Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 30 novembre 2015

Vinyan de Fabrice du Welz (2008) - ★★★★★★★★☆☆



Je vais finir par croire que je n'ai aucun goût en matière de cinéma à force de lire tant de critiques en totale contradiction avec ce que je pense de telle ou telle œuvre cinématographique. La dernière en date est Vinyan du belge Fabrice du Welz qui décidément, me séduit de plus en plus. Calvaire, Colt 45, son dernier chef-d’œuvre Alléluia, et maintenant Vinyan, donc, sur lequel j'avais fait l'impasse à l'époque de sa sortie et que je me réjouis d'avoir enfin pu découvrir la nuit dernière. Maintenant, je sais pourquoi j'ai hésité tant d'années à le voir. Parce que sept ans auparavant, j'étais encore trop frileux face aux critiques des professionnels. Je n'assumais pas suffisamment encore d'aimer une œuvre qui pouvait au demeurant être conspuée par d'autres. Mais tout ceci faisant partie du passé et surtout, après avoir pu découvrir sa toute dernière œuvre, je n'ai plus aucun doute sur les qualités de cinéaste de Fabrice du Welz et encore moins sur celles de l'injustement boudé Vinyan.

Qu'avait donc en tête le belge lorsqu'il décida de se lancer dans cette histoire qui n'avait apparemment rien de commun avec son premier succès Calvaire ? Un film d'aventure, un drame introspectif dans une jungle touffue et étouffante. Deux jungles même. La première, urbaine nous montre une Thaïlande nocturne foisonnante et inquiétante. La vie est partout. Dans les restaurants, dans les artères bouchées par un grands nombres de véhicules à moteur. On sentirait presque la fumée se dégageant des pots d'échappement. Et puis, il y a ces ruelles sombres et insalubres au cœur desquelles nos deux héros vaillamment interprétés par Emmanuelle Béart et Rufus Sewell osent pénétrer avec l'espoir d'y trouver l'homme qui acceptera de s'enfoncer dans la jungle avec eux afin de retrouver leur fils disparu lors du tsunami en 2004. Cette seconde jungle éclipse la première et se révèle encore plus impressionnante, vidée de toute trace humaine ou presque.

Le spectateur vit au rythme de janet et Paul Belhmer. Comme eux, ils ressent l'angoissante vague de dépaysement qu'accentue le curieux manège des autochtones qui ont trouvé en ce couple désespéré une manne financière. On leur promet le miracle qu'il attendent mais c'est un cauchemar sans fin qui les attend. En ceci, Vinyan rejoint directement le propos de Calvaire. Tout comme Marc Stevens (l'excellent Laurent Lucas), les Belhmer tombent dans un traquenard et dans un univers qui leur est totalement étranger. Ici, le piège n'est pas uniquement personnifié par le visage d'un seul homme mais également par une forêt toute entière. Si nos héros désespèrent de retrouver leur fil et si pendant un temps le spectateur est en parfaite communion avec eux, il finit par se demander s'ils vont pouvoir ne serait-ce que se dépêtrer de cette situation dans laquelle ils s'embourbent de plus en plus à mesure qu'ils progressent vers l'inconnu.


La jungle de Vinyan, c'est un peu le bois de Calvaire à la puissance mille. Cette fois-ci, on a vraiment la trouille pour nos héros. Esthétiquement, le second long-métrage de Fabrice du Welz est d'une beauté lugubre et angoissante extraordinaire. Filmant la jungle comme personne, il confond réalité et cauchemar, nous perdant au même titre que ses personnages dans les méandres d'une végétation qui se referme sur nous comme sur eux. S'il est un calvaire prodigieusement mis en scène au cinéma, c'est bien celui que vivent les Belhmer. Emmanuelle Béart et Rufus Sewell plongent littéralement dans un abîme sans fond, le film ayant été tourné dans des conditions difficiles parfaitement retranscrites à l'écran. Vinyan est une expérience visuelle et sonore hors du commun. Ne vous laissez pas influencer par les avis négatifs qui malheureusement pullulent sur la toile. Le second film de Fabrice du Welz est une très belle réussite...

samedi 28 novembre 2015

Outland, Loin De La Terre de Peter Hyams (1981)



Le marshall William T.O'Neil accepte une mutation sur la base minière du satellite Io de la planète Jupiter. Engagé comme prévôt, il est très vite accaparé par une série de morts étranges. En effet, un homme meurt après avoir affirmé à ses collègues mineurs qu'une araignée s'est introduite dans sa combinaison. Un autre pénètre plus tard un sas en oubliant de revêtir la sienne. Un troisième, pris de folie, menace de tuer la prostituée qu'il a débauchée.

