Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 28 février 2016

Megan is Missing de Michael Goi (2011)



Megan et Amy sont les meilleures amies du monde. Vivant toutes les deux dans un quartier chic de Los Angeles, tout pourtant les oppose. Megan est une jeune adolescente extravertie, consommatrice d'alcool et de weed. Pour entrer en possession de cette dernière, elle est prête à tout, même jusqu'à tailler une pipe au premier venu. Cette gamine de quatorze ans aux cent mecs a bien du mal à faire accepter à son entourage masculin et féminin sa copine Amy. Introvertie, timide, se considérant plutôt ingrate, elle se confie à ses dizaines de peluches, s'invente un petit ami auprès de l'une d'entre elles et ne sort que très rarement.
En dehors des sorties cinéma que Megan et Amy font en commun, elles communiquent à travers le net le soir venu. Le jour de son anniversaire, Amy reçoit en cadeau une caméra offerte par ses parents. Elle et Megan vont se confier à travers elle. Malgré la popularité qui entoure Megan, la jeune adolescente éprouve le malaise de vivre auprès d'une mère qui lui reproche l'emprisonnement de son beau-père. Amy, elle, a malgré les difficultés qu'elle éprouve à se faire des ami autre que Megan, la chance de vivre auprès de parents aimants.

Un jour, alors qu'elle en assez de fréquenter des losers, Megan fait sur Internet la connaissance de Josh, un beau jeune homme, fan de skate et de surf. Après avoir discuté plusieurs fois ensemble, la jeune fille accepte enfin de rencontrer ce garçon qui semble si différent des autres. Ils se donnent rendez-vous le jour-même derrière un snack, mais dès lors, c'est le silence radio de la part de Megan. Ni ses amis, ni même Amy n'entendent plus parler d'elle. Et pour cause, Megan a disparu...

Megan is Missing semble être l'un de ces innombrables found-footage qui pullulent désormais et pourtant, Michael Goi, dont il s'agit du seul long-métrage jusqu'à aujourd'hui, parvient à réaliser une œuvre terrible, à la limite du soutenable, en tout cas, un projet totalement abouti dans ses intentions. Outre le caractère foncièrement réaliste de ce film apparemment inspiré de faits réels, le cinéaste profite de son sujet pour dresser un portrait navrant de la jeunesse américaine d'aujourd'hui. Alcool, sexe, drogue, tout ça sur musique rock. Des soirées où dérive et perte de sens commun font le bonheur d'une jeunesse dorée qui dénigre la différence représentée ici à travers le personnage d'Amy herman campé par la jeune actrice Amber Perkins. Le rôle de Megan est quant à lui interprété par Rachel Quinn. Ensemble, elles donnent tout son sens à cette œuvre qui nous plonge, nous spectateurs, au cœur d'un drame parfois insoutenable de réalisme. 

Le but de Megan is Missing: faire prendre conscience aux adolescents ainsi qu'à leurs parents des dangers que représente parfois Internet... 

Si dans un premier temps Megan is Missing agace par la forme qu'il emploie, le choix de filmer ses personnages à travers l'écran d'une caméra numérique portative, d'un téléphone ou d'un ordinateur se révèle en fait une option des plus judicieuse. Le spectateur plonge littéralement dans le quotidien de deux jeunes gamines dont l'une semble avoir la tête sur les épaules et l'autre moins. Encore faut-il être capable de prendre position pour l'une ou l'autre dans ses choix de vie pour considérer laquelle apparaît comme superficielle et l'autre pas. 
 
La première partie du film nous éclaire sur le quotidien des deux adolescentes, plongeant l'une d'elles dans une sordide soirée entre jeunes où l'alcool et l'herbe sont les seuls divertissements féminins. Les garçons, eux, en proie à des envies situées en dessous de la ceinture veillent jursqu'à ce que l'une d'entre elles ne soit plus en mesure de lui résister.
La suite apparaît beaucoup plus intéressante et bien moins caricaturale. C'est le moment où l'hameçonnage de Megan par son cyber-prédateur commence. Quelques menus détails nous aiguillent sur le mystère entourant celui que l'on nomme Josh. Puis c'est la disparition. Michael Goi utilise toutes les ficelles du genre en incluant même de faux reportages et une reconstitution consacrés à la disparition de l'adolescente.

