dirigé par le dieu sumérien Gozer. La jeune femme arrive dans les locaux de S.O.S FANTOMES et fait la connaissance de Peter qui accepte de l'accompagner jusqu'à son appartement. Lorsque celui commence ses investigations dans la cuisine, il ne constate rien d'anormal. Il reçoit ensuite la visite de Walter Peck, membre de la commission de production de l'environnement au bureau de New-York, qui aimerait savoir qu'elles pourraient être les retombées d'un point de vue environnemental, concernant les activités du quatuor. Refusant de faire visiter à l'homme les locaux de S.O.S FANTOMES, celui-ci menace alors Peter de lui envoyer une commission rogatoire.

Dans la soirée, deux immenses gargouilles trônant sur la terrasse de l'immeuble où vit Dana donnent vie à deux féroces colosses qui se mettent alors en chasse afin de mettre la main sur Louis. Lors d'une réception donnée par celui-ci, il est poursuivi par l'une des créatures jusqu'à Central Park. Peter s'invite chez Dana, qui, lorsque s'ouvre la porte de son appartement, demande au professeur s'il est le Maître des Clés. Un maitre qui se trouve être Louis, le voisin de Dana...

Les esprits et le septième art vivent une véritable histoire d'amour depuis près d'un siècle. S'il est souvent arrivé aux fantômes d'être discrets, tout juste suggérés à travers une ombre ou bien même un bruit, c'est bien grâce aux progrès en matière d'effets-spéciaux que les scénaristes ont ensuite pu laisser libre cours à leur imagination. Le plus souvent introduits dans des œuvres macabres fleurtant avec l'épouvante (La Maison Du Diable, La Sentinelle Des Maudits, The Changeling), Il faudra attendre l'année 1982 et l'arrivée de Steven Spielberg et Tobe Hooper pour découvrir enfin des œuvres grand public. Bien que leur Poltergeist baigne parfois dans l'horreur pure, les moyens mis en œuvre sur ce projet démontrent une volonté de leur part d'ouvrir le thème à un plus large public. Ce que fera donc la même année Ivan Reitman avec son Ghostbuster, dans une véritable explosion d'effets-spéciaux où ectoplasmes, fantômes, et autres apparitions s'en donnent à cœur joie.

L'idée de confronter des fantômes à des exterminateur fut créée par Dan Aykroyd et John Belushi. Mais la mort de ce dernier changea les plans et il fut remplacé par l'excellent Bill Murray. L'histoire elle-même (Aykroyd étant alors épaulé par Harold Ramis qui rejoint le groupe) fut modifiée puisque au départ l'équipe de SOS Fantômes devait voyager à travers le temps et l'espace. Ivan Reitman situe donc ses personnages à notre époque et dans la ville de New-York. On y découvre des ectoplasmes étonnants, tout droit sortis d'un dessin animé imaginaire. L'humour prime sur l'effroi qui, il faut l'avouer, est absent du film. Ce qui ne diminue pas l'intérêt de l'œuvre tant le rythme, l'interprétation et l'humour emportent tout sur leur passage. On remarque également la présence de Sigourney Weaver dans le rôle de Dana. Elle qui eut la force de vaincre le belliqueux Alien de Ridley Scott, elle apporte au film une touche essentielle de féminité. Les effets-spéciaux sont pour l'époque, ce qui se fait de mieux.. Ils sont l'œuvre de la société Entertainment Effects Group, et tout particulièrement de Richard Edlund. Ghostbuster se veut tout d'abord un film grand public. Le film fut un tel succès qu'il inspira toute une série de jeux vidéos ainsi qu'une première suite sortie cinq ans plus tard en 1989, toujours réalisée par Ivan Reitman et sobrement intitulée Ghostbuster2. Depuis quelques temps maintenant est annoncé un projet intitulé Ghostbuster3, mais sans Bill Murray. Reitman est toujours aux commandes et Aykroyd, Ramis, Hudson, Moranis et la resplendissante Sigourney Weaver sont toujours présents, accompagnés cette fois-ci de nouveaux combattants.

