Themroc, peintre en
bâtiment, est le témoin un jour d'un flirt entre son patron et sa
secrétaire. Découvert par son supérieur, il se prend une fenêtre
au visage et se retrouve maculé de sang. Viré du chantier manu
militari par des gardiens de sécurité, l'ouvrier se réfugie dans
l'appartement qu'il partage avec sa mère et sa sœur et s'y cloître.
Là, il commence à tout détruire, à commencer par le mur donnant
directement sur la cour intérieure de l'immeuble. Tout en se donnant
en spectacle devant les regards curieux de ses voisins, il attire
également la police qui malgré les moyens qu'elle emploie n'arrive
toujours pas à se saisir de Themroc.
Sa voisine d'en face,
séduite par la tournure que prennent les événements décide d'en
faire autant. Armée d'une masse, elle détruit à son tour le mur de
la façade et se débarrasse tout comme Themroc de tout ce qu'elle
possède en le jetant par le trou béant. Bientôt, c'est tout le
voisinage qui semble mué d'une même volonté de toute détruire et
d'abandonner tous ses biens...
L'ancien livreur Claude
Faraldo, après avoir abandonné son métier, décide d'être
réalisateur de films. Il fera d'ailleurs à plusieurs reprises, de
ses héros, des livreurs. Cette fois-ci, il s'agit d'un peintre en
bâtiment, témoin d'un début d'adultère qui va se révolter contre
la société. A commencer par le refus de s'exprimer normalement. Il
va en effet se mettre à rugir, crier, gémir, tandis que ses
concitoyens, eux, s'exprimeront dans un langage totalement improvisé
qui ressemble en réalité davantage à toute une série
d'onomatopées et de phrases incompréhensibles.
Themroc,
qui dans sa grande liberté d'expression et sa manière d'aborder la
société d'alors, est une œuvre profondément anarchique et
révolutionnaire. Claude Faraldo adapte sa propre pièce de théâtre
«Doux Mais Troglodytes» et engage entre autre pour
l'occasion les membres du café de la gare, Romain Bouteille,
Coluche, Patrick Dewaere, Miou-Miou et Henri Guybet. A leurs côtés,
c'est Michel Piccoli qui endosse le rôle de Themroc.
Bien que le film soit
ancré dans une réalité sociale, il a emporté le prix spécial du
jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1973.
Michel Piccoli remporta quant à lui le prix d'interprétation
masculine à ce même festival.
On y retrouve la
symbolique des événements de Mai 68, les murs formés de briques et
tout ce que contient l'appartement de Themroc et les siens
constituant, une fois jetés par le large trou pratiqué à l'aide
d'une masse, les fameuses barricades les séparant des autorités
chargées de les maîtriser. Le cinéaste nous révèle un monde ou
tout semble automatisé. Des transports en commun (dont un métro
voyant passer d'immenses vagues d'hommes et de femmes tendant vers un
seul et même but), jusqu'au pointage en règle à l'usine. Themroc,
le personnage, va jusqu'à même refuser toute forme de matérialisme
en se débarrassant du moindre meuble, jusqu'au plus petit objet
qu'il possède. Allant même jusqu'à se dénuder et pousser son
prochain à faire de même (Patricke Dewaere tentant (sur ordre) de
reboucher le trou dans le mur.
Plus fou encore dans sa
vision de l'anarchie, Claude Faraldo n'impose plus aucune sorte de
règle de bienséance. Et parce que reclus chez lui, Themroc ne peux
plus compter que sur lui, les limites imposées par la lois
explosent. Inceste et cannibalisme deviennent les normes, l'image de
ce flic cuit, puis embroché avant d'être dévoré signifiant sans doute l'abolition de toute forme d'autorité... Dire que Themroc
est une œuvre à part serait un euphémisme. Il s'agit d'une œuvre
totalement libérée de toutes formes de contingences
intellectuelles. Une œuvre folle, outrancière, sauvage et
mythique...
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