Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 30 avril 2017

Tunnel de Kim Seong-hoon (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Découvert en avant-première au 23ème Festival International des Cinémas d'Asie

Trente-cinq jours... Trente-cinq jours sans voir le ciel, sans presque rien manger, en buvant son urine et les quelques gouttes d'eau qui perlent le long d'une barre de métal rouillé. A partager ses angoisses avec Tengie, le carlin de Mi-na, autre victime de l'effondrement d'un tunnel dans lequel circulait donc le jour de la catastrophe Jeong-soo. De retour chez les siens, il n'imagine pas ce qu'il va vivre durant tout ce temps. Sans voir Se-Hyeon son épouse, et leur petite fille. La traversée du tunnel se déroule mal. Alors que les lumières s'éteignent durant un court instant et qu'un inquiétant vrombissement résonne déjà à quelques centaines de mètres derrière lui, Jeong-soo a beau mettre le pied sur l'accélérateur, il ne verra pas le bout du tunnel. La sortie est désormais bloquée par des millions de tonnes de roche. Désormais entouré d'énormes blocs de granit, Jeong-soo attend que l'on vienne le sortir de là. Dae-kyeong, chef de l'équipe de sauvetage chargée de secourir la victime a promis à Jeong-soo de le sauver.
Ce dernier va devoir économiser le peu d'eau qu'il lui reste. Deux bouteilles de 500ml chacune, et le gâteau qu'il a promis d'offrir à son enfant. En fouillant dans le coffre de sa voiture, il y découvre deux lampes de poche et quelques outils qui lui seront certainement d'une grande aide. Alors que les batteries de la voiture et de son téléphone demeurent parmi les choses primordiales à préserver, le temps passe. Un jour, deux... puis une semaine. Bientôt il découvre la présence d'un chien prénommé Tengie dont la maîtresse est coincée dans sa voiture à quelques dizaines de mètre de celle de Jeong-soo. Ne tient plus alors qu'à ce dernier de partager le peu qu'il a au risque de ne pas réussir à tenir jusqu'à l'arrivée des secours. Ne tient plus également qu'à ces derniers de faire au mieux. Et c'est ce que lui promet Dae-kyeong avec lequel il communique par téléphone. Une semaine, tout au plus. Dehors, les médias, le premier ministres et le public attendent un dénouement heureux...

Sans trop d'artifices mais avec ce qu'il faut d'effets-spéciaux pour rendre crédible la catastrophe dont va être victime le personnage incarné par l'acteur et réalisateur sud-coréen Ha Jeong-woo, Tunnel est le compromis parfait entre le meilleur du genre et le boursouflé Daylight de Rob Cohen avec Sylvester Stallone sorti il y a vingt ans maintenant. Il s'agit du troisième long-métrage de Kim Seong-hoon après How the Lack of Love Affects Two Men en 2006 et surtout l'excellent Hard Day en 2014. Crédible aussi est l'intervention des médias dans le déroulement du récit, avec cette gêne occasionnée par le comportement froid, et à ce point professionnel des journalistes, qu'il parasite le travail des secouristes. L'intervention de la ministre elle aussi démontre la manière dont les protocoles sont mis en place lorsqu'il s'agit de se montrer concerné quand le drame devient alors national. Ne conseille-t-elle pas d'ailleurs aux secouristes d'agir comme s'il s'agissait d'un membre de leur propre famille ?
L’œuvre de Kim Seong-hoon s’appesantit logiquement sur des implications qui vont bien au delà des seules évoquées juste au dessus. On y questionne la valeur de sacrifice lorsque celui-ci met la vie de tierces personnes en danger. Jeong-soo vaut-il la peine que l'on risque sa propre existence pour n'en sauver qu'une ? Moralement, y'a-t-il d'autres alternatives lorsque tout a été tenté, que d'abandonner celui dont on ne sait même plus s'il est en vie ou bien mort ?
Tunnel brasse divers genres, passant par pallier d'une certaine émotion jusqu'à l'angoisse la plus profonde. Surtout si l'on est claustrophobe. Ce qui ne l'empêche pas d'être relativement amusant et ce, même dans des situations qui ne prêtent pas forcément à sourire. Les rapports entre le héros (mais ne le sont-ils pas tous majoritairement?) et Tengie, le petit chien au regard craquant  sont attendrissant et parfois plein d'humour. Le film de Kim Seong-hoon est une excellente surprise que je vous conseille d'aller voir en salle dès sa sortie le 3 Mai prochain...


samedi 29 avril 2017

La légende de Zatoïchi (VII) : La Lame "Zatōichi abare tako" de Kazuo Ikehiro (1964) - ★★★★★★☆☆☆☆



« Finalement, le monde n'est pas peuplé que de démons... ». C'est ainsi que Zatoichi, le masseur aveugle, découvre qu'un bienfaiteur se dirigeant vers Kajikazawa lui a sauvé la vie en le tirant d'un faux pas (un homme a tenté de le tuer en lui tirant dans le dos à l'aide d'un mousquet) et en lui offrant un médecin, une chambre et le couvert.

Le cinéaste japonais Kazuo Ikehiro semble avoir fait fi depuis longtemps de l'honneur des samouraïs puisque depuis l'épisode précédent qu'il réalisa lui-même la même année, les opposants à la présence de Zatoichi font preuve d'une lâcheté sans égal, sublimant dans ce septième épisode la médiocrité des bandits qui s'attaquent au héros en jouant de sa cécité. En ressort alors une grande satisfaction pour les spectateurs de voir leur « héros » vaincre avec la facilité qu'on lui connaît ses ennemis. Il revêt ainsi la tenue de super-anti-héros proche des faibles et adversaire des puissances qui régissent souvent avec malhonnêteté les contrées qu'il est amené à traverser.
Face à Zatoichi, pas de méchant aussi charismatique que dans l'épisode précédent mais toujours ces clans qui se déchirent pour un bien. Celui auquel prétend un certain Yasugoro (l'excellent Tatsuo Endo), monstre de cruauté qui assistera le sourire aux lèvre au meurtre de celui qui lui refuse la concession d'une rivière pouvant lui rapporter beaucoup d'argent.

