Un
article comme celui-ci, ça se prépare. On ne le jette pas en pâture
sans un minimum de précautions. Encore que cela puisse vouloir dire
qu'on attache au sujet une importance considérable. Et d'une
certaine manière, c'est vrai. Non pas qu'il s'agisse d'une œuvre
pouvant réconcilier un cinéphage avec son ancienne passion de
cinéphile mais plutôt un message d'alerte à l'attention de celles
et ceux qui estiment que la vie est bien trop courte pour que l'on
ait le temps de perdre quatre-vingt dix minutes devant une purge
cinématographique. Lorsque l'on découvre le pedigree de son auteur,
il y a de quoi être rassuré. Durant un temps, le bonhomme travaille
surtout sur des making-off. Un emploi que lui confie Luc Besson. Deux
des épisodes de la saga Arthur et les Minimoys,
Banlieue 13 - Ultimatum,
ou encore Les Aventures extraordinaires d'Adèle
Blanc-Sec.
C'est finalement grâce à un casting de réalisateurs organisé par
le même Luc Besson que le futur réalisateur du navet dont il est
question dans cet article est choisi. Une œuvre à la suite de
laquelle il crée sa propre société de production aux côtés de
son épouse Céline Olivaud, Derrière
le Futur.
S'autoproclamant Directeur Général (un brin mégalo le bonhomme?),
il est de plus depuis 2012 intervenant à la Cité du Cinéma située
à Saint-Denis au nord de Paris. Un lieu conçu en 2000 par, je vous
le donne dans le mille : Monsieur Besson en personne.
Après
la lecture d'une telle ascension, on ne peut que se ruer devant le
seul et unique film du bonhomme. Surtout si l'on apprécie quelque
peu la filmographie de ses deux principaux interprètes qui ne sont
autres que Eric Judor et Ramzy Bédia. Mais ce type se cachant
derrière le rôle de directeur général de la société Derrière
le Futur,
qui est-il ? Son nom est Rachid Dhibou. Et s'il n'a aux yeux de
son mentor Luc Besson pas besoin de faire ses preuves, il lui faudra
beaucoup de persévérance pour nous faire oublier le désastre Halal
Police d’État dont
le plus amusant demeure dans le titre faisant référence à la
célèbre série télévisée Hawaï Police
d'État
incarnée par l'acteur américain Jack Lord et diffusée entre 1968
et 1980 sur le réseau CBS et pas avant 1973 en France.
C'est
bien simple, le film est un ratage intégral. Eric et Ramzy nous
avaient habitués à leur jeu mêlant improvisation et gags
lourdingues mais alors qu'on les avait plutôt appréciés dans La
Tour Montparnasse Infernale,
désormais, leur jeu outrancier ne passe absolument pas. Et ce n'est
certainement pas à cause de leur manière d'aborder la comédie mais
sans doute en raison de l'écriture catastrophique des deux
humoristes et d'un humour pas toujours raffiné (pour ne pas dire,
jamais). Film de 'rebeu'
lançant la mode du film 'avec
tout plein d'arabes dedans',
Halal Police D’État ne
fait malheureusement pas reluire la communauté maghrébine et y
laisse même transparaître une certaine moquerie envers le français
de souche ainsi qu'envers différentes communautés vivant dans notre
pays. Le ton est donné et assez osé (chose dont par contre, je me
réjouis assez) mais l'humour vraiment bas du front ne dépasse ici
jamais la frontière du simple sourire. Quoique en me remémorant les
scènes censées être les plus drôles, je me souviens n'en avoir
pas esquissé le moindre.
Halal Police d’État
est
un désastre total. Le sujet pourtant ne manquait pas d'intérêt. Un
serial killer s'en prenant à des épiciers commerçant à Barbès et
une victime épouse d'un diplomate algérien. Deux flics sont
dépêchés d'Algérie afin d'enquêter sur la série de meurtres.
Les inspecteurs Nerh-Nerh et Le Kabyle. Des méthodes non
conventionnelles pour une comédie policière loufoque qui rappelle
dans une moindre mesure l'excellente Cité de la
Peur des Nuls
ou Le Téléphone sonne Toujours deux Fois
des Inconnus, toutes proportions gardée. A partir du moment où
l'élément le plus important (l'humour) est absent, le film de
Rachid Dhibou n'a plus le moindre intérêt. Une œuvre de
Rebeuxploitation totalement indigeste !!!
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