Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 28 septembre 2013

Blaxploitation: The Meteor Man de Robert Townsend (1993)


   Dans une cité des États-Unis, une bande de voyous surnommés les Golden Lords fait régner la terreur. Les parents de Jefferson Reed ont beau tenter de convaincre la population de se défendre contre leurs assaillants qui comptent dans leurs rangs les plus jeunes enfants du quartier, personne n'ose s'y frotter. Pas même Jefferson lui-même. Pourtant, alors qu'il croise un soir la route des Golden Lords, il réussi à leur fausser compagnie en cachant dans une grande benne à ordures. Plus tard, et alors qu'il s'est assuré que la bande a définitivement quitté les lieux, il sort de la poubelle mais aperçoit un météore qui fonce droit sur lui. Coincé dans une ruelle, il ne parvient pas à échapper au bolide qui fonce droit sur lui et le percute violemment. S'enfonçant au beau milieu du torse de Jefferson, le météore à l'étrange lumière verte est assimilé par l'organisme du jeune homme qui s'écroule alors sur le sol. 

   Emmené d'urgence à l’hôpital, Jefferson s'en sort miraculeusement. Mieux ! Il ne conserve de son accident pas la moindre séquelle ni la moindre trace. En fait, le voici désormais en possession de pouvoirs surnaturels qui lui permettent d'accomplir d'extraordinaires actions. Il peut, par exemple, voler dans les airs. Mais Jefferson ayant peur du vide, le jeune professeur ne vole pas à plus d'un mètre au dessus du sol. Il est également capable de connaître en un éclair le contenu d'un livre simplement en passant sa main sur la couverture. Il peut voir à travers les murs (et les vêtements) et entendre à distance bon nombres de conversations. 

   Il devient donc le candidat idéal pour affronter la bande des Golden Lords, et tout le monde dans le quartier compte sur lui pour régler leur compte à leur chef et à ses sbires. A commencer par son père et surtout sa mère qui confectionne alors pour son fils, un grotesque costume de super-héros... 

    Plus proche de Superman que de Spiderman ou Batman, le super-héros de Robert Townsend (réalisateur et principal interprète de Meteor Man) n'a cependant pas le charisme de celui qu'il est censé copier. Victime du vertige, on ne le croise pas à plus d'un mètre du sol lorsque la cape déployée, il arpente les rues à la recherche de ses principaux adversaires. On se doute assez vite des contrariétés que va connaître la nouvelle idole du quartier face à ses nouvelles obligations mais aussi face à l'intransigeance des habitants du quartiers qui lui pardonnent difficilement le moindre écart ou la moindre faiblesse. 

    Meteor Man n'a pas franchement connu un grand succès dans les salles et pourtant, le film se laisse regarder avec un véritable plaisir. L'interprétation sympathique des différents intervenants apporte une vraie fraîcheur au sujet plutôt bateau du justicier-pourfendeur qui nettoie les rues de ses plus mauvais représentants. On y découvre un Robert Townsend tutoyant le jeu d'acteur d'Eddie Murphy au point que l'on arrive à les confondre dès l'affiche du film. On notera la courte mais sobre et émouvante apparition de Bill Cosby en clochard doté des mêmes pouvoirs que Jefferson. Quelques figures connues montrent leur visage comme James Earl Jones ou encore Don Cheadle. Le cadre parait étonnamment sobre puisqu'il s'agit de celui d'une rue de Harlem. Tout y semble de carton-pâte mais l'on finit par s'habituer à la curieuse facticité des lieux. Meteor Man est donc un divertissement honorable qui rappelera de très bon souvenirs aux quarantenaires qui le découvrirent à l'époque de sa sortie...

mercredi 25 septembre 2013

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: Chromosome 3 de David Cronenberg (1979)



Le docteur psychiatre Hal Raglan est l'inventeur d'un nouveau type de psychanalyse, la pychoprotoplasmie. Un procédé qui permet à ses patients d'évacuer leurs troubles mentaux en les exprimant de manière physique. Certains voient leur corps se couvrir de pustules et de bubons tandis que d'autres, moins chanceux, vont même jusqu'à développer des tumeurs cancéreuses.
Le cas le plus intéressant auquel il a à faire est celui de Nola Carveth, jeune femme tombée dans un grande dépression, sujet sur lequel le docteur Hal Raglan est des plus attentif. La jeune femme est mariée à Franck et mère d'une petite Candice.