Le prévôt O'Neil s'aperçoit très vite que la nervosité dont sont victimes de plus en plus d'ouvriers est liée à la prise d'une drogue très puissante importée et distribuée sous les ordres du responsable de la mine, Mark B. Sheppard. Ce dernier veut a tout pris assurer un rendement maximum, ce qui passe par la prise de cette drogue qui motive les hommes à travailler deux fois plus. Mais les effets secondaires étant désastreux, le prévôt O'Neil voit les choses différemment et décide de tout faire pour que tombe le directeur de la mine ainsi que les responsables qui se cachent derrière ce trafic...

Réalisé en 1981 par le cinéaste Peter Hyams auquel on doit les films de science-fiction Capricorn One et 2010, Lannée Du Premier Contact, Outland est un excellent film mêlant ce même genre au policier et au thriller. Un univers sombre, aussi noir que le charbon, où chacun veille sur sa propre personne sans jamais se mêler de celle des autres. Seul Sean Connery ose braver cette forme de lâcheté qui voit les hommes tomber les uns après les autres sans que personne n'y remédie. Même pas les autorités sur lesquelles le solitaire prévôt ne peut pas compter lorsqu'il en a le plus besoin.

Une planète aussi inhospitalière que celle croisée au début du premier volet de la saga Alien réalisé par Ridley Scott. Une base aussi obscure et inquiétante que les coursives du Nostromo du même film.

Sean Connery n'est pas un super-héros. Juste un flic qui veut faire son boulot et mettre un peu d'odre sur une base qui manque cruellement d'autorité. Si crédible qu'il tremble, transpire et halète lorsque débarquent les hommes qui doivent éliminer ce flic très gênant .

Outland se meut alors en un western moite et embrumé. Un duel entre un flic armé de son seul fusil à canon scié et un tueur à gage armé d'une arme un peu plus sophistiquée, à lunette, mais tirant des balles qui restent encore classique quand dans cet univers futuriste on aurait pu croire y trouver des armes à visée laser.

Si les longs couloirs au design désespérément kitsch, les quelques plans de Jupiter qui enveloppe le ciel étoilé de Io et les combinaisons anti-gravité n'étaient pas là pour nous rappeler qu'il s'agit d'une œuvre de science-fiction, on se croirait en plein western. Ou bien dans un entrepôt, les pieds arrimés au sol de notre belle planète, la Terre.
Le film de Peter Hyams est une belle réussite. La mise en scène est nerveuse, le suspens est maintenu par une ambiance particulièrement bien rendue. Quand à l'interprétation de Sean Connery, elle est impeccable...

vendredi 20 novembre 2015

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Martha Beck et Raymond Fernandez "Alléluia" de Fabrice du Welz (2014) - ★★★★★★★★★☆



La passion naît presque immédiatement dans le cœur de Gloria. Intense, immédiate, animale et sauvage. La force des premières images de cette rencontre improbable entre une jeune femme d'origine espagnole déçu e d'un homme dont elle est divorcée et d'un autre, nouveau dans sa vie, dont les intérêts sont tout autres a quelque chose de miraculeux. Comme l'émotion palpable et l'attachement du spectateur pour ces deux personnages naufragés le sont quand dans la plupart des œuvres du même genre c'est le détachement qui prédomine par manque de temps, de moyens ou de talent, nous laissant dans une indifférence totale. Celui qui use de sa belle prose pour séduire sa dernière proie et lui faire cracher quelques billets révèle un visage bien différent et un comportement fait de prostration et de crédulité, pantalon sur les genoux, lorsqu'il assiste sans moyen d'agir ou de participer au meurtre particulièrement sauvage du personnage de Marguerite campé par Édith Le Merdy. 
Si le film est parfois filmé dans des tons presque crus et monochromes valsant entre bleu électrique et rouge carmin, la dite scène, jouée dans une cave humide, image granuleuse et halo de lumière laiteux viennent appuyer le propos sordide de ce meurtre sauvage signifiant l'exclusivité de Gloria sur le corps et l'esprit de celui dont elle est FOLLEment amoureuse. Celle qui jusqu'alors nous avait exhibé ses faiblesses, entre pleurs incontrôlés, cris hystériques presque enfantins et capricieux, et naïveté assumée lors de ses retrouvaille avec Michel (prodigieusement interprété par l'éblouissant acteur Laurent Lucas), nous montre un tout autre visage. Elle arbore en effet le visage en tout point semblable à celui de Frank Zito dans le Maniac de William Lustig, et même si les deux personnages n'ont que très peu de rapports (et même voire aucun), c'est la même folie qui se dessine dans leurs yeux durant cet instant terrible où ils commettent ces actes jusqu’au-boutistes de meurtres. 