Sans entrer dans les détails afin de n'en point trop dire sur la suite, sachez que l'une des grandes forces de Megan is Missing se trouve dans les vingt-deux dernières minutes du film. Si l'on se doute approximativement de ce qui va nous être révélé, ces même vingt-deux minutes en contiennent douze véritablement éprouvantes, faisant de cette œuvre, un film cauchemardesque. Même si le récit est différent, et pour que tout le monde comprenne à quel point la fin est terrible, disons que l'on n'avait pas été aussi bouleversés et n'avions pas ressenti un tel malaise depuis l'épouvantable The Girl Next Door de Gregory Wilson... Âmes sensibles s'abstenir...

samedi 27 février 2016

Le Solitaire de Jacques Deray (1987)



Le commissaire Stan et son ami est collègue de longue date l'inspecteur Simon ont prit la décision de quitter la police. Stan a tapé les lettres de démission, et les deux hommes ont pour projet d'ouvrir un hôtel aux Antilles. Fêtant dans un restaurant leur départ, ils se rendent ensuite dans une boite de nuit où Schneider, un dangereux truand qu'ils n'ont toujours pas réussi à mettre derrière les barreaux, est présent. C'est le dernier coup des deux flics avant de quitter leur boulot. Ils aperçoivent le truand qui quitte la salle principale et se réfugie dans les toilettes de la boite. Simon est à ses trousses, mais au moment d'entrer dans les toilettes, Schneider surgit arme au poing et descend l'inspecteur. Lorsque Stan arrive sur les lieux, il est déjà trop tard. Simon est mort et Schneider a pris la fuite.

De retour chez lui, le commissaire déchire les deux lettres de démission et décide de rester dans la police jusqu'au jour où il mettra Schneider en prison. Deux années passent et toujours rien. Stan s'occupe de Christian, le fils de Simon dont il est le parrain. Lorsque du jour au lendemain une série de braquage remue la ville, Stan y voit la signature de son plus vieil ennemi et donc du retour de celui qui tua deux ans plus tôt son plus fidèle ami. Malgré les dénégations du commissaire Pezzoli, Stan persiste à croire que Schneider est de retour. Le flic et le truand vont alors jouer au jeu du chat et de la souris, Schneider laissant derrière lui les cadavres de ceux qui pourraient contrecarrer ses projets...

A plusieurs titres, Le Solitaire a de quoi retenir l'attention. Tout d'abord, il s'agira entre le cinéaste Jacques Deray et l'acteur Jean-Paul Belmondo de leur quatrième et dernière collaboration. Le film signe également la fin d'une série de films policiers dont l'acteur fut le héros. Après un box-office en deçà de ce qu'avaient l'habitude d'engranger les précédentes productions estampillées Belmondo, l'acteur change radicalement de style et effectue ici ses dernières cascades.

L'acteur Michel Creton que l'on aperçoit dans le rôle de Simon et qui converse avec son acolyte sur l'éventualité d'ouvrir un hôtel aux Antilles reprend une partie du texte des Bronzés de Patrice Leconte dans lequel il jouait lui-même déjà. Le rôle du truand Schneider est interprété par l'excellent Jean-Pierre Malo que l'on avait déjà pu voir dans un rôle beaucoup plus nuancé dans l'excellent polar (peut-être même le meilleur produit en France jusqu'à aujourd'hui) Mort un Dimanche de Pluie avec Nicole Garcia et Jean-Pierre Bacri. Malo campe donc le fameux truand, tueur de convoyeurs de fonds, psychopathe en puissance qui élimine tous ceux qui se mettent en travers de sa route. Face à lui, un flic un peu moins débonnaire qu'à son habitude. Entre les deux, une galerie de portraits sympathiques : François Dunoyer en ancien acolyte de Schneider, cuisiné par le commissaire Stan. Michel Beaune en commissaire de la brigade des mœurs mettant des bâtons dans les roues de son homologue, ou encore Pierre Vernier dans le rôle de Maurin, flic très sympathique mais dont les manières feront les frais d'une remarque assez drôle de la part de la concubine de Schneider.
Le Solitaire n'a peut-être pas remporté autant de succès que les précédents films interprétés par Jean-Paul Belmondo, toujours est-il qu'il demeure très plaisant à regarder. Ne serait-ce que pour les premiers et seconds rôles, pour l'histoire, simple, mais addictive, et pour l'époque qu'elle rappelle. Pas de doute, on est bien dans les années quatre-vingt avec ce qu'elles génèrent comme spécificités : à commencer par la bande originale dont un titre à rallonge interprété par Carlos Sotto Mayor qui à l'époque était la compagne de notre Bebel national... 

 

jeudi 25 février 2016

Somos La Que Hay de Jorge Michel Grau (2010)



 Attention, cet article contient des spoilers !!!

