Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mercredi 31 mai 2017

Alerte à la Bombe (Skyjacked) de John Guillermin (1972) - ★★★★★★★☆☆☆



Une femme enceinte, un gros « black » musicien, un sénateur et son fils, un steward et une hôtesse amoureux, quelques dizaines de passagers inquiets de la tournure que prennent les événements, quatre ou cinq courageux patriotes, un sergent de l'armée américaine et un ancien colonel devenu commandant de bord. Tels sont les héros de Skyjacked, film catastrophe connu chez nous sous le titre Alerte à la Bombe. Charlton Heston, Yvette Mimieux, James Brolin, Claude Akins, Roosevelt Grier à l'affiche. Je me suis mis à penser qu'en ces temps troublés par toute une série d'assassinats perpétrés par des individus dénués de toute conscience morale, aborder un tel sujet pouvait demeurer un choix fort peu judicieux. Et bien tant pis.
Je vous l'annonce tout de suite, le pirate de l'air ne porte ni barbe ni ceinture d'explosifs mais quelques grenades, deux pistolets et une bombe cachée dans un sac. On l'apprend assez vite, le détraqué est le sergent Jerome K. Weber (l'acteur James Brolin, Amityville : La Maison du diable, Capricorn One, Traffic, etc...) qui contrairement aux apparences ne fait plus partie de l'armée américaine depuis qu'ont été diagnostiqués chez lui des troubles comportementaux grave. Tout commence comme un bon vieux film catastrophe des familles. Présentation des personnages, embarquement, première heure de vol plutôt calme jusqu'à ce que l'une des passagères découvre dans l'une des toilettes un message plutôt inquiétant. Un individu semble avoir prévu de détourner l'avion pour une destination qui n'est autre que Anchorage. Une première étape qui devra les mener lui ainsi que les autres passagers et les membres de l'équipage vers une destination finale ayant pour nom Moscou !

Tourné durant la guerre froide ayant opposé les États-Unis à l'Union Soviétique entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l'année 1989, année de la chute des régimes communistes en Europe, Alerte à la Bombe met donc en scène un ancien soldat de l'armée américaine qui parce qu'il a été démobilisé décide de se venger en proposant ses services à l'URSS. L'avion et les otages américains demeurant comme une preuve de sa dévotion pour le pays auquel il entend désormais proposer ses services.

Charlton Heston, ce grand habitué des grosses productions américaines (Ben Hur, Les Dix Commandements) et des films catastrophe (Sauvez le Neptune, 747 en péril, Tremblement de terre) n'en est donc pas à son coup d'essai et incarne ici le Capitaine Henry « Hank » O'Hara, valeureux commandant de bord qui aura fort à faire avec le sergent-fou. Avec lui, mais également avec d'autres soucis habituellement inhérents aux voyages aériens dont la tempête n'est pas des moindres puisqu'elle couvre une partie importante de l'intrigue. John Guillermin réalise une œuvre intéressante qui sort du lot habituel (la série des Airport ou de leurs parodies Y'a-t-il un Pilote dans l’Avion ?) mais tente de maintenir un suspens puéril quant à l'identité du pirate de l'air. Quand bien même on supposera d'une erreur de réflexion de la part du contrebassiste qui dévoile au commandant de bord l'identité du pirate, nous n'aurons même pas le plaisir de constater qu'il s'agissait en réalité d'un passager « au dessus de tout soupçon ». en dehors de cette minuscule défaillance scénaristique, on ne peut reprocher grand chose au film de John Guillermin. Bien réalisé, parfaitement interprété, le film a en outre l'avantage de dresser un portrait de dingue plutôt convainquant, l'acteur James Brolin faisant preuve d'un talent sans égal en la matière. Alerte à la Bombe est donc un excellent divertissement...

mardi 30 mai 2017

Meurtrières de Patrick Grandperret (2006) - ★★★★★★★☆☆☆



Qui ont-elles tué ? Cette mère de famille qui a fait un long voyage jusqu'au Vietnam pour y adopter une petite fille ? Ce marchand de vêtements que sa femme a quitté après qu'il aie cédé à tous ses caprices ? Ce jeune cultivateur qui a repris la concession agricole de son père ? Ou est-ce le navigateur ? La propriétaire de l'hôtel ? Le fils de celle-ci, peut-être ? Malik, le compagnon de Lizzy ? Ou encore les deux forains... ? On sent bien qu'avec Lizzy et Nina, tout peut arriver. Reste plus qu'à espérer que dans ce monde de brutes, dans cet univers presque strictement masculin qu'elle vont côtoyer durant plus d'une heure trente. Leur victime ne fera pas partie des quelques rares innocents qu'elles rencontreront.
Lizzy et Nina sont en quelque sorte les versions modernes de Sophie et Jeanne, les deux héroïnes de La Cérémonie de Claude Chabrol. Ou le pendant féminin de Pierrot et Jean-Claude, les deux marginaux du cultissime Les Valseuses de Bertrand Blier. Meurtrières, un chef-d’œuvre ? Non, certainement pas. Mais un très bon film tout de même, porté par la mise en scène sobre du cinéaste français Patrick Grandperret et par la superbe interprétation de ses deux principales interprètes. D'un côté, la jeune belge Hande Kodja, à peine âgée de vingt-huit ans. De l'autre, l'actrice française Céline Sallette, trente-sept ans. Presque dix ans d'écart et des personnages au caractère bien différent. Toute en retenue, la première découvre les joies de la liberté. Le plaisir, mais aussi les contraintes. Si le désir de voler de ses propres ailes fait partie des préceptes de l'adolescence, Lizzy et Nina vont très vite se rendre compte que la marginalisation à un prix : sans le sou, et sans abri, les voilà livrée à un monde de requins qui n'en veut qu'à leurs fesses.

