Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 31 août 2013

Présumé Coupable de Vincent Garenq (2011)



Le 14 Novembre 2001, Alain Marécaux et son épouse Edith sont arrêtés par la police et leurs enfants séparés et confiés à des familles d'accueil. Lorsqu'il apprend qu'il est accusé de viol sur enfants, l'huissier est abasourdi. Lui qui porte une attention toute particulière aux siens, il ne comprends pas qu'il puisse être le sujet de telles accusations. Il apprend bientôt qu'une dizaine d'autres personnes ont été arrêtées pour les mêmes raisons.

Il est très vite contacté par Maître Hubert Delarue, avocat et proche collaborateur de celle qui aurait normalement dû défendre Alain Marécaux. C'est donc cet homme d'expérience qui va tout tenter pour faire libérer son innocent client. Mais le combat risque d'être rude car entre la police qui le pousse à bout afin d'obtenir des aveux et Burgaud, le jeune et ambitieux juge qui instruit l'affaire, Alain n'est pas sorti d'affaire.

En effet, Burgaud choisit de traiter le dossier à charge en ne prenant en compte que les témoignages des accusateurs Myriam Badaoui, Aurélie Grenon et leurs compagnons respectifs. Le jeune huissier est incarcéré dans la prison de Bauvais. Là, il reçoit la visite régulière de sa sœur et de son avocat.

Lorsque Alain Marécaux apprend le décès de sa mère, c'est la chute. Son étude ayant des difficultés, il est obligé de la revendre à un prix dérisoire. Quand à Édith, sa femme, elle est enfin libérée. Un espoir pour le condamné qui espère obtenir lui aussi une libération. Mais la demande de Maître Hubert Delarue est rejetée. De plus, Alain apprend que sa femme l'a finalement quitté pour un autre homme. N'y pouvant plus, l'huissier tente de se suicider par voie médicamenteuse. Et comme il n'y parvient pas, il décide de se lancer dans une grève de la faim...

Basé sur le livre écrit par Alain Marécaux lui-même, le scénario s'inspire donc évidemment de la terrifiante mésaventure qu'une quinzaine de personnes et lui ont vécu entre 2001 et 2005. Il ne pouvait rien arriver de pire pour un père respectable que d'être reconnu coupable de pédophilie.
Présumé Coupable décortique le processus qui mène un homme innocent derrière les barreaux, ainsi que tout les éléments qui en découlent.

La plupart des gens qui se sont intéressés à l'affaire d'une oreille distraite n'ont pu finalement que relever les grandes lignes de cette affaire. L’œuvre signée Vincent Garenq permet de la découvrir sous un jour nouveau. En effet, le film s'attarde sur la personnalité exclusive de Alain Marécaux. Son vécu en prison, l'éloignement de certains de ses proches, les conséquences sur sa vie professionnelle. La mort de sa mère surtout. Le départ de son épouse et l'impossibilité pour lui de revoir ses enfants jusqu'à son acquittement. Mais tout aussi difficile que la perte de sa mère, ce qui semble avoir le plus affecté le condamné, c'est la suspicion qui planait au dessus de lui sur les éventuels attouchements perpétrés sur l'un de ses fils dont il était accusé.

Philippe Torreton donne la pleine mesure de son immense talent dans ce difficile rôle. Il ira jusqu'à perdre plus de vingt kilos pour appuyer la lente agonie vécue par son personnage lors de la grève de la faim. Wladimir Yordanoff campe lui un avocat remarquable à tous les égards. Humanité, soutien et réconfort sont peut-être parmi les éléments essentiels (outre la présence de la sœur et du père de l'accusé) qui ont permis à l'huissier de survivre au milieu hostile que représente la prison. A propos d'hostilité, on reviendra également sur la performance de Raphaël Ferret qui interprète le rôle du juge Burgaud. La ressemble et la froideur de ces deux personnages (réels et fictifs) sont saisissants, et l'on comprend un peu mieux le piège infernal duquel l'accusé à tort à eut tant de mal à se dépêtrer.

Présumé Coupable est donc un excellent film, témoignage d'une sordide histoire d'erreur judiciaire dans laquelle beaucoup ont laissé des plumes. Remarquable...

