Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 28 mai 2014

Fire In The Sky de Robert Lieberman (1993)



Le 5 novembre 1975, le bûcheron Mike Rogers et trois de ses employés se ruent dans le bar principal de la petite ville de Snowflake. L'un d'eux manque à l'appel et, selon les dires de ses camarades, il aurait été enlevé par des extraterrestres. L'affaire fait grand bruit en ville et très vite la langue des habitants se délie et beaucoup d'entre eux soupçonne Mike et ses amis d'être responsables de la disparition de leur camarade Travis Walton. Le shérif de la ville, Blake Davis, est surpassé par les événements et demande de l'aide à Frank Waters afin de dénouer l'épineuse affaire qui met sous tension toute la ville de Snowflake. Tout le monde devient soupçonneux. Les rapports entre Mike et sa femme Katie se dégradent de plus en plus. Pire ! Elle ne croit pas les dires de son mari qui, en plus perd le contrat qu'il avait avec l’État. La petite sœur de Mike est quand à elle désespérée de ne pas avoir la moindre nouvelle de celui qu'elle doit épouser.

Après un premier refus, Mike, Allan, David et Bobby acceptent finalement de se prêter au jeu du détecteur de mensonges. Les premiers résultats sont peu concluant mais malgré tout, les hommes refusent de servir de "cobayes" une seconde fois. Le shérif Frank Waters n'en démord pas : Mike et ses coéquipiers ont tué Travis et on maquillé le meurtre en histoire d'enlèvement par des extraterrestres. Alors que Mike et ses amis sont pris à la gorge, le bûcheron reçoit un soir un appel téléphonique de Travis qui lui demande de lui venir en aide...

Peu (pour ne pas dire pas du tout) connu, Fire In The Sky (ridiculement renommé Visiteurs Extraterrestres en français) est une expérience cinématographique étonnante car inattendue. La part essentielle de l’œuvre s'attache à décrire les comportements qui découlent d'un témoignage aussi fantastique qu'un enlèvement par des hommes venus d'ailleurs. Une péripétie bien trop importante pour une ville bien trop petite. Les médias du monde entier s'emparent de l'affaire mais la justice demeure incapable de dénouer le vrai du faux. C'est ainsi que durant une très grande partie de l'histoire, aucun effet-spécial ne vient corroborer le témoignage de nos héros. Des personnages menés par un Robert Patrick éblouissant qui donne le ton du film. De l'émotion, beaucoup de conviction de la part de cet acteur que l'on a connu beaucoup froid (Terminator 2), et de ceux qui, à ses côtés, tentent de convaincre non seulement leurs voisins, mais aussi et surtout les spectateurs qui se trouvent ici devant un sujet basé sur une histoire bien réelle.

Assez fidèle au récit écrit par Travis Walton lui-même et édité trois ans après les événements, on pourra toujours polémiquer sur le fait que lui et ses amis fumaient du cannabis ou sur le témoignage d'un certain Philip Klass qui émit l'hypothèse d'une supercherie en raison d'une incapacité de la part de l'employeur de Travis à honorer le contrat pour lequel il avait été engagé. Toujours est-il que l'histoire qui nous est contée offre une vision différente de l’abduction. A travers non pas le regard de celui qui a été enlevé mais celui de ceux qui en ont été les principaux témoins (le film offre cependant après le dénouement de l'affaire, une longue et cauchemardesque scène décrivant l'épreuve vécue par Travis).

Qu'il s'agisse d'un conte imaginaire ou le témoignage de faits bien réels, Fire In The Sky est un excellent exercice, réaliste, très bien interprété et sans véritable temps morts. Il décrit tous les aspects qui découlent d'une histoire qui apparaît encore aujourd'hui pour un grand nombre d'entre nous comme improbable. Une excellente surprise...

dimanche 25 mai 2014

Le Steadyzine numéro 4 est sorti !

http://issuu.com/steadyzine/docs/zineattache4

Le nouveau numéro du Steadyzine est enfin disponible.Un spécial films d'horreur. Bonne lecture...