Meurtrières fait parfois preuve d'un nihilisme incroyable dans la description de ses personnages secondaires. Qu'il s'agisse des différentes couches sociales, ou de l'appétence sexuelles des hommes et des femmes rencontrées lors de ce triste road-movie, Lizzy et Nina vont croiser une galerie de portraits peu reluisants. De l’ambiguïté des relations entre la cliente du salon de massage et Nina, jusqu'au contact des deux jeunes femmes avec d'innombrables chauffeurs poids-lourds au comportement hautement caricatural, le film de Patrick Grandperret propose un dialogue social nivelant son propos vers le bas. Tout y est d'une « sombritude » désespérante. Dans ce magma épais duquel ne surnage que quelques rares notes d'espoir (le conducteur d'un camion acceptant de transporter les deux héroïnes sans contrepartie, redorant ainsi quelque peu le blason de sa profession), la porte de sortie ne peut mener Lizzy et Nina que vers cet acte furtivement évoqué au tout début du film.
Le meilleur exemple des pressions morales exercées sur les deux jeunes femmes par le monde qui les entoure demeure peut-être dans cet espace confiné représenté par l’hôpital psychiatrique où sont parqués de vrais fous comme on entend décrire ceux qui vivent en dehors de la « normalité ». Entre sourires et démence passagère. Une pièce de théâtre tragi-comique interprétée par de véritables malades mentaux pourtant bien moins dangereux que les prédateurs chassant sur les terre grises et bétonnées des grands ensembles immobiliers.
Les deux héroïnes de Meurtrières vivent en outre, une curieuse expérience que l'on pourrait presque assimiler à une boucle spatio-temporelle. Sans cesse ramenée sur les lieux où prolifèrent leurs mauvais démons, le cinéaste contraint d'une certaine manière ses actrices à commettre l'acte final irréparable. Une belle réussite. De belles et talentueuses actrices. Et des seconds rôles impeccables...

lundi 29 mai 2017

L'extravagant monsieur Piccoli d'Yves Jeuland (2017) - ★★★★★★★★☆☆

http://www.arte.tv/fr/videos/057412-000-A/l-extravagant-monsieur-piccoli

Pour revoir "L'extravagant monsieur Piccoli", cliquez sur l'affiche ci-dessus

Après la diffusion hier soir sur l'excellente chaîne culturelle franco-allemande Arte du film de Jacques Rouffio 7 Morts sur Ordonnance, ceux qui fuient habituellement leur écran de télévision mais qui pour une fois ont eu la judicieuse idée de l'allumer pour s'instruire (et non pas s'abrutir) devant un programme intelligent ont pu assister à un très bel hommage rendu à l'immense Michel Piccoli. Âgé aujourd'hui de quatre-vingt onze ans, cet acteur qui se prédestinait avant tout à une carrière de comédien de théâtre s'est surtout fait apprécier du grand public grâce aux innombrables personnages qu'il a incarné au cinéma. Bien que les réalisateurs se soient succédé durant sa très longue carrière débutée en 1945 lorsqu'il interpréta un figurant dans Le Cavalier de Riouclare de Christian-Jaque, on apprend que c'est grâce à ce que l'on nommait encore le petit écran que Michel Piccoli s'est ouvert au grand public avec son interprétation du Dom Juan de Molière dans l'éponyme Dom Juan ou le Festin de pierre. Pas spécialement beau, mais sans doute jamais aussi laid que certains de ses personnages, Michel Piccoli incarnait ici le rôle d'un séducteur. Un personnage qu'il entretiendra jusqu'à l'explosion signée Marco Ferreri, La Grande Bouffe.
Si Arte a choisi de diffuser en première partie une œuvre de Jacques Rouffio dont l'une des spécificité (en dehors d'être pétrie de qualités) est d'avoir fait jouer deux des plus grands acteurs français sans qu'aucun n'aie partagé la moindre ligne de dialogue, c'est pourtant la complicité entre l'acteur et trois autres cinéastes que le réalisateur et auteur de documentaires français Yves Jeuland a choisi de mettre en avant. Marco Ferreri, Luis Buñuel , et Claude Sautet.

Un italien, un espagnol et un français. Ç’aurait pu être le début d'une bonne blague mais l'histoire que partageront ces trois grands metteurs en scène et leur acteur fétiche donnera lieu à des œuvres qui bouleverseront le paysage cinématographique français. Ferreri mort en 1997, Buñuel en 1983 et Sautet en 2000. Piccoli ? Toujours vivant et se demandant ce que retiendra la postérité de son oppulente carrière au cinéma. L'extravagant monsieur Piccoli s'ouvre sur la silhouette de l'acteur nonagénaire. Filmé presque de dos, devant un piano, comme des images volées, une intimité dévoilée, violée par l'objectif de la caméra d'Yves Jeuland. On apprend (pour ceux qui l'ignoraient comme moi), que l'acteur a partagé la vie de la chanteuse Juliette Greco. Un mariage qui dura dix ans. Mais sans doute, les mariages les plus célèbres de Michel Piccoli furent ceux qu'il concrétisa auprès des trois cinéastes cités plus haut. Entre 1956 et 1977, Luis Buñuel et Michel Piccoli vont tourner à sept reprises. Le Journal d'une Femme de Chambre, Belle de Jour ou Cet Obscur Objet du Désir pour ne citer que les plus célèbres. Pour Claude Sautet, l'acteur français acceptera de jouer à quatre reprises (cinq si l'on tient compte de sa participation en tant que narrateur dans César et Rosalie en 1972). Ce sera surtout l'occasion pour Michel Piccoli de partager par trois fois, l'affiche avec l'égérie de Claude Sautet, l'immense actrice allemande Romy Schneider avec laquelle il joua dans Les Choses de la Vie, Max et les Ferrailleurs et Mado.