Pour en savoir plus, je vous conseille de visionner l'émission Faites Entrer L'accusé consacrée à L'Affaire Outreau. Tout simplement effarant!


Ainsi que le témoignage des victimes, quelques années plus tard:

dimanche 25 août 2013

Kill List de Ben Wheatley (2012)


Les temps sont durs pour Jay et son épouse Shel. En effet, cet ancien militaire devenu depuis tueurs à gages n'a honoré aucun contrat depuis huit mois et des quarante mille dollars qu'il a récolté grâce à une mission qui a tourné au carnage à Kiev, il ne reste presque plus rien. Shel lui reproche de rester sans rien faire. Jay dépense le peu d'argent qu'il leur reste à des choses secondaires et sans importance.

Les scènes de ménage sont quotidiennes et les rapports entre le couple sont tendus. Shel demande à Jay de reprendre du service. C'est alors qu'ils invitent à dîner Gal, le meilleur ami de Jay, que ce dernier accepte de le suivre quelques jours plus tard dans un hôtel où les attend un curieux personnage. Celui-ci leur confie un contrat qu'il scelle avec son propre sang et celui de Jay.
L'objectif des deux amis est d'éliminer trois hommes. C'est lorsqu'ils se rendent dans une petite chapelle où ils vont tuer leur première cible, un prêtre, que Jay et Gal vont tomber sur une vidéo dans laquelle des pédophiles participent à une orgie mettant en scène des enfants. A cette vision insupportable, Jay ne résiste pas à l'envie d'aller rendre visite à l'un des acteurs, un libraire. Lors de cette visite, Jay interroge l'homme, attaché à l'une des chaises de la cuisine, sur l'identité de ceux qui ont participé au film. Mais alors que Gal vide le coffre-fort situé à l'étage de la demeure, en bas, l'interrogatoire vire au carnage...

Le second film de Ben Wheatley (dont la comédie Touristes est sortie l'année passée) fait partie de ces films coup de poing qui ne peuvent laisser indifférent. Mélangeant avec brio thriller, horreur et mysticisme, Kill List est une œuvre éprouvante, étouffante et parfois même choquante. Débutant dans les tous premiers instants comme un drame social, le film prend ensuite un chemin balisé de scènes proprement hallucinantes sublimées par une ambiance sonore cauchemardesque. Deux œuvres semblent avoir principalement inspiré le cinéaste. On ne peut évidemment pas rejeter l'idée que le Wicker Man de Robin Hardy réalisé en 1973 ne puisse faire partie de ses films de chevet tant l'esprit de certaines scènes (la cérémonie tribale ainsi que le sort du héros interprété par Neil Maskell) rappelle le chef-d’œuvre du cinéaste britannique. La fin elle-même rappellera sans doute à certains l'horrible conclusion de A Serbian Film de Srdjan Spasojevic, œuvre vénéneuse qui a fait couler beaucoup d'encre deux ans en arrière. 
 
Le personnage de Jay, accompagné de son ami de toujours Gal (l'excellent Michael Smiley), tombe dans un piège qui inexorablement va se refermer sur lui. Dès lors que le duo accepte de signer le contrat avec le vieil homme, on assiste à un enchaînement d'événements qui ne peuvent que mener à la fin tragique des deux hommes. Même si cela n'est pas clairement démontré dans le film, certains propos aident à comprendre le choix de faire appel à ces deux hommes, qui par leur passé (le carnage de Kiev survenu huit mois auparavant) amène à accepter l'issue fatale qu'ils vont connaître. Un jeu infernal orchestré par une bande d'allumés qui auront sans doute tout prévu à l'avance, jusqu'à même jeter dans les bras de Gal, la jeune Fiona, disciple de ces gourous mal famés. 
 
