Pauvre Carroll Baker.
Décidément, le cinéaste italien n'est pas tendre avec son actrice.
Après en avoir fait la victime d'une machination dans Orgasmo
et une manipulatrice diabolique dans Così dolce... così
perversa, voici que dans le troisième volet de la trilogie
« giallo-érotique » elle subit une sorte de
synthèse des personnages qu'elle interprétait précédemment.
Paranoïa clôt avec infiniment plus de brio la
trilogie, et que les deux autres volets avaient inauguré pour l'un ,
et poursuivi pour le second. Une direction d'acteurs en tout point
maîtrisée et qui ne fait apparemment plus appel au seul talent des
interprètes. Aux côtés de la sensuelle Carroll Baker, le séduisant
acteur français Jean Sorel qui tourne en France, mais aussi en
grande majorité en Italie, pays d'où est issu ce Paranoïa
de très bonne facture.
Tout débute par une
course-automobile qui finit dans le décor. A bord d'un bolide
accidenté, la jolie Helen qui pour subvenir à ses besoins s'est
lancé dans une discipline généralement réservée aux hommes.
Ruinée il y a quelques années par un play-boy qu'elle accepta
d'épouser, elle reçoit un jour un télégramme de celui-ci
l'invitant à venir le rejoindre dans sa luxueuse demeure de bord de
mer. Lorsque Helen arrive, elle est surprise de constater que
Maurice, le play-boy en question s'est remarié. Mais sa nouvelle
femme, Constance, se doutant que Maurice l'a épousée pour son
argent, craint qu'il ne finisse par se lasser d'elle pour une autre
et fait part à Helen de son désir de le tuer, préférant le voir
mourir que de l'imaginer dans les bras d'une autre. Et si Constance
fait part de son projet à Helen, c'est parce qu'elle sait que trois
ans plus tôt elle-même a tenté de le tuer. Elle espère ainsi donc
pouvoir compter sur la jeune femme pour mener à bien son projet de
meurtre. Mais rien ne va se dérouler comme elle l'entend...
Umberto Lenzi et la
morale, parfois, cela fait deux. Cela dépend de l'angle, du sujet
abordé, mais d'une manière générale, et en tout cas en ce qui
concerne Paranoïa et les deux autres volets de la
trilogie, il lui arrive d'outrepasser la bienséance en matière de
sexualité tandis que le meurtre, lui, est obligatoirement mis au
banc des accusés par un auteur qui ne supporte pas l'injustice et
règle ses comptes avec le meurtrier lors d'un final remettant les
pendules à l'heure. En évitant toute forme de démagogie, Umberto
Lenzi propose une fin « heureuse » mais parfois
post-mortem comme cela est le cas ici. Le messages est clair :
on ne tue pas impunément et si tel est le cas, le contrevenant finit
forcément par être démasqué. Tout est alors histoire
d'inspiration. Paranoïa, outre le fait que son auteur
nous propose une intrigue et un suspens fort intéressants, se penche
sur toute une série de voies alambiquées afin de perdre le
spectateur dans un habituel dédales de suppositions quant aux
tenants et aboutissants de ce qui se déroule sous ses yeux.
Pourtant, tout est clair, finement interprété par son duo d'acteurs
principaux mais également par des personnages secondaires
intéressants tels Luis Davilla qui incarne Albert Duchamps, Anna
Proclemer qui campe le personnage de Constance, ainsi que la jeune
(et marquée par le vice) Lisa Halvorsen qui malgré son entrée en
scène tardive parvient à se faire une place importante.
Si Umberto Lenzi condamne
ses meurtriers de la manière la plus cynique possible, en matière
de sexe, en revanche, il laisse libre cours à des penchants parfois
tabous. Hier l'inceste, aujourd'hui, la pédophilie lors de
l'évocation d'une ancienne relation entre Maurice et sa belle-fille
alors qu'elle n'était âgée que de quinze ans. Carroll Baker, une
fois de plus, se dénude devant l'objectif lubrique de la caméra.
Des scènes peu osées qui ne nourrissent pas l'intrigue mais plutôt
l'imaginaire des spectateurs. Jean Sorel hypnotise de son regard
bleu, un peu à l'image d'Alain Delon lorsque celui-ci était plus
jeune. Au final, Paranoïa est un excellent giallo, en
tout cas le meilleur volet de cette trilogie...
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