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vendredi 5 mai 2017

The Strangers de Na Hon-jin (곡성 ou Gok-seong) (2016) - ★★★★★★★★★★



Le visage du Malin ne nous aura jamais paru aussi bouleversant, aussi terrifiant... 
Quarante-trois ans après William Friedkin et son chef-d’œuvre horrifique L'Exorciste, ça n'est pas en direction des États-Unis où les avatars se sont succédé depuis sa sortie qu'il faut diriger son regard, mais en Corée du Sud si l'on veut véritablement trouver son meilleur descendant. C'est avec son troisième long-métrage The Strangers que le cinéaste Na Hon-jin, auteur des déjà remarquables The Chaser et The Murderer, nous revient en 2006, six ans après son précédent effort. Film fleuve de plus de deux heures trente, The Strangers ne vous laissera pas indemne. De part les émotions qu'il véhicule, la beauté confondante et le parti-prix esthétique de son œuvre, les changements de ton radicaux, l'humeur et le caractère de ses personnages, et surtout ce récit incroyable tournant autour d'une série de meurtres apparemment commis par une vieille femme qui s'est par la suite pendue à un arbre.
Na Hon-jin consacrera plus de deux ans et demi à l'écriture du scénario. Autant de temps à peaufiner un récit dont la structure étonne par sa perfection. Car The Strangers ne souffre d'aucun déchet. L'une des sensationnelles idées du cinéaste est d'avoir imaginé résoudre une enquête non pas en nous révélant les conditions qui ont mené une vieille femme à tuer tout son entourage, ce qui aurait fort logiquement dû être le cas, mais en plongeant son héros dans une aventure similaire offrant aux spectateurs, les unes après les autres, toutes les clés menant à sa résolution.

Comédie burlesque un temps, le Mal s'insinue au grès d'un récit au départ labyrinthique mais dont l'intelligence de son auteur permet ensuite une lecture claire. Déroutante dans sa manière d'aborder le récit à travers le personnage d'anti-héros poltron qu'est Jong-hoo (le génialissime Kwak Do-won), l'intrigue plonge le spectateur dans un univers qui ne reculera devant rien pour nous foutre la trouille. Avec une économie de moyens et ne comptant que sur la prodigieuse interprétation de ses actrices et acteurs ( Kwak Do-won, donc, mais également Hwang Jeong-min dans le rôle du chaman, Cheon Woo-hee dans celui de la femme en blanc et surtout, oui surtout, la toute jeune Kim Hwan-hee qui ferait passer parfois l'incarnation maléfique de Regan (Linda Blair) dans L'Exorciste pour une petite nature, ainsi que l'excellent Jun Kunimura dans le rôle de l'étranger), Na Hon-jin aborde toute une série de thématiques, tapant à chaque fois dans le mille. The Strangers convoque le Diable, le vaudou, le chamanisme, l'exorcisme, les zombies ainsi que les fantômes. Mais si cette approche multiple du fantastique peut au départ rebuter, n'ayez aucun doute sur la propension qu'à le cinéaste à user de chacun de ces éléments avec suffisamment de parcimonie pour ne pas tomber dans la simple anthologie ou dans le vulgaire bestiaire fantastique.

Na Hon-jin exécute la concurrence, celle qui l'a précédé, et soyons-en certains, celle qui viendra par la suite. On peut déjà envisager les États-Unis nous proposer une relecture prochaine mais nul doute qu'elle n'aura pas la force du long-métrage du sud-coréen. Au delà de l'aspect fantastique de certains éléments, The Strangers propose une vision de l'occultisme qui elle aussi, surpasse tout ce que l'on a pu découvrir jusqu'à aujourd'hui. L'exorcisme et le sabbat 'ruraux' demeurant sans doute possible comme deux des scènes les plus marquantes de l’œuvre. En maîtrisant son sujet jusqu'au bout, Na Hon-jin propose un sujet à l'impressionnante densité. Une densité d'ailleurs, à la fluidité exemplaire puisque à aucun moment nous ne nous sentons perdus dans les méandres d'un récit qui de plus, se permet une incartade dans le domaine de la critique sociale sous-jacente à travers le personnage de l'étranger qui, ici, revêt l'apparence d'un japonais, et sur lequel repose la suspicion. Réelle ou pas, c'est à chacun de le découvrir.
The Strangers peut être d'ors et déjà considéré comme un chef-d’œuvre, un classique de l'épouvante et le meilleur film de son auteur et admirablement mis en musique par le compositeur Dal palan. On attend avec impatience la suite des travaux de Na Hon-jin. En espérant cette fois-ci qu'il n'attendra pas six années supplémentaires pour nous proposer son prochain long-métrage...

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