Cruauté dans le comportement de ce chef de clan donc, mais également dans les combats car si La Légende De Zatoichi - La lame demeure un cran au dessous des œuvres précédentes, son auteur possède parfois un sens de la démesure lorsqu'il s'agit de montrer des batailles opposant deux clans. Quelques gerbes de sang, et surtout, une brutalité animale parfois incommodante. Toute l'horreur de la guerre à échelle réduite sur fond de complot dont les premières victimes sont les plus faibles.
Zatoichi, le maître es-sabre déploie tout son talent sur terre, et même sous l'eau lorsque cela semble indispensable. Shintarō Katsu cabotine de plus en plus pour notre seul bonheur, Kazuo Ikehiro s'employant à offrir à son acteur le moyen de rendre son personnage toujours plus attachant. Qu'il s'agisse de combattre ou de se mettre en scène dans des situations amusante, le public et forcément conquis, et ce, quel que soit la qualité du titre.

L'action et l'aventure flirtent de plus en plus avec l'humour Zatoichi tombant dans un trou ou se gavant de riz). Quant à elle, la sensualité est mise au rabais pour un temps, le cinéaste s'affranchissant pourtant lors d'un minuscule plan de plus en plus des limites imposée au début avec, une fois encore, le corps dénudé d'une belle et jeune geisha que l'on découvrira sous des coutures différentes de l'épisode précédent. Difficile d'isoler La Légende De Zatoichi - La lame du reste de la licence. Entre ceux qui sont tombés sous le charme du masseur aveugle et qui sont prêt à prendre tout ce qu'on leur met sous les yeux et ceux dont les exigences ne souffrent d'aucune baisse de régime, le combat (virtuel) s'impose. Ce septième volet n'est sans doute pas l'un des tout meilleurs de la saga La Légende de zatoichi, mais il demeure d'une honnête facture. En attendant le prochain...

vendredi 28 avril 2017

Dernier Train Pour Busan de Yeon Sang-ho (2016) - ★★★★★★★★☆☆



En Corée du Sud, c'est la panique parmi les habitants de Séoul. Un virus particulièrement dangereux transforme hommes et femmes qui en sont atteints en infectés avides de chair humaine. Alors que l'armée met tout en œuvre pour endiguer l'épidémie qui malheureusement gagne du terrain, Sok-woo et sa fille Soo-ahn montent à bord d'un train en partance pour Busan où vit la mère de la petite et avec laquelle Sok-woo est divorcé. Mais tandis que le train s'apprête à quitter la gare de Séoul, une jeune femme apparemment malade monte dans un wagon et meurt peu de temps après dans d'étranges circonstances. Alors que les médias transmettent sur les postes de télévision installés un peu partout dans le train le chaos qui règne en ville, la jeune femme se transforme à son tour en infectée et fait sa première victime en mordant un steward. Quelques instants plus tard, il est contaminé à son tour. C'est alors le début d'un siège organisé par les voyageurs du train dont le nombre, peu à peu, diminue à force de subir les mortels assauts des infectés dont le nombre ne cesse de grandir. Parmi les survivants, on compte donc Sok-woo et sa fille, un groupe de jeunes sportifs, ainsi qu'un couple formé de Sang-hwa et Seong-kyeong. Tous ensemble, ils vont tenter de trouver un échappatoire à bord du train qu'ils vont être obligés de remonter jusqu'à la locomotive de tête. Faisant preuve d'un grand courage face aux infectés, mais aussi en face de certains individus ayant échappé aux morsures des infectés mais qui pour rester en vie vont se comporter de façon imprévue...

Alors que le cinéaste Yeon Sang-ho s'est surtout fait connaître pour son œuvre d'animation (il a notamment réalisé une préquelle au Dernier Train pour Busan avec Seoul Station), il signe ici son premier long-métrage en 'live'. La question essentielle demeurant de savoir si oui ou non il reste de la place dans le domaine encombré des zombies, morts-vivants et autres infectés. Comment s'imposer à la suite des classiques de George Romero (La Nuit des Morts-Vivants, Zombie, Le Jour des Morts-Vivants), de Danny Boyle (28 Jour & 28 Semaines Plus Tard) ainsi qu'après l'excellente série The Walking Dead et sa petite sœur Fear Walking Dead ? La réponse se trouve peut-être justement dans le film du sud-coréen qui signe l'un des meilleurs représentants du genre. Et pourtant, ça n'était pas gagné d'avance. J'en veux pour preuve ce malaise presque permanent dû aux agissements et aux gesticulations de ses créatures quelque peu grotesques. De quoi annihiler tout sentiment d'angoisse. Et ce, presque durant la totalité du long-métrage. Sauf que derrière le dessinateur se cache également un artiste capable d'une mise en scène grandiose dans sa manière d'aborder le cadrage de certains plans. Entre le survol d'une gare désaffectée ou quelques rares survivants tentent d'échapper à une horde sans cesse grandissante de poursuivants et des moments de bravoures effectués dans des conditions précaires en matières d'espace, Yeon Sang-ho fait des miracles et impose définitivement son point de vue sur le phénomène. Dernier Train pour Busan est une sorte de contraction entre film catastrophe, huis-clos, survival en milieu ferroviaire (sic!) et drame humain. Oui, oui, peut-être verserez-vous votre petite larme à la fin de ce film qui ne ménage aucunement les spectateurs lorsqu'il s'agit d'émouvoir à grands renforts de partition musicale. A ce propos, louons la qualité des compositions de Jang Yeong-gyoo dont les œuvres collent parfaitement à l'action présente devant nous.
Rien n'aurait sans doute été pareil si le film ne reposait pas également sur les épaules d'interprètes solides. Il faudrait les citer tous. De Gong Yoo, Kim Soo-an, Jeong Yu-mi et Ma Dong-séok qui forment à eux quatre les principaux interprètes jusqu'à Kim Ef-seong, prodigieux dans son rôle d'ordure intégrale. Le genre à faire autant (si ce n'est plus) de victimes que les infectés eux-mêmes.
Les deux heures que dure Dernier Train pour Busan s'avalent sans aucun problème. Un film pour petits et grands puisquà part quelques égratignures et quelques rares gerbes de sang, le film de Yeon Sang-ho n'est pas très riche en matière d'horreur. Un excellent divertissement qui démontre une fois encore la force du cinéma sud-coréen. La France a encore beaucoup de chemin et autant de leçon à apprendre des autres avant de pouvoir rivaliser dans le domaine (La Horde)...