Alors que leur père vient de mourir au beau milieu d'une rue de Mexico, ses trois enfants ainsi que son épouse sont désormais contraints de s'en sortir seuls. Vivant dans un quartier pauvre de la ville, ils ne peuvent même plus compter sur l'argent que leur rapporte la réparation de montres depuis que la propriétaire de l'emplacement qui leur était loué les en a chassé. En dehors de sa profession d'horloger, le patriarche avait pour habitude de fréquenter des prostituées et de ramener à la maison des victimes que sa famille et lui avaient l'habitude de dévorer après avoir pratiqué un rituel.

Désormais, la décision a été prise de confier la pénible tâche de trouver de nouvelles proies à Alfredo, sa sœur Sabina et son frère Julian le secondant. La mère, elle, défie ses enfants de perpétrer la coutume, peu confiante vis à vis de son fils. Et puisque le père avait pour habitude de fréquenter des prostituées, le trio d'adolescents décide de s'en prendre à ces dernières. C'est ainsi, que pour la première fois, Alfredo et Julian partent à la chasse...


Somos La Que Hay (traduit chez nous par Ne Nous Jugez Pas) nous vient du Mexique. Réalisé en 2010 par le cinéaste Jorge Michel Grau, ce film a inspiré Jim Mickle pour son remake We Are What We Are tourné trois ans plus tard. Si les remakes perdent généralement en qualité par rapport aux œuvres dont ils s'inspirent, tel n'est pas le cas ici puisque le film du mexicain demeure bien en deça de l’œuvre signée par l'américain.

Ici, pas de croyances, ni de mythologie liée à un événement du passé qu'aurait choisi de perpétrer une famille dans le désœuvrement. Si We Are What We Are pouvait être davantage considéré comme un drame que comme une œuvre horrifique, Somos lo que hay, lui, ne prend pas de gants et plonge littéralement ses personnages dans un contexte social abominable. Un quartier entouré de favelas, des prostituées à chaque coin de rue. De jeunes enfants vivant sous les ponts, une boite de nuit exclusivement fréquentée par des homosexuels. Tout concourt à plonger le film dans une ambiance sordide. Si le pari est tenu, le film est cependant plutôt décevant. Surtout si l'on a vu auparavant le remake qui lui est bien supérieur. Ici, pas de finesse dans le scénario. On ne cache pas les intentions de cette famille se rabattant sur la chair humaine pour survivre. Pas de suspens, un scénario riquiqui, une interprétation tout juste convenable et des scènes d'horreur qui ne bouleverseront que ceux qui n'ont jamais rien vu de la sorte.

Contrairement au remake, ici, les héros sont deux jeunes hommes et leur sœur aînée. En transformant radicalement le sujet et en faisant de ses deux jeunes actrices les héroïnes de son récit, le cinéaste Jim Mickle a, lui, tapé dans le mille. Avec un tel scénario entre les mains, le mexicain Jorge Michel Grau tenait un sujet en or. Mal exploité, il donne donc ce Somos La Que Hay, exampt de toute psychologie et qui ne sort malheureusement pas des sentiers battus qu'il a balisé dès les premières minutes. Dommage...


mercredi 24 février 2016

We Are What We Are de Jim Mickle (2013)



Lorsque leur mère meure noyée dans une mare alors même qu'elle sortait faire des courses sous un déluge, les liens qu'ont tissé ses deux filles Iris et Rose Parker autour de leur père Bill et de leur jeune frère Rory se resserre encore davantage. Connue pour être d'une foi envers dieu à toute épreuve, la famille Parker vit en autarcie et refuse toute assistance extérieure, même lorsque l'un de ses membres tombe malade. Alors qu'elle a été autopsiée, le médecin du village découvre que la mère décédée était atteinte de la maladie de Parkinson.

La vie des Parker devient de plus en plus difficile. Les pluies torrentielles n'arrangent rien et la seule famille ayant loué un emplacement dans le camping qu'ils dirigent ont choisi de quitter le coin. Lorsque une jeune femme disparaît dans les parages, le docteur Barrow et l'adjoint de shérif Anders mènent une enquête dans les parages et découvrent alors le terrible secret que cache la famille Parker...