Kill List est donc une œuvre marquante, remarquablement interprétée (Myanna Buring), et qui refroidit autant que les bûchers que vont allumer nos deux héros afin de disparaître les corps de leurs victimes réchauffent.

mardi 20 août 2013

Hors de Prix de Pierre Salvadori (2006)



Jean est barman dans un luxueux hôtel de Paris. Un soir, alors qu'il est invité par un client à venir s'asseoir à ses côtés afin de partager une bonne bouteille de vin, il finit par s'endormir sur un canapé et avant d'être réveillé plusieurs heures plus tard par Irène, une jolie jeune femme qui a abandonné son compagnon à son sommeil pour descendre boire un verre dans le salon de l’hôtel. Étonnée de ne voir personne derrière le comptoir du bar, elle engage la conversation avec Jean, affalé sur son canapé. Troublé par la beauté de la jeune femme, celui-ci se fait passer pour un client et propose à Irène de lui servir un verre. Le couple improvisé termine saoul dans l'une des plus prestigieuse suite de l'établissement.

Le lendemain matin, lorsqu'ils ouvrent les yeux, Irène découvre que Jean n'est pas celui qu'il prétend être et quitte l'hôtel précipitamment en compagnie de Jacques, son compagnon. Ce n'est que plus tard que le jeune barman retrouve la trace d'Irène, toujours au bras de Jacques dont elle exploite la fortune et avec lequel elle espère se marier dans trois mois. Mais elle est prise sur le fait par ce dernier qui la quitte sans omettre de reprendre tous les biens qu'il lui a offerts. Jean, amoureux de la jeune femme, tente d'approcher cette dernière, mais celle-ci, exclusivement intéressée par l'argent, tente d'échapper à son collant prétendant.

Afin de s'en débarrasser définitivement, elle accepte finalement de l'accompagner au restaurant. Elle choisit ensuite une chambre hors de prix dans un luxueux hôtel. Enfin, elle dépense sans compter en utilisant la carte bleue de Jean. Celui-ci se retrouve sans le sou, son compte en banque vidé des placements effectués depuis des années...

Hors de Prix est le huitième long-métrage de Pierre Salvadori. Une comédie douce et romantique qui oppose le talentueux humoriste Gad Elmaleh à la charmante Audrey Tautou. Un timide barman à une jeune femme avide de luxe qui n'hésite pas à tromper son monde pour obtenir tout ce qu'elle désire : de l'argent, des bijoux et les hôtels les plus chers. Drôle de ménage qui se crée donc entre ce duo de personnages hors normes qui vont, chacun, apprendre de l'autre. Le frêle et timide serveur va appendre aux cotés d'Irène, les clefs de la réussite en matière de manipulation. La jeune femme, elle, va apprendre l'amour, sincère, et sans fioritures.

Hors de Prix confronte également ces deux personnages à des individus pourris par l'argent. Des êtres qui n'ont que du mépris pour les petites gens. Des partenaires qui connaissent une profonde solitude qu'ils ne peuvent combler que grâce à leur richesse. Ils sont les proies de personnes qui n'en veulent qu'à leur argent. En ont-ils conscience ? C'est la question que l'on se pose mais qui reste, hélas, sans véritable réponse. Ils sont pourtant tout aussi importants que le duo Tautou-Elmaleh qui profite d'un scénario léger pour nous offrir un spectacle rafraîchissant. Un jeu au premier abord pervers mais qui démontre que chiens et chats peuvent très bien s'entendre.

On ne s'ennuie jamais devant cette suite de scènes parfois cocasses et souvent amusantes. Elmaleh prouve qu'il est un acteur de talent, et même si l'on est réfractaire à l'humour qu'il dispense sur scène, il révèle au fil de sa filmographie une qualité primordiale dans le métier d'acteur : il est capable de se fondre dans le costume de personnages divers sans que jamais l'on ne perçoive la moindre fausse note.

Le film se joue des aspects négatifs de la personnalité humaine pour nous offrir un vrai moment de joie et de fraîcheur. Une réussite. On notera les présences de Marie-Christine Adam, Vernon Dobtcheff et Jacques Spiesser qui apportent leur généreuse contribution au film...

vendredi 16 août 2013

Elysium de Neill Blomkamp (2013)



La Terre est devenue en 2154 une planète surpeuplée et entièrement vidée de ses ressources naturelles. N'y survivent que les plus modestes représentants de l'espèce humaine, ceux qui n'ont pas les moyens ni l'autorisation de vivre sur la station spatiale Elysium. Un paradis artificiel exclusivement réservé aux plus riches et surveillé de très près par la secrétaire de la défense Delacourt. Une femme autoritaire qui n'hésite pas à avoir recourt à la violence et qui choisit de mettre un terme de manière radicale et définitive à toute tentative d'intrusion de la part de ceux qui survivent sur Terre.