N'oubliez surtout pas d'aller faire un tour sur l'excellent blog de son concepteur: Le Steadyblog

samedi 24 mai 2014

Pro Ourodov I Lioudiei de Alekseï Babanov (1998)



A l'époque du cinématographe, dans la ville de Saint-Pétersbourg vivent deux familles aisées. D'un côté, Radlov, veuf et ingénieur des chemins de fer, dont la servante Grunya est détestée de Lisa, sa fille âgée d'une vingtaine d'années et persuadée qu'elle veut prendre la place de sa mère disparue. De l'autre, le Docteur Stasov et son épouse Ekaterina Kirillovna atteinte de cécité. Le couple a, dix-sept ans plus tôt, adopté deux frères siamois originaires de Mongolie.
Lisa est persuadée que la bonne entretient une relation avec Johann, étrange personnage et propriétaire d'un studio de photographie spécialisé dans la flagellation de jeunes filles. L'homme de main de Johann, Victor Ivanovitch vend ensuite sous le manteau les photos prises par un jeune photographe qui fait la connaissance de Lisa lors d'un repas.

Un drame survient dans la famille de Lisa. Son père et victime d'un arrêt cardiaque et meurt, laissant sa fille seule au monde. Le piège ainsi se referme autour de la jeune femme et malgré les promesse du jeune photographe de lui venir en aide, elle est victime du jeu pervers auquel s'adonnent Victor et Johann. Et pas seulement Lisa, mais la famille du Docteur Stasov. En effet, ce dernier est tué par Johann qui n'hésite pas à éliminer tous ceux qui contrecarrent ses projets. Ekaterina devient l'un des sujets des photographies représentants de jeunes femmes nues et flagellées pr la « nounou » de Johann, ainsi que Lisa. Quand aux frères siamois, ils sont enlevées par Victor qui profite de leur innocence pour « s'amuser » avec eux...

Des Monstres et de Hommes est un film russe sorti en 1998 et réalisé par Alekseï Babanov. Ce qui frappe tout d'abord avec cette œuvre, c'est l'esthétique générale. Un sépia somptueux couvre l'intégralité du film et baigne les décors d'une photographie surannée qui rappelle ces vieilles images d'une époque que l'on retrouve enfermées dans de vieilles boite en fer. Chaque plan fait ressembler le film à une succession de tableaux vivants. De très belle illustrations dont la beauté est appuyée encore davantage par une musique sublime, choisie avec beaucoup d'attention.

Tout ceci dénote volontairement avec la cruauté et toute l'horreur qui se dégage du sujet. Des personnages emblématiques et au charisme qui fait peur (Sergei Makovetsky en Johann froid et impassible, Viktor Soukhoroukov en assistant au sourire machiavélique). 

Des Monstres et de Hommes est un film atypique. De part son sujet d'abord, qui mêle flagellation, machination, perversité, voyeurisme, observation et curiosité envers la différence (ici, les siamois originaires de Mongolie). Il fait partie de ces quelques films qui bousculent des sujet qui demeurent tabous (comme le fit d'abord Nikos Nikolaïdis avec son superbe, morbide et poétique Singapore Sling en 1990).

S'attendre à des kilomètres de pellicules où s'entendent d'insupportables hurlements de victimes de coups de fouets ferait sans doute des malheureux puisqu'en fin de compte, les scènes graphiquement choquantes sont plutôt rares et filmées de manière pudique. On n'a pa affaire ici à un vulgaire film d'épouvante ou d'horreur, mais plutôt à un drame dont on peut sentir venir le vent glacial dès lors que le seul véritable repère de la jeune Lisa vient à disparaître. Le spectateur compatit aisément avec les victimes de ces odieux bourreaux qui gagnent leur pain sur l'innocence de leurs victimes. Le film d' Alekseï Babanov est un petit bijou qui laissera sans doute les amateurs de films harcore indifférents mais séduira ceux qui aiment découvrir des œuvres rares et personnelles. Celle-ci nous vient de Russie et fait partie de ces films que tour bon cinéphile se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie...

mardi 20 mai 2014

Las Brujas de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia (2014)



Alors qu'ils braquent une boutique renfermant de l'or, José, son fils Sergio et Tony prennent la fuite à bord d'un taxi conduit par Manuel, ce dernier devenant ainsi malgré lui, le complice de la bande. L'objectif de José est de quitter le pays et de se réfugier en France. Divorcé de son ex-femme, il désire la garde partagée ce qui n'est pas au goût de celle qui part à la rescousse de son fils engagé dans une poursuite entre braqueurs et policiers.