Alors qu'un soir Franck aide Candice à prendre on bain, il remarque sur le dos de la petite des marques de coups et de morsures. Soupçonnant sa femme à laquelle est confiée leur fille chaque week-end dans l'institut où Raglan la soigne, Franck s'y rend et demande à voir Nola mais le psychiatre refuse d'accéder à sa demande. Le père de la gamine menace Raglan de lui faire un procès et part confier le soir même Candice à sa belle-mère Juliana Kelly. Mais alors que la petite joue avec sa grand-mère dans le salon, des bruits venant de la cuisine retentissent. Bouteilles de lait et assiettes volent en éclat. Juliana se précipite alors dans la pièce afin de constater ce qu'il se passe et tombe nez à nez avec un étrange personnage pas plus grand qu'un enfant. La chose se précipite sur la vieille femme et lui assène des coups de maillet.

Lorsque Candice arrive à son tour, c'est pour constater que sa grand-mère est morte. Elle tombe elle aussi nez à nez devant la créature qui prend la fuite devant la gamine. Franck est sur un chantier lorsqu'il reçoit un coup de téléphone de la police. Candice est au commissariat et le sergent Markles aimerait que Franck vienne l'y rejoindre...

Lorsque l'on découvre aujourd'hui pour la toute première fois Chromosome 3, on ne peut que constater que l'épreuve du temps à fait son œuvre. Pourtant, le film demeure encore actuellement comme l'une des œuvres les plus marquantes de son auteur. Si quelques idées apparaissent farfelues (la naissance spontanée d'enfants monstrueux, résultats d'un travail sur la psyché d'un individu et sa représentation physique), il ne faut pas se leurrer. Nous avons tous conscience que l'esprit est capable d'engendrer bien des maux, ce que David Cronenberg parvient à nous faire accepter avec tout le brio qu'on lui connaît.

Le postulat de départ est simple. Les difficiles relations d'un couple dont la première personne à faire les frais est l'enfant. Une instance de divorce ainsi qu'une "garde alternée" imposée malgré le père par un psychiatre-gourou qui se donne en spectacle sur la scène d'un théâtre morbide. David Cronenberg s'inspire d'un fait réel qui le toucha personnellement il y a de nombreuses années.

En effet, le cinéaste a vécu une difficile séparation avec une femme qui fut la victime d'une secte antipsychiatrique. Parents tous deux d'une petite fille, la mère tenta d'entraîner cette dernière dans sa folie mais le cinéaste parvint finalement à éviter le drame en enlevant sa propre fille. Chromosome 3 est bien sûr une extrapolation exagérée de ce qu'à vécu David Cronenberg. L’œuvre est sans doute l'une des plus représentatives en matière de contrôle mental et de transformation organique dans la filmographie du cinéaste. Chromosome 3 offre son lot de scènes violentes et de duels remarquables principalement interprétées par l'immense Oliver Reed. Samantha Eggar est absolument effrayante dans la toute fin du film et quand aux autres intervenants, ils amènent un complément essentiel permettant à la sauce de prendre. Chromosome 3 est donc un excellent film. Pas le meilleur, mais pas non plus le plus faible.

Nous ne sommes pas près d'oublier ces enfants-monstres qui affectionnent les placards de nos cuisines...

samedi 21 septembre 2013

Prisonnières de Charlotte Silvera (1988)



Une mère infanticide est emmenée jusqu'à la prison de Rennes où elle est enfermée dans une cellule d'observation. La jeune femme y sera gardée durant trois mois. Le temps pour les gardiennes, et notamment leur chef tant redoutée Dessombes, d'étudier son cas.
Car derrière les murs de sa cellule, des centaines d'autres femmes tentent de survivre dans un univers carcéral qui n'a pas pour habitude d'être tendre avec ses "locataires". Des femmes gardées par d'autres femmes. Des femmes forcées au travail, obligées de composer avec les autre, quelques soient leurs affinités et les raisons pour lesquelles elles sont enfermées. Parmi elles, deux sont parvenues à s'imposer . Il y a d'abord Nelly. Révoltée et insolente, elle est haït par une partie de ses codétenues. Et puis il y a Marthe, que toutes craignent. Non parce qu'elle est plu forte qu'elles, mais parce qu'elle semble proche de Dessombes, la gardienne en chef.

