Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


jeudi 23 février 2017

Un film-Une scène : L'exorcisme de Regan MacNeil



On l'a sans doute oublié, peut-être ne le savions-nous pas, ou plus simplement, certains ne s'en préoccupaient probablement pas à l'époque, mais L'Exorciste a failli arborer un visage bien différent de celui qu'on lui connaît depuis maintenant presque un demi-siècle (à quelques années près...). Cette œuvre de William Friedkin à valeur de documentaire (le film s'inspire en effet d'un fait divers authentique) aurait sans doute davantage ressemblé à une fiction (ce qu'elle demeure effectivement) si les rôles des Pères Merrin et Karras avaient été confiés à des interprètes beaucoup plus connus du grand public (au hasard, Gene Hackman, Al Pacino, Roy Scheider ou encore Stacy Keach qui au départ étaient tous pressentis). Même ceux de Regan et de sa mère posèrent problème avant que le cinéaste n'impose les actrices Ellen Burstyn et Linda Blair avec véhémence.
Max von Sydow dans celui du père Merrin, Jason Miller dans le costume du Père karras. Le premier ne croit pas en Dieu, le second, lui, a perdu la foi. Autre point commun entre les deux interprètes : ils demeurent à l'époque de parfaits inconnus aux États-Unis. Le premier est célèbre dans son pays, la Suède, pour avoir été le principal interprète d'un grand nombre de longs-métrages signés par l'illustre Ingmar Bergman (Le Septième Sceau, La Source, Les Fraises sauvages). Jason Miller, lui, n'a jusqu'à maintenant fait parler de lui que pour sa carrière de comédien au théâtre et n'a joué pour l'instant que dans un seul long-métrage, The Nickel Ride de Robert Mulligan, auteur du chef-d’œuvre The Other.

On oublie également que L'Exorciste n'est pas qu'un simple film d'horreur, mais surtout un drame familial poignant. Car au delà de l'abomination qu'est le démon Pazuzu qui prend en otage la jeune Regan, ce sont les liens entre une mère et sa fille qui se délient. D'une certaine manière, William Friedkin impose le passage à l'âge adulte à une gamine douce et pure de la façon la plus radicale.
Lorsqu'interviennent enfin Merrin et Karras, il est devenu difficile d'identifier Regan en tant que jeune adolescente. Le masque mortuaire qu'elle porte à la place de son doux visage l'identifiant alors à ce moment là, davantage au démon qui l'habite qu'à l'enveloppe charnelle d'une gamine qui aurait dû encore avoir à tout apprendre (les rapports à la découverte de sa sexualité étant ici révélés à travers un acte masturbatoire particulièrement violent).
Durant de longues minutes, dans une chambre glaciale et une atmosphère délétère, deux hommes vont combattre le Malin sous sa forme la plus terrifiante (dans un premier temps, les signes évocateurs de sa présences ne touchent pas encore l'intégrité physique de Regan). De très longues minutes qui imposent un combat entre le bien et le mal. La chambre de Regan n'a plus grand chose à voir avec l'environnement normal d'une gamine de douze ans mais ressemble davantage à l'enfer dans lequel l'adolescente et son entourage sont plongés maintenant depuis plusieurs semaines.

Ce long exorcisme que nous promet le titre du film est éprouvant, digne d'une œuvre horrifique, mais montre également avec quel acharnement et quel amour pour son prochain, deux hommes vont aller jusqu'à sacrifier leur propre existence pour sauver l'âme d'une jeune enfant. La mort du père Merrin demeure de ces deux sacrifices, la moins poignante. Peut-être parce qu'elle est attendue. N'oublions pas que dès l'intro en Irak, on soupçonnait le père Merrin d'être malade du cœur. Si la peine de le voir mourir ne nous étreint pas, juste avant que sa mort n'intervienne, on ressent tout de même l'angoisse d'une mort prête à se saisir de l'âme d'un homme au départ, éminemment fragile. Le véritable bouleversement se situe dans le décès de Karras. Cet homme de Dieu qui déjà a perdu sa mère. Accusé dans des rêves morbides de l'avoir abandonnée dans un asile, le voici désormais contraint au sacrifice. En s'offrant à Pazuzu, n'est-il pas à ce moment très précis, celui qui prend possession de l'autre ? En libérant Regan de l'emprise du démon, et en se jetant par la fenêtre, le Père Karras met un terme aux tourments de la jeune fille. Et pourtant, cette fin laisse derrière elle un certain ressentiment. L'Exorciste ne se clôt ni sur une happy end, ni sur une fin totalement pessimiste. La mort de Karras ne signifie donc pas une fin heureuse. Pas un sourire pour cette jeune fille qui vient d'être sauvée, mais plutôt un regard vers cet escalier jouxtant la chambre maudite, et au bas des marches duquel un homme a perdu la vie...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...