Remake du film mexicain Ne Nous Jugez Pas, We Are What We Are du cinéaste originaire de Pottstown en Pennsylvanie Jim Mickle, est une gifle monumentale. Attendu comme un simple film d'horreur, son œuvre est en réalité un drame familiale puissant, aussi poétique que morbide. Aussi justement interprété que mis en valeur par une mise en scène simple et remarquable. Nominé dans plusieurs festivals dont ceux de Cannes, Deauville, Sundance ou encore Gérarmer, We Are What We Are est une totale réussite magnifiquement interprété par ses jeunes actrices Julia Garner et Ambyr Childers, aux côtés d'un Bill Sage tout à fait impressionnant dans le rôle du patriarche suivant au pied de la lettre les dogmes d'un ouvrage datant du dix-huitième siècle relatant des faits effroyables et qu'il tient désormais pour Bible.

Lorsqu'on lit sur la toile que l’œuvre manque de mordant, il est tout de même navrant de constater que certains n'ont pas encore compris que We Are What We Are n'est pas essentiellement un film d'horreur mais plutôt un drame familial dans un contexte social dépourvu de fantaisie. Car en effet, si le film de Jim Mickle est lent et souvent glacial, ça n'est que pour mieux rendre l'atmosphère oppressante et le contexte particulier dans lequel vivent les Parker. Parfaitement à l'aise dans leur rôle, les deux jeunes héroïne font preuve d'un tel talent que malgré l'effroyable vérité qui nous est révélée au fil d'une investigation menée par deux enquêteurs peu rompus à l'exercice, l'émotion gagne peu à peu, la palme revenant à ces dernières plus encore qu'au reste d'un casting pourtant irréprochable.

On pourra cependant revenir sur la fin un peu outrancière et ridicule, bien qu'elle soit légitimée par tout ce qui l'a précédée. Malgré un rythme particulier, le film ne pousse jamais le spectateur vers le sommeil. Seuls les amateurs de films bouffons, racoleurs, de ces blockbusters misant tout sur l'action et les effets-spéciaux risquent de s'emmerder ferme. Et bien tant pis pour eux. Pour les autres, la découverte de We Are What We Are leur offrira un vrai frisson cinématographique. Le film de Jim Mickle date peut-être de 2013, mais c'est la vraie bonne surprise de ce mois de février déclinant...


Malice in Wonderland de Simon Fellows (2010)



Fuyant le confort d'une voiture de luxe et poursuivie par deux hommes en costard-cravate, une jeune femme percute l'avant d'un taxi noir conduit par un homme nommé Whithey. Américaine en voyage à Londres, elle a perdu la mémoire et ne se souviens donc pas de son nom ni de ce à quoi elle tentait d'échapper. Whithey, qui doit récupérer un cadeau pour le parrain de la pègre londonnienne qui vient de sortir de prison, n'a pas vraiment le temps de s'occuper de la belle amnésique mais l'embarque malgré tout à bord de son véhicule. Après l'avoir abandonné près d'un arrêt de bus, le chauffeur de taxi part vaquer à ses occupations tandis que la jeune femme attend un bus qui ne viendra jamais.
C'est le début d'une aventure nocturne pour une jolie poupée perdue au beau milieu d'un monde peuplé de geeks étranges et pas toujours bien intentionnés...

Réalisé par Simon Fellows, Malice in Wonderland est une œuvre plus ou moins inspirée par le célèbre roman de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles. A sa sortie en 2010, le film est massacré par la critique et n'obtient pas plus de 10% de note positive sur le célèbre site Rotten Tomatoes, faisant ainsi du film de Simon Fellows une œuvre estampillée "Pourrie". Pourtant, loin d'avoir envie de faire la promo d'un film qui joue dans la même cour que l'excellent After Hours de Martin Scorsese, j'avoue avoir beaucoup aimé Malice in Wonderland.

Certainement pas à cause de l'insipide interprétation de l'actrice Maggie Grace découverte quelques années auparavant dans le très efficace premier volet de la trilogie Taken, mais plutôt pour le visuel et l'aspect délirant de quelques-uns de ses personnages qui, eux, rappellent parfois, et dans une moindre mesure tout de même, certaines œuvre de Terry Gilliam. Si ce n'était par un début brouillon, noyé sous un déluge de dialogues aussi clairs qu'une ruelle plongée dans une nuit sans Lune, le film aurait pu devenir culte. Pas assez trash, ou irrévérencieux, plutôt timide en terme d'interprétation (toujours Maggie Grace), le film se débarrasse finalement peu à peu de cette chape de plomb étouffante qui gangrène le scénario et se permet même d'offrir un minuscule moment d'émotion vers la fin lorsqu'enfin, on apprend le pourquoi, du comment.

