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dimanche 15 octobre 2017

O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji de Piotr Szulkin (1985) - ★★★★★★★★★☆

Pour le troisième volet de sa tétralogie consacrée aux univers post-apocalyptiques, le cinéaste polonais Piotr Szulkin enferme cette fois-ci ses personnages à l'intérieur d'un refuge souterrain appelé le Dôme. Alors que les cités de "Golem" et de "Wojna Światów - stulecie nastepne" semblaient systématiquement vidées de leur occupants, n'étant parcourus que par quelques individus, le monde crépusculaire de "O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji" est habité par un peu plus de huit cent âmes alors même que le refuge en avait accueilli deux mille à l'origine. Mais la faim et le désespoir ayant usé les forces de plus de mille d'entre elles, ceux qui demeurent en vie comptent sur l'éventuelle existence et arrivée proche d'une Arche qui devrait les emporter loin de ce Dôme dont les murs s'effritent peu à peu.
Car une fois encore, c'est une guerre nucléaire qui a détruit la surface de la planète, rendant ainsi la vie impossible à l'extérieur. L'air y est toxique, et la glace qui recouvre la surface de la planète est radioactive. C'est du moins l'idée que propose Piotr Szulkin puisqu'avant le très impressionnant final, on n'en saura pas davantage. Si le cinéaste polonais fur avec la science-fiction depuis maintenant cinq années, il explore surtout la facette « anticipative » du genre. Principalement interprété par l'acteur Jerzy Stuhr, "O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji" radicalise encore un peu plus son propos en ridiculisant la politique de son pays d'origine. Ici, une fois encore, l'état et ses dirigeants ont menti à la population en lui faisant croire qu'une Arche, bientôt, viendrait les délivrer de leur triste sort. Pitro Szulkin décrit avec une force visuelle démesurée l'asservissement de tout un peuple (ici, un peu plus de huit cent survivants), auquel on a tellement bourré le crâne qu'il continue à croire à l'arrivée prochaine de l'Arche alors même qu'un message diffuse en continu un démenti.
S'il existe bien une Arche, elle n'a aucun rapport avec cet avion auquel se raccroche notre héros. Car elle ne revêt en réalité qu'une forme symbolique, ce nouvel espoir de liberté ne pouvant se retrouver que dans la mort même de l'individu. Tels des zombis patientant jusqu'à leur libération, les survivants errent dans les couloirs d'un refuge sordide les menant à une mort programmée. On peut d'ailleurs se demander dans quelle mesure les autorités savaient le Dôme condamné à s'effondrer.
L'événement étant directement relié à ce que tout le monde suppose être l'arrivée de l'Arche, on les voit tous s’engouffrer dans ce trou immense, telle une bouche dévoreuse se nourrissant des peurs et des espoirs des survivants nourris par le mensonge de leurs pairs.
Contrairement à "Golem" qui proposait une esthétique que l'on pourrait en comparaison considérer de chaleureuse, l'univers de "O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji" est glaçant. Seuls les rares nantis (en fait un couple de milliardaires) vit un peu au dessus des autres, dans un appartement relativement soigné en comparaison des couloirs monstrueusement insalubres dans lesquels vivent les autres. Une zone de non droit pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir le luxe d'une nuit entre les bras d'une prostituée. On y décèle également le projet des nantis de prendre d'assaut l'Arche, Piotr Szulkin insinuant ainsi une fois de plus le privilège de certains, les autres ne devant se contenter que des restes.
"O-bi, O-ba - Koniec cywilizacji" est une œuvre admirable, étouffante, visuellement cauchemardesque et labyrinthique. Et comme dit plus haut, le final est renversant. Ce spectacle dont on attendait un dénouement à la mesure de l'espérance des survivants est total...

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