Michel Piccoli, ou plutôt ses personnages, pouvaient à l'occasion, faire preuve d'une grande violence verbale. Au point que certains de ses partenaires se demandaient parfois si c'était Piccoli ou le personnage qui s'exprimait. Claude Sautet considérait l'acteur comme son double, l'interprète de Vincent, François, Paul... et les autres mimant presque son auteur lorsqu'il s'habillait et fumait une cigarette.L'un des cinéastes qui participa au changement de style de l'acteur fut le cinéaste Marco Ferreri. Alors qu'ils tournèrent sept fois ensemble entre Dillinger est Mort en 1968 et Y'a Bon les Blancs en 1988. C'est sans doute grâce (ou à cause diront certains) de la pantagruélique Grande Bouffe que Michel Piccoli a révélé un visage différent du séducteur qu'on lui connaissait jusque là. Véritable ode au suicide, à l'amour, à la merde et à la nourriture, tout semble avoir été déjà dit, entre ce qu'ont pu supposer les critiques acerbes de l'époque, les interprètes du film, et le cinéaste lui-même. Reste une œuvre dérangeante et magnifique. Poétique et scatologique. Sans doute l'une des plus grandes de son auteur qui l'année suivante réengagea le quatuor de La Grande Bouffe pour son délirant Touche pas à la femme blanche ! Piccoli donc, mais également Marcello Mastroianni, Philippe Noiret et Ugo Tognazzi.
L'extravagant monsieur Piccoli ne revient donc pas de manière exhaustive sur la carrière de l'immense acteur français mais demeure un très bel hommage rempli d'images d'archives inédites ou peu connues. Un très beau documentaires pour les fans de cinéma en général et de ce grand monsieur qu'est Michel Piccoli...

Raid Dingue de Dany Boon (2017) (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Avec une régularité presque exemplaire mais demeurant beaucoup moins envahissant que certains de ses « collègues » comiques, Dany Boon continue à tracer sa voie au cinéma. Moins présent que d'autres qui accumulent les apparitions sur grand écran, l'acteur, humoriste, scénariste, producteur et réalisateur français revient donc en 2017 avec Raid Dingue, en tant qu'acteur, réalisateur, et comme scénariste aux côtés de Sarah Kaminsky. Bien qu'il y forme auprès de l'actrice française originaire de La Réunion, Alice Pol, le principal duo d'interprètes, Dany Boon s'entoure également de quelques vieilles figures du cinéma ou de la télévision (Sabine Azéma et Alain Doutey dans le rôles des parents d'Edouard Dubarry, futur époux de l'héroïne, ou encore Michel Blanc.) et de quelques humoristes et acteurs de dernière génération tels que Patrick Mille ou bien Florent Peyre que le grand public a pu découvrir grâce à l'émission de Laurent Ruquier, On n'demande qu'à en Rire.
Raid Dingue (jeu de mot faisant référence au fait de tomber follement amoureux d'une personne) met en scène Johanna Pasquali, fille du ministre de l'intérieur et obsédée à l'idée d'intégrer le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion). Maladroite, la jeune femme travaille jusqu'à maintenant dans un commissariat où elle est réputée pour accumuler les gaffes. A tel point que ses collègues ne rêvent que d'une chose : qu'elle réussisse le concourt qui lui permettra d'entrer au RAID. Connaissant les dangers potentiels de cette unité d'élite de la Police Nationale, le père de Johanna et le futur époux de celle-ci (interprété par l'acteur franco-portugais Patrick Mille) insistent pour que la jeune femme soit acceptée au sein du RAID tout en imposant une condition. Ceux qui l'auront à sa charge devront la dégouter afin qu'elle n'aie plus envie de faire partie de cette élite.

Le chef du RAID (le toujours excellent François Levantal) confie Johanna à son meilleur homme, Eugène Froissard. Depuis quelques temps, certains de ses collègues le surnomment poissard. Depuis le départ de sa femme avec son frère, Eugène est en effet victime d'une série d'événements malchanceux. Son chef espère qu'en lui confiant la formation de Johanna, il parviendra à reprendre confiance en lui. Mais il y a un hic : Froissard est un abominable macho qui ne supporte pas l'idée qu'une femme puisse intégrer le RAID. De plus, en ville, des attaques sont perpétrées par une bande de dangereux criminels responsables de plusieurs gros braquages. Eugène va devoir ronger son frein et accepter la présence de Johanna qui seule, accepte désormais de travailler en binôme auprès de l'agent malchanceux...

Un an après avoir interprété le rôle de Pascal dans l'excellente comédie (oui, oui !) d'Yvan Attal Ils Sont Partout, Dany Boon offre à son tour à celui-ci l'opportunité de jouer dans Raid Dingue et d'endosser le(s) costume(s) de Viktor, personnage énigmatique que l'on découvre à la mi-parcours et dont le rôle demeure au moins aussi important que ceux d'Alice Pol et Dany Boon. Ca n'est pas la première fois que l'humoriste joue aux côtés de la jolie réunionnaise puisque l'on a pu notamment les découvrir côte à côte dans Supercondriaque en 2014. L'idée du film n'est pas récente puisque depuis dix ans environ, Dany Boon rêve d'endosser le costume d'un policier gaffeur intégrant une police d'élite. Il confiera cependant le rôle à une femme, Alice Pol donc, ajoutant au caractère « Pierrerichardien » de son personnage, le côté macho de son instructeur. Raid Dingue mêle l'humour à l'action car derrière les scènes drôles le film propose un scénario tournant également autour d'une affaire qui défraye la chronique parisienne. Yvan Attal y interprète le rôle totalement fou de Viktor, personnage sans doute le plus emblématique du film. Il permet surtout de relancer une intrigue qui sans lui, aurait sans doute tourné en rond.
Le film a été tourné dans les locaux du RAID, Dany Boon s'étant beaucoup documenté sur ce service. Il a, de plus, eu l'occasion de participer à l'entraînement de véritables agents du RAID et s'est lui-même beaucoup entraîné afin d'être prêt à jouer le rôle d' Eugène Froissard. Raid Dingue demeure donc une sympathique comédie française qui permet de passer un agréable moment de détente...

