Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mardi 2 mai 2017

Nous nous sommes tant aimés... Rage de david Cronenberg



Nous nous sommes tant aimés... ç’aurait pu être le titre d'une œuvre d'Ettore Scola, ou la préface d'une lettre de rupture. Ou tout simplement les premières pulsations verbales d'une passion amoureuse qui n'aurait pas tenu le coup face au tourment des années qui passent. Mais non. Juste l'histoire d'un film. D'une affiche. Et de ce que l'on n'appelait à l'époque pas encore un 'teaser'. Une légende sur laquelle l'on pouvait fantasmer comme devant les photos coquines d'un mensuel érotique. Le genre à vous laisser des marques profondes et invisibles à l'âme. A vous rendre aussi dépendant au visuel fantasmagorique d'une peinture saisissant l'instant I où tout peut basculer. Comme une image sordide qui sortie de son contexte et ayant échappé à la censure vous fait imaginer le pire en dégageant l'hypothèse que tout n'est que fiction.
Le monde, ça y est enfin, est en proie à un mal qui n'attendra pas des décennies pour évoquer l'éventualité d'une pandémie. Et pour que s'insinue profondément dans notre esprit, comme le goudron d'une cigarette se fixe dans les bronchioles, l'état d'urgence déclaré là-bas mais qui bientôt viendra frapper à notre porte, rien de mieux qu'une affiche toute de noire et de blanc vêtue, dégueulant un titre non pas sanglant, mais davantage cinglant ! Vous frappant au visage, ou dans les reins, et jaune comme une expectoration pulmonaire. Des bactéries qui par milliards disséminent leur pouvoir de destruction parmi une population obéissant bien sagement à des responsables en combinaisons antivirus.




Une maladie sexuellement transmissible aux conséquences désastreuses et dont la créature protéiforme dévoilait déjà bien avant Ridley Scott, le Chestburster de son mythique Alien. Rage et sa fameuse affiche française. S'adressant directement à nos peurs enfouies. Dévoilant un visuel entièrement dévolu au confinement. Celui des combinaisons citées au dessus. Des lumières éternellement glauques de cet univers souterrain et anxiogène qu'est le métro. De cette esthétique qui colle généralement à la peau du fait-divers même le plus anodin mais dont seuls les plus sordides sont imprimés à jamais dans notre esprit. A l'époque, le papier ne brillait pas avec autant d'éclat qu'aujourd'hui. Les médias n'ayant pas encore l'opportunité de tricher avec nos sens, avec notre perception du vrai et du faux, on ne pouvait qu'y croire. Surtout lorsque l'on n'était qu'un gamin, et que nous n'avions pas de ces fameuses machines qui faisaient entrer le cinéma directement dans notre salon.
L'imaginaire, le mien, je le faisais travailler parmi les rayons des vidéoclubs. Ces lieux nouveaux où ne trônaient pas encore ces infâmes DVDs à la tranche trop fine. A l'époque, on pouvait lire de loin les titres, et déjà fantasmer sans même avoir encore posé la main sur le boîtier. Rage, et son agressif point d'exclamation que le distributeur français de l'époque s'était autorisé à rajouter. Comme pour mieux attirer l'éventuel client vers ce faux article de journal mais VRAI monument du septième art. Une œuvre traitée à l'époque comme l'un de ces vulgaire pornos sur lesquels on ne pouvait s'empêcher de jeter un regard humide. Interdit aux moins de dix-huit ans. Comme je regrette cette époque où ce signe symbolique n'était réservé qu'à quelques privilégiés et qui aujourd'hui ferait rire un gamin nourri aux Saw et aux Hostel.
L’œuvre de David Cronenberg aura officiellement ou non fait des émules, mais en tout cas, comment ne pas voir en Rage, la forme embryonnaire d'un autre classique de l'épouvante signé trois ans plus tard par George Romero, Dawn of the Dead ? Il suffirait juste de se remémorer ce passage où l'une des victime de Rose attaque les passagers d'une rame de métro et placer cette scène tel un calque au dessus de celle ou Roger, l'un des personnages de Dawn of the Dead, se fait attaquer par une petite horde de morts revenus 'à la vie' pour y voir un hommage.
Cette année, Rabid fête ses quarante ans, et l'on sait déjà qu'il aura droit à son remake lui aussi. Prions pour que le projet tombe à l'eau. Car s'il est manifeste que le film de David Cronenberg possède un certain nombre de défauts, ceux-ci participent à cet étrange sentiment que l'on a parfois d'être face à un document-vérité.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...