Malice in Wonderland se veut délirant, et il l'est. Et même si les quelques flashs qui émaillent la conscience de l'héroïne, tentant ainsi d'apporter quelques éclaircissement concernant sa fuite en avant, on finit par s'en ficher royalement, préférant nous concentrer sur la cavale des faux amoureux aux prises avec un parrain pas très sérieux et de ses sbires aux gueules incroyables. Le film de Simon Fellows n'est peut-être pas un chef-d’œuvre et n'obtiendra sans doute jamais le statut de film culte, mais il ne méritait sans doute pas les griefs que certains ont fait peser sur lui. A voir, ne serait-ce que pour confirmer s'il le fallait, que le film de Martin Scorsese demeure LA référence du genre...


mardi 23 février 2016

Sensoria de Christian Hallman (2015)



Alors qu'elle vient d'être plaquée par son compagnon, Caroline s'installe dans un nouvel appartement. Les habitants de l'immeuble sont rares. Une vieille femme, un peu trop curieuse. Un aveugle et son chien Udo. Et puis, le voisin du dessus, un brin pervers. La vie de Caroline est morose et à part les cartons qu'elle doit penser à déballer, elle n'a pas grand chose à faire de ses journées.
Des événements curieux se produisent dans l'appartement. Portes et tiroirs s'ouvrent tout seuls. Des objets tombent au sol et se brisent. Il y a même une silhouette qui semble suivre la jeune femme. Bientôt Caroline réalise qu'elle n'est pas tout à fait seule chez elle...

Premier long-métrage du cinéaste suédois Christian Hallman, Sensoria se résume assez vite et finalement à travers le court trailer qui tourne sur la toile. Plein de promesse, celui-ci laissait présager un nouveau film de demeure hantée plutôt attirant et pourtant, rare sont les œuvres qui auront aussi peu fait ressentir la moindre émotion.

Si à sa décharge le film de Christian Hallman possède un sens du cadrage particulièrement original avec des angles de vue étonnants, Sensoria déroule un scénario prodigieusement vide. En fait, on a l'impression qu'il ne s'y passe pas grand-chose. Dérive d'une jeune femme abandonnée à laquelle seule sa sœur vient rendre visite de temps en temps, Caroline semble n'avoir à s'occuper que de ses cartons. Travaille-t-elle ? On ne le sait pas. Quel est ce mystérieux rendez-vous avec son psychiatre auquel elle ne s'est pas rendue ? Pourquoi prend-t-elle des médicaments ? Quels sont ces curieux personnages qu'elle croise parfois au détour d'un escalier ou d'un couloir ?

Christian Hallman crée des personnages ambigus sans véritablement les fondre dans le récit. Entre un personnage glauque qui hume les effluves dégagées par une poignée de main et une vieille femme un peu trop curieuse, il y avait matière à développer une intrigue et rendre au film ce que le peu d'imagination du cinéaste lui a volé : l'angoisse.

Car en effet, si la bande-annonce révèle ses intentions, le résultat, lui, montre les immenses failles du scénario. Le titre lui-même paraît en fait se référer à l'atmosphère pourtant plutôt réussie. Bruits lointains, échos de voix, clapotis, couleurs ternes et caméra se déplaçant lentement, tout était là mais le réalisateur demeure fébrile et ne va pas jusqu'au bout de son sujet, et c'est bien dommage. Un film plus ennuyeux qu'effectivement effrayant...


lundi 22 février 2016

Le Commando des Mort-Vivants de Ken Wiederhorn (1977)



L'équipage tout entier d'un petit bateau de croisière commandé par Ben, un vieil homme acariâtre peu commode, s'échoue près d'un récif après avoir percuté un immense paquebot en très mauvais état. Le corps du capitaine est retrouvé plus tard, mort dans d'étranges circonstances. Les survivants trouvent une île non loin et la parcourent dans l'espoir d'y trouver de l'aide. C'est au centre de celle-ci qu'ils découvrent un luxueux hôtel apparemment laissé à l'abandon.

Mais alors qu'il y pénètrent sans y avoir été autorisés, une voix au fort accent allemand leur ordonne de quitter l’île, promettant aux naufragés de terribles dangers s'ils ne l'écoutent pas. Et en effet, lié à un événement curieux qui s'est produit plus tôt, une lumière jaune puis l'obscurité totale qui ont provoqué l'accident du bateau, d'anciens nazis endormis sous les eaux atlantiques se lèvent et parcourent l'île à la recherche de proies.

Un à un, les naufragés tombent sous les griffes de ces soldats allemands encore vêtus de leur uniforme de SS et chaussés de lunettes aux verres opaques qui les protègent du Soleil.

