Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 30 octobre 2015

Планета бурь (Planieta Bour) de Pavel Klushantsev (1961)



Trois fusées d'origine russe quittent la planète Terre pour se rendre sur Venus. Mais aux abords de cette dernière, l'une d'entre elles explose. Une seconde demeure en orbite autour de la planète et la dernière atterrit sur le sol de Vénus. En sortent alors cinq astronautes qui vont évaluer une éventuelle présence de vie. Deux équipes sont ainsi formée. D'un coté, trois d'entre eux. De l'autre, les deux derniers, accompagné d'un robot prénommé John. Au dessus de leur tête, en orbite autour de Vénus, Masha, unique occupante de la seconde fusée. Contre toute attente, les cinq astronautes vont croiser une foule de créatures et vont devoir braver les dangers présents sur la planète...

Deux ans avant que le cinéaste britannique Stanley Kubrick ne sublime la science-fiction avec son chef-d’œuvre 2001, L'Odyssée de l'Espace, et bien avant que l'URSS ne se sépare en quinze états indépendants, la Russie offrit au monde quelques pépites qu'il est désormais essentiel de livrer au grand jour. Planeta Bur (ou La Planète des Tempêtes en français) fait partie de ces petits joyaux qui, aujourd'hui encore, font leur petit effet.

Contrairement à ce à quoi nous aurions pu nous attendre, le film de Pavel Klushantsev n'a pas la rigueur scientifique espérée. Peut-être faudra-t-il attendre justement l'arrivée du film de Kubrick pour voir la Russie pondre des œuvres d'une justesse scientifique appropriée ? Toujours est-il que son film est un excellent divertissement. Alors oui, beaucoup d'éléments révèlent le peu d'informations tenues à jour par le cinéaste et celui qui se cache derrière le scénario, mais quand bien même nous aurions aimé avoir une vision épurée de la surface mystérieuse de cette planète qui dans l'ordre d'éloignement du Soleil est la seconde, le spectacle demeure de bonne qualité. La rigueur est toute contenue dans la première partie, celle située à l'intérieur même du vaisseau qui finira par atterrir sur la planète. Après cela, tout ou presque est farfelu.

Car les cinq astronautes vont découvrir un paysage qui n'a rien de commun avec les informations que l'on a de Vénus. Tout d'abord, la distance entre le Soleil et cette dernière est telle que la chaleur rend impossible la présence d'eau à l'état liquide. D'où l'étonnement de voir autant d'eau sur la planète. Pas seulement de petit cours, de minuscules flaques, mais aussi d'immenses lacs et peut-être même des océans. Si à certains moments, et ce, lors du séisme qui va obliger les astronautes à faire chemin arrière, on découvre un ciel orangé que l'on imagine plus proche de la réalité, on a souvent, et très logiquement, l'impression d'être sur Terre. Les effets-spéciaux sont relativement minimalistes et le film joue la fibre de l'entraide et du courage plus que de la fibre patriotique. Celle que les blockbusters tout droits venus des États-Unis ont l'habitude d'exhiber à longueur de plans à travers dialogues et drapeaux américains.

Autre invraisemblance : à un moment donné, et alors que les deux astronautes accompagnés du robot John tombent malades, l'un d'eux se retrouve le casque ouvert afin de prendre un antidote au mal qui le ronge. Idée farfelu là aussi lorsque l'on considère qu'il manque sur la planète un élément essentiel à l'homme pour vivre : l'oxygène. Mais ce qui paraît peut-être encore plus absurde que ces plantes-serpents qui pullulent sur Vénus, ce sont sans doute ces poissons dont le film a bien du mal à cacher les origines : un aquarium derrière lequel les acteurs se meuvent. Quand à la présence de dinosaures, elle est expliquée et justifiée en détail par les astronautes eux-mêmes.
Pourtant, non Planeta Bur n'est pas un mauvais film. Mais tout aspect scientifique crédible étant relégué au second plan, quitte à jeter aux ordures toute vérité, ceux qui n'en attendait pas autre chose qu'un divertissement plus proche du Voyage au Centre de la Terre de Henry Levin que du futur 2001 de Stanley Kubrick seront sans doute conquis...

jeudi 29 octobre 2015

Vigilante-Justice Sans Sommation de William Lustig (1981)



Avant qu'il ne soit devenu tout à fait inenvisageable de faire d'un homme de couleur autre chose que le président des États-Unis d'Amérique ou un commissaire de police, le cinéma ne se gênait pas pour lui donner le mauvais rôle. Vigilante-Justice Sans Sommation est typiquement le genre de film glorifiant l'auto-défense comme le firent bon nombre d’œuvres dont Un Justicier dans la Ville demeure l'un des plus célèbres représentants.
Parce qu'elle a eu le malheur d'aider un vieux pompiste alors qu'une bande de loubards lui faisait des misères, une mère de famille et son fils sont les victimes de représailles sanglantes. L'enfant meurt tué par un coup de fusil, et sa mère est laissée pour morte, le visage et le corps lardés de coups de couteaux. Lorsque son époux Eddie rentre du travail le soir même, il ne peut que constater l'horreur de la situation. Après un procès expédié un peu trop vite et durant lequel le meneur de la bande est condamné à seulement deux ans de prison avec sursis, Eddie choisi de rejoindre les rangs d'une milice constituée des habitants d'un quartier peu tranquille de New-York afin de se faire justice lui-même...