Litan, la cité des spectres verts de Jean-Pierre Mocky (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Le fantastique, Jean-Pierre Mocky, ça le connaît puisque déjà, en 1964, le cinéaste français originaire de Nice avait signé l'intéressante Cité de l'Indicible Peur avec l'acteur Bourvil. Dix-sept ans plus tard, il revient au genre alors que ses thèmes de prédilections sont habituellement la comédie et le policier. Encore une cité, celle des Spectres Verts de Litan où se déroule une fête et autour de laquelle démarre une intrigue incroyablement confuse. Dans des décors étouffés par une brume incessante et où circule une eau investie par les spectres verts du titre, Nora est la victime d'un horrible cauchemar dont les moments essentiels ressurgissent une fois qu'elle a mis les pieds à Litan. Une bourgade labyrinthique parcourue de grottes et de couloirs souterrains inondés à laquelle la petite commune française Annonay située dans le département de l'Ardèche sert de décor.
En plein cœur d'un carnaval où les habitants circulent logiquement le visage caché derrière un masque se déroule un récit complexe de part le montage et la mise en scène incohérents de leur auteur. Basé sur un scénario écrit à huit mains par Suzy Baker, Patrick Granier, Jean-Pierre Mocky et Jean-Claude Romer, Litan : La Cité des spectres verts est vérolé par un trop grands nombre de problèmes pour mériter jusqu'au Prix de la critique qui lui a été accordé au Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1982.

Jean-Pierre Mocky a beau engager quelques têtes bien connues telles Marie-José Nat, Nino Ferrer ou Dominique Zardi, le reste du casting (dont fait partie la propre épouse du réalisateur Marysa Mocky) peine à avoir l'envergure nécessaire à la bonne marche d'un projet, pourtant au départ, très alléchant. L'un des aspects les plus remarquablement fantastique du film (et fil conducteur d'une bonne majorité de ses longs-métrages) est la préférence du cinéaste pour les être difformes, laids et effrayants. Sans vouloir trop m'appesantir sur la chose, reconnaissons à Jean-Pierre Mocky cette tendance à vouloir n'engager sur ses plateaux que des êtres au physique hors norme. Non pas que la pratique soit universellement nuisible mais les acteurs sont si mauvais qu'on ne peut pas, en tout honnêteté, reconnaître une quelconque qualité d'acteur à ces interprètes qui ne connaissent du métier, pas même le minimum obligatoire.

C'est pourtant cet aspect dénigrant du film qui offre justement au spectateur l'occasion d'assister à un spectacle hors du commun. Car en agissant de la sorte, Jean-Pierre Mocky sort des sentiers (plutôt mal) battus par d'autres. C'est d'ailleurs peut-être en cela qu'il a touché le jury d'Avoriaz cette année là. Malheureusement, après temps d'années, le film a semble-t-il perdu du peu de charme qu'il possédait déjà et suivre les aventures rocambolesques de Nora et Jock est plus ennuyeux que véritablement captivant. Une épreuve de force qui, si elle est menée jusqu'au bout, laisse alors le champ libre aux curieux de tous poils qui voudraient par la suite en savoir un peu plus sur ce cinéaste français vraiment atypique. D'autant plus que contrairement aux apparences laissées par la majeure partie des films qu'il signera par la suite, Jean-Pierre Mocky a, durant toute sa carrière, émaillé sa filmographie de quelques bijoux cinématographiques. Reste à fouiller dans le tas afin d'y déceler les quelques pépites qui s'y trouvent. Œuvre unique en son genre, Litan : La Cité des spectres verts aura malheureusement subit les outrages du temps et ne demeure aujourd'hui plus qu'un Nanar devant lequel rigoler reste encore la meilleure chose à faire...

Ils ne verront jamais le jour : Ilsa meets Bruce Lee in the Devil's Triangle de...? (1976)


Ça a l'air d'une blague. D'une mauvaise plaisanterie. D'un fake. Et pourtant, Ilsa meets Bruce Lee in the Devil's Triangle a bien faillit voir le jour. L'enfant illégitime, le bâtard de l'un des plus grands acteurs spécialistes en arts martiaux de tous les temps et du personnage fictif Ilsa, la célèbre louve des SS imaginée par les scénaristes Jonah Royston et John C.W. Saxton un beau jour de 1975. Le premier, maître dans l'art martial et samaritain au cœur généreux prêt à en venir aux mains lorsqu'il s'agit de défendre la veuve et l'orphelin. La seconde, forcément antinomique, est l'expression cinématographique des plus bas instincts de l'humanité. Et quoi de mieux que de lui faire endosser l'uniforme de l'un des soldats ayant évolué durant la pire période qu'ait connue l'histoire de l'humanité ?
Il faut être un défricheur du septième art, un fossoyeur d’outre-tombe pour pouvoir mettre la main sur ce genre de pellicule. Pour pouvoir en parler en connaissance de cause. Et si Ilsa meets Bruce Lee in the Devil's Triangle n'a pas connu les honneurs d'une sortie officielle sur grand écran, c'est pour diverses raisons. L'une des plus importante demeurant dans l'amalgame concernant le nom de la principale vedette du film qui, contrairement à ce que laisse présager l'affiche, n'est pas Bruce Lee, l'immense star sino-américaine morte le 20 juillet 1973 d'un œdème cérébral mais bien son plus officiel sosie Bruce Li. Sauf que le titre et le personnage apparaissant sur l'affiche laissent entendre qu'il s'agit bien de la star et non de son 'clone'. De plus, et contrairement là encore à ce que prétend le titre, le film ne pouvant être tourné sur le site même du Triangle des Bermudes, le tournage se fera finalement dans un château semé de piège par la peu gracieuse Ilsa.
Plus pittoresque encore, le FBI lui-même a interdit le tournage alors qu'un millier de chèvres ont été sacrifiées pour le bien du film. Une œuvre sur laquelle sept cinéastes se sont penchés dont l'un d'entre eux, rendu fou, a tenté d'étrangler l'un des cascadeurs du casting !!!