Alors qu'ils sont poursuivis par la police, Manuel propose à José de prendre un raccourci en pleine forêt. Parvenant à distancer leurs poursuivants, les malfrats tombent sur une auberge tenue par une étrange vieille femme. Manuel est témoin d'un curieux événement mais n'en parle pas à José et Tony. Les trois hommes, le fils de José et un client enfermé dans le coffre de la voiture depuis le début de la cavalcade reprennent la route et traversent le village de Zugarramurdi après avoir renversé une femme qui se révèle être celle qu'ils ont quitté quelques minutes plus tôt à l'auberge.

A la sortie du village, ils sont stoppés par une autre femme qui affirme être la fille de celle qu'ils viennent de renverser. Elle demande aux trois hommes s'ils ont aperçu sa mère et après qu'ils lui aient menti en lui répondant que non, elle leur demande de bien vouloir la raccompagner chez elle. Là, ils font la connaissance d'Eva, la fille de la propriétaire. Tony séduit par la silhouette alléchante de la jeune femme commence à la draguer, suivi de José qui n'est pas indifférents à ses charmes. Pendant ce temps là, Sergio disparaît. Cherchant son fils dans l'immense et lugubre demeure, il le retrouve nu et enchaîné, près à être cuit par la vieille femme qu'ils ont renversée plus tôt dans la soirée..

Dernier film réalisé par le génial Alex de la Iglesia, Les Sorcières de Zugarramurdi renoue avec le cinéma déjanté du cinéaste qui avait disparu lors de son incartade britannique durant le tournage de Crimes à Oxford. Un bon film mais qui s'éloignait des œuvres folles du réalisateur des excellents Action Mutante, Perdida Durango, Mort de Rire, Mes Chers Voisins, etc... Toujours emprunts d'un humour décalé, le cinéma d'Iglesia a souvent démarré de manière conventionnelle pour finir dans un spectacle visuellement bluffant. Les Sorcières de Zugarramurdi, s'il ne déroge pas à la règle, commence très vite a anoncer la couleur avec un braquage hors du commun. Bob l'éponge, l'homme invisible et un soldat tout droit sorti de Toy Story son les protagonistes d'un braquage qui tourne mal, tous menés par le ,Christ lui-même, suivi de son tout jeune fils. Un film d'action en somme qui frise la folie du Killing Zoé de Roger Avary, la violence en moins et l'humour en plus.

Puis survient un virage à cent quatre-vingt degré. Exit l'action, et bienvenue au fantastique, celui qui nous avait bien fait rire dans le cultissime Jour de la Bête, toujours réalisé par Alex de la Iglesia. Des héros qui se dégonflent au moindre bruit, un séducteur immature et puéril(Mario Casas) et un père de famille (Hugo Silva) fou d'inquiétude pour son fils disparu mais qui oublie son rejeton devant la plastique superbe de la jeune sorcière Eva (Carolina Bang). On retrouve avec un immense plaisir Santiago Segura, un grand habitué du cinéma d'Iglesia, dans un rôle où il se présente de façon méconnaissable.

Action, humour, ambiance parfois lugubre, décors gothiques, images de synthèse de qualité, rythme effréné, interprétation convaincante et réalisation à la hauteur font de ces Sorcières de Zugarramurdi un excellent film d'Alex de la Iglesia. Peut-être pas l'un des trois meilleurs mais du moins un indispensable pour tous ceux qui aiment ce cinéaste atypique... On en redemande...

mercredi 14 mai 2014

Blaxploitation: The Thing With Two Heads de Lee Frost (1972)



Un richissime chirurgien spécialisé dans la transplantation d'organes, le Docteur Maxwell Kirshner, est sur le point de mourir. Depuis qu'il est atteint d'une forme grave et avancée de rhumatismes, il travaille chez lui, en secret, et entouré d'une équipe de fidèles collaborateurs, sur un projet insensé : la greffe de tête. Après voir effectué des tests concluants sur un gorille, et parce qu'il ne lui reste que quelque jours à vivre, il demande à son ami le Docteur Philip Desmond de lui trouver un donneur afin de greffer sur ce dernier sa propre tête afin qu'il survive à la fin tragique qui l'attend.