Alors que Nelly est victime d'un "accident", elle est emmenée d'urgence à l'infirmerie. Non loin d'elle, la jeune et fragile Brigitte tente par tous les moyens de convaincre les infirmière de la garder auprès elles. Elle ne veut pas retourner avec les autres détenus. Proche de Marthe, elle doit être bientôt libérée. Durant son absence, les gardiennes ont fouillé la cellule de Nelly et y ont trouvé trois grammes d'héroïne. De quoi l'enfermer pendant quarante-cinq jours en cellule d'isolement. Une enquête est alors menée pour connaître le nom de celles qui participent à ce que certains dénoncent comme un réseau de drogue. D'autres au contraire, aimeraient connaître le nom de celle qui à balancé leur codétenue...

Annie Girardot, Marie-Christine Barrault, Bernadette Lafont, Corinne Touzet, Agnès Soral et Fanny Bastien. Une belle brochette d'actrices pour un scénario plutôt mince mais qui possède suffisamment de ramifications pour que la passion naisse pour ces prisonnières (presque toutes) démunies. Le film démarre sur une scène s'ouvrant sur une gare et sur le rejet des voyageurs confrontés à deux prisonnières. Il y a un détail qui dans cette scène peut se révéler bouleversant si l'on s'y attarde. C'est cette image de la mère qui vient pour la dernière fois voir le visage de sa fille à travers la vitre, et qui persiste alors que le train est déjà lancé à vive allure. Une image à laquelle semble s'être raccrochée celle qui bientôt n'aura comme compagnes que des codétenues du même sexe.

Les principales actrices ont l'immense talent de ne jamais surjouer leur rôle. Elles, mais aussi toutes les autres, celles qu'il ne faudrait surtout pas oublier. Entre les crises de panique de Fanny Bastien, la solitude qui étreint Agnès Soral dans la première partie du film, la froideur et la dignité de Bernadette Lafont et Annie Girardot (qui révélera un visage étonnamment différent vers la toute fin du film), et la troublante relation qui naît entre Corinne Touzet et la superbe Milva Biolcati, le spectateur a de quoi se mettre sous la dent.

On ne reviendra pas sur la légèreté du scénario qui ne tient pas à grand chose mais dont l'intérêt est justement de montrer des visages de femmes différents, capables et même obligées de survivre dans un univers qui reste de toute manière toujours trop exigu.

Prisonnières a aujourd'hui vingt-cinq ans. Un quart de siècle et pourtant, il n'a pas vieilli. Il est le type même de film qui pousse à le revoir régulièrement. Ce confinement crée une sorte de promiscuité entre les personnages et les spectateurs qui confine parfois au voyeurisme mais aussi et surtout à l'attachement. Car quoi que l'on puisse penser de ces femmes qui n'ont tout de même pas été enfermées pour de futiles raisons, un lien réel se crée. C'est l'une des raisons pour lesquelles le film est une vraie réussite...

mercredi 18 septembre 2013

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: Crimes Of The Future (1970) et Frissons (1975)



Crimes Of The Future

Crimes Of The Future fait directement suite au Stereo produit la même année. David Cronenberg nous conte cette fois-ci les dérives d'un institut spécialisé dans l'utilisation de produits cosmétiques dirigé par un certain Antoine Rouge, et responsable de la mort de milliers de femmes. Rouge s'isole puis meurt, mais pas avant de confié les clés de l'institut à Adrian Tripod. Le jeune homme est entouré de collaborateurs délurés et constate également que certains patient développent d'étranges organes...

Crimes Of The Future semble être l'évolution évidente d'une thématique qui comptera une dizaine de films. Il passe du noir et blanc à la couleur, ajoute une bande-son ultra minimaliste et pourtant bien présente, et la voix-off est cette fois-ci celle du héros principal et non plus celle d'invisibles chercheurs planqués derrière des caméras. Si malgré son hermétisme Stereo éveillait tout de même un certain intérêt, Crimes Of The Future se révèle particulièrement ennuyeux. Cette fois-ci, ce n'et plus l'esprit mais la chair qui est victime d'une transformation. Pourtant, et même si les dialogues ne sont plus aussi complexe que par le passé, cette histoire au départ intrigante est en réalité d'un ennui pharaonique.