C'est pour Gloria aussi sans doute l'occasion d'affirmer sa position en tant que maîtresse exclusive de Michel, amant effaré par la scène à laquelle il vient d'assister. La scène est longue, et dure sûrement aussi longtemps qu'un acte réel de meurtre par strangulation. Et pour rendre la chose encore plus difficile à regarder, le cinéaste belge Fabrice du Welz appuie le propos en accentuant les bruits dérangeants dispensés par cette femme qui agonise sur le sol de sa propre cave.

"Tu te rends compte de ce que tu viens de faire Gloria ?" Premiers mots de Michel, suivis de "T'as conscience qu'elle allait nous donner l'argent, que c'était une question de jours ?".

Le moment ne serait pas si tragique qu'on en viendrait presque à rire. Car après la seconde phrase (alors qu'à l'issue de la première on croit encore noter un semblant d'humanité chez l'amant), Fabrice du Welz met en avant les principaux enjeux de cette relation. Plus encore que le meurtre, c'est l’appât du gain qui prévaut sur tout le reste. Que Gloria tue n'a plus vraiment d'importance tant qu'elle attend que la victime ait confié son argent à ses deux insoupçonnés futurs bourreaux...


Si cet article n'explore que le second acte d'une œuvre qui en compte quatre, ça n'est que pour mieux conserver toute la substance d'un film qui revient sur un fait divers horrible survenu à la toute fin des années 40 et dont les auteurs sont les célèbres meurtriers Martha Beck et Raymond Fernandez. Alors que la première devait être la prochaine proie du second qui escroquait ses victimes, celui-ci tombe amoureux de la jeune femme. Martha Beck finit par participer aux activités criminelles de Fernandez. Si certains aspects diffèrent de l'histoire vraie, Alléluia compte pas mal de points en commun avec le récit de Beck et Fernandez. Les noms diffèrent mais les agissements sont similaires. A la différence près que Gloria (l'éblouissante Lola Duenas) est celle qui dans le film commet les meurtres. Les noms ne sont pas les mêmes mais l'adaptation est assez fidèle. La musique de Vincent Cahay appuie aussi bien l'aspect sordide de certaines situations et la poésie macabre qui s'en dégage. Manuel Dacosse assure quant à lui une photographie superbe. Dix ans après son très réussi Calvaire, Fabrie du Welz signe son quatrième et indéniablement meilleur film. Une œuvre qui sera nominée dans différents festivals et notamment à Canne dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs et le Festival International du Film de Toronto. Un chef-d’œuvre et un classique qui laisse une marque indélébile dans l'esprit de celui qui l'explore...

Le vrai visage de la mort


jeudi 19 novembre 2015

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Jim Jones "The Sacrament" de Ti West (2013)



De la fiction...

Deux des principaux activistes de l'entreprise multimédia new-yorkaise Vice focalisant toute son attention sur l'information, l'art et la culture de manière agressive acceptent d'accompagner leur ami et photographe Patrick Carter jusqu'à une communauté que sa jeune sœur Caroline a rejoint à la suite de sa lutte contre une addiction au drogues. Située dans le Mississippi rural, cette dernière est dirigée par un homme mystérieux appelé Père par ses fidèles. C'est lorsque Patrick reçoit une lettre de Caroline l'invitant à venir lui rendre visite que l'homme et ses deux amis Sam et jake décident de prendre l'avion puis de monter à bord d'un hélicoptère afin de rejoindre le petit village dans lequel vivent en autonomie le gourou et ses disciples. Mais dès leur sur le terrain, les trois amis sont accueillis par une bande armée de fusils. Des gardiens veillant à ce que personne ne viennent la petite vie tranquille des deux centaines d'habitants d'Eden Parish. 


Une fois parcourus en camion les derniers kilomètres, les trois hommes sont accueillis par la sœur de Patrick qui leur fait visiter les lieux et leur vante les bienfaits de cette vie en communauté. Le soir-même, alors qu'une cérémonie s'apprête à être célébrée, celui que tout le monde vénère montre enfin son visage. Acceptant le jeu de l'entrevue, il répond aux questions de Sam devant une salle comble. Mais alors qu'ensuite la fête bat son plein, une toute jeune fille confie à ce dernier un bout de papier sur lequel sont inscrits les mots Aidez-nous...