Ilsa meets Bruce Lee in the Devil's Triangle devait être le cinquième long-métrage mettant en vedette la célèbre SS après Ilsa, la louve des SS, Ilsa, gardienne du harem, Ilsa, la tigresse du goulag et Ilsa, ultimes perversions qui lui,ne peut être jugé en tant que véritable séquelle. Ilsa meets Bruce Lee in the Devil's Triangle a bénéficié d'un budget confortable pour l'époque et pour une simple série B, profitant ainsi de l'occasion pour reconvertir des personnages emblématiques dans une œuvre de seconde catégorie. Trois millions de dollars furent en effet alloués aux décors, à quelques scènes animées, aux effets-spéciaux de maquillage, ainsi qu'à deux caméos dont l’éventuelle participation fut 'malheureusement' abandonnée. Il fut effectivement prévu d'y inclure les présences des deux grands acteurs que furent George Kennedy (Airport, Creepshow 2, Tremblement de Terre) et Lee Van Cleef (Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand). Sans doute donc ne verrons-nous jamais cet incroyable long-métrage et pourtant, il existe apparemment bel et bien puisqu'au format bootleg (copie effectuée sans autorisation) l'éditeur Death's Door Video l'a proposé il y a quelques temps au format DVD...

jeudi 27 avril 2017

La légende de Zatoïchi (VI) : Mort ou Vif "Zatōichi senryō-kubi" de Kazuo Ikehiro (1964) - ★★★★★★★★☆☆



Zatoichi le masseur itinérant. Zatoichi l'aveugle. Zatoichi le joeur. De dés, de flute,et désormais, de tambour. Zatoichi le sarcastique, le cynique. Cet éternel voyage qui parcourt le Japon Féodal avec à ses trousses, des hordes de yakuza. Tous n'en veulent qu'à sa vie. Sa réputation le précède où qu'il aille. Partout sauf à Itakura, petit village où se déroule une fête à laquelle notre héros est convié de participer. Ici, personne ne connaît Ichi. Personne ne le craint, et donc, personne n'a la moindre raison d'en vouloir à sa vie. Les habitants de dix-huit villages fêtent la réunion des mille pièces d'or qui devront être bientôt remises en impôts à l'intendant local. Mais c'est compter sans les bandits qui rôdent, et qui au nombre de trois vont dérober la fortune accumulée durant toute une année de labeur.
Trois rônins vont en effet s'emparer des mille pièces d'or mais c'est Zatoichi, qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment qui va être soupçonné. A lui de prouver son innocence...

Nouvel épisode et donc, nouveau réalisateur. C'est cette fois-ci le cinéaste Kazuo Ikehiro qui est en charge de diriger l'acteur Shintaro Katsu qui campe ici pour la sixième fois le personnage de Zatoichi. Alors que l'on pouvait noter une légère baisse de régime dans l'épisode précédent, La Légende de Zatoichi : Mort ou vif démontre que la franchise en a encore sous le pied et surtout que le cinéaste Kazuo Ikehiro a des choses à nous raconter. On retrouve l'un des personnages les plus importants du premier opus en la personne de Chuji Kunisada, réfugié au sommet du mont Akagi avec une poignée d'homme depuis qu'il a été humilié par sa défaite lors du conflit qui opposait les clans de Iioka et Sasagawa. Réupdié par son parrain, Zatoichi va retrouver une certaine forme de reconnaissance en sauvant celui auquel ses ennemis ont juré de tendre un piège lorsqu'il redescendra de la montagne.
Beaucoup plus violents que dans les épisodes précédents, les combats de La Légende de Zatoichi : Mort ou vif sont aussi, beaucoup plus sanglants. Pour la première fois on y voit le sang couler. Kazuo Ikehiro oppose au personnage de Zatoichi un adversaire à la mesure de son talent. En effet, dans le rôle du rônin Jushiro, on retrouve l'acteur Tomisaburo Wakayama, surtout connu pour avoir interprété le rôle de Ogami Itto dans la série de films cultes Kozure Ôkami (Chez nous, Baby Cart), le plus cocasse demeurant dans le fait que dans la vie réelle, il ne s'agit rien d'autre que du propre frère de l'acteur Shintaro Katsu.

On remarquera également que pour la toute première fois, un cinéaste ose dénuder un personnage féminin au cœur de la série. Libérée des contraintes vestimentaires qui on cours à l'époque, on y découvre effectivement une geisha plongée dans un bain, épaules nues jusqu'à la naissance de la poitrine. La Légende de Zatoichi : Mort ou vif est donc une œuvre beaucoup moins pudique qui laisse s'exprimer sensualité et violence sur un mode beaucoup plus expressif.
On notera également, et cela était déjà visible dans l'épisode précédent, que la saga se rapproche de plus en plus du genre western-spaghetti cher à Sergio Leone, lequel tournait à l'époque les premiers du genre avec l'acteur américain Clint Eastwood. Kazuo Ikehiro redore le blason d'une licence qui, si elle n'était pas tombée dans la désuétude, pouvait en convaincre certains que la saga allait peut-être bientôt connaître une fin tragique. Le cinéaste japonais signe avecLa Légende de Zatoichi : Mort ou vif , un excellent épisode. Il prolongera d'ailleurs l'expérience et ce, dès l'épisode suivant...