vendredi 8 février 2013

Barton Fink de Ethan & Joel Coen (1991)



Difficile de choisir un film plutôt qu'un autre dans la somptueuse filmographie des frangins coen. Entre les polars "Blood simple" et "Fargo", les comédies loufoques façon road movie "Arizona Junior" et "O'Brother" ou encore façon bande-dessinée avec "Le grand saut", depuis 1984, Joel et Ethan coen signent sans jamais dévier de leur route, de véritables perles cinématographiques. Une quinzaine de films films seulement en vingt huit ans mais chaque fois, une vision toute personnelle du septième art. 

 
Ce qui marque en premier lieu dans leur filmographie, c'est le sens du détail. Lesthétique apportée à chaque plan, donnant à chacune de leurs oeuvres une aura particulière, la photographie étant l'une des clés de leur réussite. Les frères coen sont avant tout des esthètes. En effet, chaque image imprimée sur la pellicule est une toile de maître que l'on ne se lasse pas de contempler tant chaque détail stimule l'imaginaire et émoustille le regard. Cela est d'autant plus flagrant lorsque l'on découvre pour la première fois Barton Fink, sans aucun doute le film le moins évident à aborder mais aussi le plus abouti dans le traitement de l'image et du scénario. 
L'ambiance sonore elle, a une importance capitale dans ce chef-d'oeuvre, rappelant par certains aspects, le premier film de David Lynch "Eraserhead". Il est d'ailleurs amusant de noter l'étrange coiffure de John Turturro, et qui fait irrémédiablement penser à celle du personnage principal du film de Lynch, Henry Spencer, interprété par John Nance. L'hermétisme en moins, les frères coen restituent le même genre d'ambiance tout en apportant une touche personnelle reconnaissable entre mille. Des décors sombres, voire dantesques, corrompus par une image aux teintes verdâtres (voir l'hôtel en décomposition), des bruits étranges dont nous ne connaîtrons jamais vraiment l'origine, et enfin, des personnages tous plus dérangés les uns que les autres. Notamment John Goodman qui joue le rôle d'un voisin tantôt attachant, parfois collant mais se révélant en général très inquiétant. Un autre aussi, alcoolique et idole d'un Barton en mal d'inspiration et piquant d'hallucinantes crises d'hystéries auprès d'une femme à la séduisante allure...


L'inspiration, voilà ce qui manque à notre héros qui va le mener sans aucun doute à sa perte. Auteur d'une pièce à succès,il part à Hollywood tenter sa chance comme scénariste pour un studio de cinéma. Oui mais voilà, devant la machine à écrire, et surtout, devant la page blanche, notre écrivain ne sait par où commencer. Et les événements étranges auxquels il doit faire face autour de lui n'aident en rien le pauvre homme à se lancer dans son nouveau projet. L'univers qui l'entoure ne va pas faciliter la tâche de celui dont l'esprit semble tourmenté. Dans cet univers aux teintes glauques seule une toile accrochée au mur de sa chambre représentant une femme assise au bord d'une plage semble parvenir à le maintenir éveillé. Un "détail" qui donnera à cette oeuvre sublime des frères Coen, une note d'optimisme lorsque tout semblera prendre fin dans l'existence de Barton Fink.
Dans l'extraordinaire filmographie des frères Coen, Barton fink qui allie scénario imparable, musique enivrante, mise en scène ébouriffante et jeu d'acteurs prodigieux, est une oeuvre à part qui demande sans doute une forte implication de la part du spectateur pour en saisir toutes les nuances. Mais dès lors que l'on met le pied dans cet hôtel en perdition, dès que l'on suit les pérégrinations de l'écrivain, on entre dans un univers fantastique, fruit de l'imagination fertile de deux hommes à l'incontestable talent.

lundi 4 février 2013

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Werner Kniesek - "Angst" de Gérald Kargl (1983)



De la réalité...