Raciste, le Docteur Maxwell Kirshner compte les heures et finit par tomber dans un coma profond. Alors qu'il est aidé par un respirateur artificiel, le Docteur Desmond met tout en œuvre pour trouver un volontaire. Jack Moss, condamné à mort pour un crime qu'il affirme ne pas avoir commis est sur la chaise électrique lorsqu'il propose dans les dernières minutes de donner son corps à la science afin de gagner du temps pendant que son épouse enquête sur l'affaire qui l'a mêlé à la mort d'un homme. Car en effet, celui qui sera le sujet de l'expérience vivra encore trente jours avant que sa tête ne soit définitivement séparée de son corps au profit de celle du Docteur Kirshner.

L'opération est très vite mise en place dans la cave de la luxueuse demeure de Kirshner et dans le plus grand secret. L'intervention se déroule bien, mais, lorsque celui-ci se réveille, c'est pour constater que sa tête a été greffée sur le corps... d'un noir !

Totalement absurde mais ô combien intéressante, l'idée de The Thing With Two Heads est de confronter un richissime médecin à ce qui l'horripile au plus haut point : les homme de couleur. Tellement raciste et ancré dans ses conviction qu'on le voit dénigrer un confrère noir dont la carrière, pourtant, est prometteuse.

Pur film de blaxploitation, cette œuvre signée Lee Frost possède un manque évident de moyens. Entre le grotesque déguisement de singe et la fausse tête plantée à côté de celle du black en question (Rosey Grier), Ray Milland interpréte un chirurgien particulièrement antipathique. Pour les gros plans, l'acteur que l'on a pu voir dans un certain nombre de films (L'Horrible Cas du Dr X, Panique Année Zéro) et de séries (Columbo, La Croisière S'amuse) est planqué derrière l'imposante stature de Rosey Grier. Les figurants, qui se comptent sur les doigts des deux mains passent et repassent devant la caméra, tentant ainsi de donner l'impression que l’hôpital dirigé par Kirshner est vivant. C'est pourtant la triste impression du contraire qui saisit le spectateur. Quand au repère du chirurgien, la cave, elle permet avec évidence de pallier au petit budget du film.

Alors qu'habituellement dans les œuvres cinématographiques, les rapports forcés de deux individus aux tempéraments, à la classe sociale et aux convictions antinomiques finissent par mener à la réconciliation, ici, le cinéaste s'en fiche, appuyant un peu plus sur les nombreuses différences des deux acteurs principaux. Rendant Moss attachant et Kirshner rebutant.

Film fantastique et d'action, les scènes de course-poursuite s'enchainent sans vrai temps mort mai les cascades font peine à voir, les voitures de police tombant dans des fossés de manière peu crédible. Pourtant, malgré tous les défauts qu'il comporte, The Thing With Two Heads possède un charme, un cachet et une sincérité qui font plaisir à voir. Il faut concevoir cette œuvre comme un nanar fauché, décalé, subversif (pour l'époque et peut-être même désormais pour aujourd'hui) mais relativement plaisant à suivre.

A savoir qu'un film avait déjà été réalisée un an plus tôt et était sorti sous un titre tout aussi dingue : The Incredible 2-Headed Transplant...

dimanche 11 mai 2014

Grand Piano de Eugenio Mira (2014)



Tom Selznick est un pianiste virtuose de renom qui depuis cinq ans n 'a pas donné un seul concert depuis qu'il a craqué sur scène. Poussé par son épouse et actrice Emma, il accepte de participer à un concert sous la direction du chef-d'orchestre et ami Reisinger. Envahi par le trac, il oublie la partition dans sa loge. Heureusement pour lui, un agent de sécurité le rattrape dans les coulisses et lui remets le précieux document.