mercredi 26 avril 2017

La légende de Zatoïchi (V) : Voyage sans repos "Zatōichi kenka-tabi" de Kimiyoshi Yasuda (1963) - ★★★★★★★☆☆☆



Cinquième aventure du masseur itinérant Zatoichi, La Légende de Zatoichi : Voyage sans repos est l’œuvre d'un certain Kimiyoshi Yasuda qui à son tour prend la relève et dirige l'acteur emblématique de cette fabuleuse et gargantuesque saga constituée de vingt-six épisodes, Shintarō Katsu. Cette fois-ci, Zatoichi est convoqué par un parrain du crime auquel est opposé le clan rival de Doyoma. Les hommes de ce dernier tentent d'empêcher le masseur d'arriver à destination et les attaquent lui et son guide, ce dernier mourant sous les coups de sabre de leurs ennemis.
Se retrouvant désormais seul, Zatoichi poursuit son chemin et tombe sur un vieil homme mourant qui le supplie de prendre soin de sa jeune protégée Mitsu. Mais des hommes sont à la recherche de la jeune femme et une fois de plus, Zatoichi est contraint de faire parler la lame de son sabre. Une fois parvenus jusqu'à une auberge, Mitsu et Zatoichi prennent une chambre, mais n'ayant pas les moyens de la payer, il offre ses services de masseur afin de gagner quelques pièces d'or. Durant son absence, l'épouse de l'un des hommes que Zatoichi a tué durant le guet-apens s'introduit dans la chambre de Mitsu et lui tient des propos inquiétants au sujet de son bienfaiteur. Lorsque Zatoichi retourne dans leur chambre, la jeune femme a disparue...

Toujours aussi peu respecté (ses ennemis le comparant le plus souvent à un chien) mais continuellement craint (son nom à lui seul suffit à faire trembler ses adversaires), Zatoichi n'a jamais eu l'air aussi sûr de lui, allant jusqu'à jouer avec la peur de ses détracteurs, bien qu'il ait une opinion de lui-même assez défavorable. Plus que jamais, l'acteur Shintarō Katsu incarne avec talent ce masseur aveugle, mimant parfois avec exagération mais éminemment d'humour ce personnage qui désormais fait preuve d'une tendresse toute particulière envers sa petite protégée. On y perçoit des gestes pouvant s'apparenter à de l'amour, et même du désir quand jusqu'à maintenant, la pudeur du personnage l'empêchait d'être trop démonstratif.
Un aveugle qui se dénigre perpétuellement mais dont l'étonnant charisme séduit la plupart des femmes. Contrairement aux autres épisodes, il n'est pas référence dans La Légende de Zatoichi : Voyage sans repos au péripéties passées du héros. Serait-ce la volonté d'un Kimiyoshi Yasuda décidé à faire table rase sur le passé de Zatoichi, toujours est-il que son œuvre demeure dans la droite lignée des épisodes précédents. Des combats au sabre, des bandits TRÈS nombreux. Guerre des clans. Yakuza. Jeune femme victime de convoitises. La vie à l'époque du Japon féodal n'a jamais parue aussi périlleuse. Les plus faibles finissent toujours le ventre transpercé par une lame.

Kimiyoshi Yasuda se permet même une incartade dans le genre western avec un final dantesque opposant les deux clans dans le décor désaffecté d'une ville laissée à l'abandon, théâtre d'un combat auquel, malheureusement, Zatoichi ne pourra échapper. On notera quelque incongruités au niveau du montage. Pour preuve, la scène de combat final que le cinéaste semble juger bon de couper en son milieu pour nous montrer un Zatoichi abandonnant la jeune Mitsu (l'actrice Shiho Fujimora) à son prétendant Matsu (Matasaburo Niwa). On notera également que le héros aveugle use pour une fois, et à plusieurs reprises, du décor pour se défendre contre ses ennemis et fait plus que jamais preuve de sarcasme face à ses tremblants adversaires. Un bon cru...

lundi 24 avril 2017

L'Histoire sans fin de Wolfgang Petersen (1984)



Néveur aine 'ding' stoohooriiiiii, nanana, nanana, nananaaaaa, Néveur aine 'ding' stoohooriiiiii, nanana, nanana, nananaaaaa. Teurne heuraound, louque at wouate iou si, hi hi hi, hi hi hi, hi, hi. Ine heure fesse, ze mirror of iour dri, hi hi hi, hi hi hi, hi himz. Mecque beulive âme Évry ouaire, Guy veune ine de laïte. Rouaïteun aune de païgés, ise de answeur tout euh Néveur aine 'ding' stoohooriiiiii, nanana, nanana, nananaaaaa...


A l'écoute de cette chanson écrite par le compositeur Giorgio Moroder (auteur entre autres films des partitions musicales de Midnight Express, Flashdance, et Scarface) et interprété par le chanteur Limahl, j'ai le palpitant qui s'emballe. Comme si, d'un coup, je retournais en enfance, à l'âge où je commençais mes premières bêtises de collégien indiscipliné faisant l'école buissonnière. D'où cette tendresse toute particulière pour ce film datant de 1984. Trente-trois ans en arrière, j'avais pris pour habitude d'abandonner le radiateur situé au fond de la classe pour le confort des fauteuils rouges du cinéma Cosmos à Chelles, en Seine et Marne. Tandis que l'ABC (seul temple du septième art concurrent de la ville) diffusait les quelques rares représentants d'un cinéma d'art et d'essai globalement rejeté par la population chelloise (du moins, le pensais-je alors), je me planquais dans l'obscurité de l'une des deux seules salles de projections du Cosmos. Ce jour-là passait L'Histoire sans Fin, œuvre germano-américaine du cinéaste allemand Wolfgang Petersen, et auteur trois ans plus tôt du phénoménal Das Boot que j'allais découvrir bien plus tard. Un long-métrage ciblant un jeune public que certains parents préférait tout de même accompagner. Si je ne me souviens absolument pas des réactions autour de moi, je me rappelle par contre très bien ce sentiment mêlé de bonheur, de joie mais aussi d'inquiétude au moment de sortir de la salle. 
 