Werner Kniesek est probablement l'un des seuls tueurs en série originaires d'Autriche dont l'histoire a été adaptée au cinéma. Il tua à l'age de 26 ans sa mère de 55 ans. Il fut par la suite l'auteur de plusieurs cambriolages avant de tuer à nouveau, une vieille femme de 73 ans. Ce meurtre le conduisit tout droit dans un hôpital psychiatrique dans lequel il ne resta enfermé que sept ans avant d'être libéré pour bonne conduite. C'est alors qu'il pénétra la demeure d'une famille de trois membres. Il tortura et étrangla la mère et le fils et viola la fille durant onze heure avant de les tuer tous les trois. Le lendemain il prit la voiture des propriétaires, enferma les corps dans la malle arrière, puis alla faire des courses en ville. Il fut alors arrêté par la police, prévenue de son comportement étrange. Le 4 Janvier 1980, Werner Kniesek est condamné à l'internement à vie.


...A la fiction


Un schizophrène retrouve la liberté après avoir purgé une peine de prison pour avoir tué sans raisons apparente une vieille femme chez elle. Persuadées qu'il est guéri, les autorités le libèrent sans se douter qu'en réalité l'homme a conservé toutes ses obsessions et qu'il n'a désormais qu'un seul but: Tuer à nouveau. Pour commencer, il se rend dans un bar afin de reprendre contact avec cette humanité pour laquelle il voue une indifférence totale. Seule compte cette envie de tuer et qu'il ne va pas tarder à mettre à exécution. Mais pas dans ce lieu, non, car les deux prostituées qui le regardent en se moquant de lui, et que notre homme aimerait tant avoir pour victimes, ne sont pas seules. Il quitte le bar, puis se dirige vers une station de taxis. L'un d'entre eux, conduit par une femme, l'embarque sans savoir qu'elle transporte à l'arrière de son véhicule un malade qui va maladroitement tenter de la tuer à l'aide d'un lacet de chaussure. Freinant d'un seul coup au milieu d'une route, elle parvient à faire reculer le tueur qui prend la fuite dans un sous-bois avant de tomber nez à nez avec une immense demeure qu'il choisit alors comme théâtre de son futur méfait.


La maison n'est pour l'instant habitée que par un handicapé mental en fauteuil roulant. Le schizophrène profite de l'absence de danger pour faire le tour des lieux jusqu'au moment où les phares d'une voiture l'éblouissent. Une vieille dame et sa fille pénètrent dans le jardin de la demeure et, chargées de victuailles, entrent dans la maison. Le tueur est en ébullition. Il prépare mentalement les évènements à venir, choisissant de bâillonner et d'attacher la mère en premier afin de lui faire assister ensuite aux meurtres de sa fille et de son fils handicapé. Sauf que les choses ne se passent absolument pas comme il l'avait prévu. Se trainant jusqu'à l'étage après s'être laissé glisser de son fauteuil roulant, le fils est rattrapé par le tueur alors qu'il tentait de se cacher dans la salle de bain. Il est tué par noyade dans la baignoire. Ensuite, en enfonçant un linge au fond de la gorge de la vieille dame, le schizophrène la tue sans le faire exprès. Malade, celle-ci meurt en effet d'une crise cardiaque. Il ne reste donc plus que la jeune femme à laquelle notre homme décide donc de réserver le pire des sorts...

Angst fait partie de ces œuvres qui dérangent. De ces quelques films qui sortent parfois dans l'ignorance mais qui grâce aux amateurs de pellicules morbides parviennent à percer la toile "Internet" pour le plus grand plaisir des cinéphiles amateurs de sensations fortes. Gérald Kargl a depuis ce film traumatisant, tourné plus de cent films commerciaux et promotionnels mais pas un seul long-métrage pour le cinéma. La légende veut que depuis Angst, il fut interdit de tournage. Mais qu'est-il alors arrivé aux censeurs de l'époque pour que ce cinéaste génial soit banni des salles obscures?
 