Si le résumé de cette histoire rappelle aux plus anciens un fait divers tragique s'étant déroulé le 18 novembre 1978, cela n'est pas le fruit du hasard. En effet, The Sacrament est basé sur les événements qui se déroulèrent en fin d'année 1978 dans la communauté de Jonestown dirigée par son fondateur Jim Jones qui poussa plus de neuf cent personnes au suicide par ingestion d'une dose de cyanure de potassium. Ti West a beau faire partie du paysage horrifique actuel (il a réalisé en collaboration avec d'autres cinéastes les surévalués The ABCs of Death et V/H/S ainsi que la médiocre suite du plutôt réussi Cabin Fever), The Sacrament est une déception. Un mécontentement lié à des attentes qui n'aboutissent finalement pas du tout malgré un premier tiers qui augure le meilleur pour la suite mais qui retombe ensuite comme un soufflet trop vite sorti du four. Jusqu'à ce que les trois journalistes (les acteurs Joe Swanberg, AJ Bowen, Kentucker Audley) découvrent qu'il se cache parmi les adeptes des mécontents, l'intrigue est bien menée, voire, presque passionnante. L'arrivée sur les lieux, l'apparente tranquillité, et l'interview du curieux personnage campé par l'acteur Gene Jones que l'on a pu découvrir dans le film des frères Coen No Country For Old Men sont des moments très plaisant à regarder. Mais dès lors que l'assaut est donné contre ces journalistes trop curieux et que le futur suicide collectif est proposé comme choix unique aux adeptes de cette secte dirigée par un prophète faussement pacifiste, tout va de travers. Le problème vient du fait que le spectateur n'a pas le temps de s'attacher aux personnages. En situant son intrigue durant la toute dernière journée vécue par les journalistes et les membres de la secte, il rend sa démarche vide de toute émotion et l'on assiste au massacre avec un détachement total. Un sujet pareil aurait mérité plus de profondeur et un film d'une durée suffisante pour que nous soient décrit le mécanisme complet débutant par la vampirisation des sujets par le maître des lieux jusqu'à la chute de ce dernier et de son assemblée. Mais tel n'étant pas le cas, The Sacrament est une grosse déception...

… à la réalité

Né le 13 mai 1931 et mort quarante-sept ans plus tard à Jonestown, Jim Jones est connu pour avoir été le fondateur du groupe religieux le Temple du Peuple qui connut une fin tragique puisque 908 de ses adeptes y ont trouvé la mort en se suicidant, leur gourou étant lui-même retrouvé abattu à l'aide d'une arme à feu. Lorsque l'on parle de suicide collectif, cela est vrai pour une partie des adeptes puisqu'il fut constaté que certains d'entre eux furent abattus eux-même d'une balle, démontrant ainsi qu'ils n'avaient pas choisi d'en finir avec la vie contrairement à ceux qui ingérèrent leur dose de cyanure de potassium. C'est après que le représentant Leo Ryan se soit rendu sur place avec une équipe de journalistes que la machine parfaitement huilée du gourou a commencé à dérailler. Tombés dans un piège duquel Jim Jones ne pouvait les laisser s'extraire, Leo Ryan ainsi qu'un cameraman, un reporter de la NBC, un photographe et l'un des membres de la communauté sont tués par des hommes de main du pasteur. Un événement qui va précipiter la chute du Temple du Peuple dans lequel presque un millier de personnes ont trouvé la mort et parmi lesquelles on découvrit les corps d'environ trois cent enfants...

lundi 16 novembre 2015

Le Mataf de Serge Leroy (1973)



Alors que Bernard Solville, dit « le Mataf », et ses deux complices Basilio Hagon et Franck Mazier s'apprêtent à commettre un hold-up à la Gare du Nord. Leur objectif est de s'emparer d'une malette renfermant des diamants transportés vers Bruxelles par deux convoyeurs. Le hold-up est compromis lorsqu'une jeune tombe d'un toit, tuée de plusieurs balles. Au même moment, un homme prend en photo Solville qui prépare son coup. Malheureusement pour lui et ses deux acolytes, le hold-up échoue.