Une fois installé derrière le piano d'un immense pianiste décédé l'année précédente, Tom Selznick commence à jouer les premières notes du concert prévu ce soir là. Mais alors qu'il tourne les pages de la partition, il y découvre des phrases inquiétante. En effet, un homme y a inscrit que s'il se rend responsable d'une seule fausse note, il sera tué...

Réalisé par Eugenio Mira (Agnosia), Grand Piano confronte un pianiste virtuose et un psychopathe durant un peu moins d'une heure trente. La grande originalité du film vient du fait que la quasi totalité de l'intrigue se déroule durant un concert. Mais qui donc peut n vouloir à Tom Selznick (Elijah Wood) au point d'intenter à l'existence de son épouse (Kerry Bishé) ? La question restera en suspend jusqu'aux tout dernier instant. Du moins d'un point de vue scénaristique puisqu'il suffit de jeter un œil sur le casting pour deviner que le rôle du méchant est tenu par John Cusack (Les Arnaqueurs) que l'on ne découvre qu'à la fin. Inutile de chercher à deviner l'identité donc de cet homme quelque peu perturbé qui va pousser le pianiste dans ses derniers retranchements.

On imagine d'abord à peu près tout et n'importe quoi. Par exemple que son épouse est dans le coup. On devine assez vite que l'agent de sécurité n'est pas étranger à cette histoire. Un sourire un peu trop marqué. Un comportement ambigu. On relèvera un certain nombre de situations cocasses (voire absurdes) :

Le pianiste qui quitte la scène en plein concert. Le couple d'amis qui se rend responsable d'une petite dispute alors que l'orchestre est en train de jouer. Mais bon Dieu, éteins-le donc ce fichu téléphone. Quel espèce d'imbécile aurait l'idée de prendre l'interlocuteur au téléphone plutôt que de couper la sonnerie ? Une sonnerie qui dure, dure, dure encore et encore. L'idiot se réveille enfin et choisit de répondre au beau milieu du public malgré les injonctions de sa compagne. Sans doute afin de justifier la scène qui suivra : Éloigné par le coup de fil qu'il vient de recevoir, il quittera la salle. Suivi peu de temps après par Ashley, la dite compagne. Des adieux aux toilettes. Bon débarras. Le couple possédait tout des apparences de victimes annoncées. La scène est grotesque et place déjà le film dans un contexte thriller-comédie que l'on doute volontaire.

Il y a de ces petits détails qui font douter de la sincérité de ce point de vue. Comme si l'humour omniprésent était accidentel. C'est bien malheureux, d'autant plus que l'effet de certaines excellentes idées s'en retrouve désamorcé. A vouloir trop donner dans le décalage, ce qui ne devait être qu'un bon thriller angoissant devient un ovni que les plus compréhensifs accepteront comme tel.

De bonnes idées oui. Comme ce pianiste dirigé par une baguette-faisceau laser qui ne peut qu'accepter le challenge imposé par un « mélomane » un brin dérangé. Un fusil au bout du fil et l'épreuve de sa vie pour le héros, obligé de restituer à la note près l'interprétation complexe que seuls deux pianistes étaient en mesure de livrer. Le fameux pianiste décédé l'année passée et Tom Selznick donc.

On peut comprendre l'éventualité d'une telle compétition mais nous faire croire qu'en quelques minutes, et alors que le héros a presque tout oublié de cette œuvre qu'il a tenté d'interpréter cinq ans auparavant, il est capable de la mémoriser avant de l'interpréter, c'est se foutre des spectateurs.

Partant d'un scénario plutôt intelligent (quelques scènes donnent vraiment envie de se plonger plus loin dans l'intrigue), Grand Piano finit par se mordre la queue à trop se disperser. C'est alors que l'on compte que sur un hypothétique twist final pour justifier l'heure-trente d'attente. Un final en apothéose que l'on espère riche en enseignement. Et là...