Max est l'un de ces hommes qui vécurent longtemps de larcins et qui se sont reconvertis après avoir passé plusieurs années en prison. Il travaille désormais pour une entreprise dirigée par John Carlyle. Son usine emploie plusieurs centaines d'hommes attachés à la fabrications de machines robotisées dont la fonction première sera de maintenir l'ordre sur Terre ainsi que sur Elysium. Alors qu'il est en train d'effectuer sa tâche, Max est très grièvement irradié lors d'une manipulation particulièrement dangereuse. Examiné par un robot-médecin, il se sait condamné à une mort certaine. Il ne lui reste donc plus que cinq jours à vivre. Autant de jours qu'il va employer afin d'aller sur Elysium sur laquelle une technologie très avancée permet de guérir toutes les maladies. Accompagné de son plus fidèle ami Julio, il reprend contact avec Spider, un ancien complice, et seul homme à pouvoir lui permettre d'aller la-haut. Le seul hic, c'est que ce dernier a très mal encaissé le fait d'avoir été lâché par Max. Mais sachant celui-ci condamné, Spider lui propose un marché qu'aucun de ses hommes de main n'a osé accepter de remplir. Le seul qui permettra alors à Max d'aller sur Elysium et d'espérer pouvoir survivre à la mort qui l'attend...

Action, anticipation et science-fiction, tel est le panel de genres qui se télescopent dans Elysium, le film de Neill Blomkamp, sorti cette année. Deuxième long-métrage et deuxième œuvre à s'ancrer dans un réalisme qui parvient à véhiculer des idées qui encore aujourd'hui ne peuvent être le fruit que de l'esprit fertiles des scénaristes (ici, Blomkamp), le film est principalement interprété par l'excellent Matt Damlon qui exploite au maximum son charisme et la sympathie qu'il dégage avec un naturel déconcertant. Plongé dans un monde où la dictature est seule à régner sur Terre, il est confronté à une étonnante et très froide Jodie Foster qui campe avec l'immense talent qu'on lui connait le rôle de l'implacable secrétaire de la défense Delacourt.

Effets-spéciaux irréprochables et casting impeccables servent un scénario efficace mêlant une anticipation habile à une forte dose d'action, laquelle parvient à se fondre dans cette œuvre de science-fiction convaincante tant elle semble être proche de ce qui pourrait nous attendre dans les prochaines décennies. Elysium, c'est aussi un casting de gueules irrésistibles : Wagner Moura dans le rôle de Spider, Sharlto Copley dans celui du très "frappé" Kruger, et William Fichtner dans celui de l'horripilant John Carlyle.

Elysium brasse un certain nombres d'idées qu'il n'est nul besoin de "seulement" imaginer puisqu'elles sont aux portes du monde dans lequel nous vivons actuellement. La dictature du plus riche face au déshérité y est exploitée jusqu'à la démesure à travers le "visage" idyllique de cette base spatiale où chaque détail y semble avoir été pensé. Les pelouse sont parfaitement entretenues, les façades sont d'un blanc immaculé, et surtout, une armée entière est dévouée au maintien de l'ordre de cette citadelle à l’écœurante perfection. Face à cet artificiel paradis, il y a ceux qui vivent en bas, sur ce qui demeurait par le passé comme la seule référence en matière d'abri. Là, tout y est d'une crasse visible à des kilomètres. Les silhouettes y sont voûtées, les visages noircis par la sueur et le sable qui s'incruste jusque dans les maisons. La loi qui y règne a le visage du fascisme et n'y est plus toléré le moindre écart de conduite ou de langage. Le rêve de cette humanité démunie est de pouvoir un jour mettre le pied sur Elysium. Cet espoir qui pour les habitants de cette dernière est en revanche un cauchemar.