Voici donc comment démarre ce film signé du cinéaste William Lustig. Son nom est bien connu des amateurs de films d'horreur puisqu'il a réalisé un an avant Vigilante, l'un des rares films réellement flippants de toute l'histoire du cinéma. Cette œuvre, c'est Maniac. Crapuleux, malsain, sanglant et véritablement angoissant, il a permis à l'acteur Joe Spinell d'entrer dans la légende. Joe Spinell d'ailleurs qui fait une courte mais remarquée apparition dans ce second film de William Lustig dans le rôle d'un avocat corrompu. Plu encore qu'un simple film d'auto-défense, Vigilante décrit avec un certain réalisme une cité urbaine en pleine décomposition.

La police est impuissante à venir en aide à ses concitoyens. Seuls moyens pour ces derniers de rester en vie, se défendre eux-mêmes. Et ce, par tous les moyens. Comme dit au début de cet article, c'est l'homme de couleur qui est à abattre. C'est lui le mauvais esprit qui plane au dessus de New-York. Pourtant, William Lustig ne lui oppose par l'homme blanc mais là aussi, un noir. Comme s'il fallait au cinéaste rétablir la balance pour qu'aucun bruit de couloir ne vienne faire grincer les dents des biens pensants ou des censeurs.
Drogue, prostitution, guerre des gangs, c'est un peu les mêmes ficelles qui nous sont resservies à chaque fois mais que voulez-vous, à l'époque ces maux là faisaient déjà l'actualité dans les médias. Vigilante est dans le registre de l'auto-défense un bon petit film qui consacre les eighties. On retrouve Jay Chattaway en compositeur, quelques courts thèmes empruntés d'ailleurs à Maniac. Principalement interprété par Robert Forster et Fred Williamson, le film n'est pas exempt de défauts. S'ils apparaissent mineurs, ils nuisent cependant au bon déroulement d'une œuvre devant permettre aux refoulés de la justice de se faire la main à travers ses personnages. Les courses-poursuites et les mises à mort font parfois peine à voir. On sent pourtant que William Lustig tient à son sujet. On retrouve un peu de cette ambiance viciée ayant éclaté avec quelques années de retard sur les grands écrans grâce à Maniac mais dans une moindre mesure.

Même si le cadre n'est pas joyeux (loi s'en faut), on adore cette description d'une ville qui s'effondre sur elle-même. L'homme blanc lui aussi est entaché d'une certaine responsabilité. Investissant les postes les plus importants de New-York (police, mairie, juge, avocat) c'est par son laxisme que certains en sont venus à se proclamer justicier. Que ceux qui considèrent Maniac comme leur film de chevet ne se trompent pas. Vigilante, s'il est plutôt violent, laisse de côté l'horreur de son prédécesseur. Ici, le réalisme demeure et c'est avant tout ce qui compte dans l’œuvre du cinéaste. L'interprétation est bonne et le film relativement jouissif. Un excellent divertissement...

vendredi 23 octobre 2015

Ennemis Intimes de Werner Herzog (1998)



Le cinéaste Werner Herzog revient dans cet incroyable documentaire, sur les rapports qu'il entretenait avec l'extraordinaire acteur Klaus Kinski. De la crise de folie ahurissante durant laquelle l'acteur détruisit le mobilier de l'appartement dans lequel il vécut avec la mère et les deux frères de Werner ainsi que ce dernier durant trois mois, pour une simple histoire de chemises mal repassées. Jusqu'à leur collaboration qui vit les deux hommes tourner ensemble cinq films dont au moins deux sont des chefs-d’œuvre, "Aguirre, La Colère De Dieu" et " Fitzcarraldo".

A vingt-huit ans Werner Herzog tourne son sixième film. Ce sera pour Kinski et lui l'occasion de tourner ensemble pour la première fois. Un budget minime et un Kinski encore imprégné du rôle de Jésus qu'il interpréta dans de grandes salles devant un public qui allait le voir pour assister avant toute chose à ses crises de colère firent du tournage un projet difficile à mener à bien. Se voulant proche de la nature et dans un besoin de la conquérir, Kinski exigeait pourtant l'absence de moustiques et surtout qu'il ne pleuve pas. Première nuit et première crise, il s'énerva avant d'aller s'installer finalement au seul hôtel présent dans la région. Au début du tournage, la pluie fit des siennes et un épais brouillard recouvrit les montagnes alentours dont se servit Herzog pour l'enivrante introduction du film. Kinski se plaint très vite de ne pas être suffisamment mis en avant dans le projet et traita Werner de mégalomane. Ce dernier n'hésita pas alors un seul instant à lui rétorquer qu'ils étaient deux à l'être.

Mais pourquoi donc Werner Herzog a-t-il fait le choix de s'imposer la présence d'un homme aussi difficile à maîtriser que Klaus Kinski?