dimanche 28 mai 2017

A Fond de Nicolas Benamou (2017) - ★★★★★★☆☆☆☆



José Garcia, André Dussolier, Jérome Commandeur, Vincent Desagnat et Florence Foresti... entre autres. Un casting excitant pour un récit dont le déroulement rappelle Babysitting et sa suite. Pas étonnant lorsque l'on sait que ces derniers ont tout deux été (co)réalisés par le même bonhomme. Un certain Nicolas Benamou. Enfin... quand je dis excitant, cela dépend pour qui. Entre la vieille garde assurée par l'excellent André Dussolier, une autre un peu plus récente avec José Garcia, et une nouvelle génération dont l'approche du métier d'acteur comique peut avoir de grave conséquences sur le moral des spectateurs nourris durant leur tendre enfance par les acteurs cultes que sont Louis de Funès et Pierre Richard (pour ne citer qu'eux), on aurait pu craindre le pire.
Et pourtant, A Fond se révèle malgré nos angoisses une sympathique petite comédie qui, si elle ne file pas à mille à l'heure, maintient la vitesse constante des cent-soixante kilomètres heures imposés par un régulateur de vitesse défectueux. Tom (José Garcia) et Julia (Caroline Vignaux) Cox sont les parents de Lison (Josephine Callies) et de Noé (Stylane Lecaille). Des gamins heureusement pas trop turbulents si l'on tient compte du fait que les heures qui vont venir vont se transformer en un véritable cauchemar. Après avoir acquis un véhicule couteux entièrement équipé d'un système électronique à la pointe du progrès, la famille Cox prend la route des vacances avec, à bord de leur nouvelle familiale, le père de Tom, Ben (André Dussolier) et une passagère clandestine, Melody Poupart (l'actrice et humoriste suisse qui interprétait déjà le rôle d'Estelle dans les deux Babysitting).

Mais comment donc le cinéaste Nicolas Benamou et les scénaristes Frédéric Jardin et Fabrice Roger-Lacan vont-ils donc pouvoir nous tenir en haleine durant presque une heure trente a-t-on le droit de se demander. En éprouvant une fois de plus la recette des Babysitting. L'une des caractéristiques du cinéma de Benamou, c'est l'urgence. Alors que les personnages filent à toute allure à bord d'un véhicule devenu presque incontrôlable, les gags s'enchaînent à une vitesse folle. La plupart demeurent évidemment d'une incohérence monstrueuse mais rien ne nous prépare à cette vague furieuse et à ce déchainement de situations plus cocasses les unes que les autres.
On ne s'ennuie pas un instant. Je me souviens encore avoir dit (et avoir entendu ma compagne confirmer mon analyse) que c'était « vraiment con ». et il est vrai que la plupart des situations sont d'une débilité sans nom. Et pourtant, c'est bien là ce que l'on cherche. Retrouver les mêmes sensation que dans babysitting. L'un des atouts du film demeure dans l'apparition des personnages campés par Jérôme Commandeur en irrésistible concessionnaire automobile, Vincent Desagnat en gendarme de la route ouvrant le passage à la voiture folle, Florence Foresti en Capitaine de la Gendarmerie, mais également Vladimir Houbart, acteur presque débutant (jusqu'à maintenant, il n'a joué que dans trois longs-métrages, Babysitting, A Fond et Gangsterdam) et surtout, cascadeur comme on le devine assez vite à travers les prouesses dont son personnage fait preuve. A bord d'un bolide de couleur jaune, il va tenter de rattraper la famille Cox qui par accident à fait volet en éclat une partie de sa belle « sportive ».

Benamou injecte quelques détails supplémentaires fort amusants, tels André Dussolier en gaffeur invétéré, Charlotte Gabris en adolescente naïve et pas très intelligente, ou encore le couple formé par Béatrice Costantini et Philippe Laudenbach dont l'épouse est victime d'effets secondaires consécutifs à des injections de botox. Tout ceci mêlé à l'intrigue principale font de A Fond, une comédie familiale relevée. Certainement pas d'une finesse remarquable, mais au fond, assez prenante...

samedi 27 mai 2017

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Charles Raymond Starkweather et Caril Ann Fugate "La Balade Sauvage" de Terrence Malik (1973)


De la fiction...

Kit, jeune éboueur, décide de laisser tomber son emploi pour la journée. Il est viré par son patron et se retrouve sans travail. C'est en marchant dans les rues du trou perdu dans lequel il vit qu'il croise la route de Holly, jeune majorette qui s'entraîne au bâton. Installée depuis peu avec son père, peintre sur panneaux publicitaires. Les deux jeunes gens tombent sou le charme mais le père de Holly n'apprécie guère que sa fille traîne avec un éboueur. C'est ainsi que Kit trouve un emploi de gardien de vaches. Mais rien n'y fait, le père de Holly continue à refuser à sa fille de fréquenter le jeune homme.

Un jour, alors que Holly prend des cours auprès d'un professeur et que son père est parti travailler, Kit s'introduit chez eux et fouille la chambre de la jeune fille. Mais avant qu'il ait pu s'enfuir, les propriétaires des lieux débarquent. Le père de Holly menace d'appeler la police, et c'est le drame. Kit lui tire une balle dans le dos et l'homme meurt sur le coup. Holly et Kit prennent alors la fuite et décident de se rendre dans les Badlands. Sur la route, ils vont semer la mort et vont être poursuivi par toutes les polices de l'état...

Première œuvre de Terrence Malick (Les Moissons du Ciel, La Ligne Rouge), La Balade sauvage s'appuie sur un fait divers authentique survenu en 1958 dans les états du Nebraska et du Wyoming. Le road trip d'un couple de criminels qui fit onze victimes. Ici, la première à faire les frais du tueur Kit, c'est le propre père de Holly (Sissy Spacek). Interprété par Martin Sheen, le tueur fait indéniablement penser à une grande figure du cinéma, James Dean, auquel le véritable tueur fut d'ailleurs comparé. Le cinéaste fait prendre des pauses suggestives à son principal interprète, renforçant ainsi la comparaison entre les deux hommes. Les méfaits surviennent deux ans après la mort de l'acteur devenu culte par la suite. Martin Sheen campe un personnage de chien fou, totalement amoral, qui dicte et vit selon ses propres loi. Tuer n'a pas la moindre importance si cela peut lui permettre d'écarter de son chemin tous ceux qui lui barrent la route.