Matt Damon devient un héros malgré lui. Le seul individu sur les épaules duquel repose tous les espoirs de l'humanité. Le film de Neill Blomkamp ne lésine pas sur les effets-spéciaux et sur les cascades. Certains effets visuels comme la caméra embarquée dans le dos de l'acteur apportent un indéniable plus à certains moments-clés de l'histoire. On en prend plein les yeux et autant dans les oreilles. Elysium est donc un excellent film de science-fiction, peut-être l'un des tout meilleur de l'année. En tout cas, bien au dessus du décevant dernier volet de la saga Star Trek et du très ennuyeux Oblivion...

mercredi 14 août 2013

Les Vécés Étaient Fermés De L'intérieur de Patrice Leconte (1975)



Il faut parfois s'armer d'un sacré courage pour suivre une œuvre cinématographique jusqu'au générique de fin. Au panthéon du cinéma Z, le film de Patrice Leconte trône en bonne place. Il faut dire que Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur est un ratage complet et ce ne sont pas les présences de Coluche (qui était bien meilleur comique qu'acteur si l'on excepte son interprétation du pompiste Lambert dans Tchao Pantin de Claude Berri) et de Jean Rochefort (qui parait-il mis une pression terrible sur le réalisateur en contestant chacun de ses choix de mise en scène).

Un agent de la RATP est retrouvé mort à l'intérieur des toilettes de son appartement. Apparemment, l'homme a été victime d'une explosion. Le plus étrange dans cette affaire est que la porte est fermée de l'intérieur. Le commissaire Pichard et l'inspecteur Charbonnier enquête.

Alors évidemment, avec un tel synopsis, on s'attend à un film ubuesque, surtout lorsque l'on sait que le film se base sur un scénario original du dessinateur Marcel Gotlib. L'affiche, signée Jean Solé, promet une intrigue comico-angoissante mais l'espoir qu'elle fait naître meurt dans l'œuf. Et ce en raison d'un montage effectué à la truelle. Effectivement, Les plans s'enchainent, les acteurs passant d'un lieu à un autre sans véritable liaison. Ce qui, il faut le reconnaître, à tendance à perdre quelque peu le spectateur dans un récit qui se veut déjà confus. Le cadrage fait peine et rappelle déjà les défauts des premiers courts-métrages de Leconte. Lui qui eut justement le temps de s'entrainer sur ces derniers, il est étonnant de constater qu'aucune amélioration n'est effective dans Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur. Le film fut parait-il un bide au cinéma. Preuve s'il en est que la présence d'un acteur aussi grand que Jean Rochefort et d'un humoriste aussi populaire que Coluche ne suffisent pas toujours à attirer le public dans les salles. D'autant plus que la critique ne fut pas tendre avec le film de Patrice Leconte.

Malgré tout, le film semble avoir trouvé depuis, un certains nombre d'admirateurs qui l'encensent. A les entendre, c'est l'aspect cynique et volontairement grotesque de certaines situations qui auraient rebuté une bonne partie du public qui n'aurait alors pas adhéré à cet esprit bouffon. Ce qui aurait pu être vrai si l'on n'avait aucun point de comparaison à mettre en face de ce film. Car, mince. Même si l'on n'aime pas Les Vécés Étaient Fermés De L'Intérieur, cela n'empêche pas au contraire d'avoir une admiration et une dépendance totale pour des œuvres telles que Le Téléphone Sonne Toujours Deux Fois (les Inconnus) ou La Cité De La Peur (Les Nuls).

Mais alors, y-a-t-il quelque chose de positif à retirer de ces Vécés...?
Même en y réfléchissant, l'heure passée (sur une heure treize de film) à regarder le plafond, à faire la liste des courses dans sa tête, à fermer l'œil d'ennui avant de sursauter sur la musique de Paul Misraki ou bien de rêver qu'enfin tout est fini lorsque survient le miraculeux prélude de Chopin, il n'y a vraiment rien de bon dans cette œuvre. A moins que... Oui, à moins que, comme le disent les fans de cette purge, c'est parce que l'on n'a pas compris le sens véritable de cette première œuvre de Patrice Leconte. L'homme qui, tout de même, nous offrira plus tard des films aussi cultes que Les Bronzés, Viens Chez Moi, J'Habite Chez Une Copine, Tandem ou Monsieur Hire.