Herzog revient pour répondre à cette question sur son passé. A quinze ans, il a vu l'acteur interpréter le rôle d'un officier allemand qui emmène des enfants sur le front. La veille, tous s'endorment, les soldats ainsi que les mères des enfants. Kinski lui-même s'endort, la tête plongée dans le creux de ses bras. Ce qui va marquer Werner Herzog à vie, c'est la façon dont le personnage (Kinski donc) est réveillé le lendemain matin. Un détail qui va influencer plus tard le cinéaste dans son métier...

Klaus Kinski, acteur souvent moqué, exhibé et incompris était avant tout un acteur de génie qui s'investissait corps et âme dans ses projets ainsi que dans ceux des autres. Et notamment dans ceux de Werner Herzog qui lui offrit les plus beaux rôles de sa vie. Les deux films cités plus haut que l'on peut considérer comme un diptyque sur la folie de l'homme et son combat contre une nature hostile et merveilleuse. Le fleuve amazone sert de décor à un Brian Sweeney Fitzgerald rêvant d'édifier un opéra en plein cœur de la forêt amazonienne et à un Lope de Aguirre épris de pouvoir et fantasmant sur un hypothétique eldorado.

Kinski montre combien il est à l'image de la nature qui les entourent lui et le reste des équipes de tournage. Impossible à contrôler, d'une énergie débordante mais d'un caractère absolument ingérable, il peut se montrer d'une tendresse et d'une douceur infinies comme lors de la touchante scène du papillon comme devenir un fauve dangereux face à des techniciens habitués à le voir sortir de ses gonds pour n'importe quelle espèce de raison. Le document traite aussi et surtout des rapports qu'ils entretenaient Werner Herzog et lui. Le premier, courageux, donne à l'acteur la chance de pouvoir exprimer son talent dans des rôles qui lui collent à la peau et qui marquent profondément la conscience de ceux qui ont le bonheur de contempler d'aussi somptueuses, grandioses et dantesques mises en scène. Woyzeck et Nosferatu, Fantome De La Nuit, tout deux réalisés en 1979 ainsi que Cobra Verde tourné en 1988 soit trois ans avant la disparition de Klaus Kinski, viendront compléter la collaboration entre les deux hommes. Ennemis Intimes quand à lui est l'hommage vibrant d'un cinéaste pour son acteur fétiche. Un témoignage qui montre combien l'acteur n'a pas volé sa sulfureuse réputation d'insupportable mégalomane mais qui démontre combien il aura marqué le cinéma mondial en général et celui de Werner Herzog en particulier...

A voir, absolument.

samedi 17 octobre 2015

Happy Accidents de Brad Anderson (1999)



Ruby n'a connu jusqu'à aujourd'hui que des désillusions amoureuses. Jusqu'au jour où elle rencontre Sam Deed dans un parc, c'est le coup de foudre. Originaire de Dubuque en Iowa, ce dernier lui-même montre un intérêt certain pour Ruby. Une attirance qui va le pousser à revoir la jeune femme régulièrement et même à s'installer chez elle. Sam est sympathique, charmant et plutôt bel homme, mais un brin dérangé. Du moins c'est ce que suppose Ruby qui se confie auprès de sa psychanalyste et à sa meilleure amie Gretchen auxquelles elle rapporte que Sam affirme être un homme du futur et précisément de l'année 2040. Le problème est que certains détails sont en totale contradiction avec les propos visiblement délirants de Sam. D'abord il y a cette photo d'un homme et d'une femme qui semblent être le père et la mère du jeune homme. Et surtout celle d'une jeune femme que l'on apprend plus tard être la sœur de Sam. Au dos de cette dernière, une date. 1991. Quatre chiffre qui semblent contredire les propos de l'homme qui vit auprès de Ruby. Et puis il y a ces dessins croqués dans un carnet par Sam, Des visages, toujours les mêmes et censés représenter celle qu'il aime. Le problème c'est le nom qui apparaît sur toutes les pages. Chrystie Delancey. Ruby se demande qui est cette jeune femme et se sent trahie par un Sam qui semble jouer un double jeu.

Auprès de ses proches la jeune femme s'interroge sur sa relation avec un Sam qui ne cesse de délirer sur son appartenance à un futur lointain mais s'inquiète sur les absences dont il est victime et qui le voient prostré, envahit par la vision d'un présent se déroulant à rebours sous ses yeux. La psychanalyste conseille à Ruby de quitter Sam alors alors que Gretchen, elle, lui conseille au contraire de cultiver cette étrange relation faite d'amour, de passion mais aussi d’ambiguïté. Les rapports entre les deux jeunes gens explosent avant de se reconstruire dans l'instant qui suit. Entre doutes et acceptation de l'autre et de ses différences Ruby et Sam iront jusqu'au bout d'une relation qui les mènera vers un destin hors du commun.
 