En fait, le seul véritable intérêt de ce Crimes Of The Future, c'est qu'il reste l'un des chaînons marquant un évolution vers un cinéma viscéral. Peut-être trop contemporain mais en tout cas, sans doute essentiel pour comprendre les origines du cinéma de David Cronenberg...



Frissons

Alors qu'un couple visite en compagnie du responsable des locations, un certain Merrick, l'un des nombreux appartements d'un immense complexe, dans l'un d'eux, un homme, Emil Hobbes est en train d'étrangler une très jeune femme prénommée Annabelle. Une fois morte, il achève sa besogne en allongeant le corps de sa victime sur une table et à l'aide d'un scalpel, lui ouvre le ventre avant d'y verser un flacon d'acide. Hobbe finit ensuite par se trancher la gorge à l'aide du même scalpel.

Le corps est découvert plus tard par le docteur Roger St. Luc qui avait rendez-vous avec Emil Hoobs, son ancien professeur à l'université de médecine. La police enquête tandis que Roger, lui, discute avec Rollo Linsky qui connaissait bien Hoobs. Le médecin avait pour habitude de travailler sur des projets novateurs dont l'un semble avoir un lien avec sa mort et celle de la jeune femme. En effet, selon lui, il était possible d'implanter des parasite dans le corps humain afin qu'ils prennent la place des organe déficients.

Hoobs a expérimenté cette technique sur la jeune Annabelle mais a transformé la jeune femme en foyer parasitaire virulent et contagieux. Et comme elle avait l'habitude de coucher avec tous les hommes qu'elle croisait dans l'immeuble, nombre d'entre eux ont été contaminé et portent en eux un parasite. Une étrange créature qui désinhibe sexuellement son hôte et qui le pousse à commettre des actes abominables sur tous ceux qu'il croise...

On peut considérer Frissons comme étant le premier véritable film de David Cronenberg sur ce qui deviendra une thématique précise consacrée à la mutation de la chair et à celle de l'esprit. Et même si les décors paraissent aujourd'hui surannés, le sujet abordé lui demeure encore toujours d'actualité et ne peut empêcher de penser à ce terrible fléau qui à tué de millions d'hommes et de femmes depuis sa découverte au milieu des années quatre-vingt : le SIDA !

Frissons demeure encore aujourd'hui une œuvre troublante de part ce mélange qui est fait de la sexualité exacerbée de victimes du parasite et de l'aspect médico-horrifique du sujet. Cronenberg remue les tripes et donne à une partie du corps médical, l'image de savants fous qui perdent le contrôle de leurs activités clandestines.

Ici, le spectateur est enfin en terrain conquis. On suit avec effroi la lente progression de ce que l'on ne peut qu'assimiler à une maladie sexuellement transmissible. Sous certains aspects, l’œuvre de Cronenberg rappelle le Night Of The Living Dead de George Romero. Il est flagrant de voir à quel point certaines scènes s'en approchent d'un point de vue visuel et chorégraphique. Frissons possède son lot de scènes graphiquement impressionnante et à l'époque de sa sortie, il est enfin raisonnable de penser que la suite de on œuvre sera tout aussi passionnante...

Le prochain volet du Cycle de la Chair et de L'esprit sera consacré au film Chromosome 3, Rage ayant déjà été abordé dans un précédent article.

samedi 14 septembre 2013

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: Stereo de David Cronenberg (1969)



Dans un institut scientifique situé à Toronto au Canada, huit jeunes adultes acceptent d'être les sujets d'expérimentations visant à analyser leur comportement sous télépathie. D'abord séparés, deux d'entre eux vont donner leur accord pour que leur soit prélevé une partie de leur larynx. Ils vont également être opérés du cerveau. Peu à peu, des rencontres sont créées afin de mettre en relation d'éventuels dominant et dominés. Peu à peu, ils vont chacun à leur tour développer un don télépathique qui va agir sur leur comportement, et dont le but ultime semble être pour le professeur Luther Stringfellow, l’annihilation de l'image idéale que représente l'hétérosexualité, et celle, contrariée, que représente l'homosexualité. Le désir de Stringfellow étant d'amener ses sujet à une sorte d'omnisexualité sans tabous.

Mais l'expérience abouti parfois à des résultats inattendus. Deux sujets vont se suicider et un troisième va être victime de crises de schizophrénie, mettant ainsi le reste du groupe en danger...