Comme le plaisir d'avoir passé un très agréable moment avant que ne me tombe sur la tête l'épée de Damoclès que j'avais moi-même hissée au plafond en séchant les cours cet après-midi là. L'auteur du roman original Michael Ende dont Wolfgang Petersen a adapté la première partie pour son Histoire sans Fin aurait-il pu imaginer le sens prophétique du nom accordé à son ouvrage au moment de l'apposer sur le premier feuillet de son manuscrit ? Car d'histoire sans fin, il s'agit bien, oui, et même au delà des limites imposées par le film lui-même car après la séance, et même trente-trois ans plus tard, la simple évocation de ce récit qui pourtant aura pris un sacré coup de vieux laisse exhaler un doux parfum de nostalgie.

L'Histoire sans Fin, c'est celle du jeune Bastien, enfant dont la mère est morte depuis peu et qui éprouve des difficultés à communiquer avec son père. Harcelé par trois de ses camarades de classes, il arrive une fois de plus en retard à l'école. Plutôt que de devoir affronter le courroux de ses professeurs et l'humiliation devant les autres élèves, il se réfugie dans le grenier de l'établissement avec, entre les mains, un ouvrage qu'il a emprunté à u n vieux libraire : l'histoire sans fin en question. Dès lors, le voici plongé dans un récit fantastique. Une terre bien différente de la notre, avec sa faune bigarrée. Entre humanoïdes et monstres gentils. Mais face à ce bestiaire amical et attachant, le monde de Fantasia est en proie à un terrible fléau. Le monde entier disparaît peu à peu pour ne laisser place qu'au néant. Seule solution pour les différentes races d'habitants vivant sur cette planète : demander l'aide de l'Impératrice. Malheureusement, celle-ci est malade et si les habitants de Fantasia veulent espérer mettre un terme aux ravages du néant, ils vont devoir s'unir autour d'Atreyu, un jeune garçon, guerrier valeureux et seul capable de renverser la donne...
L'univers de L'Histoire sans Fin est tantôt enchanteur, tantôt effroyable. Wolfgang Petersen crée un univers heroic-fantasy avec ce que cela peut comporter de créatures et de décors. Les effets-spéciaux mêlent les personnages réels à l'animatronic. De plus, afin d'accorder les créatures géantes ou au contraires, celles qui demeurent incroyablement petites avec le reste des habitants de Fantasia, l'auteur des effets-spéciaux Brian Johnson procède à l'incrustation de certaines images dans des décors de studio pas toujours raccords mais suffisamment soignés pour que l'on pardonne au film ses imperfections. Ceux qui n'ont pas connu le film à l'époque risquent d'être déçus car si L'Histoire sans Fin a forcément ému le public qui le découvrit l'année de sa sortie, aujourd'hui il fait pâle figure face aux blockbusters du moment. Les seuls sans doute que le film parviendra encore à faire rêver sont les plus jeunes. Et c'est tant mieux puisque le film leur est avant tout consacré. Un classique des années quatre-vingt...

samedi 22 avril 2017

La légende de Zatoïchi (IV) : Le Fugitif "Zatōichi kyojo tabi" de Tokuzo Tanaka (1963) - ★★★★★★★☆☆☆



En prenant les commandes du troisième volet des aventures de Zatoichi, et en succédant donc à Kenji Misumi et Kazuo Mori, le cinéaste japonais Tozuko Tanaka avait apporté une profondeur dramatique qui manquait sans doute aux deux premiers opus de la saga La Légende de Zatoichi. Avec Un Nouveau Voyage, il était parvenu à concrétiser une intrigue tournant cette fois-ci davantage autour du passé de son héros et d'une romance entre lui et la fille du maître qui le forma à l'art du sabre. C'est donc avec plaisir que l'on retrouve Tozuko Tanaka à la réalisation de ce quatrième épisode nommé Le Fugitif, l'une des questions importantes étant de savoir s'il allait réussir pour sa seconde incartade dans l'univers du masseur aveugle, à réaliser une œuvre à la hauteur des précédentes.

Une fois encore, Zatoichi va être pourchassé par un certain nombre d'individus. Des yakuza attirés par la prime offerte pour la mort du masseur. L'un d'eux s'improvisant pour l'occasion assassin meurt après avoir espéré touché l'argent afin de l'offrir à sa mère vieillissante. Touché par ce sacrifice, Zatoichi retrouve la vieille dame et lui offre une somme identique à la prime offerte contre sa tête. Reconnaissante, elle lui pardonne la mort de son fils, mais le danger continue de guetter dans la région car ceux qui veulent la tête du masseur aveugle sont de plus en plus nombreux.
D'autant plus que le prix augmente et est multiplié par dix. Bientôt, un samouraï expérimenté arrive au village avec la ferme intention de tuer Zatoichi et de repartir avec les trois-cent ryo de la prime. Entre temps, notre héros fait la connaissance de la jeune Nobu et de son prétendant Yagiri Tokyuro, tout deux appartenant à des clans différents. Les propriétaires d'autres tribus somment Tokyuro de tuer Zatoichi où il perdra les droits sur sa propriété. Malheureusement, ce dernier fait preuve d'une grande lâcheté et met en péril ses chances d'épouser un jour la jolie Nobu. Malgré le danger qui pèse sur lui, Zatoichi va leur consacrer une partie de son temps...