On retiendra la performance d'Elijah Wood qui semble avoir beaucoup travaillé son rôle. Surtout lors de la scène durant laquelle il interprète « le cinquette », la fameuse œuvre réputée difficile à jouer. Le cinéaste pose alors sa caméra et laisse le public contempler l'artiste dans son œuvre...

vendredi 9 mai 2014

Barbecue de Eric Lavaine (2014)



Alors qu'il effectue une course à pieds en compagnie de quelques amis, Antoine tombe à terre, foudroyé par un infarctus. Il se réveille à l’hôpital après une période de coma. A son chevet, Yves, Baptiste, Laurent, Olivia, Laure et Jean-Michel ses amis de trente ans. Antoine réalise qu'il s'emmerde dans la vie. Il ne fume pas, ne boit pas, fait du sport et pourtant, cela ne l'a pas empêché de faire un arrêt cardiaque. Il décide alors de changer son mode de vie. Il quitte d'abord l'entreprise familiale dans laquelle il travaille depuis des années. Il fume un peu. Boit beaucoup. Il jette tout ce qui le rattachait à son ancienne vie, une existence faites de privations. Son épouse Véronique veille au bien être d'Antoine et s'assure qu'il évite les excès. Mais Antoine n'en fait qu'à sa tête.

Alors que ses amis et lui se retrouvent pour deux semaines de vacances, Antoine vit avec détachement ce qui lui est arrivé. Au détriment de son entourage, il va s'employer à prendre tout ce qui vient de façon la plus zen possible. Malheureusement, ces changements vont engendrer des conflits qui auront des répercussions sur tout le monde...

Barbecue, la comédie signée Eric Lavaigne ressemble à la trilogie de Marc Esposito, Le Coeur Des Hommes. Bien que le film de Lavaigne leur soit inférieur, le film repose sur des dialogues un peu plus fin que ceux auxquels le cinéma comique français nous habitue généralement ces derniers temps. Beaucoup des situations proposées ici sont téléphonées, mais c'est bien grâce à l'interprétation des différents acteurs et actrices que le spectateur passe un excellent moment. Contrairement à ce que pense une certaines presse, le choix d'introduire des acteurs qui ont l'habitude d'interpréter des rôles dans des registres qui différent les uns des autres n'a rien de contradictoire avec une possible amitié de trente ans.

Ce qui semble avoir façonné cette amitié, c'est justement cette diversité dans les modes de vie et les comportements de chacun. Ces différences qui créent des failles dans lesquelles s'engouffre Antoine et qui finit par incommoder ceux qui l'entourent.

Alors bien sûr, des personnages comme ceux contés dans le film, on en a déjà vu à la pelle. Des situations similaires aussi. C'est peut-être ce qu'attend le public aussi. Dans la salle de cinéma, il suffit d'entendre les rires du public pour reconnaître que l'effet recherché est réussi.

Et pourquoi critiquer l'absence d'explication quand à la raison d'une telle amitié, aussi vieille soit-elle lorsque le sujet est ailleurs. Si Eric Lavaigne avait voulu écrire un film sur la nostalgie d'une vieille amitié entre quelques copains, il aurait saupoudré son film de quelques flash-back bien sentis.

Aucun thème n'est vraiment abouti, c'est vrai. Eric lavaigne introduit quelques ellipses qui permettent d'éviter certains écueils et ainsi éviter la rupture entre les scènes humoristiques qui, ainsi, se succèdent pour la plus grande joie du public. On appréciera le jeu des acteurs et surtout celui de Florence Foresti (qui peut se révéler parfois agaçante) et de Franck Dubosc qui évite, pour une fois, d'endosser le rôle d'un personnage un peu trop similaire à celui que l'on découvre généralement sur scène. Rien que pour découvrir ce dernier dans un rôle qu'il interprète de manière aussi juste, le film vaut le coup d'être découvert. Et puis, Barbecue remplie le rôle qui lui est confié : celui de faire rire petits et grands. C'est bien là tout ce qu'on lui demande...

jeudi 8 mai 2014

Les Derniers Jours de Alex et David Pastor (2013)



Marc Delgado travaille sur la conception d'un programme informatique lorsque arrive un nouveau Directeur des Ressources Humaines, Enrique, chargé de repérer les maillons faibles de la boite afin de les débarquer de l'entreprise. Marc a le couteau sous la gorge. Il a jusqu'à la fin du mois pour parvenir à créer son logiciel sans quoi, il sera renvoyé. Sa compagne Julia rêve de lui faire un enfant. Sujet d’éternelles disputes entre eux car Marc, lui, ne se sent pas encore prêt à assumer une telle charge.