La Balade Sauvage est avant tout un road movie. Il n'y a pas de surenchère. L'histoire de ce couple immature qui vit sûrement ses derniers instants de liberté à cent à l'heure n'a pas l'air de saisir les conséquences des actes qu'il sont en train de commettre. Terrence Malik choisit de donner la parole au personnage de Holly (épatante Sissy Spacek) qui en voix-off se questionne et finit même par se poser en victime, n'éprouvant plus le moindre sentiment pour cet homme qui ne l'a pourtant pas vraiment forcée à partir avec lui. Les personnages de Holly et Kit sont d'ailleurs très ambigus. La première est si naïve que l'on se demande si elle n'est pas tout simplement stupide. Sa réaction face à la mort de son père est si étonnante que l'on se demande si elle réalise vraiment ce qui lui arrive. Quand à Kit, les sentiments qu'il éprouve pour Holly sont assez particuliers. Plus que de l'amour, on a la sensation que le jeune homme éprouve surtout un fort besoin de posséder. Il avouera d'ailleurs à la jeune fille son peu d'attirance sexuelle pour elle. Terrence Malik tourne son œuvre dans un décor de poussière qui ferait perdre la tête à n'importe qui. La solitude, la chaleur et le rejet de la société (ici le père de Holly) sont autant d'éléments qui vont mener Kit à partir dans une folle épopée meurtrière. La Balade Sauvage demeure simpliste dans sa mise en scène mais reste une belle réussite en terme d'interprétation...

à la réalité

Charles Raymond Starkweather est né en 1938. Dix-huit ans plus tard, il fait la connaissance de Caril Ann Fugate. Il quitte son emploi dans un entrepôt où il fut considéré par son patron comme un employé stupide. Il commet son premier meurtre le 30 novembre 1957 après que le préposé d'une station-service lui ait refusé l'achat d'une peluche qu'il destinait à Caril Ann. Deux mois plus tard, c'est la mère, le beau-père et la petite sœur de la jeune femme qui meurent des mains de Starkweather. Ce dernier et Caril Ann prennent alors la fuite et commencent pour eux une virée qui comptera en tout onze victimes. Leur route s'arrêta à Dallas où ils furent arrêtés par la police. Contrairement au personnage de Holly, Caril Ann fit de la prison et fut libérée sur parole en 1976. Starkweather, lui, fut exécuté sur la chaise électrique le 25 juin 1959 au pénitencier de l'état du Nebraska.

jeudi 25 mai 2017

Grave de Julia Ducournau (2016) - ★★★★★★★★☆☆



Alors même que je n'ai toujours pas osé visionner Dans ma Peau de Marina de Van pour des raisons strictement hypocondriaques et épidermiques, voici que débarque en ce début d'année 2017 le franco-belge Grave de la réalisatrice Julia Ducournau. Si le sujet semble différent (entre l'autodestruction de l'une et la découverte d'un amour irrépressible pour la chair humaine pour la seconde), les deux réalisatrices ont semble-t-il choisi d'aborder des thèmes où la chair humaine devient l'expression physique d'une déviance obsessionnelle rare. Je ne m'étendrai donc pas sur le premier et m'épancherai plutôt sur le second dont je viens tout juste de terminer le visionnage.
Je me rappelle encore des bruits retentissants dont fut l'objet le trop surestimés (et de mon avis, RIDICULE) Martyrs de Pascal Laugier, considéré alors, et sans doute par beaucoup encore aujourd'hui comme l'expérience cinématographique en terme d'horreur à la française comme la plus extrême et la plus aboutie. « Mouarf » ai-je envie de dire. Caricatural, poussif, incohérent, et proprement grotesque, voilà ce que j'avais retenu de cet objet filmique finalement tellement peu incommodant Une déception, donc.

Alors, lorsque je découvre dans la presse des termes aussi imagés et élogieux que « déflagration », « intelligence », « audace », « organique », « viscéral », « cruel », « sensuel » ou encore « dérangeant », c'est avec la plus grande prudence que je décide de me jeter dans ce récit au départ, intriguant. Une jeune femme dont les coutumes familiales les ont habitués, elle et ses parents, à proscrire la viande sous toutes ses formes débute ses étude de vétérinaire dans le même établissement que sa sœur. Comme tous les étudiants de première année, Justine va devoir subir une longue période de bizutage dont elle ne risque pas d'oublier l'une des épreuves consistant à manger de la viande crue. Poussée même par sa sœur Alexia, la jeune femme va contre toute attente développer une véritable obsession pour ce que ses parents ont toujours proscrit, au point même de faire exploser tous les tabous en dévorant un jour, de la chair humaine...

D'une certaine manière, le film de Julia Ducournau reprend là où les travaux de David Cronenberg sur la chair et l'esprit se sont interrompus. L'un des interdits les plus inconcevables. La cinéaste développe avec une maturité folle la transformation d'une chenille en papillon. D'une jeune adolescente fragile, évanescente et timide, Julia Ducournau fait de son héroïne une prédatrice sauvage. Une louve dans une bergerie. Ou presque puisque l'univers qui nous est décrit (ici, une université de médecine vétérinaire) nous semblera parfois fort incommodant. De mœurs étranges à l'accoutumance de pratiques visant à désensibiliser l'individu face à la mort, Grave distille un doux et dérangeant parfum.
Beaucoup moins auteurisant que l'épuisant (dans tous les sens du terme) Trouble Every Day de Claire Denis, le long-métrage de Julia Ducournau porte en lui plusieurs grilles de lecture dont celle d'une cellule familiale imposant un interdit tellement puissant qu'une fois délivrée de l'emprise de ses parents, la gamine va braver leur autorité comme le fit déjà plusieurs années auparavant sa propre sœur. Grave et sauvage, beau, intimiste, révolté, sans complexe et parcouru de vision fantasmagoriques extraordinaires dont le baiser oculaire que l'héroïne vampirise de son regard n'est pas des moindres. Les codes du teen-movie explosent ici et passent ses héros à la moulinette afin d'en faire des adultes bien avant l'heure. Le trio de tête formé de Garance Marillier, Ella Rumpf et Rabah Naït Oufella explose à l'écran. Derrière l'horreur du sujet se cache un message de liberté. Le papillon prenant son envol... Shocking !