Soyons clairs, Le Fugitif n'atteint pas les objectifs que nous espérions. Le quatrième volet des aventures du masseur aveugle n'est pas un mauvais film, mais au regard des trois précédents épisodes, il demeure un cran en dessous. La faute n'en incombe sans doute pas au scénario mais à l'origine de l’œuvre qui pour nous, pauvres occidentaux, apparaît comme brouillonne. La faute à un important nombre de personnages dont l'identité individuelle est malheureusement difficile à retenir.
Mais le plus grave, sans doute, demeure dans la présence d'un personnage féminin emblématique revenant après une longue absence, et pour lequel le cinéaste Tozuko Tanaka ne parvient pas à rendre la charge émotionnelle qui lui était pourtant due lors d'une fin particulièrement tragique.

De plus, et cela n'est par contre pas forcément un mal, Le Fugitif est beaucoup amusant qu'il n'apparaît dramatique. En effet, l'acteur Shintarō Katsu semble cabotiner de plus en plus. Le cinéaste met également en présence de l'acteur des personnages cette fois-ci beaucoup moins soucieux des codes d'honneur du samouraï. A en voir certains user d'armes à feu pour enfin venir à bout de Zatoichi, on est loin ici du respect de l'adversaire. Et que dire de ce crime affreux et gratuit dont fera les frais une innocente victime, bafouée jusque dans sa mémoire ?
Le Fugitif n'est donc pas un mauvais film, mais de la part de celui qui signa l'excellent Nouveau Voyage, on peut être un peu déçu...

vendredi 21 avril 2017

La légende de Zatoïchi (III) : Un Nouveau Voyage "Shin Zatōichi monogatari" de Tokuzo Tanaka (1963) - ★★★★★★★★☆☆



S'il est difficile pour un cinéaste de reprendre à son compte l’œuvre d'un autre, le réalisateur Kazuo Mori s'en était fort bien accommodé et avait signé un Secret presque en tout point aussi réussi que Le Masseur Aveugle, lui, signé par l'immense Kenji Misumi. Pour ce Nouveau Voyage, c'est un autre qui encore prend la relève. Il s'agit ici du cinéaste Tokuzo Tanaka. Il en signera deux autres épisodes. L'un en 1963, soit la même année que Le Nouveau Voyage, puis plus tard en 1966 avec La Vengeance. Entre Le Nouveau Voyage et les deux qui l'ont précédé, il existe de nombreuses différences. D'abord, et cela n'est pas anecdotique, cette troisième aventure du masseur aveugle Zatoichi est en couleur. Si durant les quelques secondes qui ouvrent l'intrigue de ce Nouveau Voyage on a la sensation d'y perdre un peu du charme des précédents volets, ce détail est très vite relégué au second plan car Tokuzo Tanaka a réussi à se hisser au niveau de ses prédécesseurs et propose un voyage véritablement excitant.
De part l’attrait d'un retour sur le passé du héros. Pas de flash-back mais la rencontre d'anciens compagnons dont l'un, et non des moindres, va cimenter un scénario qui diffère en partie du Masseur Aveugle et du Secret. Si l'on a droit comme on s'en doute à un combat final de haute volée entre Zatoichi et une bande de voleurs, l'intrigue tourne surtout autour du personnage de Banno qui n'est autre que le maître de Zatoichi. Celui qui lui appris le maniement du sabre.

Un homme que l'on suppose forcément bon mais qui va révéler un visage bien sombre. Alors qu'il a marié sa première sœur à un homme par convenance, la seconde Yayoi, alors âgée de dix-huit ans, est déjà promise à un homme qu'elle n'aime pas. En tombant follement amoureuse de Zatoichi, elle espère ne plus épouser celui auquel elle a été promise et cela, avec l'accord de son frère Banno. Mais celui-ci n'entend pas respecter le vœu de Yayoi et chasse alors Zatoichi...

La Légende de Zatoichi : Le Nouveau Voyage parvient miraculeusement à dominer très nettement les deux épisodes précédents. Moins de combats (qui déjà étaient plutôt rares), mais surtout, davantage d'émotion. Une émotion que l'on doit en partie au compositeur Akira Ifukube qui accompagne avec une grande sensibilité des instants de tragédie formidablement mis en scène (il faut voir comment Tokuzo Tanaka place sa caméra) et interprété avec autant de grâce et de pudeur par l'acteur Shintarō Katsu qui continue à incarner le personnage de Zatoichi.
Un Zatoichi prêt à renoncer à son statut de yakuza pour l'amour d'une Yayoi émouvante (l'actrice Mikiko Tsubouchi). On aurait pu craindre une certaine redondance mais non, le miracle a lieu. Les aventures de Zatoichi demeurent toujours aussi passionnantes à suivre et l'on prend toujours autant de plaisir à le voir évoluer. A aller de l'avant tout en en apprenant davantage sur son passé. Sur qui il est vraiment. Et à force d'en connaître un peu plus sur ce personnage charismatique à chaque épisode, forcément, on s'y attache de plus en plus. Tokuzo Tanaka signera lui-même l'épisode suivant, Le Fugitif...

mercredi 19 avril 2017

La légende de Zatoïchi (II) : Le Secret "Zoku Zatōichi monogatari" de Kazuo Mori (1962) - ★★★★★★★★☆☆



Un an après la fin du conflit qui opposa les clans Sasagawa et Iioka, le masseur itinérant Zatoichi retourne au temple Joshoji afin d'y honorer la tombe de son ami Hirate qu'il tua lui-même lors d'un duel. Zatoichi est devenu célèbre depuis qu'il a à lui seul mis un terme à guerre qui opposait les deux clans. Un soir, alors qu'il est a été payé pour masser un puissant seigneur, il remarque que l'individu se comporte de manière étrange. Les hommes à son service ne désirant pas que la rumeur selon laquelle leur seigneur est fou s'ébruite décident de faire tuer Zatoichi de peur qu'il ne révèlent l'information autour de lui.
Protégé par une prostituée qui l'abrite chez elle, Zatoichi passe la nuit avec elle alors même qu'on le recherche dans tout le village. C'est alors qu'un certain Yoshiro pénètre dans la pièce et découvre avec stupéfaction à quel point la jeune femme ressemble à celle qu'il aimait mais qui malheureusement est morte. Setsu ressemble en effet à Chiyo. Le prénom que portait également celle qu'aimait Zatoichi mais qui l'abandonna lorsqu'elle se rendit compte qu'il était aveugle.
Les deux hommes se retrouvent plus tard alors que Zatoichi honore la tombe de Hirate. Le masseur se retrouve bientôt face au clan du seigneur qui a décidé de l'éliminer tandis que Yoshiro se retrouve bientôt encerclé par ceux de Sukegoro. Cet ancien ami de Yoshiro s'est juré d'avoir sa peau depuis qu'il a appris qu'il nétait qu'un voleur, un violeur et un assassin...