C'est là qu'intervient un certain Maître Desbordes. Un avocat qui propose un contrat au Mataf contre le contenu d'une mallette renfermant cent mille dollars. Le menaçant de le balancer grâce à la photo qui a été prise par l'un de ses hommes au moment où Solville allait perpétrer son méfait à la Gare du Nord, Desbordes s'assure la pleine collaboration de celui-ci. Solville accepte confie la mallette à Franck qui la place chez lui, dans une cachette. Solville se rend ensuite dans un appartement accompagné de Franck et Basilio afin de récupérer des micro-films enfermés dans un coffre.

L'opération est réussie mais au moment de quitter l'immeuble, Franck prend une balle et meurt sur le coup. Basilio est blessé mais s'en sort. Le Mataf et lui prennent la fuite mais au moment de fuir par bateau, ils tombent dans un traquenard et sont délestés des micro-films. De plus, en se rendnt dans l'appartement de Franck, Solville constate que la mallette a disparue...

Le Mataf est le tout premier long-métrage de Serge Leroy qui tournera plus tard avec Jan-Louis Trintignant, Alain Delon, Philippe Léotard et bien d'autres acteurs français. Le film dont il est question ici est un petit polar particulièrement efficace et au scénario rondement mené. Et ce grâce à un noyau d'acteurs convaincants menés par Michel Constantin, Pierre Santini et Georges Géret. Si 'l’œuvre démarre de manière plutôt classique, l'intérêt se fait de plus en plus grand à mesure que l'intrigue autour de la mallette et de ce curieux avocat évoluent.

Le danger rôde à chaque coin de rue, on ne sait plus vraiment à qui faire confiance dans cette œuvre qui fourmille de gangsters auxquels il est dangereux de se frotter. L'entourage de Michel Constantin va d'ailleurs très vite s'en rendre compte, et l'épouse de son ami Basilio va faire partie des victimes innocentes de cette triste affaire. Une Nina interprétée par la toujours épatante Annie Cordy qui joue ici à merveille la propriétaire d'un bar, ancienne artiste et fidèle épouse d'un homme qu'elle protégera jusqu'à en mourir.

On retrouve donc avec plaisir des gueules bien connues d'un certain cinéma populaire français, et d'autres américains et italiens dans le rôle des méchants.

Concernant le casting féminin, outre Annie Cordy, on retrouve la séduisante panthère Cathy Mondor et on croise même la route de Julie Dassin qui n'est autre que la fille du cinéaste Jules Dassin et la sœur du célèbre chanteur Joe Dassin. Le Mataf est un très honorable thriller comme l'on en réalisait dans les années soixante-dix. Un bon petit polar qui n'ennuie jamais et permet de retrouver un Michel Constantin en pleine forme...

mardi 10 novembre 2015

L'Homme Des Hautes Plaines de Clint Eastwood (1973)



Loin de pomper honteusement l'héritage laissé par le grand Sergio Leone, grand maître du western spaghetti, comme le feront des légions de cinéastes à travers de vagues séries b, voire z, Clint Eastwood, (tout comme le fit Alessandro Jodorowski en son temps avec le cultissime western ésotérique El Topo) choisit la voie de l'originalité lorsqu'il réalise "L'homme des hautes plaines", film de cow-boys donc, mais crépusculaire et mystique, très loin de ce qu'on a l'habitude de voir sur les écrans.

Ici, point d'indiens, ni de folles chevauchées dans les plaines de l'ouest américain. Tout est concentré sur une petite ville, Lago, où un drame est survenu il y a quelques temps: Un homme à été lâchement lynché par trois autres sans que personne n'intervienne lors de la rixe. L'homme finira par mourir sous les nombreux coups de fouets infligés et sous les regards de villageois médusés. Après avoir été dénoncés, les trois hommes seront finalement arrêtés et enfermés dans une autre ville après avoir menacé les habitants de Lago de venir se venger à leur sortie de prison. Trois hommes seront alors envoyés en ville afin de s'assurer de la protection des villageois. En réalité, ils profiteront de la lâcheté pathologique de chacun pour agir en véritables tyrans.
Mais c'était sans compter sur l'arrivée d'un étranger, un homme sans nom (interprété par Clint Eastwood lui-même), que les trois hommes viendront provoquer et qui très vite finiront tués sous les balles de ce dernier.

Les villageois, enfin libérés du joug de ces trois hommes, proposent à l'étranger qui n'était semble-t-il que de passage, contre espèces sonnantes et trébuchantes, et même, voire beaucoup plus, de rester en ville afin de les protéger du retour imminent des trois lyncheurs du début. Après réflexion, mais surtout, après s'être assuré qu'il obtiendrait des villageois tout ce qu'il désire, l'homme accepte la mission que lui ont confié les "notables" de la ville... 
 