Quatre années avant le superbe The Machinist, Brad Anderson ( Session 9, Transsiberian ) réalise cette comédie romantique sympathique et émouvante autant que profonde. Plus qu'une simple histoire à l'eau de rose le film mêle intelligemment romantisme et propos de science-fiction sans jamais véritablement avouer au spectateur avant la fin s'il faut voir derrière le comportement étrange de Sam (l'excellent Vincent D'Onofrio) un trouble psychiatrique ou bien une réelle issue fantastique. On rêve très vite à une fin surprenante à l'image de certains dialogues et de la plupart des situations qui voient Sam et Ruby ( Superbe Marisa Tomei) s'engueuler, se déchirer pour mieux se réconcilier et ainsi affiner leur relation et la rendre plus forte au fil du temps. Anderson prouvait déjà à l'époque son immense talent à partir d'un postulat de base simpliste mais amené de manière tout à fait originale. Le film fait sourire et même parfois rire. Il émeut aussi à travers des situations que l'on rencontre tous un jour ou l'autre mais d'une manière habituellement beaucoup plus classique. D'Onofrio est génial et touchant dans ce rôle d'incompris qui cherche l'amour et le trouve avant de révéler les véritables raisons de son attachement à une Tomei superbe et émouvante qui accepte le "jeu" que mène celui qu'elle aime.

Une musique discrète et parfois aussi surprenante que l'histoire qui se déroule sous nos yeux et une mise en scène toute en finesse font de ce
Happy Accidents un véritable bol d'air frais. De ceux dont on redemande sans jamais s'en lasser. Un petit bijou.

dimanche 11 octobre 2015

Dheepan de Jacques Audiard (2015)



Dheepan, Yalini et Illayaal ne se connaissent pas. Ni de près, ni de loin. Et pourtant, tous les trois vont débarquer en France avec le statut de réfugiés politiques. Il n'ont aucun lien de parenté et pourtant, dans ce pays qui leur est étranger, il vont former une famille. Ils vont devoir apprendre à se faire accepter, apprendre à parler français, à s'intégrer. Pourtant, dans cette cité dortoir qui vient de les accueillir, rien n'est simple. La barrière de la langue est un frein dans leur désir d'être invisible. La petite Illayaal intègre une classe spécialisée afin d'apprendre le français, Yalini accepte un emploi d'aide ménagère dans l'appartement d'un vieil homme sénile, et quand à Dheepan, c'est le nouveau gardien d'un bloc d'immeubles, propriété d'un gang de dealers...

Lorsque l'on entre dans une salle pour assister à la projection d'une œuvre signée Jacques Audiard, il y a peu de chance que l'on en ressorte déçu. Lorsque l'on quitte celle de Dheepan, on a tout de suite envie de partager ses sentiments. Et dire que ces derniers s'entrechoquent dans notre esprit n'est pas qu'une formule de politesse pour le travail accompli par le cinéaste. Pour parler à la première personne, je dirai que ma première hantise est de tomber sur un groupe d'adolescents très bavards et dont la place est ailleurs que dans l'obscurité d'une salle de cinéma. De ce coté, j'ai cru pendant un instant que nous aurions la paix. C'était sans compter sur la présence d'un club d'un troisième âge dont l'un des membres n'a pu s'empêcher, durant les deux qu'à duré le film, de commenter chaque scène.

Pourtant, et ce malgré l'insupportable présence de ce parasite septuagénaire, ma compagne et moi avons passé un extraordinaire moment de cinéma. Un cinéma jouant sur la corde raide. Un cinéma-vérité qui n'use d'aucun artifice pour montrer le vrai visage des cités telles qu'elles nous sont parfois décrites dans les différents médias. Sauf que chez Audiard, elle revêtent un visage VRAIMENT effrayant. A tel point que je n'oserai plus dorénavant rappeler à mon entourage que je suis né dans l'une d'entre elles. Les seules armes que nous avions à l'époque étaient des arcs et des flèches de notre fabrication. Des jouets d'enfants qui aimaient jouer aux indiens et aux cow-boys en somme. Chez Audiard, c'est le chaos. Et pourtant, lorsque l'on compare la nouvelle situation de nos trois réfugiés à celle de ces petits français qui brandissent fièrement le drapeau de leur statut d'enfants d'immigrés, on trouve celle de ces derniers d'une incroyable puérilité. Comme le dit si bien le personnage de Dheepan, la violence de ces jeunes n'est rien en comparaison de celle qu'il a connu dans son pays. Des français incapable de saisir la chance qu'ils ont de vivre dans un pays comme le nôtre.

Le destin de l'acteur Antonythasan Jesuthasan est extraordinaire. Si Jacques Audiard lui a vraiment offert ici un rôle en or, le sri-lankais sait de quoi il parle dans ce film puisque lui-même fut enrôlé afin de combattre aux côtés des Tigres de Libération de l'Ilam Tamoul au Sri-Lanka alors qu'il n'avait que seize ans. L'actrice de théâtre Kalieaswari Srinivasan obtient ici son premier rôle au cinéma. Quand à la toute jeune Claudine Vinasithamby, elle est élève dans une école de la région parisienne lorsqu'elle est choisie pour le rôle de Illayaal.

Dheepan est dur. Dur déjà parce qu'il dépeint une France que l'on aimerait chasser de notre mémoire et qui est aux portes de nos villes. Dur parce qu'il nous met face à nos a priori concernant les réfugiés politiques que l'on prend cependant un malin plaisir à réduire au seul statut d'immigrés. Dur aussi parce que Jacques Audiard, après avoir tenté de nous attendrir (et il y parvient) devant ces trois êtres à l'immense fragilité, assène aux spectateurs un climax final d'une très grande violence et filmé comme seul lui sait le faire.
Quand au choix de prendre des individus venus du Sri-lanka plutôt que de Syrie ou du Maghreb, il permet aux plus réfractaires et aux anti-immigrés d'intégrer plus facilement ces trois personnages. D'autant plus que les Sri-lankais (et d'une manière générale les habitants de l'Inde toute entière) sont relativement peu représentés dans les médias français, et surtout, sensiblement mieux acceptés chez nous puisque ne faisant jamais parler d'eux.