mercredi 24 mai 2017

Paranoïa d'Umberto Lenzi (1970) - ★★★★★★★☆☆☆



Pauvre Carroll Baker. Décidément, le cinéaste italien n'est pas tendre avec son actrice. Après en avoir fait la victime d'une machination dans Orgasmo et une manipulatrice diabolique dans Così dolce... così perversa, voici que dans le troisième volet de la trilogie « giallo-érotique » elle subit une sorte de synthèse des personnages qu'elle interprétait précédemment. Paranoïa clôt avec infiniment plus de brio la trilogie, et que les deux autres volets avaient inauguré pour l'un , et poursuivi pour le second. Une direction d'acteurs en tout point maîtrisée et qui ne fait apparemment plus appel au seul talent des interprètes. Aux côtés de la sensuelle Carroll Baker, le séduisant acteur français Jean Sorel qui tourne en France, mais aussi en grande majorité en Italie, pays d'où est issu ce Paranoïa de très bonne facture.
Tout débute par une course-automobile qui finit dans le décor. A bord d'un bolide accidenté, la jolie Helen qui pour subvenir à ses besoins s'est lancé dans une discipline généralement réservée aux hommes. Ruinée il y a quelques années par un play-boy qu'elle accepta d'épouser, elle reçoit un jour un télégramme de celui-ci l'invitant à venir le rejoindre dans sa luxueuse demeure de bord de mer. Lorsque Helen arrive, elle est surprise de constater que Maurice, le play-boy en question s'est remarié. Mais sa nouvelle femme, Constance, se doutant que Maurice l'a épousée pour son argent, craint qu'il ne finisse par se lasser d'elle pour une autre et fait part à Helen de son désir de le tuer, préférant le voir mourir que de l'imaginer dans les bras d'une autre. Et si Constance fait part de son projet à Helen, c'est parce qu'elle sait que trois ans plus tôt elle-même a tenté de le tuer. Elle espère ainsi donc pouvoir compter sur la jeune femme pour mener à bien son projet de meurtre. Mais rien ne va se dérouler comme elle l'entend...

Umberto Lenzi et la morale, parfois, cela fait deux. Cela dépend de l'angle, du sujet abordé, mais d'une manière générale, et en tout cas en ce qui concerne Paranoïa et les deux autres volets de la trilogie, il lui arrive d'outrepasser la bienséance en matière de sexualité tandis que le meurtre, lui, est obligatoirement mis au banc des accusés par un auteur qui ne supporte pas l'injustice et règle ses comptes avec le meurtrier lors d'un final remettant les pendules à l'heure. En évitant toute forme de démagogie, Umberto Lenzi propose une fin « heureuse » mais parfois post-mortem comme cela est le cas ici. Le messages est clair : on ne tue pas impunément et si tel est le cas, le contrevenant finit forcément par être démasqué. Tout est alors histoire d'inspiration. Paranoïa, outre le fait que son auteur nous propose une intrigue et un suspens fort intéressants, se penche sur toute une série de voies alambiquées afin de perdre le spectateur dans un habituel dédales de suppositions quant aux tenants et aboutissants de ce qui se déroule sous ses yeux. Pourtant, tout est clair, finement interprété par son duo d'acteurs principaux mais également par des personnages secondaires intéressants tels Luis Davilla qui incarne Albert Duchamps, Anna Proclemer qui campe le personnage de Constance, ainsi que la jeune (et marquée par le vice) Lisa Halvorsen qui malgré son entrée en scène tardive parvient à se faire une place importante.
Si Umberto Lenzi condamne ses meurtriers de la manière la plus cynique possible, en matière de sexe, en revanche, il laisse libre cours à des penchants parfois tabous. Hier l'inceste, aujourd'hui, la pédophilie lors de l'évocation d'une ancienne relation entre Maurice et sa belle-fille alors qu'elle n'était âgée que de quinze ans. Carroll Baker, une fois de plus, se dénude devant l'objectif lubrique de la caméra. Des scènes peu osées qui ne nourrissent pas l'intrigue mais plutôt l'imaginaire des spectateurs. Jean Sorel hypnotise de son regard bleu, un peu à l'image d'Alain Delon lorsque celui-ci était plus jeune. Au final, Paranoïa est un excellent giallo, en tout cas le meilleur volet de cette trilogie...

samedi 20 mai 2017

Turist Ömer Uzay Yolunda ou, Turkish Star Trek de Hulki Saner (1973) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Après Seytan ou, Turkish Exorcist, je vous propose un autre remake, une autre parodie, un autre plagiat provenant directement des studios turcs. Bien que, comme l'on peut s'en douter, le film a été tourné en Turquie, à Istanbul, une partie des décors proviennent de vestiges de l'une des plus vieilles cités grecques d'Asie Mineure, Éphèse. Après Turkish Star Wars, Turkish Star Trek demeure sans doute l'une des plus célèbres copies effectuées par le cinéma turc dans les années soixante-dix. Tourné cinq ans après la fin de la série originale américaine mettant en scène le célèbre capitaine Kirk à bord de son vaisseau Enterprise, le film s'octroie le droit d'en reprendre le générique, le nom du vaisseau, ainsi que celui de la plupart de ses passagers. Kirk, McCoy, Uhura ou encore Sulu sont au rendez-vous de cette péloche mal fichue et dont le budget, on le devine, ne semble même pas digne d'un épisode de la série dont il s'inspire.
Objet de culte pour tous les amateurs de nanars, Turist Ömer Uzay Yolunda (titre original de ce film réalisé par le cinéaste Hulki Saner qui tournera durant sa carrière plusieurs films autour du personnage de Omer le touriste) nous conte les aventures de l'équipage de l'Enterprise aux prises avec un tueur insaisissable, lequel a déjà tué un membre d'une mission sur la planète Orin 7 alors que le Docteur McCoy, Spack (remplaçant ici le célèbre vulcain Spock) ainsi que leurs deux coéquipiers Darnell et Green tentent d'examiner les seuls humains présents sur la surface de la planète, le professeur Krater, ainsi que son épouse Nancy qui fut, il y a longtemps, la petite amie de McCoy.
La jeune femme n'a pas vieilli, même après vingt-cinq ans. En contrepartie, elle doit absolument se fournir en sel si elle veut échapper au mal qui la ronge. Victime d'une faim irrépressible, il n'y a guère que le sel pour l'apaiser. Et comme le corps humain en contient une certaine quantité, c'est elle qui va tuer le membre de l'équipage de l'Enterprise en privant celui-ci du sel que contient son corps. Pour son époux le Professeur Krater, il faut absolument trouver un coupable. C'est en allant chercher dans le passé qu'il ramène Omer le Touriste, un individu qu'on allait forcer à épouser une jeune femme enceinte au vingtième siècle et qui, du coup, se retrouve projeté dans le futur à la date stellaire 2520.1. Parvenant à convaincre le Capitaine Kirk qu'Omer pourrait être responsable de l'un de ses hommes, il ramène le suspect à bord de l'Enterprise afin de l'interroger...