Le film débute de façon plutôt classique, même si le générique assez étrange pour un western semble démentir cette impression. On retrouve presque alors, le personnage campé par Eastwood dans "Pour une poignée de dollars" de Leone, avec le cigarillos au bords des lèvres, le chapeau aux larges bords vissé sur la tête et surtout, le stoïcisme du héros face aux provocations de ceux qui voient en lui un usurpateur... Une froideur qui ne sera pas étrangère aux événements qui se sont produits quelques temps auparavant. Et c'est autour de ce personnage énigmatique que l'intrigue se construit. Derrière un calme stupéfiant, l'homme agit envers les villageois de façon immorale voire odieuse, comme si ceux-ci devaient payer au prix fort, et cela de façon systématique, leur lâcheté.
L'homme leur apprendra à tenir une arme, à s'en servir, pour que lorsqu'au retour des trois bandits, les villageois soient enfin prêts à affronter leur mauvais démons. Il ira même jusqu'à leur demander de repeindre la ville en rouge. Le jour J, lorsque les trois bandits sortent de prison, il décide simplement d' abandonner les villageois à leur triste sort. Pourquoi? Ce sera aux spectateurs de le deviner... 
 
Clint Eastwood, égal à lui-même, campe un cow-boy désincarné, ne parlant jamais pour ne rien dire et nageant bien au delà de ce qui semble être le sujet des préoccupations du village tout entier. Pendant plus d'une heure trente, le mystère entourant son personnage sera total. Ou presque puisqu'à plusieurs reprises, on le verra rêver de celui qui fut lynché quelques temps auparavant signifiant que son arrivée au village semble avoir un rapport avec le sus-dit événement. Il est à noter que la version française a apporté un changement important sur la conclusion de l'histoire, ce qui enlève un peu de ce qui fait la force de ce film: son imprégnation dans le domaine du fantastique. En effet, un détail a été purement et simplement revu et corrigé lors du doublage dans la langue de Molière et rends ainsi la fin du film plus anecdotique que dans la version d'origine et c'est pourquoi il est important de découvrir ce film dans sa version originale et sous-titrée.
Un très grand western qui ne renouera malheureusement pas ceux qui sont hermétiques à ce type de cinéma avec les grands chefs-d’œuvre de Leone et consorts mais qui mérite tout de même que l'on s'y attarde....

jeudi 5 novembre 2015

日本沈没 (La Submersion du Japon) de Shiro Moritani (1973)



Lorsqu'une petite îles au large des côtes japonaises disparaît sous les flots, une équipe menée par le géophysicien Yusuke Tadokoro et le pilote d'un sous-marin Toshio Onodera décide de sonder les fonds marins. Lors d'un passage au dessus d'une fosse, les deux hommes constatent avec effroi un inquiétant glissement de terrain. Ils en concluent ainsi que le Japon tout entier est voué à disparaître dans l'océan. Mais alors que les prédictions d'un spécialiste prévoient la catastrophe dans une quarantaine d'années, Tadokoro, lui, estime que celle-ci surviendra dans moins d'une année. Aussitôt, le premier ministre est mis au courant et un plan D auquel participent l'envoyé du Gouvernement Kunieda, le spécialiste en informatique Nakata, ainsi que le secrétaire du Premier Ministre. Dehors, les prémices de l'extinction du Japon font rage. Tremblements de terre, raz de marée et éruptions volcaniques détruisent le pays et font des millions de morts...

Daté de 1973, La Submersion du Japon est un film catastrophe qui contrairement aux œuvres américaines du même genre n'a pas la puérile délicatesse de finir bien et de compter les morts sur les doigts d'un manchot. Ici, les cadavre se comptent en centaines de milliers, voire même en millions lors des premiers ravages faits par les différentes catastrophes. C'est presque un privilège que de découvrir aujourd'hui le film de Shiro Moritani dans sa version intégrale tant il a été massacré à son époque par l'occident qui l'amputa d'une cinquantaine de minutes, le réalisateur-producteur Roger Corman le ramenant même à une durée de 80 minutes alors que sa durée initiale était de 143 !!!