jeudi 8 août 2013

Le Père Noel Est Une Ordure de Jean-Marie Poiré (1982)



SOS Détresse-Amitié est une permanence téléphonique qui consacre ses effort à soutenir les plus démunis. En cette veille de Noël, Madame Musquin confie les rennes à ses deux plus proches collaborateurs, Thérèse et Pierre Mortez. Ce dernier étant en retard, Madame Musquin patiente jusqu'à son arrivée avant de partir retrouver sa famille pour le réveillon. Lorsque Pierre arrive, Madame Musquin prend l'ascenseur mais se retrouve piégée à l'intérieur lorsqu'il tombe subitement en panne. Thérèse et Pierre se retrouvent donc seuls dans l'appartement qui sert de locaux à SOS Détresse-Amitié. Chacun a prévu un petit cadeau pour l'autre. Les appels téléphoniques sont rares et à par celui d'un certain "Katia" qui parvient à se faire inviter à venir rendre visite à Thérèse et Pierre et un second d'un homme qui injure Thérèse dans le combiné, c'est le calme plat.

Du moins pour un temps puisque peu de temps après, Thérèse reçoit un appel de son amie Zézette, jeune femme désœuvrée, et qui vit avec Félix, un chômeur long-durée qui pour l'occasion s'est affublé d'un costume de Père Noël afin d'amadouer les gens dans la rue et leur refourguer des billets d'entrée pour le réveillon-surprise du "Pigallos". Entre Zézette et lui c'est la crise. N'en pouvant plus de cette vie de galère, la jeune femme prend la poudre d'escampette et part se réfugier auprès de Thérèse dans les locaux de SOS Détresse-Amitié.

Entre temps, Thérèse et Pierre se sont échangé les cadeaux. La première offre un "splendide" gilet que Pierre lui promet d'utiliser pour descendre les poubelles, et ce dernier offre à Thérèse une toile qu'il a peinte et représentant un près dans lequel Thérèse, nue, est poursuivie par un porc.
La soirée ne fait que commencer. Madame Musquin est toujours enfermée dans l'ascenseur, Zézette déboule comme une furie, très vite rattrapée par Félix, Katia, l'homme du téléphone montre enfin son visage. Et, cerise sur le gâteau, le voisin d'en dessous, Monsieur Preskovitch, sonne à la porte et invite Thérèse et Pierre à goûter les fameuses spécialité de Sofia : les doubitchous...
Le Père Noël Est Une Ordure fut d'abord une pièce de théâtre irrésistible écrite et interprétée par Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte. Accompagnés du reste de la troupe du splendid, le seul qui manquait à l'appel était Michel Blanc. Dans le long-métrage d'ailleurs, on ne le voit pas. Tout juste prête-il sa voix au pervers qui insulte Thérèse (Anémone) au téléphone. Le film devait au départ s'appeler Le père Noël s'est tiré une balle dans le cul mais on lui préféra celui qu'on lui connaît. Le personnage de Madame Musquin (Josiane Balasko) est un rôle qui fut écrit pour le grand écran car à l'origine son personnage n'existait pas. L'équipe prit des risques puisqu'elle tourna la scène d'ouverture sans autorisation et en pleine période de Noël.
Avant d'être l'une des comédies françaises les plus culte,


Il y a de notables différences entre la pièce et le film, et notamment les fins qui diffèrent radicalement. Le Père Noël Est Une Ordure compte tellement de répliques cultes qu'il est pratiquement impossible de les comptabiliser de mémoire. Et c'est ce qui fait la force de cette comédie magistrale, comme c'était déjà le cas avec les deux premiers volets des Bronzés. Incalculables mais forcément inoubliables puisqu'il suffit d'entendre autour de soit quelqu'un évoquer les premières syllabes d'une réplique pour que la suite nous revienne instantanément en mémoire.