Très franchement, lorsque l'on découvre pour la première fois Turist Ömer Uzay Yolunda, on pense à une mauvaise blague. Aux Inconnus et à leur célèbre sketch parodique de la série créée par Gene Rodenberry dans les années soixante. Le personnage de Omer incarné par l'acteur Sadri Alisik faisant partie de la culture cinématographique turc, il apparaît ici pour la dixième et dernière fois au cinéma. A partir du moment où l'on adhère à l'idée que Turist Ömer Uzay Yolundane sera rien de plus, rien de moins qu'un énorme gag d'une heure quarante environ, plusieurs cas de figures s'imposent. soit l'on est un extrémiste de la série originale Star Trek et du coup, l'on rejette en bloque ce qui apparaîtra comme une parodie éhontée, soit l'on est toujours là encore, un fan des vrais membres de l'équipage de l'Enterprise mais l'on est prêt à faire une entorse et savourer les pitreries (pas forcément amusantes d'ailleurs) de ce touriste perdu dans le futur et sur une planète qui lui est totalement étrangère.
Car oui, il est ici question de voyage dans le temps. D'immortalité également. Contre les décors de carton-pâte de la série originale, Turist Ömer Uzay Yolunda peut s’enorgueillir, lui, de filmer ses interprètes dans des décors parfois entièrement naturels. On retrouve la passerelle de l'Enterprise dans une version « économique » assez déprimante (et je ne vous parle même pas des couloirs du vaisseau), le téléporteur, Spock, pardon, Spack et ses immenses oreilles de vulcain, ainsi que les célèbres uniformes-pyjama qui ont fait la renommée de la série originale.
A part cela, Turist Ömer Uzay Yolunda demeure un brin attractif malgré ses innombrables défauts (chez nous, l'humour turc à bien du mal à faire son chemin jusqu'à nos cerveaux). Relativement mal interprété et nanti d'effets-spéciaux au rabais, le film de Hulki Saner est une réelle curiosité. Un vrai bon nanar à s'offrir un soir d'hiver...

vendredi 19 mai 2017

Seytan ou, Turkish Exorcist de Metin Erksan (1974) - ★★★★★☆☆☆☆☆



26 décembre 1973. Les États-Unis découvrent dans les salles obscures le Diable dans sa plus terrifiante des représentations. Certains critiques reconnaissent avoir été effrayés tandis que d'autres le décrivent comme une ânerie aux grotesques effets-spéciaux. Il en sera même pour qualifier le chef-d’œuvre de William Friedkin de film pornographique religieux quand d'autres lui reconnaîtront un certain réalisme. Récompensé par deux Oscars alors qu'il fut nommé à dix reprises, L'Exorciste devait fort logiquement faire des émules et influencer des cinéastes de par le monde. A commencer par son pays d'origine qui ne tarda à donner une suite en 1977 avec L'Exorciste 2 : l'Hérétique, inspirant même le cinéaste Richard Donner en 1976 qui signa un autre classique du genre avec La Malédiction.
Pourtant, s'il demeure un long-métrage ayant été totalement influencé par l’œuvre de William Friedkin, c'est bien Seitan (qui en turc signifie le Diable). Plus qu'un hommage revendiqué, il s'agit ni plus ni moins que d'un remake produit aux confins de l'Asie et de l'Europe par un certain Metin Erksan dont Seytan fut le dernier long-métrage. Tourné un an seulement après le classique dont il s'inspire, le cinéaste reprend à son compte la totalité de l'intrigue, filmant presque plan par plan des scènes entières pillées dans l’œuvre de William Friedkin.

Tout commence dans le désert où un archéologue, sosie involontaire du Jodorowski de El Topo, découvre une statue représentant un démon. Puis le film nous emmène jusqu'à Istanbul. Là, dans une belle et grande maison (mais atrocement décorée), vivent Gul et sa mère. La jeune fille, âgée de 12 ans seulement, s'est découvert un ami imaginaire avec lequel elle joue innocemment au Ouija. Alors que des bruits se font entendre au grenier et que la mère ordonne à l'un des domestiques de s'occuper des rats qu'elle soupçonne être responsables, Gul tombe malade. Un mal incurable, que les symptômes laissent les médecins perplexes. Ces derniers, lors de véritables séances de tortures, vont se concerter et décider que la jeune fille est victime de graves troubles mentaux. Ce que semblent contredire certains événements. Car en effet, le lit de Regan... pardon, Gul, se soulève seul, et la jeune fille commence à porter les premiers stigmates d'une possession que la médecine ne parviendra pas à guérir.
C'est ainsi que rentre en jeu non pas un prêtre, mais un écrivain. Tugrul Bilge est l'auteur d'un ouvrage sur la question du Diable et de ses différentes manifestations. Un livre que la mère de Gul découvrira dans le grenier de la maison sans que la signification quant à sa présence en ces murs ne nous soit justifiée. Incapable de mener le combat seul face à cette représentation juvénile du Diable, l'écrivain est soutenu par l'exorciste qui donne son titre au film original. Un prêtre musulman remplaçant le chrétien originel. Après une longue, très longue, trop longue séance d'exorcisme, le film de Metin Erksan se clôt comme celui de William Friedkin, l'écrivain venant s'écraser au pied d'un immense (ouais, heu...) escalier, la tête retournée à 180 degrés.