Keith, Norman, Chuck, Rose et Beverly tentent de fuir l'île à bord d'un petit bateau dont le SS Commander leur a donné la position. Mais rien ne va comme prévu. A l'aise dans l'eau, les supers-soldats éliminent les naufragés un à un. Le cuistot rend l'âme en premier. Puis c'est au tour, de Norman, puis de Chuck. Alors que Rose est victime de l'un des morts-vivants, elle parvient à s'échapper en lui retirant par accident sa paire de lunettes. Le monstre meurt alors quelques seconde plus tard...

Le Commando des Mort-Vivants est un petit film sorti en 1977 et réalisé par Ken Wiederhorn, cinéaste auquel on devra bien des années plus tard la séquelle Le Retour de Mort-Vivants 2 (qui n'a rien à voir avec le film ici en question) et un épisode de Freddy, le Cauchemar de Vos Nuits, série inspirée par le célèbre croquemitaine des Griffe de la Nuit.

Peter Cushing dans le rôle du commander SS. Brook Adams dans celui de Rose. Et même une petite apparition de John Carradine (père de David, le petit scarabée de la série Kung-Fu), vieille gloire du septième art, dans celui de du capitaine du bateau. Plutôt bon signe lorsqu'on sait que le premier fait partie des plu illustres interprètes de la maison Hammer Films, et que la seconde a joué dans des œuvres fantastiques aussi marquantes que L'invasion des Profanateurs de Philip Kaufman et Dead Zone de David Cronenberg.

Pourtant, Shock Waves atteint très vite ses limites. Même s'il est plaisant de découvrir cette île (presque) déserte, cet hôtel délabré et inquiétant, cette imagerie nazie surréaliste dans ce contexte fantastique ou bien encore ces très originaux morts-vivants qui ne sortent pas de terre mais, de sous les eaux, l'intrigue tourne un peu en rond. Des naufragés qui sans cesse sont repoussé vers l'île, comme si une malédiction les empêchait de fuir.

On pourra également reproché l'absence de sang, détail à peine croyable si l'on tient compte du fait que l'agressivité des morts-vivants est généralement en rapport avec leur besoin fondamental de se nourrir. Le propos demeure tout de même assez original et renvoie à certaines informations concernant les expériences que menaient les allemands durant la seconde guerre mondiale. Et puis, il y a Brook Adams et Peter Cushing ; Ne boudons pas trop notre plaisir de les voir dans cette petite production horrifique, d'autant plus qu'il y a très, très nettement moins bon dans le genre...

vendredi 19 février 2016

Le Bruit des Glaçons de Bertrand Blier (2010)



Écrivain, alcoolique, divorcé et père d'un enfant, Charles Faulque noie sa solitude et son chagrin dans l'alcool. Son quotidien, il le vit dans une immense bastide, entouré de Louisa, sa gouvernante, et d'une jeune prostituée rencontrée à Paris, Evguenia. Matin, midi et soir, Charles boit. Principalement du blanc, mais parfois, aussi, du rouge. Il traîne sa carcasse en robe de chambre entre terrasse et piscine.
Un jour, il reçoit la visite d'un étrange personnage qui se présente comme étant son cancer. Imposant sa présence à l'écrivain, ce dernier lui colle aux basques, jusque dans son intimité. Les deux hommes vont converser, et c'est aux côtés de son cancer qui lui annonce sa mort prochaine que Charles Faulque prend conscience de l'importance de vivre.

Bientôt apparaît Carole, l'ex-épouse de Charles, et leur fils Stanislas. Mais aussi la silhouette beaucoup plus inquiétante du cancer de Louisa qui annonce à cette dernière qu'au mieux, elle perdra un sein, et qu'au pire, elle mourra...

Dernier film à ce jour du cinéaste Bertrand Blier, fils du célèbre acteur Bernard Blier, avant le prochain prévu pour cette année, Le Bruit des Glaçons est celui que l'on n'espérait peut-être plus. Après deux ou trois films mineurs dans la carrière d'un cinéaste qui nous a tout de même offert des œuvres monumentales (Buffet Froid pour ne citer que l'une d'entre elles), revenait donc en 2010 avec un film aux dialogues ciselés et écrits sur mesure pour les acteurs Jean Dujardin et Albert Dupontel. Un homme et son cancer. Un duo pour un dialogue d'un peu moins d'une heure trente. Mais pas seulement. Autour d'eux, Anne Alvaro, Audrey Dana pour la touche féminine, qu'autour de l'une l'une d'entre elles gravite l'inquiétante Myriam Boyer en cancer.