Il faut avouer que Angst est un film tout à fait particulier, basé sur l'histoire véridique du tueur en série autrichien Werner Kniesek. Le film s'ouvre sur la genèse du tueur. Un choix qui explique sans doute la volonté du cinéaste de "justifier" les actes auxquels nous allons assister bientôt. Par bien des aspects, l'œuvre se veut impressionnante, troublante et dérangeante. Tout d'abord, la voix-off du personnage, qui nous abreuve des souvenirs, des désirs et du mal-être de son auteur, s'insinuent dans notre esprit et le rendent perméable au désordre qui règne dans l'esprit du tueur. Graphiquement, les meurtres montrent peu de sang mais sont filmés de manière tellement saisissante qu'ils gagnent en horreur ce que perdent tant d'œuvres à vouloir surenchérir. Lorsque le tueur noie sa première victime dans la baignoire, la scène, filmée sous l'eau, provoque une sensation de malaise et d'étouffement. La mort du handicapé nous est imposée en gros plan sur son visage, la vie s'échappant de son corps à la manière des dernières bulles d'air qui fuient ses lèvres. 

 
Mais l'un des aspects les plus marquants dans l'œuvre de Gérald Kargl, c'est la façon qu'à le cinéaste de filmer son assassin. Tourbillonnant autour de son personnage principal, la caméra exécute des mouvements inédits, entre contre-plongée vertigineuse et tourniquet étourdissant, permettant ainsi aux spectateur de se faire une idée précise de l'état d'angoisse, de torpeur et d'attente dans lequel se trouve l'assassin. Un principe dont s'inspirera d'ailleurs Gaspard Noé, grand fan du film de Gérald Kargl, pour son film Irréversible. Le tueur schizophrène de Angst est campé par le très impressionnant Erwin Leder déjà croisé dans l'excellent Das Boot de Wolfgang Petersen. Le visage émacié, l'œil glauque et les tempes en sueur, il interprète donc cet homme dont on ne connaît par le nom et qui marmonne intérieurement son passé, ses fantasmes et ses projets. Il projette par avance et met en scène les meurtres à venir, décortiquant chacun de ses actes futurs. Sauf que cet être maladroit et surexcité ne parvient qu'à moitié à assouvir ses pulsions. Il s'offre une danse macabre en compagnie de la mère de famille dans les yeux de laquelle il perçoit ceux de la sienne afin que perdure le plaisir. Sa mère Justement, qui se permettait sur lui de terribles exactions. De quoi, une fois de plus, permettre de comprendre le cheminement qui a mené notre homme à devenir le monstre qu'il est. 
 
La caméra se veut parfois subjective, nous mettant dans la peau, et donc, dans la tête du tueur. C'est ainsi que chacun des meurtres est filmé, impliquant directement le spectateur au cœur de l'horreur. Et puis il y a la froide partition de Klaus Schulze. Artiste allemand de musique électronique, qui offre une musique qui colle parfaitement à l'aspect clinique de l'œuvre. 

 
Curieusement, le film se clôt sur l'arrestation du tueur qui, outre le fait qu'il soit irrémédiablement perdu dans les complexes limbes de son cerveau, désire une certaine reconnaissance pour son œuvre diabolique. On s'attendrait presque à entendre les applaudissements lorsque s'ouvre le coffre de la voiture à l'arrière de laquelle il a jeté les corps de ses trois victimes. Un coffre en forme de rideau de théâtre s'ouvrant sur des témoins horrifiés...



vendredi 1 février 2013

L'Ange De La Vengeance de Abel Ferrara (1981)