Jacques Audiard signe une œuvre qui mérite amplement sa palme d'Or à Cannes. Voir une œuvre comme Dheepan fait du bien à l'âme. Surtout, il nous la nettoie de toute cette purge cinématographique que l'on s'inflige parfois. Rien que pour cela, je dis : Merci Monsieur Audiard...

Liste Noire de Alain Bonnot (1984)



Jacky, David et Nathalie braquent une banque tandis qu'une équipe entraînée coince un fourgon transportant des fonds à quelques rues de là. Le braquage de la banque n'était en fait qu'un leurre afin d'occuper la police. La mère de Nathalie est dépêchée sur les lieux afin de contraindre sa fille d'abandonner l'idée folle de braquer la banque. Mais comme Nathalie et s mère ne se parlent plus depuis des mois, la jeune fille n'en fait qu'à sa tête et suit les directives de Jacky, son petit ami et chef du trio. Les trois adolescents parviennent malgré tout à prendre la fuite avec à bord de leur voiture, un otage qu'ils libèrent un peu plus loin sur la route.

Jacky, très mécontent d'avoir été roulé par ceux qui ont monté le coup du fourgon est bien décidé à n'en pas rester là. Il se rend en compagnie de David et Nathalie dans la chambre d’hôtel de Tellier, l'homme qui les a mis sur le coup de la banque et le contraint à les emmener là où le reste de la banque a l'habitude de se rendre afin de récupérer ce qui lui est dû de l'argent du fourgon.

Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. Jacky est tué et Nathalie blessée. Ce n'est que grâce à David que celle-ci parvient à prendre la fuite à bord d'un véhicule volé. Les deux jeunes gens prennent la fuite et filent tout droit vers le garage de Jeanne, la mère de Nathalie. Mais pour cette dernière, il est déjà trop tard : elle meurt dans les bras de sa mère qui dès lors, ne pense plus qu'à venger la mort de sa fille...


Alain Bonnot n'a réalisé en plus de trente ans que deux films pour le cinéma, ayant consacré le reste de sa carrière à la télévision. Liste Noire est un film d'action principalement interprété par la grande Annie Girardot. Un rôle étonnant pour cette actrice que l'on ne présente plus et qui a fait les beaux jours d'un certain cinéma populaire des années soixante-dix quatre-vingt. Une histoire de vengeance relativement classique qui ne brille pas par sa complexité mais qui reste au demeurant, plaisant à regarder.

Malgré la présence de quelques acteurs de talent, il n'y a guère qu'Annie Girardot pour parvenir à maintenir un semblant d'intérêt pour cette intrigue qui se veut une adaptation à la française de quelques classiques américains du genre. L'ombre du Justicier de New-York plane en effet sur cet objet curieux mais c'est en réalité à un autre film auquel on pense, lui, bien de chez nous, le Tir Groupé de Jean-Claude Messiaen.

On retiendra l'univers particulièrement morbide dans lequel baignent les personnages. Un Paris plus beaucoup sombre que celui des cartes postales. Faite de béton et de d'acier, la capitale n'a jamais parue aussi noire, transportant avec elle l'image d'une faune violente que ps même le soleil ne parvient à éclipser...

Liste Noire est donc un petit film qui vaut surtout pour la présence de la regrettée Annie Girardot...

mercredi 7 octobre 2015

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: ExistenZ de David Cronenberg (1999)



Allegra Geller est mondialement connue et très populaire parmi les amateurs de jeux vidéos pour avoir créé un nouveau prototype d'interface se branchant directement sur la moelle épinière. Lors d'une représentation, elle propose à une dizaine de personnes du public de participer à la démonstration en se connectant eux-même au tout nouveau modèle de bioport créé par Allegra. Lors de la séance, la créatrice est attaquée par un commando nommé Les Réalistes, et opposé à toute forme de technologie. Heureusement pour elle, le jeune employé en marketing Ted Pikul l'aide à prendre la fuite...

Si David Cronenberg n'a jamais véritablement mis de côté ses obsessions, il a, peu de temps après Existenz, et même Spider, son film suivant, changé presque radicalement de registre. En fait de radicalité, il a su au mieux intégrer une part immense et de plus en plus importante de psychologie au détriment de l'horreur. En effet, dès l'admirable Faux-Semblant, le cinéma de Cronenberg emble revêtir un visage autrement plus mature que par le passé. Ce qui, en réalité, n'est qu'une apparence. D'ailleurs, le cinéaste d'origine canadienne joue sur cette ambiguïté dans chacune de ses œuvres. Passé maître dans l'art de manipuler le corps et la conscience, il a, à peu de chose près, frayé dans tous les domaines, créant ainsi une véritable encyclopédie de l'horreur génétique.