Ce qui prévaut avant tout, c'est l'excellence de l'interprétation. Sans elle, l’œuvre n'est rien. Un scénario et un dialogue écrits de mains de maître par le cinéaste lui-même, coutumier du fait depuis des lustres. Le Bruit des Glaçons aurait pu se contenter de n'être qu'un exercice de style barbant mais se révèle bien plus que cela.
Derrière le cynisme bien connu de Bertrand Blier se cache un hommage émouvant au Patriarche Bernard, le grand, l'immense acteur mort lui-même d'un cancer de la prostate que ses proches préférèrent lui cacher. Et pour ceux qui en douteraient encore, il suffit simplement de se remémorer la dernière scène précédent le générique de fin.
Le Bruit des Glaçons est aussi une manière d'aborder un sujet délicat sans passer par les sempiternels gimmicks larmoyants. Blier fait de son œuvre un spectacle drôle et sombre à la fois. Une vision peu commune d'une maladie considérée comme une compagne qui suit sa proie jusque dans sa tombe. Le Bruit des Glaçons est parfois désespéré, mais jamais désespérant. Toutefois, il faudra adhérer au style si particulier de l'auteur de Préparez vos Mouchoirs, Tenue de Soirée ou Merci la Vie qui propose ici une œuvre tout à la fois complexe et épurée. Une pièce de théâtre à ciel ouvert dans un décor unique et splendide, admirablement interprétée par les solides Jean Dujardin et Albert Dupontel, et par la touchante Anne Alvaro.

Loin du réalisme un peu trop systématique du cinéma d'aujourd'hui dans lequel le social se veut de plus en plus présent, Bertrand Blier pond un ovni surréaliste mêlant drame et fantastique. Poésie, désenchantement et sursaut d’orgueil. Un hymne à la Vie, à l'Amour, et un majeur pointé en direction de la Mort...



mercredi 17 février 2016

Pensione Paura de Francesco Barilli (1977)


Son époux parti à la guerre, Marta s'occupe de l'hôtel familial avec toutes les difficultés du monde. Aidée de sa fille Rosa, elle cache dans l'une des nombreuses pièces de l'établissement, son amant, un déserteur terrifié à l'idée d'être découvert et fusillé. En ces temps de guerre, les tentations sont faciles. Les hommes partis sur le fronts, tous ceux qui ont pu y échapper profitent de l'impunité qui leur est offerte pour faire ce qu'ils veulent, laissant ainsi s'exprimer tous leurs fantasmes.

Ceux-ci convoitent la jeune et jolie Rosa. Heureusement pour elle, sa mère Martha veille sur elle et s'assure qu'aucun homme ne la touche. Pourtant, un soir, un hurlement terrible se fait entendre alors que tout le monde dort. Rosa se précipite à l'extérieur de sa chambre et découvre que sa mère est morte, étendue au sol et visiblement victime d'un accident qui lui a brisé la nuque.

Désormais, la jeune fille ne va pouvoir compter que sur elle-même, face à des clients exigeants et au comportement violent...

Réalisé par Francesco Barilli, Pensione Paura se démarque très largement du reste des giallo grâce à une intrigue nettement différente. Se concentrant sur un lieu unique, l'hôtel, et évitant toute enquête policière, le film marque durablement les esprits par son aspect profondément morbide et poisseux. L’œuvre collectionne les visions et les personnages scabreux avec méthode, rappelant dans une moindre mesure quelques classiques du cinéma italien des années soixante-dix.

Sœurs prostituées, domestique sous l'emprise permanente de l'alcool, vieille bourgeoise nymphomane éprise d'un jeune étalon lui-même intéressé par les bijoux de celle-ci et par la beauté de Rosa qu'il ne cesse de convoiter. Exhibition dans les couloirs de l'hôtel, viol de Rosa, tout ça sur fond de fin de seconde guerre mondiale. Pensione Paura montre les plus vils et bas aspects de l'homme dès lors que plus aucune autorité n'a d'emprise sur lui.

La partition musicale dénote face à l'horreur. Une jolie comptine jouée au piano sur fond de sadisme. L'aspect Giallo est ici des plus restreint puisque les meurtres y sont rares en dehors du massacre final. On se fiche un peu de l'identité de celui qui venge la pauvre Rosa, violée par l'infâme locataire interprété par Luc Meranda. Tout ce qui nous intéresse est l'atmosphère qui s'installe très vite et nous indispose aussi rapidement qu'elle surprend. En effet, lorsque Pensione Paura démarre, on est loin d'imaginer la route que vont emprunter ses personnages. Quelques plans particulièrement sinistres viennent émailler le propos déjà outrancier de cette œuvre hors normes. L'image est relativement crade et vient nourri cet impression permanente de voguer dans un univers claustrophobe duquel aucun échappatoire ne semble possible.