Elle se prénomme Thana. Elle est jeune, belle, muette, travaille dans un atelier de confection et viens d'être la victime de deux viols consécutifs. Le premier, perpétré dans une ruelle insalubre par un homme caché derrière un masque de clown, et le second chez elle, accompli par un type qui tentait de la cambrioler. Deux méfaits qui vont la faire basculer dans une folie meurtrière. Sa première victime est le cambrioleur qu'elle tue à l'aide d'un fer à repasser. Et parce qu'elle ne sait pas comment s'en débarrasser, elle le découpe en morceaux dans la baignoire de la salle de bain puis emballe les morceaux dans de grands sacs-poubelle noirs qu'elle range ensuite dans son réfrigérateur.


Dès le lendemain, Thana retourne au travail et se comporte différemment avec ses amis et collègues de travail. Surtout avec son chef qui a l'habitude de l'approcher de trop près. Mais personne ne se doute du drame dont elle a été victime et encore moins de ce qui se trame dans la tête de la jeune femme. Chaque fois qu'elle part au travail, elle emporte avec elle l'un des sacs-poubelles et parcourt de longues distances afin de s'en débarrasser. Toujours en évitant de croiser sa trop curieuse voisine. Une vieille veuve collante qui voue désormais un amour sans faille pour son chien. Thana, de temps en temps, sonne à sa porte et donne à manger au chien de la viande qu'elle à prélevé sur le corps de sa victime.

Tout aurait pu rentrer dans l'ordre mais cette jeune femme déjà fragile réalise que les hommes sont tous des porcs obsédés par le sexe. C'est pourquoi elle circule désormais armée d'un 45 qu'elle va s'employer à utiliser contre la gente masculine afin de se faire justice. Tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route, du dragueur au voyou en passant par le violeur vont y passer. Thana est devenue une jeune femme perturbée mais surtout imperturbable dans son désir de vengeance..

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Abel Ferrara, après une courte incursion dans le porno, démarre sa vraie carrière dans le cinéma avec Driller Killer, un film dans lequel déjà, son personnage principal (qu'il interprète lui-même) pète un câble en raison du vacarme que fait un groupe de rock dans la cave de son immeuble. Il revient deux ans plus tard avec cet Ange De La Vengeance, mettant en scène la troublante Zoé Tamerlis (future épouse de l'artiste Roger Lund) en victime endossant le rôle de justicière implacable. Incapable d'exprimer ses sentiments, c'est la poudre qu'elle fait parler, "trahie" finalement par se plus proche amie au terme d'un carnage qui rappelle fortement le massacre final du Carrie Au Bal Du Diable de Brian De Palma.

Plus que l'œuvre elle-même, émaillée d'un certain nombre de défauts (la théâtralité exagérée de certaines scènes exécute sommairement le réalisme ambiant), c'est bien la présence de Zoé Tamerlis qui marque les esprits. D'une beauté diaphane, le mutisme dans lequel elle est plongée la fragilise face aux dangers de la cité dans laquelle elle vit. Incapable de crier au secours et ne pouvant compter sur l'aide de personne, elle n'a pas d'autre choix que de subir. Le film, bien que moins "sale" que Driller Killer, parvient tout de même à laisser un sentiment de malaise certain. Le thème de la nécrophilie, même si celle-ci découle ici d'une nécessité, dérange. Thana n'élimine que des crapules, des violeurs, la lie de notre société. Et pourtant, par deux fois, bien avant le massacre final, elle va tenter de se débarrasser de deux individus qui n'ont visiblement rien à se reprocher. Les deux seuls qu'elle ne parviendra pas à tuer. Comme si une main invisible lui ordonnait par un geste de salut pour eux, de les laisser vivre.

Zoé Lund meurt en 1999 et à l'âge de 37 ans. Laissant derrière elle une courte carrière d'actrice et surtout un rôle poignant offert par son ami Abel Ferrara dans le traumatisant Bad Lieutenant.
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