Depuis Frissons et Rage, à la sexualité débridée, en passant par Chromosome 3 et Scanners, deux films dont l'intrigue se concentre sur le contrôle et le pouvoir psychiques. Videodrome, lui, s'attarde sur l'influence des médias, et en l’occurrence, celle de la télévision. Crash mêle la chair au métal et Le Festin Nu, l'écriture aux drogues. Existenz ne déroge pas à la règle et aborde un thème qui, pourtant à l'époque, n'a pas encore atteint le degré d'importance qu'il connaît seize ans plus tard en 2015. Le jeu vidéo. Le jeu vidéo et son univers factice. Le jeu vidéo et ses implications morales, religieuses, politiques et même tout simplement, sociales.
Existenz est sans doute l'une de ses œuvres les moins comprises, et les moins acceptées. Certains y voyant même sont plus mauvais film (enfin, son moins bon, dirons-nous). Avouons qu'au premier abord, les décors ont l'air un peu cheap. Prenons par exemple la scène où les deux principaux protagonistes prennent la fuite à bord d'un véhicule. Les décors extérieurs de l'habitacle ont l'air d'être faits de carton-pâte. Comme ceux de ces vieux films sans le sou qui passaient un film derrière une voiture en réalité plantée dans un studio de cinéma. Croyez-le ou non, mais cette image un peu puérile et au départ grandement décevante était bien recherchée par son auteur. Et pour en avoir la confirmation, il suffit juste de se rappeler de la fin du film pour s'en convaincre. Elle se justifie à ell seule au travers d'une intrigue qui joue presque intégralement sur des faux-semblants.

Là où Existenz rejoint les œuvres passées de David Cronenberg, c'est dans la manipulation de ses personnages, et en même temps du public. Car en effet, même si l'on a une vague idée de ce qu'à l'intention de nous raconter le cinéaste, les spectateurs sont au moins autant, si ce n'est plus, dans le brouillard le plus complet. Le film n'est pas facile d'accès. D'ailleurs ceux qui ne connaissent pas son œuvre risquent de le bannir à jamais s'ils commencent par celui-ci. Même en tant que fan du réalisateur, on peut avoir beaucoup de mal à adhérer au traitement subit par la bobine.

David Cronenberg convoque pour cette aventure un brin surréaliste Jennifer Jason Leigh, Jud Law ainsi que Ian Holm et Willem Dafoe. Nouvelle et ancienne génération se retrouvent donc dans une œuvre au premier abord complexe mais dont les tenants et les aboutissants deviennent clairs à la toute fin du film. Pas sûr pourtant que tout le monde puisse tenir jusqu'au bout...


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samedi 3 octobre 2015

John Carpenter's Village of the Damned de John Carpenter (1995)



La fête s'apprête à battre son plein dans le petit village de Midwich aux États-Unis. Tous les habitants de la ville se sont retrouvé sur la place principale. Il fait beau, le gens sont heureux, mais rien ne laissait présager ce qui va arriver. Une ombre menaçante traverse le ciel de Midwich et, vers dix heures du matin, tout le monde perd connaissance. Et pas seulement les habitants mais tous les animaux également. Vaches, chiens et même canaris s'évanouissent durant six heures. La police et l'armée sont sans armes contre ce phénomène et c'est au moment même où surgit l'épidémiologiste Susan Verner venue étudier ce dernier que la vie semble reprendre à Midwich. Seul deux mort ont à déplorer et la vie semble reprendre on court comme si rien n'était venu la perturber. Ou presque. En effet, une dizaine de femmes sont déclarées enceintes le même jour par le Docteur Ian Chaffee...

Parmi la longue liste de films signés du maître de l'épouvante John Carpenter, son remake du Village des Damnés reste à ce jour comme l'une de ses œuvres les plus faibles. Non pas que le cinéaste ait des difficultés à donner une vision personnelle d'un classique de la science-fiction puisque treize an auparavant il signa le chef-d’œuvre The Thing, lui-même déjà inspiré d'un classique signé de Christian Nyby, La Chose d'un Autre Monde. Le principal soucis de son Village à lui est cet aspect communautaire hyper-croyant de ses habitants, image parfaite d'une Amérique saine et idéaliste. Lorsque l'on connaît le bonhomme, et sa virulence envers le pays qui l'abrite, on peut donc s'étonner du visage que prend son œuvre. Pour se rassurer, on se dit que cet apparent bonheur ne peut servir que de contrebalance avec ce qui va suivre. Imaginez : des enfants au visage angélique, en tout point similaires à la race aryenne, se distinguant nettement des habitants de Midwich et leur demeurant donc supérieurs. D'un côté, Dieu et ses ouailles. De l'autre, Satan venu enfanter les âmes les plus pieuses pour donner naissance à une petite dizaines de gamins qui ne vont en faire qu'à leur tête.

John Carpenter, au travers des divergences qui opposent ces enfants à la communauté montre une clairvoyance absolue en comparant ce cas de figure avec cette nécessité biologique qui pousse l'individu à se protéger de ses ennemis en tirant le premier. D'ailleurs, lorsque le Docteur Ian Chaffee (l'acteur Christopher Reeve qui interpréta ici son dernier rôle d'homme valide avant son terrible accident de cheval qui le rendit infirme jusqu'à sa mort en 2004) s'entend répondre que lorsqu'il pense à tous les autres (comprendre ceux déjà morts sous le regard illuminé de ces petits êtres), il ne peut être surpris des actes commis par ces enfants. Le but étant de survivre et ce, quel qu'en soit le prix, afin que subsiste l'espèce.