Dehors, d'étranges événements surviennent. Alors que les retombées d'un immense volcan en éruption menacent d'atteindre la ville de Barcelone, hommes et femmes tombent les uns après les autres, victimes d'un mal inconnu. Un employé de l'entreprise dans laquelle travaille Marc est renvoyé. Lorsqu'il passe la porte d'entrée de l'immeuble où se situe la boite, forcé par deux hommes de la sécurité, l'homme tombe, agité de soubresauts. Il finit par mourir, étendu au sol.

Marc en est persuadé, il se passe quelque chose. Il finit par se retrouver coincé dans le même immeuble que Enrique, loin de Julia qui elle est piégée dans le magasin de jouets où elle travaille. Marc n'a donc désormais plu qu'une seule idée en tête. Partir à la recherche de celle qu'il aime. Et pour cela, il va devoir faire équipe avec Enrique, qui lui, est bien décidé à retrouver son père qui se trouve à l’hôpital...

Réalisé par Alex et David Pastor, Les Derniers Jours fait partie de cette mouvance de films espagnols qui depuis quelques années privilégient le fantastique et la science-fiction. L’œuvre se situe dans une marge plutôt satisfaisante même si l'on est bien loin encore des grands classiques du genre. Afin de pallier, peut-être, à des moyens financiers médiocres, l'univers post-apocalyptique qui nous est présenté ici se fait par la voie des couloirs d'un métro humide et plongé dans le noir. Quelques stations envahies par une population de plus en plus dense et dangereuse, et malheureusement, pas assez de plans d'extérieur, là où les images sont sans doute les plus impressionnantes.

Carcasses de voitures encombrant les rues. Ciel couvert de nuages menaçants. Et surtout un mal invisible qui tue tous ceux qui osent mettre le pied dehors. Le film se veut une sorte de survival-road movie plutôt réussi.

Ici, pas de virus transformant la population en zombis. L'originalité vient du seul fait que mettre le pied dehors provoque une épidémie de morts liées à une certaine forme d'agoraphobie. Une idée plutôt curieuse qui sort des sentiers battus mais qui ne modifie en fait pas les conséquences en comparaison des œuvres basées sur des sujets similaires. Les effets-spéciaux sont perfectibles avec une ville que la nature s'est réappropriée mais qui reste trop peu convaincante. C'est bien là, le seul reproche que l'on puisse faire au film d'Alex et David Pastor.

Car si l'intrigue est simpliste et le film relativement lent, on suit avec intérêt les pérégrinations de Marc et Enrique dans cet univers souterrain étouffant dont certains plans rappellent, de loin, la vision apocalyptique du chef-d’œuvre de John Carpenter, New-York 1997...

dimanche 4 mai 2014

Prisoners de Denis Villeneuve (2013) - ★★★★★★★★★☆



Anna et Joy, deux gamines de six ans, sont enlevées dans la région de Boston. D'abord soupçonné, Alex Jones est arrêté, puis libéré au bout de quarante-huit heures de garde à vue faute de preuves et d'aveu de la part du suspect. Pourtant, pour Keller Dover, le père d'Anna, le jeune attardé demeure le responsable de la disparition de son enfant et de Joy, la fille de leurs voisins Nancy et Franklin Birch. Il suit la trace d'Alex et remonte jusqu'à la demeure de sa mère, Holly. Il kidnappe le suspect et l'enferme dans lune des nombreuses pièces insalubres d'une maison abandonnée. Afin de connaître très précisément l'endroit où ont été séquestrées les filles, Keller emploie la manière forte et n'hésite pas à torturer Alex. Forçant Franklin à participer aux interrogatoire, obtenir des réponses de la part de l'adolescent devient une véritable obsession.