Ce n'est rien que de dire que cette première œuvre dont semble fier on auteur est complexe. Après deux courts-métrages (Transfer et From The Drain), David Cronenberg réalise en effet un film particulièrement difficile et qui ouvre de belles perspectives à venir qui trouveront leur aboutissement dans une filmographie incroyablement riche et axée sur la génétique (de Frissons jusqu'au chef-d’œuvre Faux-Semblants). Ici, pas de transformation des corps. Tout est dans le suggestif. Le cinéaste s'attaque au cérébral tout comme il le fera plus tard avec son étonnant Scanners. Stereo est une épreuve sensorielle complexe pour ses sujets mais aussi pour le spectateur qui se perd facilement dans les limbes d'un récit qui ne souffre d'aucun décodage, ne facilitant ainsi jamais la compréhension des messages qui y sont livrés.

Tourné en noir et blanc, le film ressemble à s'y méprendre à un documentaire mais ne nous y trompons pas. Il s'agit bien d'une fiction, interprétée par des acteurs et actrices amateurs. Les locaux dans lesquels furent tournés les plans est une université désertée. Un lieu sinistre filmé sous tous les angles. Drogue, sexe et manipulations sensorielles sont la base d'une expérience visuelle hors du commun. D'ailleurs, pour perdre un peu plus son public, David Cronenberg n'y injecte aucun dialogue et aucune musique. Seule la voix de plusieurs intervenants (que nous ne verrons jamais) vient briser le silence de cet effrayant spectacle.

Les termes employés apparaissent comme des murs infranchissables pour notre compréhension, et l'on peut soupçonner le cinéaste d'avoir voulu parodier ces scientifiques qui expliquent à grands renforts de termes laborieux leur profession. De quoi écœurer les moins patients et motiver les autres à revoir cette œuvre étrange afin d'y percer quelque mystère qui serait resté sans réponse. 

En faisant l'impasse sur la complexité du scénario, on ne peut que reconnaître l'art de Dvid Cronenberg dans la maîtrise de la caméra. Le noir et blanc est somptueux et les cadrages réussis. Maintenant, doit-on appeler Stereo un film ou bien s'agit-il là que les prémices brouillons et prétentieux d'un cinéaste de génie en devenir ?
Chacun y trouvera sans doute sa réponse personnelle...

samedi 7 septembre 2013

Collection HAXAN FILMS (des débuts prometteurs ... 1993-95)


1993 est l'année des clones. Des suites souvent sans intérêt (Amityville-Darkness) mais heureusement, parfois de bonne qualité (Evil Dead III : L'armée Des Ténèbres). 1993 sonne aussi l'arrivée sur le marché de la VHS d'un nouvel éditeur : HAXAN FILMS. La première fournée est plutôt convaincante même si elle sort très nettement des sentiers battus. Pas de morts-vivants, de vampires ou d'extraterrestres mais plutôt des hommes et des femmes comme nous, victimes de déviances particulièrement marquées.

C'est notamment le cas du héros de Nekromantik, Robert, récupérateur de cadavres qui en compagnie de sa petite amie va pratiquer d'étranges jeux sur un cadavre qu'il a ramené chez eux. Pas de poésie (quoique), beaucoup de détails sordides et une ambiance malsaine couplée à une réalisation amateur et essoufflée donnent à ce curieux objet une atmosphère putride évidente. Ca y est ; les édition HAXAN FILMS sont lancées sur les rails. Et pour ne pas laisser l'impression que Nekromantik n'a été qu'un heureux accident, les deux œuvres qui vont suivre sa sortie vont prouver que l'éditeur a les reins solides et un courage à toutes épreuves. Combat Shock et Incredible Torture Show (deux productions Troma) sont des bandes underground déjà cultes à l'époque, et HAXAN permet aux français de les découvrir enfin en version originale sous-titrée dans la langue de Molière. Le premier est une version gore et beaucoup plus pessimiste du chef-d’œuvre de Martin Scorsese, Taxi Driver. Ici l'on assiste à la longue agonie d'un ancien soldat du Vietnam. Au chômage, marié à une femme laide et père d'un bébé difforme victime de l'agent Orange, Franky et également harcelé par une bande de voyous auxquels il doit de l'argent. Combat Shock est une vision cauchemardesque de l'après-Vietnam et des difficultés de réinsertion dont on été victimes beaucoup de soldats. Drogue, chômage et folie sont le quotidien d'un homme qui peu à peu perd le fil de la réalité et plonge dans un bain de sang. Le film est particulièrement morbide est pessimiste et la fin, à la hauteur de celle du classique de Scorsese. Un monument.
Incredible Torture Show est une farce totalement absurde. Du grand-Guignol saupoudré d'un humour pas toujours très malin. C'est mal interprété, mal réalisé et les décors sont pauvres mais pourtant, ça marche. On a parfois l'impression d'assister aux dérives d'une secte. Du Z pur jus qui permet de passer un agréable moment en compagnie de Sardu, le maître de cérémonie...