Le mot est lâché. Espèce. Car si rien n'indique les origines de ces enfants, deux événements tendent vers une seule idée : l'abduction par une race extraterrestre. Tout d'abord, lors de l'ouverture durant laquelle l'ombre qui plane au dessus du village et les étranges voix qui en émanent semblent faire référence à un vaisseau spatial. Idée confirmée par la vision du seul enfant à être mort-né et qui ressemble en tous point à un petit alien.

De la soixantaine de grossesses du roman original écrit par le romancier John Wyndham, John Carpenter réduit le nombre à une petite dizaine. Pour des raisons budgétaires ? Le Village des Damnés version 1995 souffre d'un vide immense. La ville a souvent l'air presque aussi vide qu'un centre-commercial la nuit. Le jeu un peu neuneu des acteurs et la mort visuellement un peu trop soft des victimes des enfants en font un petit film du dimanche après-midi. On notera tout de même l'impeccable interprétation des enfants dont le regard, outre les effets visuels, a quelque chose de dérangeant. Aux côtés de Christopher Reeve, on retrouve Mark Hamill en révérend ainsi que Kirsti Alley, étrangement ressemblante à l'actrice Meg Foster que John Carpenter embaucha sept ans auparavant dans son excellent Invasion Los Angeles. Comme de coutume, c'est le cinéaste lui-même qui signe la bande-originale (cette fois-ci un peu cucul) en compagnie de Dave Davies...


vendredi 2 octobre 2015

Le Projet Blair Witch de Daniel Myrick, Eduardo Sanchez (1999)



16 ans après sa sortie et la hype qui l'a entouré, il est de bon ton de faire un bilan sur les aspects négatifs et positifs de cette œuvre qui, si elle n'a pas inventé un genre qui remonte aux années soixante et dont le cinéaste Ruggero Deodato a su user des fondements avec son célèbre Cannibal Holocaust, a su exploiter au mieux l'engouement d'un public avide de pseudo-vérité. Nous allons vite faire le tour des points positifs du film de Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez puisque Le Projet Blair Witch n'a en réalité conservé pratiquement rien de ce qui faisait sa force. Cette oeuvre qui fut pourtant un modèle du genre se révèle en effet aujourd'hui d'un ennui extraordinaire. Tout au plus pourra-t-on louer la part donnée au dialogues qui, s'ils sont au moins aussi répétitifs que les situations, ont l'avantage de ne pas trop donner dans l'insipide et le “Post-adolescent attardé”.

A l'époque de sa sortie, je le rappelle en 1999, Internet est encore un outil presque tout neuf pour les usagers alors qu'il existe en réalité déjà confidentiellement depuis de nombreuses années. Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez vont profiter de ce merveilleux espace de publicité pour promouvoir leur film, innovant ainsi dans le domaine du net et motivant les troupes à filer tout droit dans les salles pour aller voir cet objet devenu fantasme.

Pour une mise au départ de 25 000 $ gonflée à 50 000, le film a bénéficié d'un tel engouement qu'il a, à travers le monde entier, fait pas moins de 500 000 000 d'entrées (dont un peu plus de 800 000 en France), rapportant , en faisant le calcul, plusieurs centaines de fois le budget initial. Le film a été plusieurs fois nominé dans des festivals comme ceux des British Independent Films Award, les MTV Awards ou encore l'Académie des Films de Science-Fiction, Fantastique et Horreur. Il a notamment reçu le Prix de la Jeunesse au festival de Cannes et celui de la première œuvre ayant un budget inférieur à 500 000 dollars au Film Independent's Spirit Awards.

Outre le fait que Le Projet Blair Witch ait inspiré toute une foule de copies plus ou moins bonnes, on a pu découvrir sur les chaines de télévision américaines des épisodes des séries Les Simpsons et Charmed clairement inspirés par le film du duo.

Aujourd'hui donc, seize ans après, que reste-t-il de ce minuscule film que ses auteurs allèrent vendre comme un fait divers authentique? Et bien, pas grand-chose en réalité. Bien sûr, comparé au nullissime Paranormal Activity de Oren Peli, Le Projet Blair Witch demeure d'une assez bonne tenue. Mais si on le compare au chef-d’œuvre de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoit Poelvoorde, C'est arrivé près de chez vous, le film fait peine à voir. On s'y ennuie donc terriblement et la fameuse scène finale dans la demeure abandonnée qui terrifia tant de monde (dont votre serviteur) n'effraie plus personne.

A revoir aujourd'hui Le Projet Blair Witch peut se voir comme un document d'époque qui n'hésita tout de même pas à reprendre quelques codes déjà utilisés dans certains grands films d'horreur des années soixante-dix. Et l'on ne parle pas ici du principe consistant à montrer à un public à l'époque peut-être encore crédule le film d'un trio de reporters amateurs ayant disparu dans une forêt alors qu'ils enquêtaient sur la légende d'une sorcière, mais de certains aspects du décor. Et dont l'un, non des moindres, demeure ces symboles fixés aux arbres qui rappellent indéniablement les inquiétantes sculptures suspendues dans la demeure de la famille Tronçonneuse dans le classique de Tobe Hooper, Massacre à la Tronçonneuse.