Bien qu'il s'agisse d'un véritable remake, Seytan ne vous fera pas peur. Jamais il ne provoque le moindre sentiment de malaise ni le plus petit frisson. Au contraire, c'est une franche rigolade qui s'exprime le plus souvent. Entre les séances d’électrochocs remplaçant les fameuses (et traumatisantes) scènes d'examens médicaux et la tentative désespérée du cinéaste turc pour nous immerger dans l'ambiance terrifiante d'une chambre de petite fille transformée en antre du Diable, l'oeuvre montre rapidement ses limites budgétaires. Les effets-spéciaux sont médiocres (le vomi granuleux est à l'image du reste, totalement foiré), l'exorcisme ne possède pas une once du charisme de l'extraordinaire Max von Sydow et quant aux scènes plagiées, aucune n'arrive à la hauteur de celles que tourna l'année précédente le cinéaste américain. Metin Erksan « oublie » certains détails importants comme le message de Regan à l'intention de l'un des invités de sa mère. La jeune Gul urine très discrètement devant la caméra turque (c'est qu'il ne faut point trop choquer le futur public), mais omet de prévenir l'un des convives de sa mort prochaine. A part les coupures au visage et quelques lévitations plutôt bien senties, quelques effets-spéciaux font vraiment peine à voir. A l'image des meubles censés traverser la chambre de la jeune fille mais qui font peine à voir. On devine derrière leur douloureuse traversée, des machinistes tirant sur des câbles. Pathétique. On retiendra également l'utilisation éhontée de la bande originale composée par le multi-instrumentiste Mike Oldfield dont Metin Erksan reprend le célèbre thème Tubular Bells. Bien que pétrit de défauts, Seytan demeure un vrai bon nanar dans le registre des remakes turcs...

jeudi 18 mai 2017

Calvaire de Fabrice du Welz (2004) - ★★★★★★★★☆☆



 
Pour son premier long-métrage, le cinéaste belge Fabrice Du Welz n'a pas choisi de nous raconter un conte de fée. Plutôt le calvaire d'un artiste itinérant qui pour gagner du temps sur la route du sud, décide de prendre un raccourci qui va le mener jusqu'à l'auberge de Bartel. Un homme se définissant lui-même comme un ancien artiste et que sa femme a abandonné voici plusieurs années. Le véhicule de Marc Stevens tombé en panne, l'aubergiste lui promet de jeter un œil au moteur. Résultat des courses : la camionnette est devenue inutilisable.
Peu à peu, l'étau se resserre autour du chanteur. Bartel n'a pas l'intention de laisser repartir le jeune homme qu'il confond désormais avec Gloria, son épouse. Séquestré, humilié et vêtu des vêtements de celle-ci, Marc n'a guère l'occasion de pouvoir espérer fuir le piège dans lequel il est tombé. Il ne pourra d'ailleurs pas compter sur l'aide des villageois qui eux-mêmes observent un comportement très étrange vis à vis du jeune artiste et de son bourreau. Les jours et les heures passent. L'aubergiste peut compter sur l'appui de Boris, un adolescent attardé qui passe son temps à la recherche de sa chienne Bella. Un soir, alors que tout semble définitivement perdu pour Marc, l'auberge est attaquée par un meute de villageois surchauffés conduits par un certain Robert Orthon. C'est peut-être alors l'occasion pour Marc de s'enfuir...

Éprouvant. Voici ce qui ressort d'abord du premier long-métrage de Fabrice Du Welz, cinéaste un peu trop sous-estimé (Vinyan, Colt 45), auteur de la meilleure adaptation cinématographique d'un fait divers sordides dont se rendit responsable le couple de tueurs en série américains Raymond Fernandez et Martha Beck avec Alléluia, et dont le dernier film Message from the King est sorti sur nos écrans il y a huit jours. Si Calvaire porte bien son nom, son auteur semble y digérer plusieurs influences majeures du cinéma d'épouvante et notamment de quelques survivals plutôt bien sentis. Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper demeurant sans doute l'une des principales sources d'inspiration de Fabrice Du Welz avec, entre autres, La Traque de Serge Leroy.
Dès les premières minutes, le cinéaste belge instaure un climat trouble, et éminemment dérangeant. Entre cette maison de retraite qu'il visite chaque année pour y donner un concert de chansons ringardes au profit de vieillards dont certaines pensionnaires développent un amour morbide pour cet artiste de quarante ou cinquante ans plus jeunes qu'elles, et cette route perdue en pleine campagne et que la brume et l'obscurité enveloppent d'un manteau particulièrement angoissant, il ne fait aucun doute que le sort du personnage incarné par le génial Laurent Lucas (auquel Fabrice Du Welz rendra son honneur en lui faisant cette fois-ci endosser le rôle de bourreau dans l'extraordinaire Alléluia) est déjà scellé.

Outre quelques références, dont une scène de repas qui abouti sur des gros-plans d'yeux similaires à ceux du classique de Tobe hooper cité plus haut, Fabrice Du Welz aborde une déviance sexuelle rarement évoquée dans le septième art : la zoophilie. Car non content d'être de parfaits demeurés, les villageois dont le chef n'est autre que le toujours impeccable Philippe Nahon violent en toute impunité et sous le regard malsain de leurs proches, leur propre bétail.
De quoi vous donner le tournis, en imaginant que vous puissiez ne fusse qu'un instant être à la place du pauvre Marc Stevens dont le pseudo même et le costume de scène définissent à eux seul l'aspect dépassé du personnage qu'il incarne durant sa tournée. Face à lui, un Jacky Berroyer loin du personnage que l'on connaissait dans les années quatre vingt-dix lors de la diffusion de l'émission culte Nulle par Ailleurs. Le pauvre homme a ici littéralement fondu un fusible. Calvaire dresse le portrait d'une civilisation retournée à l'état sauvage. Entre barbarie, rituels ancestraux proprement ignoble, et absence totale de toute forme de morale. La critique d'une société engendrant des créatures ressemblant de moins en moins à des hommes et davantage à des bêtes fauves.
Pour son premier film, Fabrice Du Welz signe une œuvre coup de poing terriblement efficace. La première d'une lignée de longs-métrages forts réussis. A noter la présence au début du film de l’envoûtante actrice Brigitte Lahaie qui n'en était pas ici à son premier coup d'essai en matière de film d'horreur puisqu'elle tourna jadis auprès du cinéaste français Jean Rollin...
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