1993 se termine, et l'on se demande ce que va bien pouvoir nous servir l'année suivante l'éditeur. Surtout, on espère que le rythme va s’accélérer car avec trois films seulement, la première année à créé une attente interminable. 1994 sera l'occasion pour l'éditeur de proposer cette fois-ci non pas trois films, mais cinq. Sur une année c'est peu, mais la sélection sera de choix avec, pour commencer, deux cassettes consacrées aux courts-métrages sado-masochistes de Richard Kern, réunis sous les titres Hardcore 1 & 2. De petites bandes assez violentes dont l'une restera sans doute comme le sommet dans la carrière du cinéaste : Fingered. Ensuite, place à l'immense Alessandro Jodorowski et son extraordinaire Santa Sangre. Exit l'amateurisme des premières sorties. HAXAN propose une œuvre riche et tentaculaire au cœur de la psyché d'un homme dont l'enfance à été marquée par un drame horrible. Le film est une merveille de construction, colorée, festive et dramatiquement belle. Un sommet dans la collection et un bon moyen de découvrir un cinéaste vraiment à part. Nekromantik 2 vient ensuite contenter les fans du premier d'autant plus que le cinéaste Jörg Buttgereit semble avoir possédé un budget en conséquence. Le film est bien meilleur que le précédent et quelques scènes marquent véritablement les esprits (l'accouplement qui se termine par la décapitation de l'amant et l'étouffante scène durant laquelle la jeune femme découpe le cadavre dans la baignoire). HAXAN soigne ses admirateurs. 
Pas de compromis et que du juteux pour cette seconde année qui se termine par une cassette plutôt inattendu puisqu'il s'agit d'un documentaire consacré à GG Allin, artiste musical aux propos et agissements extrêmes. Les images qui nous sont ici proposées n'ont rien de fictives. Rock 'N' Roll Overdose et un témoignage posthume assez bluffant. On ne reviendra pas ici sur les fantasmes scatologiques du bonhommes ni sur les images qui viennent les appuyer, mais sur le contenu qui permet de se faire une idée très précise d'un homme qui fit plusieurs séjours en HP avant de mourir d'une overdose. On retiendra également cette citation, représentative de cet artiste unique en son genre : "Mon esprit est une mitrailleuse, mon corps les balles et le public, la cible"...

En 1995, la première œuvre à voir le jour sous la houlette d'HAXAN FILMS est l'épouvantable Camp 731. Avec ce film, on atteint le degré ultime dans une collection qui jusqu'à maintenant n'a pas cessé de vouloir choquer. Le film, basé sur des événements réels, est une collection de scènes de tortures absolument gerbantes. Paradoxalement, le film est loin de faire partie des plus sanglants. Pourtant, les horreurs qui y sont étalées sont d'un goût plutôt douteux (la scène du chat jeté en pâture à une armée de rats affamés ou encore l'autopsie pratiquée sur l'enfant). Le Roi Des Morts quand à lui est une sorte de best-of sur le suicide. Heureusement, le film est d'un ennui mortel et les situations peu convaincantes, ce qui amoindri l'effet d'un tel sujet sur les téléspectateurs.

Suivront deux œuvres qui marqueront un léger essoufflement de la collection. La Plante qui aimait les Femmes et La Vie sexuelle de Roméo et Juliette. Deux comédies érotiques qui viennent cependant souffler un air frais sur une série d’œuvres particulièrement nauséeuses. Génération Z vient clore cette nouvelle année avec une série de courts-métrage qui rappelleront le binôme Hardcore 1 & 2 (le réalisateur Nick Zedd étant un proche ami de Richard Kern). Une très belle anthologie underground...


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