Second volet de la saga La légende de Zatoïchi étalée sur vingt-six longs-métrages, Le Secret demeure dans la continuité de l’œuvre précédente tournée la même année bien que le cinéaste Kenji Misumi ai laissé la place au réalisateur japonais Kazuo Mori qui ne tournera que cinq longs-métrages dont trois volets de la saga mettant en scène les prodigieuses capacités du masseur itinérant Zatoichi.
Le personnage central de la saga est toujours interprété par l'acteur Shintarō Katsu, et l'on y retrouve également quelques-uns des principaux interprètes du premier volet comme l'actrice chinoise Masayo Banri qui campait le rôle de la jeune femme éprise du héros. Cette fois-ci, le récit se déroule un an très exactement après les événements de La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle. Maintenant que le conflit entre les clans Sasagawa et Iioka a pris fin et que Hirate est mort, il fallait bien trouver un personnage aussi charismatique que ce dernier pour prendre sa place. C'est l'acteur Tomisaburō Wakayama qui endosse la responsabilité de cette tâche en s'en tirant avec les honneurs. Si Le Secret est un peu moins passionnant que Le Masseur Aveugle, le plaisir de retrouver notre héros atypique demeure, lui, intact. Tout comme le personnage de Hirate donnait une dimension particulière au Masseur Aveugle, celui de Yoshiro revêt une importance considérable et qui donne tout son sens au titre de ce second volet. Peu de combats encore une fois mais une très belle scène de combat, admirablement chorégraphiée, et opposant les personnages de Zatoichi et Yoshiro aux deux factions lancées à leurs trousses.
Dès l'année suivante en 1963, c'est encore un nouveau cinéaste qui prendra la relève pour la troisième aventure du masseur aveugle...

lundi 17 avril 2017

La légende de Zatoïchi (I) : Le masseur aveugle "Zatōichi monogatari" de Kenji Misumi (1962) - ★★★★★★★★☆☆



Premier volet d'une immense saga constituée de vingt-six longs-métrages, La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle est censé se dérouler dans la région de Shimosa. C'est dans un petit village de cette province japonaise qu'arrive le masseur itinérant Zatoichi qui sur demande du chef de clan de Iioka a accepté de le servir en échange de quelques pièces d'or afin de défaire l'autorité de son ennemi juré, le chef du clan Sasagawa. Ce dernier à lui-même loué les services du samouraï Hirate afin de s'assurer de sa victoire lors d'une bataille qui paraît inévitable.
Un matin, alors que Zatoichi pêche au bord d'un étang, il est rejoint par Hirate. Les deux hommes se lient très vite d'amitié. Le premier ne concevant pas d'avoir à se battre en duel contre son nouvel ami, Hirate, lui, est prêt à mourir s'il faut de la lame même de Zatoichi le yakuza. Le conflit semble prendre forme le jour où le clan Sasagawa renvoie chez ceux du clan Iioka le cadavre de l'un de ses hommes. La guerre est désormais déclarée. Mais entre Zatoichi qui décide de ne plus intervenir dans le conflit et Hirate qui se meurt de tuberculose, les deux clans risquent de devoir s'affronter sans les hommes qu'ils ont respectivement engagé.Le clan Sasagawa risque d'ailleurs d'en pâtir puisque ses rangs comptent deux fois moins d'hommes que ceux de Iioka...

S'il ne faisait pas preuve de sa grande maîtrise dans l'art du sabre, le héros Zatoichi incarné par l'acteur Shintarō Katsu nous serait apparu comme un être faible, diminué par la cécité, et d'une roublardise à toutes épreuves (on le voit en effet monnayer sa participation au combat prochain sans montrer de réelles motivations quant à sa future participation). Aveugle mais pas sourd, ce personnage immédiatement attachant possède des valeurs qu'il est difficile de dénicher au départ et qui n'apparaîtront effectivement qu'après une bonne moitié du film. D'un comportement débonnaire qui laisse songeur quant à sa capacité à régler des conflits opposant deux factions de yakuzas qui se détestent royalement, on le découvre en réalité maître de lui et n'usant de son arme qu'en dernier recours.
Shintarō Katsu campe un Zatoichi merveilleux de sagesse. Priant dans un temple séculaire au cœur d'un minuscule village reconstitué où se révèle un art de vivre qui n'appartient qu'au pays qui l'accueille, le sombre projet des deux clans n'est pas l'unique centre d'intérêt d'une œuvre peu généreuse en combats. C'est presque autour de l'amitié entre Zatoichi et Hirate que s'articule en réalité l'intrigue de La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle.

Une amitié si soudaine et si puissante que l'on se demande parfois dans quelle mesure l'amour n'y est pas inscrit lui-même. C'est le très grand cinéaste japonais Kenji Misumi qui s'est attelé à l'immense tâche de mettre en scène pour la toute première fois le personnage de Zatoichi et il y parvient avec beaucoup de talent et une très grande sensibilité. Un cinéaste qui se fera également connaître grâce à sa participation à la saga des Baby Cart dont il réalisera plusieurs épisodes. La légende de Zatoïchi, il ne s'est pas arrêté là puisqu'après cette première incursion dans l'univers du héros aveugle, il y reviendra avec les 8ème, 12ème, 17ème, 19ème et 21ème volets...
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