Si l'on adhère à la particularité du film, alors Pensione Paura se révèle savoureux. Pour les autres, le film risque de devenir éprouvant à regarder. A l'image du Blue Holocaust de Joe D'Amato, œuvre encore plus glauque et malsaine que celui qui nous intéresse ici...

vendredi 12 février 2016

Sei Donne Per l'Assassino de Mario Bava (1963)



Isabelle, mannequin, est assassinée aux abords d'une forêt alors qu'elle rentre chez elle. La jeune femme travaillait pour la Comtesse Como, directrice de l'atelier de haute couture Christian et propriétaire du château qui abrite les locaux. Plus jolie et plus adulé des mannequins, elle n'avait pourtant pas la sympathie de toutes ses collègues. A part Nicole, elle n'avait pas vraiment d'amis et pourtant, lorsque tous apprennent sa mort, c'est la stupeur dans l'atelier. Alors que l'heure d'un important défilé approche, Nicole est la seule à bien vouloir porter la robe que devait présenter Isabelle. Marco, un assistant, remarque qu'il y manque une broche. Nicole sachant où elle se trouve, elle ouvre une petite boite ayant appartenu à Isabelle et fait une découverte étonnante. L'intérieur renferme un petit carnet rouge dans lequel la morte notait toutes sortes de choses, à commencer par les cancans du milieu et les dettes que contractaient certains envers elle.

Nicole promet de donner le carnet à la police, alors la Comtesse Como accepte de lui confier l'important objet. Mais alors que le mannequin est en train de défiler, quelqu'un en profite pour fouiller son sac et lui dérober le carnet. Un peu trop curieuse, Peggy, autre mannequin du groupe rentre chez elle après la représentation mais se fait agresser par le même mystèrieux personnage que celui qui a tué la veille la pauvre Isabelle. Le visage caché derrière un bas épais, l'individu semble très intéressé par le contenu du petit livre rouge d'Isabelle...

Mario Bava est l'homme qui fit emerger dans les années soixante un nouveau genre cinématographique. Le Giallo (littéralement, jaune en italien). Un courant qui naquit avec La Fille qui en Savait Trop et que le cinéaste développa dans un certain nombre d’œuvres. Un genre que sublima par la suite Dario Argento, le point culminant de sa carrière étant très certainement atteint avec Les Frissons de l'Angoisse. Réalisé en 1963, Six Femmes Pour l'Assassin traîne derrière lui une excellente réputation. Au risque de prendre une volée d'injures, il serait bon d'affirmer tout de même, et ce malgré ce qu'à pu apporter l’œuvre dans un genre qui connut son heure de gloire dans les années soixante-soixante-dix, que le film a relativement mal vieilli. Non pas que l'image soit mise en cause, mais l'intrigue, elle, avouons-le fait pâle figure à coté de ce que pondront quelques autres cinéastes habitués à tourner des giallos à la pelle (au hasard Sergio Martino).

On appréciera l'enquête menée par l'inspecteur Silvestri (Thmas Reiner), soupçonneux juste ce qu'il faut. Les quelques personnages ambigus (le marquis Richard Morelli (Franco Ressel), le toxicomane, ainsi que l'adipeux Cesar Lazzarini (Luciano Pigozzi)). De plus certains personnages ne manquent pas d'un certain charme, comme la Comtesse Come, interprétée par la très belle Eva Bartok.

On retrouve dans Six Femmes Pour l'Assassin ce surenchérissement de couleurs à travers les éclairages et qui trouvera son apothéose dans La Baie Sanglante. Des images, il faut l'avouer, parfois sublimes, quelques plans d'un sadisme sans doute inouïs pour l'époque et de vraies « gueules » du cinéma, à commencer par Cameron Mitchell qui dans ce film paraît si jeune alors qu'il avait déjà presque vingt ans de carrière derrière lui. Le film se pose comme un mélange de giallo et de passages lui donnant tous les aspects du huis-clos façon, Agatha Christie. Au risque de contrecarrer les propos de ceux qui déifient le cinéma de Mario Bava, n'ayons pas peur de dire que Six Femmes Pour l'Assassin a beaucoup vieilli et que beaucoup d'autres cinéastes ont réussi depuis à faire bien mieux. A voir par curiosité et pour se faire une idée précise de ce à quoi ressemblait l'un des tous premiers films du genre...
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