Convaincu qu'Alex est innocent, l'inspecteur Loki se lance sur les traces du véritable coupable. Un soir, alors que le village tout entier est réuni afin de célébrer une veillée à la mémoire des deux fillettes, Loki aperçoit un étrange individu qui prend la fuite lorsqu'il se rend compte qu'il et épié par l'inspecteur.

Le temps passe, et six jours après l'enlèvement, Anna et Joy sont toujours introuvables. L'inspecteur Loki patauge et quand aux familles des deux enfants elles attendent toujours avec autant d'angoisse qu'elles soient retrouvées...

Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le nom du réalisateur, le film de Deni Villeneuve n'est pas originaire de notre contrée mais nous vient tout droit d'Amérique, et plus précisément du Canada. Prisoners fait partie de ces quelques films qui chaque année font passer une foule d'autres productions pour des œuvrettes sans consistance. Des scénarios convenus qui n'apportent rien de bien transcendant dans la liste déjà immense des films à suspens, des thriller.

Pour assurer les deux principaux rôles, Denis Villeneuve s'alloue les services de deux pointures. Tout d'abord Hugh Jackman, dont les favoris du très poilu (et donc très viril) Wolverine ont dû faire frémir de nombreuses jouvencelles. Ensuite, Jake Gyllenhaal, dont le nom presque imprononçable rappellera de merveilleux souvenirs à toutes celles et ceux qui ont réussi à pénétrer le vertigineux univers de Donnie Darko de Richard Kelly. D'un côté, un père de famille blindé par l'alcool qui s'enfonce peu à peu dans un comportement presque aussi révoltant que celui du kidnappeur. La question ici étant de savoir si l'on peut se faire justice soit-même, la réponse étant évidemment toujours OUI malgré l'hypocrisie de ceux qui tentent à vouloir nous faire croire qu'il faut permettre aux autorités de bien faire leur travail.
Ce qui fait ici parfois défaut. En effet, le visage angélique de l'inspecteur Loki semble être le reflet de son incapacité à résoudre cette affaire sordide qui touche non seulement les deux familles des victimes mais la ville elle-même puisqu'on y croire finalement que très peu d'âmes, comme si la vie s'était arrêtée le soir où les deux fillettes ont été enlevée.

L'ambiance et les images retranscrivent parfaitement cette attente. Le rythme pesant, aidé par une photographie et une lumière qui appuient d'une manière particulièrement sombre l'univers dans lequel piétinent les personnages, crée un sentiment d'angoisse parfaitement maîtrisé.

Prisoners ne se contente pas de promener ses personnages avec pour seul but de nous éclaircir en fin de bobine sur l'identité du véritable coupable. S'il dure un peu plus de deux heure et demi, c'est aussi parce qu'il prend le temps d'installer son intrigue et ses personnages. La lente mutation qui s'opère entre eux est parfaitement orchestrée par le cinéaste Denis Villeneuve. D'un côté l'inspecteur et de l'autre, le père de famille. Le clash est alors évident et désigne l’éternel affrontement entre les hommes.

Noir, Prisoners l'est. Aussi puissant que les œuvres d'un certain William Friedkin, le film exploite toutes les ficelles du thriller avec tant d’homogénéité qu'il en devient d'une fluidité bouleversante. Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont impressionnants. Les seconds rôles aussi. Prisoners marque une étape cruciale dans le domaine du Thriller, prouvant qu'il est encore possible de réaliser des œuvres sans pour autant en faire des tonnes en matières de visuel. Ici, on a presque parfois l'impression qu'il ne se passe rien. Et c'est peut-être ce qui a dérangé les quelques personnes qui n'ont pas aimé le film. Pourtant, en se donnant la peine de faire un effort même si l'on n'est pas un fervent admirateur de ce genre de cinéma, Prisoners possède un immense pouvoir d'attraction que ses deux heures et demi ne doivent surtout pas effrayer les moins patients d'entre nous. Un chef-d’œuvre...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...