Notons qu'en bonne patrie hypocrite, la France n'a pu s'empêcher à l'époque d'intervenir sur certains points que l'on jugera d'insipides. Certains cinémas jugeant le titre trop provocateur, il fut modifié pour ne surtout pas choquer les bien-pensants... Certains critiques osèrent même omettre des réserves sans aucun doute exagérées (il faut bien justifier de son salaire). A croire qu'il faut absolument respecter certains codes, même pour une comédie aussi délirante que Le Père Noël Est Une Ordure, pour avoir les faveurs de la presse papier.

Toujours est-il que le public français, lui, ne s'est ps trompé. Il continue à révérer ce film qui passe régulièrement à la télévision et qui, n'en doutons pas, continue de faire de nouveaux émules...

vendredi 2 août 2013

Cinéma de l'étrange: Begotten de E. Elias Merhige (1991)



Discuter au sujet de Begotten s'avère une tâche délicate. Toute tentative apparaîtra comme prétentieuse aux yeux de ceux qui auront abhorré cette très curieuse pellicule. Difficile également d'en résumer le contenu scénaristique tant l'image, l'absence de dialogues et de repères font de cette œuvre un objet filmique unique en son genre. Tout juste pourra-t-on le comparer au Eraserhead de David Lynch qui lui est tout de même supérieur à tous points de vue.

Dans une maison délabrée isolée au fond des bois, Dieu est en train de mourir. S'automutilant à l'aide d'un rasoir et agité de soubresauts obscènes, il meurt dans un flot de sang et une purée de viscères d'où naît une femme superbe qui caresse le sexe de son géniteur. Jaillit alors la semence de ce dernier, et que sa progéniture s'empresse de recueillir et d'enfouir entre ses cuisses.

Cette entrée en la matière a de quoi mettre mal à l'aise. La bande-son et l'image crasseuse, granuleuse et saturée y participant grandement. Viscéralement écœurante, la naissance nécrophilique à laquelle ils sont témoins pousse un peu plus les spectateurs à prolonger l'éprouvante séance de torture visuelle à laquelle ils sont conviés. La nausée s'installe, et ce ne sont pas les chants de cigales et la douce mélodie qui arrive ensuite qui inverseront les effets maléfiques de cette bande underground. Alors on hésite : Doit-on se forcer à tenir l'heure supplémentaire qui va suivre ou bien doit-on abandonner tout de suite avant de tourner de l’œil ? C'est au moment même où la question se pose que le décor change et que l'on est invités à l'extérieur de la maison délabrée. Un lit de terre d'où semble naître un individu de taille adulte. Un terrain qui ressemble davantage à un charnier autour duquel traîne des pieds, une bande d'humanoïdes décharnés.

Ce Fils de la Terre va alors subir toute une série de tortures physique desquelles vont jaillir les quatre éléments fondamentaux : D'abord extrait d'une terre fertile, il est ensuite brûlé sur un bûcher, et donne naissance au feu. Brutalisé, il reçoit, ainsi que ses tortionnaires, la pluie. Cette même pluie qui forme de petite mares et sans doute plus tard, de vastes mers et océans. Et pour finir, il se traîne entre les sillons nés de vents violents. Ainsi naissent la terre, le feu, l'eau et l'air.

C'est à un véritable chemin de croix liant le Fils de la Terre à des tortionnaires par un long cordon ombilical que l'on assiste donc. Une séance éprouvante parfois visuellement indéfinissable. Le message paraît clair. Et même si l'on peut supposer être dans l'erreur, surtout si l'on n'a pas lu le moindre synopsis auparavant, certains détails ne trompent pas quand au contenu de ce Begotten vraiment particulier.

Premier volet d'une trilogie poursuivie quinze ans plus tard avec Din of Celestial Bird, le second volet, Begotten fait référence à la naissance du monde ainsi qu'à celle de la vie. Le générique de fin aide grandement à situer les personnages. En effet, à part quelques effets sonores, le film reste muet du début à la fin. Pas un seul dialogue. Tout est dans le visuel. Et même si celui-ci est rendu difficile par des effets de surexposition et par un grain des plus grossier, on parvient tout de même à reconstituer ce puzzle macabre mis en scène par E. Elias Merhige.

Begotten est donc une œuvre forte, originale, déconcertante et maladive qu'il faut avoir vu au moins une fois...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...