Mieux que le cinéma catastrophe d'aujourd'hui dans lequel la surenchère prime sur la crédibilité des images, La Submersion du Japon choisit le réalisme, quitte à n'apporter aucune solution viable à un pays dont les habitants deviennent subitement gênants lorsqu'il s'agit de leur venir en aide. La situation est telle qu'un plan D.2 est alors envisagé. Est proposé au monde entier de venir en aide aux japonais en acceptant une forte migration vers tout pays acceptant de voir surgir des millions d'étrangers. On découvre des responsable frileux, voire même cyniques. A l'image de cet homme d'envergure nationale qui en Australie n'hésite pas à dire qu'il préférerait se voir offrir des statuettes plutôt que des migrants. A l'étranger, on discute, beaucoup, sur le sujet. Sur les risques notamment de voir affluer des étrangers qui sans doute, avec le temps, ferait de leur terre d'accueil, un pays ui deviendrait le leur.

L’œuvre de Shiro Moritani est intelligente et n'oublie pas d'aborder tous les aspects d'un tel cataclysme. Alors, bien sûr, les effets-spéciaux ne possèdent rien de bien engageants. Si dans le Tremblement de Terre de Mark Robson sorti un an plus tard ces mêmes effets-spéciaux furent remarquables, ceux de La Submersion du Japon font parfois peine à voir. Population fuyant devant des écrans diffusant nombre de catastrophes naturelles. Citées reproduites en maquettes de manière grossière et documents d'archives (stock-shot) empruntés afin d'appuyer le propos. D'ailleurs, ces derniers sont parfois saisissants. On a droit également à l'histoire d'amour entre le héros et une jeune femme dont la séparation à un moment donné du récit est presque bouleversante. Comme peuvent l'être les larmes du premier Ministre qui ne peut que difficilement réprimer ses émotions devant son incapacité à empêcher la catastrophe à venir.

La Submersion du Japon n'est pas avare en terme visuel puisque l'on a droit à plusieurs séries de catastrophes. Le spectateur a même droit à un cours de géophysique durant lequel lui est expliqué le raison du futur engloutissement du Japon. Un véritable cours de physique ! La visite des fonds marins au tout début du film est passionnante à découvrir, quand au différentes interventions d'ordre politique, qu'elles soient japonaises ou même mondiales, elles ne sont jamais ennuyeuses et renforcent l'impression de réalisme. La Submersion du Japon est donc un petit chef-d’œuvre qui n'a pa à rougir devant les classiques du genre tournés à l'époque de l'autre côté de la planète...


mercredi 4 novembre 2015

Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (1991) - ★★★★★★★★★☆




Dans un monde aux allures de fin du monde, un ancien clown (campé par Dominique Pinon) arrive au bas d'un immeuble autour duquel ne semble subsister qu'un vaste brouillard à travers lequel on devine les restes de fondations que l'homme a bâtit dans le passé. Un lieu de perdition situé dans un futur proche et improbable. Engagé comme homme à tout faire dans ce vieil immeuble qui rappelle vaguement ceux que l'on rencontre dans le Paris d'aujourd'hui, le vieux clown devra résister à la terrible machination fomentée contre lui. 
 
Les apparences sont trompeuses, du moins pour un temps car le rôle de notre petit homme ira bien au delà du simple réparateur ou peintre en bâtiment. Très vite il prendra des risques insensés à l'image de cette scène à travers laquelle il tente de "sauver la vie" d'un petit colis dont une famille à l'agonie s'empare avant que le livreur n'arrive à reprendre le dessus allant même jusqu'à menacer le pauvre clown de son arme à feu, ce dernier n'étant en rien responsable de la situation. Le colis sera remis entre les mains de sa destinataire, fille du boucher et future muse de notre héros. Alors tout semble reprendre son cours. La vie des occupants semble réglée comme du papier à musique, tels ces deux frangins, fabricants artisanaux de boites à "meuuuuh", ce vieil homme vivant seul avec ses grenouilles et ses escargots, baignant dans une eau déguelasse se reposant sur fond de chants militaires, ou encore cette femme aux apparats de bourgeoise qui s'invente des techniques de suicide parfaitement rocambolesques mais qui finissent toujours à l'eau (c'est le cas de le dire)....Alors que tout ce petit monde parait vivre ou mieux, survivre dans l'attente, le boucher lui, prépare quelque chose c'est certain.

Par la force des choses, et dans un futur qui ne semble plus souffrir d'aucune moralité, les habitants du vieil immeubles sont tous devenus anthropophages et le boucher est leur fournisseur en viande. Tous cannibales sauf l'une de locataires: la fille du boucher. Et c'est à elle que l'ancien clown devra sa survie. Une étrange histoire d'amour bancale qui les verra liés l'un à l'autre mais aussi et surtout à une bien curieuse organisation vivant dans les égouts et qui viendra leur porter secours à la fin lorsque l'immeuble entier sera réuni afin d'en finir une bonne fois pour toute avec leur proie récalcitrante.