Il est fou de voir comme le sujet a pu empiéter sur l'existence de certains comme sur celle d'un certain GussDX qui n'hésite pas à braver sa peur de l'inconnu pour partager avec son public de fidèles (qui grandit chaque jour) de grands moments de frayeur. C'est ainsi qu'un épisode de sa série, le nommé Tanaïs– Nuits 2, 3 & 4, renvoie directement au film de Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez. Le parallèle est saisissant. Et tout ce que l'on a voulu nous faire croire sur la véracité des faits relatés dans Le Projet Blair Witch s'effondre devant ce document-vérité que même les plus sceptiques d'entre nous auront la curiosité de regarder. Si Le Projet Blair Witch a depuis perdu de sa force, il ne faut pas oublier qu'il a tout de même écrit une page de l'histoire du film d'horreur. Les Rec, Grave Encounters, Cloverfield et même la comédie française Babysitting n'auraient peut-être pas vu le jour, ou du moins, d'une manière bien différente...


jeudi 1 octobre 2015

Storm Warning de Jamie Blanks (2007)



Pia et Rob sont en vacances en Australie. Après avoir passé la journée à pécher à bord d'une petite embarcation louée pour l'occasion, le couple prend le chemin de la mangrove et se perd dans une région qu'ils ne connaissent pas. Parvenus à une embouchure ne leur permettant pas d'aller plus loin, ils abandonnent leur bateau et font route à pied dans l'espoir de croiser des autochtones qui les aideront à retourner à leur voiture. Mais une tempête fait rage, la nuit tombe, et les seuls indigènes qu'ils rencontrent ont un comportement tellement suspect que Pia et Rob décident de ne pas les aborder. C'est ainsi qu'en reprenant la route, ils tombent sur une immense demeure. Dehors, il pleut à torrent, et c'est pourquoi, malgré des appels qui restent sans réponses, le couple décide d'entrer se protéger à l'intérieur. Ils découvrent alors un véritable dépotoir. A la recherche d'un téléphone, Rob tombe de plus sur un hangar renfermant un champ de cannabis. C'est à ce moment très précis que les propriétaires des lieux décident de rentrer chez eux...

Ceux dont le nom Jamie Blanks évoque quelque chose se souviennent sûrement des films Urban Legend et Mortelle Saint-Valentin, deux œuvre américaines surfant sur le succès de la série Scream initiée par le regretté Wes Craven. Que ceux qui n'ont pas été séduits par ces deux films se rassurent. Une fois retourné au pays, le cinéaste australien Jamie Blanks s'est lancé dans un projet indépendant et surtout, plus original. Bien qu'il surfe sur la vague des survival-horror à la mode depuis maintenant une dizaine d'années, Storm Warning peut se vanter de faire partie des meilleurs.
Et ce, même si les clichés abondent. De cette évidence, on se serait douté puisque si l'on fait l'inventaire du genre, peu parviennent à réellement innover. Tout comme l'excellent Wolf Creek de son homologue, Greg McLean, ce Storm Warning de Jamie Blanks ne fait ni dans la dentelle, ni dans les enfantillages. C'est du survival brut, sauvage et sans concessions.

Pourtant, tout commence sous des auspices plutôt inquiétants. Nadia Farès est au générique. C'est même elle qui tient le haut du panier. Quand on sait que l'actrice a surtout joué dans des comédies et qu'elle n'a pas interprété de personnages dans des œuvres plus horrifiques que le surestimé Les Rivières Pourpres, il y a de quoi être méfiant. Surtout que depuis quelques années, on n'entend plus parler d'elle. Un retour au cinéma après quelques incartades éparses, il y a de quoi être circonspect. Et pourtant, le doute laisse la place à la magie. Nadia Farès est bien de retour. La manipulatrice d'Elles N'Oublient Jamais et l'inoubliable poupée des Démons de Jésus et des Grandes Bouches (tous deux signés Bernie Bonvoisin) revient en grande forme dans ce shocker australien qui n'a rien à envier à ses homologues américains. Affirmer que les origines du film lui apportent même un cachet supplémentaire n'est pas exagéré.

Les méchant le sont si bien qu'on a vraiment pas envie de les croiser sur notre route. Des bouseux admirablement interprétés par un trio d'acteurs vraiment flippants : David Lyons, Mathew Wilkinson et John Brumpton. Nadia Farès campe quand à elle un duo en compagnie de l'acteur Robert Taylor. Les décors retranscrivent assez bien la folie de ses personnages. En outre, Jamie Blanks n'étouffe pas son œuvre d'une multitudes d'effets gore. Leur rareté leur donne d'ailleurs une dimension spectaculaire. Ils sont d'une efficacité redoutable. L'atmosphère putride des lieux de séquestration sont anxiogènes.

Finalement, les craintes relatives à la présence de Nadia Farès se révèlent peu fondées. Voire même pas du tout. On avait peut-être oublié le talent de l'actrice qui ici se rappelle à notre bon souvenir. On en redemande. Une première incartade en Australie pour l'actrice. Et pourquoi d'autres encore ?


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