La grande force de ce film est cette folie permanente qui transpire dans chaque scène, tel ce passage mémorable ou Dreyfus et Viard, allongés sur un sommier couinant, semblent mener la danse tel un métronome dans ce vieil immeuble dans lequel chaque habitant vit au grès de leurs secousses orgiaques, menant le tempo comme le ferait un couple de chefs d'orchestre. Les cadrages, les gros plans, les travellings, tout concours à faire de ce Delicatessen un film réellement à part dans le septième art. L'image, sublime comme à son habitude et la photographie de Darius Khondji sont à l'image du reste: tout simplement bluffantes. Le scénario de Gilles Adrien est un modèle d'originalité quand à la musique de Carlos D'Alessio elle ponctue de façon discrète les moments clés du film...


dimanche 1 novembre 2015

Туманность Андромеды (La Nébuleuse d'Andromède) de Yevgeni Sherstobitov 1967



Faisant route à des milliards de kilomètres de la Terre vers des espaces encore inexplorés, le vaisseau Tantra croise la route d'une étoile de fer et se retrouve piégé par sa force de gravitation. Le commandant du vaisseau Erg Noor prend alors la terrible décision d'atterrir sur l'une des deux planètes qui gravitent autour de cette étoile après avoir découvert la présence d'une étrange soucoupe écrasée à sa surface. Bien décidé à découvrir ce qui se cache à l'intérieur du vaisseau échoué, le commandant et son équipage quittent le leur et s'y dirigent à pieds jusqu'à ce que l'un d'entre eux soit attiré vers un gouffre puis dévoré par une entité qui ne laisse de lui que ses vêtements. Condamnés à errer aux alentours de l'étoile de fer durant l'attente des secours estimée à une vingtaine d'années, le commandant et son équipage deviennent les uns après les autres les proies de créatures invisibles que seule la lumière de la Tantra est capable d'éloigner. Quand au vaisseau échoué sur la planète, ce qu'il avaient d'abord pris pour celui d’extraterrestres se révèle être en réalité la navette d'une expédition qui n'avait jamais plus fait parler d'elle...

Tourné en 1967 à Sotchi en Russie, Туманность Андромеды (La Nébuleuse d'Andromède en français) est un film soviétique réalisé par le cinéaste Yevgeni Sherstobitov. L’œuvre s'ouvre sur de festivités sportives comparables à nos Jeux Olympiques. On y croise l'un des plus importants personnages en la personne de Dar Veter (Sergueï Stoliarov), le Directeur des stations externes du Grand Anneau. Ce dernier est un système permettant aux civilisations de la galaxie de communiquer entre elles. Si l'intrigue n'est au départ pas très claire à suivre entre les liaisons un peu brouillonne qui font se succéder les scènes à bord de la Tantra et celle tournées sur la planète mère de l'équipage du commandant Erg Noor, le fil de l'histoire prend des formes communes à bons nombre de films de science-fiction de l'époque.

Outre la visite d'une planète relativement hostile, et pas seulement en raison de la présence de créatures dévoreuses de chair humaine mais aussi à cause d'une atmosphère irrespirable, on a droit à la visite d'un vaisseau qui va se révéler être humain. L'ambiance du film est on ne peut plus glaciale. Les dialogues en langue russe et post-synchronisés sont lus d'une voix froide, presque mécanique qui reflète bien la rigidité et la rigueur (la rudesses?) de l'univers soviétique de l'époque. La planète foulée par l'équipage du commandant Erg Noor (Nikolai Kryukov) est sombre, inamicale, noyée par une brume. Des éléments qui se déchaînent aussi bien que dans le futur classique de Ridley Scott, Alien, le Huitième Passager.

Туманность Андромеды devait à l'origine être le premier d'une série de films mais les suivant ne furent jamais tournés. Et c'est bien dommage car le film inspiré du roman de l'écrivain Ivan Efremov est particulièrement réussie. On pourra malgré tout revenir sur certains décors, surtout sur ceux de la planète-mère et les costumes de ceux qui y vivent et qui donnent la désagréable impression de se retrouver non pas devant un film de science-fiction mais plutôt devant un peplum. A part ça, Туманность Андромеды est une belle expérience...


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